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Chronique jeunesse : Théodore et ses 13 fantômes – Tome 1 – Côme, le fantôme qui adore effrayer les gens

Théodore et ses 13 fantômes 01Que faire quand on a treize fantôme qui vous suivent nuit et jour ?

Théodore et ses 13 fantôme est une nouvelle série fantastique pour la jeunesse publiée chez Nathan. Elle est adaptée aux lecteurs âgés entre 7 et 9 ans. Écrit par Claude Carré et illustré par Mathieu Leyssenne, cette série nous conte la vie du pauvre Théodore qui doit composer avec treize fantôme depuis sa plus tendre enfance… Et bien entendu, il est le seul à les voir et ne peux prouver aux autres leur existence…

Théodore commence donc a en avoir plus qu’assez de ces fantômes qui le suivent partout, jusque dans son sommeil et décide de trouver une solution qui satisfera tout le monde… et ça n’est pas gagné.

Théodore, un garçon gentil mais mis à rude épreuve

Depuis des années maintenant, Théodore est suivi par treize fantôme. Ils sont gentils, là n’est pas le problème, mais ils sont omniprésents, et surtout bruyant. Ils sont avec lui en cours, en vacances, pendant les repas de famille… bref tout le temps, sans aucun temps mort.

Mais le souci, c’est que depuis quelque temps, certain de « ses » fantômes commencent à se disperser et faire des bêtises. Ainsi, l’un d’entre eux, Côme, se met à apparaître devant des gens pour leur faire peur, ce qui est formellement interdit par les lois fantômes. Or Théodore a de plus en plus de mal à recadrer le Pacôme, qui s’ennuie, et cherche à vivre sa vie de fantôme… c’est alors qu’une solution va s’imposer à tous.

Les personnages que sont les chers fantômes de Téhodore sont très bien décrits et également très vite agaçants pour le lecteur, effet réussi ! Ils ne cessent de parler et essayent souvent d’aider Théodore, mais produisent l’inverse. Vous l’aurez compris, chaque tome va concerner un fantôme en particulier, chacun ayant un problème existentiel.

Et surtout, le fil rouge de cette nouvelle série se résume en une seule question : pourquoi Théodore a-t-il hérité de fantômes, et surtout pourquoi treize ?

Une nouvelle série sympathique donc, qui a le mérite d’être française et non pas issue d’une traduction. Les personnages sont facilement reconnaissables et surtout, les très belles illustrations de Mathieu Leyssenne font merveille. En effet, chaque personnage a des traits de caractères spécifiques qui sont très bien illustrés par le crayonné de l’illustrateur, tout en rondeur et en expressivité. Reste à savoir si cette nouvelle série plaira aux jeunes lecteurs et saura garder l’intérêt intact. Rien de nouveau sous le soleil pour cette série, mais elle a le mérite d’être fort sympathique. En tout cas, elle a toutes ses chances.

6.5/10

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Chronique Jeunesse : La bataille de Thor, et autres légendes Vikings

La bataille de Thor

Un recueil de légendes Vikings qui laisse son lecteur mitigé…

 Sorti en mars 2011 à l’occasion du lancement du film Thor sur grand écran, La bataille de Thor est un recueil regroupant de nombreuses légendes Vikings plus ou moins connues.

Kevin Crossley-Holland, l’auteur de cette anthologie, est un grand habitué des légendes nordiques et Arthuriennes comme le prouve son œuvre. Il a notamment écrit la trilogie Arthur, au Livre de Poche Jeunesse ainsi que Le cavalier tempête chez Folio Cadet.

A la découverte de la mythologie Viking

L’idée de base de cet ouvrage est intéressante en commençant par nous présenter l’univers de la mythologie nordique. Un joli schéma au début du livre ainsi qu’une liste de personnalités nous aident quelque peu à comprendre l’agencement complexe que forment les divinités et autres personnages héroïques. Ensuite, place aux légendes.

Les récits contenus dans cet ouvrage sont plus ou moins connus, mais il faut avouer que la mythologie viking fait partie des oubliés. Durant notre enfance, nous sommes en général très abreuvés de contes et légendes égyptiennes et romaines en majorité, les contes nordiques étant très peu exploités.

Cette démarche de faire découvrir aux jeunes lecteurs cette mythologie est très une très bonne initiative. Mais l’âge auquel le conseille l’éditeur est peu adapté. Prescrit dès l’âge de 10 ans selon Folio Junior, je trouve ce livre bien trop compliqué dans son vocabulaire pour cet âge.

Certains mots sont peu ou pas connus, y compris pour des adultes. Ensuite, la formulation et le langage sont trop élaborés pour la jeunesse, les adultes comprendrons mais certainement pas les enfants.

