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Chronique : Les Fragmentés – Tome 1

Les fragmentés 01Écrite par l’écrivain américain Neal Shusterman, la série les Fragmentés rencontre un incroyable succès aux Etats-Unis sous le titre original Unwind. En France, c’est la collection MSK (collection ado des éditions du Masque) qui publie ce texte, les droits ont étés achetés avant même que la collection existe, tant il a marqué la directrice de la collection, Maÿlis de Lajugie.

Une première édition du tome un a vu le jour en 2008, puis l’ouvrage est paru au format poche en mai 2013. Mais à l’occasion de la sortie du second tome en France, l’éditeur a vu les choses en grand en rééditant le premier tome sous un grand-format très esthétique pour faire un bel effet collection.

Enfin, pour en finir avec les bonnes nouvelles, sachez que la série est déjà prévue pour être portée à l’écran ! Alors pour savoir ce que raconte cette série d’anticipation captivante, c’est par ici…

Le futur, à une époque indéterminée, mais pas si loitaine…

 L’avenir : suite à une lutte acharnée entre les Pro-vie et les Pro-choix est née la fragmentation, une étape permettant d’amener un être à un état divisé, tout en le laissant techniquement en vie à travers plusieurs personnes. En effet, la fragmentation permet d’utiliser 100% de l’être humain sans le tuer et a supprimé les pénuries d’organes.

Mais où trouve-t-on ces fameux organes ? Qui sont les donneurs ? Il s’agit d’adolescents âgés entre treize et dix-huit ans, dont les parents ont décidé pour diverses raisons de signer un ordre de fragmentation. Une fois l’ordre signé, impossible de faire marche arrière : l’adolescent est voué à la fragmentation… Mais les Pro-vie sont ravis du compromis, car il est impossible d’attenter à la vie d’un enfant de sa conception jusqu’à ses treize ans, à lui donc de faire ses « preuves ».

Mais il arrive que certains s’en sortent et deviennent des déserteurs, c’est le cas d’un des héros de ce roman, Connor, qui va tout faire pour rester en vie, et cela dans un état non divisé !

Cependant, cette lutte pour la survie ne va pas aller sans heurts, et surtout, le parcours de Connor va devenir quelque chose de bien plus grand que lui. Et c’est sans compter sur ceux qu’il entraine dans son sillage… notamment Risa et Lev eux aussi voués à être fragmentés.

Les fragmentés 01 UnwindExtraordinairement dense et documenté

L’univers futuriste et cruel que Neal Shusterman met en place est d’une implacable efficacité dès les premières lignes. Haletant, captivant, le récit est d’une cohérence extrême, ne laissant pas de doutes ou de questions planer. Et bien que l’on ne connaisse pas tout le passif des camps Pro-vie et Pro-choix qui a amené à cette terrible ère, on en comprend malgré tout les terribles enjeux.

Chaque chapitre est centré sur un personnage en particulier : Connor, Risa ou encore Lev dont l’histoire et les motivations sont bien différentes. Le personnage de Lev en particulier, que l’on pourrait croire plat au début du récit devient au final l’un des plus intéressant. En effet, le jeune homme est destiné à la fragmentation depuis sa naissance pour des raisons religieuses : on appelle cela la décimation. Mais son cheminement vers Dieu va vite se transformer en un tout autre pèlerinage…

Outre des personnages absolument mémorables et charismatiques, on se retrouve dans un récit empli d’adrénaline, où chaque instant et détails comptent, y compris dans l’urgence.

La plus belle réussite de ce roman est certainement l’émotion que réussit à nous communiquer Neal Shusterman, créant des situations aussi tragiques que magnifiques à travers ses personnages. Je pense notamment aux quelques chapitres où nous rencontrons le personnage mystérieux de CyFy. L’émotion qui transparaît dans la dernière scène où il fait son apparition est d’une ampleur rarement lue dans un texte.

De même, la fragmentation, cette fameuse étape dont personne ne sait vraiment en quoi elle consiste, nous allons pouvoir y assister, et là aussi difficile de ne pas se sentir concerné par les souffrances des personnages.

Les fragmentés 01 Unwind2Vif, instinctif, parfois violent, les Fragmentés est un roman à part dans tous les récits young-adult qui fleurissent dans le paysage éditorial. Un ouvrage à lire avec délectation, fougue, et surtout éxaltation. Un chef-d’œuvre pour redécouvrir le genre de l’anticipation dans toute sa force, et cela à tout âge.