En ce qui concerne les récits en eux-mêmes, ils sont intéressants mais n’arrivent pas à capter le lecteur par leur écriture. Cette sortie passe donc un peu trop pour opportuniste, à la vue de la sortie cinéma qu’il y avait à la même période. Dommage, il aurait appréciable de découvrir d’une façon plus approfondie et sérieuse cette mythologie très méconnue de tous, d’autant qu’il y a très peu d’ouvrages pour la jeunesse sur ce sujet…

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Interview : Rencontre avec Glenn Tavennec, créateur de la nouvelle collection pour adolescents : « R ».

   collection-r logo mini02Il est toujours intéressant de se positionner du point de vue de l’éditeur, notamment lorsqu’on assiste à la naissance d’une nouvelle collection. « R » est né officiellement en janvier dernier, lors de la sortie de son premier titre, La couleur de l’âme des anges, de Sophie-Audouin Mamikonian. Mais ce que l’on ne voit pas, c’est tout ce qui se déroule en amont. Du choix de la couverture en passant par l’achat de droits et les corrections des manuscrits, le travail d’éditeur est loin d’être de tout repos.

Glenn Tavennec a eu la gentillesse de bien vouloir répondre à nos questions le temps d’une rencontre, et de nous illustrer à quel point le travail d’éditeur est un métier de passionné… et d’acharné.

Glenn Tavennec02Comment la création de la collection R s’est-elle faite ?

Depuis quelques années avec l’explosion de la série Uglies chez Pocket Jeunesse (Glenn Tavennec a travaillé plus de 7 ans en tant qu’éditeur chez Pocket Jeunesse), je me suis posé la question du public, il n’y avait pas de collection pour ados, c’était soit en adulte soit en Jeunesse… Alors, pour quel public est-ce ?
Nous sommes dans une époque du tout divertissement ; mais pas forcément dénué de fond, si des livres comme Uglies, Hunger Games ou encore Promise arrivent à toucher un autre âge et un public si large. On assiste à de plus en plus d’échanges de lectures au sein d’une même famille. Les parents lisent maintenant les livres de leur ados, soit par curiosité, soit pour en connaître le contenu.
Harry Potter, puis Twilight ont touchés et fédéré. Les familles se partagent de nombreux ouvrages entre eux. On assiste à la naissance d’une littérature pour tous, sans clivages.

Je me dis que c’est d’avantage par le plaisir que l’on peut pousser les gens hors de leur univers. J’ai commencé à lire avec Tolkien, et ce fut pour moi la découverte d’une autre littérature. Il faut également arrêter de dire que les ados ne lisent plus. Les ados lisent ! Nous n’avons jamais eu autant de lecteur ados depuis les deux dernières décennies.

Créer R, c’est aussi lutter contre ce sentiment d’injustice qui fait que la littérature ado est considérée parfois comme une non-littérature, uniquement « pour les jeunes ». Casser le tabou et les frontières est aussi une des raisons d’être de cette collection. Je ne voulais pas créer cette collection chez un éditeur jeunesse, je souhaitais marquer une réelle différence.

La couleur de l'âme des anges 01 miniLa fille de braises et de ronces 01 mini

Est-ce vous qui êtes venu vers l’éditeur ou l’inverse ?

Le contexte de la création de R se résume en un seul mot : dingue.
Après sept ans chez Pocket et un passage éclair chez le Seuil/La Martinière, j’ai demandé un rendez-vous avec le PDG de Robert Laffont, Mr Leonello Brandolini. Il m’a reçu dans les dix jours et après une heure de conversation et plus d’une quarantaine de pages de power point, l’affaire fut conclue, R allait naître (c’était en novembre 2010).

Concrètement, la collection R fut commencée en janvier 2011. Un an pour créer une collection, c’est très court, et une joyeuse traversée du désert, mais également le bonheur de faire quelque chose de différent.

A force de surproduire des ouvrages vaches à lait, on ne s’en sort plus. Un éditeur se doit de faire un réel travail sur les textes qu’il publie, et ce par respect pour les lecteurs. J’ai gardé mes traducteurs, ayant construit avec eux une relation de confiance, il en est de même avec les auteurs anglo-saxons et leurs traducteurs. Certains perdent de leur force en anglais, il faut donc les adapter, c’est un réel travail. On accompagne le livre jusqu’au bout, à la publication.
Le but étant d’offrir une littérature qui donne à voir et à rêver.

Sur les quatre ouvrages sortis pour le moment, deux sont des dystopies, est-ce un hasard ou souhaitez vous orienter vos publications sur ce genre bien particulier qui marche actuellement extrêmement bien avec Hunger Games ?

Je n’aime pas vraiment le terme « dystopie », trop marketing, je préfère le mot anticipation. Une anticipation que ne serait pas négative n’en serait pas une. Sinon ce serait une utopie. Ce genre littéraire est un véritable phénomène anglais dont ont doit les bases à Margaret Atwood, c’est elle qui en parlait avant tout le monde avec son roman La servante écarlate.

Pourquoi de si noires anticipations donc ? Car c’est quelque chose que nous sommes déjà en train de proposer à notre jeunesse : une dystopie. Ce que j’ai choisi d’éditer, ce sont des livres qui s’inscrivent sur une réflexion sur la société.
Les adolescents sont dans une période de leur vie où tout est possible, un véritable carrefour s’offre à eux, ces ouvrages leur permettent de se poser des questions sur leur avenir : Comment rêver mon quotidien ? Me projeter ? Aller de l’avant ?

Comment procédez-vous au choix de vos futures parutions ?

Tous les ouvrages publiés dans la collection R sont des coups de cœur de coups de cœur (voire, de coups de cœur). Je ne veux pas exploser le nombre de titres par an. Il ne faut pas se diluer dans du quantitatif. Les ados cherchent quelque chose qui soit différent. C’est encore plus de prise de risque pour moi et l’éditeur, mais c’est aussi plus excitant.
Je travaille d’abord avec F. Leroy qui doit atténuer mon enthousiasme ou le remonter ainsi qu’une équipe de lectrices rodées. Ensuite, il me faut convaincre le PDG de Robert Laffont, Leonello Brandolini.

Starters - tome 1La sélection mini

Allez-vous maintenir le rythme d’une parution par mois ?

Je vais toujours m’efforcer de garder ce rythme même si les suites de série impliqueront parfois plus. Suite de Starters, Le second et dernier tome de la couleur de l’âme des anges, la suite de la fille de braises et de ronces, etc…

Le graphisme des couvertures a une place de choix dans cette nouvelle collection, jusqu’à quel point décidez-vous de leur orientation ? Est-ce que toute traduction reprend nécessairement la couverture du pays d’origine ?

La couverture occupe bien plus qu’une grande place : l’impulsion d’achat se fait pratiquement au 3/4 au visuel. Il faut séduire et créer une histoire par le contact visuel, et surtout la quatrième de couverture ; ne pas trop en dire, mais aussi en dire assez pour interpeller le lecteur potentiel…
Les lecteurs sont toujours à la recherche de quelque chose de « plus nouveau ». Je suis le décideur sur les couvertures, je ne reprends pas nécessairement les couvertures étrangères. Les couvertures anglaises sont très universelles, parfois trop. L’idée est de mettre le livre à l’honneur et pas uniquement la tendance, c’est très important.
Par ex, pour Kaleb (sortie le 7 juin) et Phaenix (sortie en septembre) j’ai choisi vraiment de surprendre, de ne pas laisser indifférent, l’intérêt est de créer.

Night School 01 mini

Merci encore à Glenn Tavennec pour cette interview-conversation fort instructive d’un point de vue de libraire, mais également très intéressante pour les lecteurs, quels qu’ils soient. Nous n’avons plus qu’à espérer que cette nouvelle collection aura de beaux jours devant elle, ce qui semble pour le moment très bien parti, avec de beaux piliers en guise de base.

La naissance d’une collection, d’un éditeur (ou d’une librairie) étant toujours une heureuse nouvelle pour le monde de la culture.

Chronique : The Lying Game – tome 1 – Tu es moi

The lying game - 01

Comment réagiriez-vous si vous découvriez que vous avez une sœur jumelle ?

Sara Shepard est déjà bien connue chez les adolescents, en particulier les jeunes filles, pour sa série Les Menteuses, publiée chez Fleuve Noir il y a de cela quelques années maintenant. Cette fois encore, la nouvelle série de l’auteure a pour thème de fond le mensonge et les dangers qui en découlent…

Tu es moi, au titre subtilement explicite, est le premier tome d’une série qui comptera au moins quatre tomes (le quatrième sort en juillet 2012 aux Etats-Unis), il est publié chez Territoires, la collection dédiée aux adolescents de Fleuve Noir.

Deux sœurs jumelles que tout oppose réunies par… un meurtre

Emma est une adolescente qui n’a pas vraiment eu de chance dans la vie pour le moment. Abandonnée par sa mère quand elle était petite, elle est depuis trimballée d’une famille d’accueil à l’autre. Sa dernière en date est relativement sympathique, jusqu’au moment où le fils de la famille l’accuse de vol… et montre à sa mère d’accueil une vidéo sur laquelle Emma offre un visage très différent de celui qu’elle affiche habituellement.