Si vous voulez découvrir un imaginaire aussi riche que percutant, laissez-vous tenter par les Fragmentés, personnellement, je suis conquise ! En route directement vers le second tome !

PS : Ne devant être qu’une trilogie à l’origine, la série comptera au final quatre volumes aux Etats-Unis. L’éditeur américain trouvant le troisième tome beaucoup trop gros et ayant préféré le diviser en deux. Le troisième tome vient d’ailleurs de sortir le 15 octobre dernier, le quatrième est prévu pour courant 2014.

Chronique : Mémoire en mi

Mémoire en mi Paru en août dernier dans la collection Mini Syros Soon, Mémoire en mi est une nouvelle futuriste destinée aux huit ans et plus.

L’auteur, Florence Hinckel, a déjà écrit de nombreux romans pour la jeunesse, notamment Le chat pitre (Nathan), Secrets.com (Rageot), ou encore Théa pour l’éternité (Syros). Dans ce court texte, la durée de vie de l’homme s’est tant allongée qu’il a fallu créer un système qui lui permette de garder sa mémoire…

Une atmosphère digne de l’époque révolue des gouvernantes

Juliette est une jeune fille qui vit avec ses deux parents dans une belle maison. Elle a tout pour être heureuse sauf une chose… ses parents sont très peu présents pour elle, trop occupés à des activités dont elle ignore tout.

C’est ainsi que s’organise l’arrivée d’une nouvelle gouvernante, accompagnée de sa fille. La mère de Justine accepte de tolérer la présence de Juliette – la fille de sa nouvelle employée – à une seule condition : qu’elles n’aient aucun contact entre elles. « Nous ne nous mélangeons pas aux domestiques » dit-elle toujours à sa fille. Mais une amitié va malgré tout naître entre les deux jeunes filles qui ont les mêmes goûts et affinités et surtout, le même âge.

L’objet de l’histoire est cependant tout autre. Depuis les énormes progrès de la médecine, la durée de vie moyenne de l’homme est d’environ 300 ans. Mais le cerveau n’est pas fait pour emmagasiner autant d’informations aussi longtemps, aussi tout le monde est obligé d’enregistrer chaque jour sa journée par le biais d’un module.

Mais le jour où Juliette décide de relire les premières semaines de sa vie, c’est un véritable choc qu’elle subit.

Un court texte intéressant qui recèle plus de qualités pour son ambiance et ses descriptions que pour le côté « futuriste » de l’œuvre. L’idée de mélanger un univers de domestiques comme par le passé avec un monde futuriste  mériterait d’être développée. Passé le moment de surprise, le jeune lecteur sera vite amené à la conclusion, simple et efficace. Une nouvelle sympathique de la collection Mini Syros Soon.

Chronique : Les sentinelles du futur

Les sentinelles du futurCarina Rozenfeld est une auteur française très prolifique dans le monde de l’imaginaire et du young-adult. Ses derniers romans en date sont Phaenix (deux tomes, collection R chez Robert Laffont) ainsi que la Quête des Livres-Mondes (réédition chez l’Atalante en 2012).

Avec les sentinelles du futur paru en août dernier aux éditions Syros dans la collection Soon, Carina Rozenfeld renoue avec la science-fiction et les voyages temporels !

Notre Terre en 2359

Le tableau de notre planète dans quelques siècles est peu optimiste : la végétation a disparu, de même que la faune. La planète est toxique pour ses habitants, les mers ont tué depuis longtemps les poissons et autres multitudes de forme de vie qui y régnaient. La Terre se meurt à petit feu et devient un poison pour elle-même tant elle a été détériorée.

Mais selon les sentinelles du futur mandatées par l’Académie, l’avenir de l’humanité sera radieux. Comment cela peut-il être envisagé et comment le savent-ils ? Grâce à un passage temporel qui permet aux fameuses Sentinelles de voyager et de visiter le futur dans 300 ans exactement.

 En  2659 la végétation a reprit sa place, les hommes peuvent de nouveau sortir grâce à l’air qui n’est plus pollué, la population y est pérenne, heureuse grâce aux sphères blanches. Que sont les sphères blanches ? Nul ne le sait, les Sentinelles on juste découvert qu’elles sont ce qui a sauvé l’homme de l’extinction et qu’elle apparaîtrons en…2359.