Seul problème, cette jeune fille sur la vidéo n’est pas Emma mais quelqu’un qui lui ressemble trait pour trait, dans ce cas difficile pour elle de nier quoi que ce soit…

Expulsée de sa nouvelle famille à la veille de sa majorité, Emma décide alors de retrouver cette fille qui lui ressemble tant… après quelques recherches sur les réseaux sociaux il s’avère que cette mystérieuse fille n’est autre que la sœur jumelle d’Emma : Sutton.

Et comme la suite des événements va le montrer, les deux sœurs ont eu une vie radicalement différente, d’autant que Sutton est morte et qu’Emma va prendre sa place malgré elle.

Une intrigue diabolique dans la jeunesse dorée américaine

Le jeunes américains riches ont tout ou presque pour les satisfaire. Mais c’est justement cette vie opulente qui les pousse à chercher ce qu’ils ne possèdent pas, ils cherchent les frissons et ce parfois de manière extrême… ainsi est né le jeu du mensonge de Sutton.

La sœur jumelle d’Emma va devoir en découvrir les règles vite si elle veut comprendre les amis de Sutton et s’intégrer parfaitement dans son rôle.

Un soupçon de fantastique est mêlé à cette intrigue ancrée dans le réel : le fantôme de Sutton suit Emma dans ses moindres faits et gestes. Mais cette dernière n’a aucun moyen de communiquer avec sa sœur jumelle et ne se souvient de rien ou presque de son ancienne existence d’adolescente insupportable et gâtée.

Le mystère du meurtre de Sutton devient une affaire personnelle pour Emma, malgré le fait qu’elle n’a jamais connu cette sœur.

C’est ainsi que l’on découvre tous les trésors de cruautés que sont capables de développer entre eux les adolescents. Une véritable descente aux enfers pour Emma qui découvre peu à peu qui était sa sœur… et que le fait d’être aussi populaire et sollicitée que l’était Sutton est étouffant : dans tous les sens du terme.

Un vrai bon polar pour ados…filles

Ne nous leurrons pas, cette série est surtout destinées aux adolescentes, on y parle mode, petites robes, instituts de beauté et premier amour parmi toute cette noirceur. On peu donc qualifier cet ouvrage de polar girly.

La psychologie des personnages a évidement ici une place primordiale, ces derniers étant tous des suspects potentiels aux yeux d’Emma… de la famille Sutton en passant par ses meilleures amies. Ces soupçons constants de la part de notre narratrice se traduisent par la description de détails que l’on pourrait considérer comme anodins voire inutiles mais qui peuvent prendre une nouvelle dimension par la suite, au lecteur de faire le tri dans les nombreuses informations et de mener l’enquête de son côté.

Mais bien évidemment, ça n’est pas dans ce tome introductif que nous trouverons la solution.

Enfin, la façon qu’a Sara Shepard de terminer ses chapitres par des twists nous oblige à enchaîner sous peine de rester cruellement sur sa faim. En somme, une intrigue extrêmement efficace, même si elle n’est que peu réaliste, on ne peut s’empêcher de se projeter à la place d’Emma : qu’aurions nous fait à sa place ?

The Lying Game sera parfait pour toutes celles qui veulent s’immerger dans un polar très bien ficelé et surtout, qui tien en haleine jusqu’à la fin (que l’on peut certainement qualifier de frustrante) en attendant le second tome. Dès 14 ans.

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.

Miss Peregrine et les enfants particuliers… une parution chez Bayard Jeunesse diaboliquement tentante.

Miss Peregrine et les enfants particuliers

Déjà traduit dans plus d’une trentaine de langues, voici le nouvel enjeu des éditions Bayard qui débarquera en librairie le 31 mai : Miss Peregrine et les enfants particuliers. Le titre à lui seul attise et intrigue, et il y a de quoi. Miss Peregrine, écrit par Ransom Riggs, est un ouvrage à l’univers sombre, mystérieux dont l’ambiance se rapproche de celle des  foires aux monstres qui avaient lieu au début du siècle dernier. Avec sa bande-annonce (voir ci-dessous) et ses anciennes photographies aux allures surnaturelles, dont certaines très inquiétantes, le ton du livre est très vite donné.

C’est dans une grande maison réunissant des enfants aux capacités étranges que va se dérouler l’intrigue. Alors… tenté par le mystère et les frissons que promet cette nouveauté ?

Enfin, une information intéressante et pas des moindres : Tim Burton a racheté les droits audiovisuels et travaille actuellement sur une possible adaptation au cinéma. Il serait actuellement en négociation avec la Fox. Il est vrai qu’aux vues du style du roman, l’univers collerait parfaitement au style gothique et également étrange de Burton. Et bien évidemment prochainement, la chronique.

Miss Peregrine inside 02

Chronique : Hate List

Hate List

Que faire quand on est le témoin et la victime d’une tuerie perpétrée par son petit ami ?

Premier ouvrage de l’américaine Jennifer Brown traduit en France, Hate List traite d’un sujet extrêmement sensible aux Etats-Unis : ses tueries de lycées. La presse internationale a été dithyrambique sur ce livre témoignage hors du commun. Il a été élu meilleur livre de l’année par le School Library Journal.

Loin du style racoleur, Hate List se propose de raconter l’après d’un tel traumatisme, la reconstruction d’ados complètement perdus pour aller jusqu’au pardon pour certains.

La liste de la haine

Valérie n’était pas très populaire, pas vraiment appréciée non plus. Elle était une des victimes favorite de certains lycéens, tout comme son copain Nick. C’est comme ça que Valérie a eu l’idée de la Liste : dans un carnet, elle a inscrit les noms de toutes les personnes qui lui « pourrissent la vie », et avec Nick, ils ont ajouté régulièrement de nouveaux noms. Connaissance, proches, et aussi stars de la télévision, beaucoup de monde est inscrit sur cette fameuse liste.

Et puis un jour, Nick passe à l’action. Il décide d’utiliser la liste pour éliminer toutes ces personnes qui leur gâche la vie. Il tue ainsi de nombreux élèves et même un professeur avant de se tuer lui-même, emportant avec lui les réponses à de nombreuses questions…

Qu’est-ce qui a déclenché l’envie de Nick d’en finir avec ses détracteurs ? L’a-t-t-il fait pour Valérie ? Pour eu-deux ? A-t-il été influencé ?

Une reconstruction physique et psychologique douloureuse

Le roman commence quand Valérie doit retourner au lycée pour sa dernière année ; après l’attentat. Elle va devoir faire face à l’incompréhension des « survivants » pour qui elle a été la commanditaire et non pas une victime de cet horrible fait divers. Jugements, mise à l’écart, l’après-fusillade va déclencher beaucoup de tensions au sein de l’établissement, tensions et pressions dont Valérie est l’objet central.

Le roman est entrecoupés de chapitre flash-back, contant de façon assez évasive comment on en est arrivé à ce bain de sang. Des petits signes, des remarques anodines de lycéens, quelques tours qui excluent un peu plus Valérie ou Nick. On comprend facilement comment Valérie a été tentée de faire cette fameuse liste aux vues des nombreuses rebuffades de ses camarades.

On voit le personnage de Valérie avoir du mal à réaliser que ce soit son copain qui ait commis un tel fait. Puis le choc fait place à l’incompréhension, Valérie se demande si elle n’aurait pas du voir des signes avant-coureurs, son amour pour Nick perdure malgré ce qu’il a fait, puis elle évolue, tout comme les élèves et les parents des disparus…

Hate List a beau être un roman émouvant et hyper-réaliste, je n’ai été convaincue qu’à moitié par le récit de Valérie et sa personnalité. Valérie est difficile à cerner et surtout à aimer : tantôt forte tantôt très fragile, sa psychologie chamboulée s’explique évidement par le traumatisme. Je la trouve parfois complètement immature et en dehors de la réalité, que ça soit avant ou après l’événement.

Mais comme dit précédemment, Hate List n’est pas un roman fait pour rapporter de façon racoleuse des faits terribles et malheureusement déjà arrivés. C’est un ouvrage sur le pardon, sur le fait que l’homme peut absoudre les pires choses.

Pour tous ceux qui veulent une réponse au pourquoi, passez votre chemin. Hate List est ici pour nous proposer une sorte d’essai sur la reconstruction d’un point de vue original celui d’une petite amie qui passe du statut de suspecte et d’accusée à celui de victime tout en restant coupable pour elle-même.

Un ouvrage poignant mais qui s’oubliera tout de même assez facilement, il lui manque pour moi le « truc » qui en fait quelque chose de mémorable.

6.5/10

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Chronique ado : 2 Jours pour faire des thunes

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« J’avais 200 euros en poche en entrant dans ce maudit cercle de jeu. J’en suis ressorti 15 heures après, avec un début de cirrhose, une moitié de cerveau et une ardoise de 20 000. »

 Second roman de l’auteur Hamid Jemaï, ce dernier a déjà sorti un roman destiné aux adolescents dans la collection Exprim’, chez Sarbacane : Dans la peau d’un youv. Son premier roman avait d’ailleurs bénéficié d’une adaptation en bande-dessinée nommée Brako.