C’est dans cette ambiance fébrile que vit le jeune Elon, élève de l’Académie grâce ses aptitudes exceptionnelles. Quand notre histoire commence, cela fait quelques semaines que les sentinelles ne sont pas revenues faire leur rapport afin d ‘alimenter les cours d’histoire du futur. Mais quand elle reviennent, leur nouvelles vont créer un véritable cataclysme au sein de l’Académie… le futur est à feu et à sang…

Quand le passé tente de sauver le futur

L’histoire des Sentinelles du Futur est un savant mélange de science-fiction à petite dose, de personnages très plausibles et charismatiques ainsi que d’un peu de romance (les garçons n’en seront pas allergiques).

L’idée de voir deux époques et deux personnages se compléter fonctionne très bien. D’autant que l’intrigue démarre vite et que le mystère des sphères blanches est totalement insoluble jusqu’au dernier moment.

Encore une fois, Carina Rozenfeld réussi à nous séduire par sa plume en nous montrant un nouveau pan de ses nombreux imaginaires. Après être avoir fait du fantastique, de la romance, de la fantasy urbaine, son incursion dans la science-fiction jeunesse est réussie.

On adorera ses personnages, qui sont encore une fois réussit, réalistes et qui collent bien à ce que peuvent dire les adolescents. On aimera également les petites bonnes idées qui parsèment le roman et qui ajoutent de la force et du crédible à l’histoire : le Japon à disparu dans ce roman, les Japonais ne vivant qu’entre eux pour préserver leur traditions, leur mœurs et leur lignée… C’est le cas de Micko, l’un des personnages principaux, dont la vie est régie par ces problématiques.

Enfin, sans avoir de réel twist, la conclusion de l’histoire est très bien trouvée. Le mélange des temps futurs et passés se faisant de plus confus tant leur histoire est liée. Un joli petit tour de force qui nous fera apprécier ce roman.

Les sentinelles du futur est un one-shot, et cela est parfait ainsi. Résolument destiné à la jeunesse, c’est un roman qui peut initier à la science-fiction les lecteurs de treize ans environ. Efficace et touchant, ce récit vous donnera même envie d’en lire un autre sur les voyages dans le temps : Le voyageur imprudent de Barjavel étant souvent cité…

Chronique : Calpurnia

CalpurniaCalpurnia est un roman à part dans la littérature jeunesse, avec une approche naturaliste et un amour de la vie débordant, Jacqueline Kelly nous offre une vision à la fois très belle des années 1900, en plein Texas.  Considéré aux Etats-Unis comme un ouvrage de référence en littérature Young-Adult, il a remporté de prestigieux prix, dont le fameux Newbery Honor Award, qui est plus haute marque de distinction dans la littérature jeunesse aux Etats-Unis. Notons qu’en anglais l’ouvrage s’intitule The Evolution of Calpurnia Tate, un clin d’œil fort à la thématique du livre : La théorie de l’évolution de Darwin.

Malheureusement, peu des ouvrages lauréats se sont vus traduire en France et sont encore disponibles : Le secret de Térabithia de Katherine Paterson, L’histoire de Sarah la pas belle de Patricia MacLachlan, Compte les étoiles de Lois Lowry ou encore le Passage de Louis Sachar sont de ceux-là.

Alors quand il y en a un qui arrive dans notre pays, il n’y a aucune raison pour ne pas voir de quel bois il est fait… et on est rarement déçu !

Calpurnia Tate, onze ans de son état.

La jeune Calpurnia est curieuse de tout, et surtout de tout ce qui n’est pas dans la maison. Elle préfère courir par monts et par vaux afin d’observer ce qui l’entoure que de rester sagement à la maison, comme le feraient toutes les filles de son âge. Petits animaux, lucioles, chenilles, la jeune fille est curieuse de tout… elle ne le sait pas encore, mais ce sont bien les sciences qui la passionne.

Alors qu’elle vit avec ses très nombreux frères et ses parents ainsi que son grand-père, elle n’a jamais osé parler avec ce dernier. Elle le voit comme un géant peu loquace un peu effrayant. Mais quand elle va découvrir qu’il est un féru de sciences, leur relation va s’améliorer, et une véritable confiance va s’instaurer entre eux…

Observations dans le lac d’à côté, croquis fidèles pour compléter le carnet déjà bien fourni de Calpurnia, première utilisation d’un microscope, et surtout découverte de Darwin, et de son Origine des espèces, qui va bouleverser notre jeune héroïne (après de nombreuses difficultés pour l’obtenir).

Calpurnia usUn roman touchant qui nous parle de la condition féminine de l’époque…

Calpurnia ne se voit plus autre chose que scientifique ou chercheuse. Elle rêve de ces grands chercheurs et pionniers qui ont contribué à la science et à ce qu’elle est devenue en 1900, à l’aube des premiers téléphones et des premières automobiles. Mais soyons sérieux une minute… une jeune fille peut-elle décemment espérer faire des études ? Qui plus est dans la science, un domaine largement (si ce n’est exclusivement) réservé aux hommes ?