2 jours pour faire des thunes est parfait pour découvrir à la fois l’univers « ouf » et décalé de l’auteur, mais aussi le monde discret et mortel de la mafia russe… bonne incursion à vous…

Un mauvais départ dans la vie…

Issu d’une famille de gitans dont il s’est détaché avec le temps, le jeune Micklo n’est pas franchement ce que l’on peu appeler un veinard. Sa vie est faite de petits coups et de malchance qui l’ont menés jusqu’à une salle de jeu où il pensait pouvoir gagner un peu d’argent, histoire de payer entre autres son loyer… sauf que dans ce genre de salles qui vivent au black et qui sont tenues par des mafieux, impossible d’en ressortir sans avoir une dette envers « le patron » de la boîte, et c’est ce qu’il va arriver à Micklo…

C’est ainsi que commence l’histoire complètement hallucinante et folle de Micklo. Lui qui pensait être assez fort pour ne dépendre de personne et se constituer un pécule grâce à ses seuls « talents » va vite déchanter.

Un roman écrit comme un film d’action

Le rythme de cet ouvrage est complètement halluciné et emprunte souvent au vocabulaire du cinéma, d’ailleurs l’éditeur et l’auteur ne s’en cachent pas en annonçant que ce roman a pour toile de fond Pulp Fiction, Casino, ou encore Snatch : et on est servi.

L’écriture d’Hamid Jemaï, percutante et jubilatoire force également à faire le rapprochement avec certains dialogues mythiques de films de gangsters. Le personnage de l’homme de main Garbit en particulier est très plaisant à détester et à admirer à la fois pour ses phrases aussi savoureuses que mémorables.

Du côté du scénario, on ne s’ennuie pas non plus, de surprises en rebondissements fous tout le long du récit, les situations loufoques ne manquent pas.

L’ouvrage se divise en trois parties (la dernière étant très courte), la première est celle de la course-poursuite avec un rythme endiablé. La seconde nous plonge dans l’univers sombre et terrible de la mafia… a vous de voir laquelle vous préfèrerez !

Certains pourront être déstabilisés par l’écriture singulière qu’utilise le narrateur, Micklo. Entre langage des rues, argot et expressions gitanes. Certains en seront rebutés, mais il faut passer outre cette originalité qui ajoute une dimension plus réaliste au personnage et qui ne le dessert en aucun cas, bien au contraire. Ces expressions, même si elles vous sont inconnues ne vous empêcherons pas d’en comprendre le sens.

Le seul bémol que l’on pourrait faire sur ce livre est le manque de réalisme dont fait preuve la seconde partie avec quelques faits peu crédibles voire absolument impossibles. Cependant, ces éléments ne desservent pas l’intrigue, ont peu même les penser comme faisant partie d’une histoire complètement barrée de A à Z… ça se justifie.

Une chose est sûre, 2 jours pour faire des thunes est à la fois drôle et tragique, avec un personnage digne de l’antihéros que l’on hésite à aimer à cause de sa personnalité très égoïste et inconsciente, il n’empêche qu’au bout du compte le destin nous force à s’y attacher…

Ce roman coup de poing pourra plaire aussi bien aux fans d’humour noir et de courses-poursuites qu’à ceux qui ne sont pas nécessairement des amoureux de la lecture. Il pourra peut-être même donner un déclic à certains. Alors, qu’attendez-vous pour tenter l’aventure ?

8/10

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Chronique : Les Morues

Les Morues

Publié au Diable Vauvert pour la rentrée littéraire 2011 et premier roman de l’écrivain Titiou Lecoq, Les Morues nous raconte la vie d’Emma et de sa bande de copines. Réflexions et introspections sont de rigueur pour ces dernières, chacune étant à une étape importante de sa vie.

Un roman incisif qui nous dépeint la société parisienne avec son lot de joies et de déprimes…

Une histoire de vies entrecroisée qui rassure et fait du bien

Lire les Morues, c’est se plonger dans la vie quotidienne des autres (avec un peu de voyeurisme) tout en ressentant les similitudes avec la notre et ce pour le meilleur comme pour le pire.

Tout commence par un suicide, celui de Charlotte, la meilleure amie d’Emma durant leur adolescence. Dans le cercle de proches de la disparue, c’est l’incompréhension et chacun y va de sa théorie.

Heureusement, Emma a un lieu de prédilection où partager ses interrogations : le bar où se réunissent les Morues. Ce groupe d’amies qui se réunit dans un petit bar tenu par l’une d’elles, chacune y va de ses problèmes existentiels. Féministes, parfois très libérées, les Morues forment un club très ouvert et vont même y intégrer… un homme : Fred.

Les réunions des Morues vont devenir à la fois réflexions sur le futur de chacun, enquête dans les strates du pouvoir et réflexions (parfois noires) sur la vie tout court : le suicide de Charlotte va chambouler nombre de vies, y compris celles de personnes qui ne l’ont jamais connue…

Un très bon premier roman 

Titiou Lecoq fait fort avec ce premier roman, même si on peut ne pas être forcément d’accord avec sa façon de penser la psychologie de certains des personnages. Ils ont parfois des façons d’être qui ne sont pas totalement crédibles selon moi.

Hormis ce bémol, le roman est très appréciable. Ça se lit vite et très bien, un peu trop même. L’intrigue démarre au quart de tour, les personnages sont attachants et singuliers, et surtout l’écriture est percutante. On ne peut s’empêcher de savourer de nombreuses répliques cultes tantôt hilarantes tantôt d’une profonde mélancolie.

Le grand intérêt des Morues est qu’il cerne de façon très synthétique les problématiques de la génération qui fait les trentenaires d’aujourd’hui (la fameuse génération X). Et nous pousse nous lecteurs à nous regarder comme les personnages se regardent…

A la fois roman très noir et mélancolique, ce roman n’est pas dénué de vie et d’humour (parfois retord).

Pour conclure, Les Morues est un bon roman comme on les aime, qui se dévore d’une traite ou presque. Idéal pour s’essayer à une forme d’écriture moderne (notre auteur est aussi bloggeuse : http://www.girlsandgeeks.com) et efficace. Attention à ne pas le lire trop vite, car Titiou Lecoq n’a encore qu’un seul ouvrage à son actif… et on attend un prochain ouvrage avec curiosité et impatience.

Et bientôt, les Morues sera adapté au cinéma, ses droits ayant étés vendus à ARP Selection, l’adaptation et la réalisation seront signés Sylvie Testud.

7/10

AUTEUR :
GENRE : Littérature
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Le livre de Saskia – tome 1 – Le Réveil

Le livre de Saskia 01

Un récit pour ado qui séduit vite son lecteur grâce à univers bien pensé et… angélique.

Premier roman de la française Marie Pavlenko, le livre de Saskia est paru aux éditions Scrinéo Jeunesse dont le second tome vient d’ailleurs de paraître. Ce premier opus, qui s’intitule Le Réveil, nous conte l’histoire d’une jeune fille, Saskia, adolescente sans problèmes particuliers, vite attachante qui a été découverte abandonnée en Inde puis amenée en France par sa mère adoptive.

Il y a eu beaucoup de livres sur les anges ces derniers mois chez différents éditeurs : Hush Hush, Halo etc… mais celui-ci mérite une attention particulière.

Dans le quotidien de Saskia

Bonne élève, drôle, heureuse de vivre, Saskia vient de changer d’école pour passer sa terminale à Buffon. Depuis sa plus tendre enfance, elle sait que sa mère n’est pas sa vraie mère et qu’elle a été adoptée, et cela dans d’étranges circonstances.

Quand on l’a trouvée, elle portait déjà bébé cette pierre qui ne la quitte jamais depuis, sans cette dernière elle se retrouve perdue et complètement démunie… et autre chose étrange, ça pierre « chauffe » ou « refroidit » selon les circonstances, comme pour la prévenir d’un danger. Mais elle fait partie de son quotidien, et donc ne s’est jamais vraiment posé de questions la concernant.

Mais un jour où Saskia se retrouve presque seule dans une rame de train et que sa sécurité est en danger, elle croise le chemin de Tod, un garçon mystérieux qui va la sauver. Depuis, ce dernier la suit partout, jusque chez elle. Il est dans le même établissement qu’elle, mais en tant que pion. Tod n’est pas à proprement parler dangereux, mais le fait qu’il suive Saskia partout où elle se rend devient vite très dérangeant pour elle, et sa quête de réponses se trouve devant un mur.

Et la chose va encore se compliquer quand elle va être également suivie par une nouvelle élève qui débarque dans sa classe : Mara.

Tod et Mara la protègent de quelque chose, mais de quoi ?

Un roman fichtrement immersif

Le livre de Saskia est écrit de façon simple, avec un vocabulaire fluide qui fait que l’on entre très vite dans l’intrigue. La première partie du roman est très « banale », mais jamais ennuyeuse, racontant la vie quotidienne de Saskia. Les descriptions des lieux et des personnages sont très bien maîtrisées, facilitant la possibilité de s’attacher à ces derniers. Les mystères n’arrêtant pas de s’ajouter, on ne peu qu’être happé par l’intrigue.

Saskia, qui est loin d’être bête et pleurnicharde comme le sont parfois certaines héroïnes de romans pour ados, on a ici affaire à une héroïne forte qui malgré ses interrogations et ses peurs va au-delà des apparences.