En tout cas, ce sont ce que ses parents essayent à tout prix de lui faire comprendre en lui faisant faire de la cuisine et de nombreux travaux de couture et de tricot. Il vaut mieux une déception maintenant que dans quelques années…

Calpurnia est ainsi un roman qui ne parle pas uniquement des merveilles dont regorge la nature. Il traite également de la pression sociale exercée sur la moindre jeune fille qui ne serait pas rêveuse à l’idée d’entretenir une belle maison en s’occupant uniquement de sa famille. Est-ce nécessairement cela le bonheur ? Calpurnia n’a pas la réponse à cette question, mais par ses actes, elle va tout faire pour savoir ce qui elle pourra la rendre heureuse…

Ces questionnements sont très largement teintés du quotidien de la famille nombreuse dans laquelle vit Calpurnia, qui est d’ailleurs la seule fille. Jacqueline Kelly possède le merveilleux don de nous intéresser à des événements somme toute très banals et quotidiens, tels que le choix d’un dindon pour noël ou encore l’amoureuse que certains frères ont choisie. Les malheurs des petits frères et les aventures d’une ferme sont loin d’être de tout repos, mais ils sont fascinants !

Cet ouvrage est une petite perle, où l’on se retrouve perdus dans la campagne aride du Texas et où la moindre petite chose est une source incommensurable de bonheur. On se retrouve à suivre le quotidien d’une fratrie très nombreuse où le quotidien est rarement simple, mais bien plus savoureux.  Calpurnia est un roman magnifique, car il fait l’apologie des choses simples de la vie… à nous de les savourer. Un magnifique combat d’idéaux est en marche, et il dure encore de nos jours !

Chronique : Cruelles

CruellesUn roman de Cat Clarke aussi crispant que le précédent, sinon plus….

Cat Clarke est une auteure d’origine anglaise, Cruelles est son second roman paru en France après Confusion, tous les deux dans la collection R (chez Robert Laffont). Ses romans sont toujours un événement dans son pays d’origine, et cela commence également à être le cas dans notre pays.

Toujours dans des univers contemporains ultra-réalistes, Cat Clarke explore les recoins les plus sombres de notre psychologie… et elle ne fait pas exception avec Cruelles, qui nous compte une sordide histoire de rancœurs entre adolescentes…

Faut-il toujours envier les filles populaires de son école ?

Notre roman débute par un événement singulier : un enterrement. Celui d’une des camarades de classe de la narratrice, qui se prénomme Alice King. Elle est là, ainsi que tous ses camarades de classes, ses professeurs, mais le pire n’est pas là : Alice se sent coupable de la mort de Tara, et elle a raison.

Tara : certainement la fille la plus populaire de l’établissement, mais aussi la plus cruelle. Elle se jouait de tous et de tout : de ses amies, de ses professeurs, et bien entendu de ceux qu’elle considérait comme les moins que rien. Les plus vilain tours, les pires rumeurs, c’était elle. Mais un jour, un banal voyage scolaire en Ecosse va se transformer en horrible fait divers… En effet, Tara a humilié une fois de trop certaines personnes, et elles comptent bien lui donner une petite leçon de leur cru… la suite, nous la connaissons.

Les questions que soulève ici Cat Clarke ne sont pas pourquoi ni même comment : l’auteure y répondant d’elle même très rapidement. Mais plutôt, peut-on supporter un tel degré de culpabilité ? à fortiori quand on est encore adolescente ? Peut-on se détacher de soi à un point où la culpabilité disparaît ?

Tout le roman tournera autour de cela. Les quatre jeunes filles qui étaient dans la même chambre que Tara durant la tragédie vont-elles craquer, elles qui savent ce qui s’y est réellement passé ?

Un excellent thriller psychologique pour ados

L’intrigue en soit n’est pas originale, mais la façon de traiter l’histoire est très bien traitée. Que cela soit dans l’écriture, les dialogues, mais aussi les silences… Cat Clarke maîtrise l’art de la tension et se joue de nous lecteurs.

Tout n’est pas nécessairement à cent pour cent réaliste, mais on se laisse facilement embarquer dans ce terrible fait divers… craquera ? craquera pas ? Et si je vous disait, qu’Alice, malgré elle, va tomber amoureuse du frère de Tara en sachant tout ce que cela implique ? Comment pensez-vous qu’elle le vit, quelle vont être ses réactions ?