Quand au personnage de Tod, c’est Le beau gosse par excellence, et même s’il en joue, sa beauté ne fait pas tout ; son personnage est extrêmement intéressant et il joue beaucoup de l’ambiguïté avec la pauvre Saskia. Mara, l’antithèse de Tod est également pleine de mystères et peu causante sur la situation elle-même.

La seconde partie du roman est beaucoup plus axée fantastique au fil des pages. Le livre de Saskia aborde ensuite un vocabulaire angélique créé de toutes pièces par son auteure, et ce sans nous perdre en grandes descriptions. Une incursion en terre fantastique réussie donc.

Le seul point noir selon moi est le dénouement de fin du premier tome, où l’on fait certaines révélations et où l’on tombe parfois dans le cliché. Mais le récit reste toutefois assez original dans sa globalité.

Alors, je ne vous en dirais pas plus concernant l’intrigue sous peine de vous gâcher un peu de plaisir, le mieux serait encore que vous lisiez le livre de Saskia. Pour son originalité, son écriture et pour ses héros à la personnalité bien campée. Et puis, c’est aussi la preuve si il en est besoin que le fantastique français a de beaux jours devant lui. Vivement la suite avec le tome deux : L’épreuve.

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF

Chronique : Les Héros de la Vallée

Les Héros de la ValléeUn roman épique en écho aux grandes légendes des temps anciens

Jonathan Stroud, auteur désormais connu pour sa série Bartiméus, revient avec un roman indépendant destiné à un lectorat plus adulte, plus mûr, avec Les Héros de la Vallée. Publié tout d’abord aux éditions Albin Michel dans la collection Wiz en 2009, l’ouvrage vient de sortir chez Le Livre de Poche collection Fantasy en octobre 2011.

Pour les fans de la précédente série de l’auteur, attendez-vous à un changement qui ne sera pas forcément des plus plaisants. L’humour mordant et l’écriture vive à laquelle nous avait habitués Stroud sont ici remplacés par un univers fruste et un genre d’écriture beaucoup plus lent, plus brut également.

Dans la Vallée vivaient douze Héros…

La Vallée est un lieu mystérieux divisé en douze contrées appartenant à douze maisonnées. Ces maisonnées doivent leurs noms aux Héros, des hommes qui ont sauvé il y a des générations le peuple de la Vallée des Trâles. Mais que sont les Trâles ? Ce sont des monstres terrifiants dont on ignore tout ou presque. Ils surgissent de terre aux heures les plus noires pour enlever des habitants… mais depuis la fameuse bataille du Roc, le peuple de la Vallée n’a plus rien à craindre : les corps des Héros veillent, et les Trâles ne peuvent plus franchir la limite des cairns (empilement de pierres funéraires).

C’est donc dans ce monde relativement protégé que vit le jeune Halli, descendant de Svein, un des Héros. Et ce dernier ne rêve que d’une chose : accomplir les mêmes faits héroïques que son aïeul quitte à mettre en danger l’honneur de sa maisonnée, et même sa propre vie.

Un récit initiatique plaisant mais…

Jonathan Stroud s’essaye ici à l’exercice difficile de conteur de légendes, créant un univers aux croyances et traditions bien ancrées. On se plonge facilement dans cette société semblable à celle des peuples celtiques.

Dans une ambiance rustique et familiale, nous suivons les pas du jeune Halli, du haut de ses quatorze ans, dans sa quête de grandeur. L’univers construit ici est réussi et très plaisant à découvrir ; on retrouve quelques échos à l’œuvre de Tolkien : Bilbo le Hobbit dans les nombreuses et malheureuses péripéties de Halli. Le côté nains et elfes en moins, ici il n’y a que des hommes… et des Trâles.

Jonathan Stroud a une affection toute particulière pour les personnages impertinents et rebelles, comme il nous l’a déjà prouvé avec ses précédents écrits. Mais là où le bât blesse, c’est dans la personnalité des personnages, en particulier celle du « héros », Halli. Sa personnalité capricieuse et inconséquente a parfois le don d’agacer par son manque de crédibilité.

En plus de cela, le récit rencontre quelques passages à vide où l’intérêt s’essouffle à force de descriptions trop développées. On se demande parfois où l’on veut nous emmener au final. Un final d’ailleurs abrupt qui laisse un peu au dépourvu, mais qui est assez bien tourné, laissant une fin ouverte au lecteur libre d’en penser ce qu’il veut.

En somme, Les Héros de la Vallée n’est pas un mauvais livre, mais il est tout de même assez déstabilisant pour ceux qui connaissaient Jonathan Stroud pour ses précédentes œuvres. Le plaisir de cette lecture résidera surtout dans sa similitude avec les contes épiques narrés par les bardes itinérants au coin du feu d’une auberge…

GENRE : Fantasy
TRANCHE d´ÂGE :