Le plus effrayant ne réside même pas dans les actes décrits par Alice, qui revit la scène de la mort de Tara pour nous. Non, le pire est dans la pression et les non-dits qui interagissent entre les quatre filles coupables pour maintenir chacune dans la peur et le silence. Les discussions qu’elles ont sont terribles, glaçantes, et nous nous laissons facilement entraîner dans cette fascination morbide pour savoir.

Alors, Cruelles est un roman dérangeant qui porte on ne peut mieux son nom ; mais il est aussi rempli d’humanité. Le poids de la culpabilité peut amener à faire ou à voir des choses étranges… A lire pour découvrir certaines facettes de notre humanité que l’on ne soupçonne pas forcément. A lire pour se faire peur. A lire pour passer une nuit blanche pour connaître le mot de la fin….

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Chronique Jeunesse : Le chant de la Grande Rivière

Le chant de la grande rivièrePremier roman de l’auteur anglais Tom Moorhouse, Le chant de la Grande Rivière inaugure une toute nouvelle collection de romans chez Hélium : Fiction Nature. Au rendez-vous : des histoires racontées du point de vue des animaux, des aventures et la découverte d’espèces dont le mode de vie est souvent méconnu. Ici, nous découvrons les campagnols dans leur habitat naturel, ainsi que les nombreuses péripéties qui les conduirons toujours plus loin de leur territoire.

Tom Moorhouse travaille dans le département de zoologie de la prestigieuse Université d’Oxford. Il a déjà publié de nombreux ouvrages, mais ces derniers étaient tous à visées universitaires. Le Chant de la Grande Rivière est sa première fiction. Il apprécie la vie au plus près de la nature, et les escapades en montagne ou en forêt font pour lui partie de son quotidien.

Un second tome est déjà en préparation pour courant 2014 en France… !

Il était dans une fois dans un terrier, une portée de campagnols…

Ainsi commence notre roman, paisiblement, au bord de la rivière et de son doux chant glougloutant et rassurant… Mais la paix ne va pas tarder à disparaître à cause de l’apparition d’un monstre qui dévore les campagnols et d’autres habitants alentour. Quelle st donc cette créature étrange et terrifiante que tous redoutent ? En tout cas, certainement pas un des prédateurs habituels des campagnols que sont les chouettes et renards. Il s’agit d’autre chose, quelque chose de plus gros, dont personne n’a jamais entendu parler.

Un roman d’aventure au plus près de mère Nature et de ses petits habitants

Dans ce roman riche en actions, nous suivons les pas d’une famille de quatre frères et sœurs campagnols, à la recherche d’un nouveau foyer : Sylvan, Orris, Fern et Aven. Tous les quatre ont chacun leur petit trait de caractère : Sylvan a la bougeotte au point de risquer parfois d’être vu par certains prédateurs, Orris est plutôt pantouflard et ronchon…etc.

Tout ce petit monde va prendre beaucoup de risques pour trouver ce fameux nouveau foyer. En effet, impossible pour eux de s’incruster sur le territoire d’un autre campagnol, certains ont étés tués pour moins que ça. La dure loi de la nature est en marche, et seuls les plus forts survivront…

Rencontres inattendues et personnages mémorables (je pense notamment à Fodur, qui n’est pas un campagnol et qui parle d’une façon très différente de nos héros ; son langage est très succinct mais il arrive à faire passer beaucoup de sentiments de façon simple), l’histoire a beau être très traditionnelle, on ne s’ennuie pas.

En effet, le petit plus de cette histoire, c’est qu’elle est écrite par une personne qui connaît réellement les animaux et leur mode de vie. Ici, toute l’intrigue est basée sur cela : leur nourriture, les nids dans lesquels les campagnols pourront s’épanouir, leur relation entre eux, leur prédateurs…

Le Chant de la Grande Rivière est donc un premier roman réussi et bien sympathique. On a hâte de voir ce que Tom Moorhouse va nous concocter dans le second opus des aventures de Sylvan et de sa petite fratrie. Une chose est certaine, c’est un bon roman dans le genre pour initier les jeunes lecteur à ce style de lecture où les héros sont des animaux avec des problèmes à leur échelle.

Espérons que ce livre n’est que le prémisse d’une suite plus dense en notions naturalistes et anecdote sur cette espèce méconnue que sont les campagnols ! Parfait dès l’âge de 9-10 environ.

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Chronique : Les petits pains de la pleine lune

Les petits pains de la pleine luneIntemporel, magnifique et captivant, un roman qui montre toute la force et la poésie des écrivains asiatiques.

Traduit du coréen par Lim Yeong-hee et Françoise Nagel, ce roman atypique est paru aux éditions Philippe Picquier en janvier 2011, dans leur collection jeunesse.

Mais ne vous méprenez pas, quand on dit « jeunesse » ici, il faut tout de même penser à des lecteurs de quatorze ans et plus, de part les thématiques traitées et la façon dont elles sont abordées.

L’auteure, Gu Byeong-mo, est née à Séoul en 1976. Elle a fait des études de littérature coréenne et a été éditrice avant d’écrire. Etre auteure est pour elle un rêve devenu réalité quand elle a remporté la seconde place du Changbi Prize for young-adult Fiction avec Les petits pains de la pleine lune (The Wizard Bakery en langue originale). Il s’agit de son premier roman traduit en France. Le second est sorti en mai 2013 sous le titre Fils de l’eau (éditions Picquier), et s’adresse cette fois-ci à un lectorat adulte.

Comment croiser l’histoire d’une étrange boulangerie et celle d’un jeune garçon malheureux dans sa propre famille ?

Tout commence quand un jeune garçon débarque essoufflé dans la boulangerie de son quartier : « Cachez-moi s’il vous plaît » sont ses premier mots. Mais que s’est-il donc passé pour qu’il puisse trouver refuge… dans une boulangerie ?

L’histoire de notre jeune narrateur (dont on ne saura d’ailleurs jamais le nom) est aussi triste qu’étrange. Abandonné par sa mère quand il était enfant en plein milieu d’une immense gare, cette dernière s’est ensuite suicidée. Par la force des choses, bien après ce drame familial, et sans aucun événement déterminant, il est devenu bègue.

Entre temps, son père s’est remarié avec une femme : Madame Bae. Cette dernière avait déjà une fille : Mouhui. Les relations qu’entretiennent cette petite famille recomposée sont dénuées de sentiments : son père semble s’être marié pour avoir du linge propre et plié tous les jours, des repas prêts le soir quand il rentre (très tard) du travail.

Mme Bae elle, prend de plus en plus de place dans la maisonnée au fil du temps, comme si elle avait peur que son beau-fils réclame la moindre chose au désavantage de sa propre fille, Mouhui. Notre héros se retrouve à rester dans sa chambre pour ne pas être tourmenté.

Les contes de fées comme références intemporelles

L’auteure a voulu faire une référence permanente aux contes de fées avec son roman, en particulier avec le conte Hansel et Gretel (comme elle le dit elle-même) et la boulangerie magique. Mais une terrible belle-mère, cela n’est pas sans rappeler d’autres contes de fées, chose que Gu Byeong-mo tient à le souligner à travers son récit :

« Tu es encore très jeune, tu aimerais croire aux contes de fées, mais tu sais que ce ne sont que des histoires. La belle-mère de Cendrillon n’existe absolument pas, ni celle de Blanche Neige. »

En effet, les époques changent, mais l’homme et sa nature eux, restent immuables : jalousie, haine, méchanceté sont des sentiments universels et intemporels. C’est pour cela qu’existe Wizard Bakery, l’étrange boulangerie de quartier de notre narrateur.

Les petits pains de la pleine lune (korean version)Du merveilleux culinaire au menu

Même si cela n’a pas de réel terme, j’aime à classer les romans traitant d’imaginaire et de nourriture dans une catégorie particulière : la fantasy culinaire (pensez à Charlie et la chocolaterie, Madame Pamplemousse et ses fabuleux délices, La pâtisserie Bliss, etc). Les petit pains de la pleine lune en fait partie, et chose unique, il s’adresse aux adolescents, au contraire des autres ouvrages destinés à des lecteurs entre huit et dix ans.

Les descriptions des produits proposés par Wizard Bakery sont absolument fascinants (et terrifiants aussi) : entre la poésie et la magie, on se laisse entraîner dans un monde d’odeurs et de plaisirs mêlés.

En effet, les produits proposés ne sont pas destinés à tout le monde, mais à un public averti. Parmi les produits existants : Macarons de la mémoire aux amandes, Moka éternel au café ou encore Flan porte-bonheur… autant de produits censés aider certaines personne en bien… ou en mal. Une chose est sûre, on adorerait être à la place du héros et découvrir les recettes étranges du sorcier-pâtissier tenant la boulangerie !

Peut-on changer son avenir si on le connaît à l’avance ? Et surtout, le voudrions-nous ? La réponse est loin d’être simple… Gu Byeong-mo nous propose ici un roman réfléchi et profond sur l’innocence et l’enfance disparue à travers un imaginaire unique.

Les petits pains de la pleine lune pocheLoin de se cantonner au genre fantastique, Les petits pains de la pleine lune séduira également par la réflexion qu’il offre sur le nature de l’être humain, ses aspirations, mais également ses vices… Un roman âpre, sans compromis et rarement doux qui met des mots simples et vrais sur les réalités de la vie, qu’elles soient agréables… ou non.

Mémorable, à mettre entre les mains de tous les lecteurs dès quatorze ans environ, pour tous les lecteurs qui voudraient s’émerveiller tout en restant ancré dans notre monde contemporain. La sortie en format poche est pour novembre, (cf couverture ci-dessous), alors n’hésitez pas à croiser la route de cette étrange boulangerie, à la croisée des chemins et des imaginaires.

Chronique Jeunesse : Azami, le cœur en deux

Azami, le coeur en deuxMarc et Isabel Catin sont mari et femme dans la vie. Ils écrivent ensemble depuis de nombreuses années. Pour écrire ce roman à l’ambiance à la fois ancrée dans les traditions nippones et la modernité occidentale, ils se sont rendus au Japon.

Azami, le cœur en deux est paru aux éditions Nathan en juin 2012 et nous parle de la découverte de la France et de ses mœurs à travers les yeux d’une jeune japonaise, Azami.

Un choc des cultures est en marche

Azami est une adolescente japonaise qui vit avec sa grand-mère dans les traditions que cette dernière lui a transmises ; esprits protecteurs, superstitions, tout cela est le quotidien de la jeune fille. Obâsan (mot japonais pour grand-mère) s’occupe d’Azami comme si elle était sa mère, son père n’étant jamais présent pour elle, tant il travaille comme un fou. Elles vivent au pied du mont Kaïdo, là où les croyances populaires et les légendes ont encore prise, loin de la folie des grandes villes.

Alors quand le père d’Azami lui annonce qu’elle part pour Paris avec lui pendant ses vacances, la surprise est totale. Aussitôt, c’est l’euphorie pour Azami, elle qui s’est vue offrir des cours de français par son père depuis de longues années, elle va enfin avoir l’occasion de le parler.

Ainsi commence l’aventure occidentale d’Azami, qui quitte pour quelque temps sa tendre grand-mère et son mode de vie hors du temps pour une adolescente de notre époque. Place à la vie parisienne et à ses lumières… !

Une découverte culturelle détonante

Quand Azami débarque en France, c’est tout un nouveau monde qui s’ouvre à elle : différent, très ouvert, parfois même désinhibé par rapport à celui qu’elle connaît.

Elle se fait une amie en la personne de Myo chez qui elle loge (ses parents sont des amis de son père). Myo est une adolescente de son âge, parisienne jusqu’au bout des ongles, c’est elle qui va l’initier aux habitudes de la capitale et au mode de vie d’un adolescent « normal » de notre époque.

Amitiés, premiers flirts, Azami va en découvrir beaucoup sur elle-même et sa façon d’être… y compris des parties d’elle qu’elle n’aurait peut-être pas voulu voir poindre.

Ce choc des cultures sera parfois violent pour Azami, qui aura du mal à comprendre la relation parents-enfants telle qu’elle est en occident, la notion de respect des aînés ayant y étant diamétralement opposée.

De même, la relation parfois dominante et cruelle qui règne entre les ados sera également pour elle une source d’incompréhension…

Nous croisons une certaine quantité de stéréotypes dans ce court roman, laissant parfois les personnages à un niveau parfois trop caricatural, notamment la jeune Myo et ses répliques un peu trop impersonnelles. Cependant, l’histoire d’Azami nous rend curieux et avide de savoir vers quoi elle tend, elle qui voit se profiler un choix cornélien entre deux univers que tout oppose.

Le petit plus de ce roman est son côté légendes nippones ou le fantastique prend très légèrement le pas sur le réel. La grand-mère qui essaye de contenter les esprits de l’ordinateur de sa petite-fille pour qu’il fonctionne donne lieu à des scènes amusantes. De même, le personnage de Betobeto-san, un esprit protecteur qui collera Azami tout le long de son voyage est lui aussi très attachant, dans tous les sens du terme.

Au final, Azami, le cœur en deux est un roman sympathique pour les jeunes lectrices à partir de treize ans. Il permet de découvrir brièvement la culture japonaise ainsi que ses traditions en y mêlant un peu de romance et de réflexion. Un bon moment à passer en compagnie d’une héroïne attachante même si l’on aurait apprécié un roman un peu plus dense et moins éphémère.

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Chronique comics : Marineman – Tome 1 – Une question de vie ou de mer

MarinemanMarineman, un nouveau super-héros sur lequel il faudra compter.

Paru en juillet 2012, Marineman est un comics créé par Ian Churchill. D’origine anglaise, Ian Churchill est un auteur qui a travaillé chez Marvel Comics, il a notamment apporté sa contribution à la série X-men.

Dans ce premier tome français, nous découvrons les six premiers chapitres des aventures d’un nouvel héros… rafraichissant !

Un passé en eaux troubles

Steve Ocean, surnommé Marineman est un homme aussi fascinant que connu. Océanographe reconnu, il possède même sa propre émission afin de sensibiliser le public à la préservation de l’écosystème marin. Il a d’ailleurs de très nombreuses fans grâce à cela.

Mais bien loin de s’intéresser à des bagatelles, Steve Ocean poursuit ses travaux de biologiste marin, mais également sa quête d’identité… En effet, notre héros est doté de capacités hors du commun : il n’a pas besoin d’oxygène sous l’eau, possède une force incroyable et bien d’autres choses encore. De son enfance, il ne se rappelle rien, sinon que ses parents adoptifs l’ont trouvé au bord de la mer.

Alors, le jour où malencontreusement il sauve la vie de son meilleur ami en usant de ses pouvoirs, c’est la catastrophe. En effet, l’événement a été filmé, et Steve Ocean va devenir un super-héros aux yeux de certains, un monstre pour d’autres… Ainsi commencent les aventures et les révélations en cascades concernant Marineman et son nébuleux passé…

Un bon comics, comme on les aime

Sous ses airs de bon garçon un tantinet benêt, Marineman est un héros avec une vraie histoire et une profondeur certaine. Son passé, peu à peu exhumé, est bien plus sombre que ce que l’on pourrait imaginer en début de lecture… On retrouve dans ce comics tous les codes qui font le genre : un héros qui ignore ses origines, orphelin, et qui se découvre des ennemis dont il ignorait jusqu’à l’existence même…

L’intrigue est très bien construite, les personnages aisément reconnaissables, leur caractéristiques physiques étant bien traitées en ce sens. La plupart d’entre eux ont d’ailleurs des membres exagérément disproportionnés, Marineman possède un torse immense, de même que la femme lieutenant Charlotte Greene… un trait original propre à certains personnages principaux.

Au niveau du graphisme et des couleurs, Marineman est un comics de qualité. Les traits sont beaux et propres, les couleurs magnifiquement travaillées. Un vrai plaisir des yeux.

Enfin, l’objet-livre en lui-même est également une raison de plus d’être satisfait : couverture rigide et impression de qualité sont au rendez-vous.

En conclusion, ce premier volume des aventures nautiques de Marineman est passionnant et donne envie de ses plonger corps et âme dans la suite… Le second tome n’est pas paru France pour le moment, nous l’attendons avec impatience ! Cela semble toutefois mal engagé, la suite n’étant même pas sortie dans le pays d’origine du comics

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.

Marineman inside 02

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Chronique : The Lying Game – Tome 2 – Ne jamais dire jamais

The lying game - 02Une suite oppressante, mais un peu trop répétitive…

Sara Shepard est une auteure américaine à succès. Elle a notamment écrit la série de livres Pretty Little Liars (anciennement connue en France sous le nom Les Menteuses) qui a été adaptée en série télé, de même que sa série de livres The Lying Game.

Le tome quatre de la série The lying Game est à paraître en France le 14 août prochain ; aux Etats-Unis, la série en sera à son sixième tome en juillet.

De retour dans la vie opulente de feu Sutton Mercer

Le mystère continue de planer sur la disparition de Sutton Mercer, la jumelle d’Emma, qui a pris sa place à l’insu de tous… sauf de son meurtrier. Pour son propre bien, elle doit continuer de jouer un rôle malgré elle, sous peine de représailles.

Dans ces conditions, difficile d’enquêter ou de prouver quoi que ce soit. Emma ne le sait pas, mais elle est suivie constamment par le fantôme de sa défunte sœur (le seul élément surnaturel de l’histoire). L’esprit de Sutton étant amnésique, c’est avec Emma, au fil de ses découvertes, qu’elle recouvre peu à peu les bribes de sa mémoire.

Jeux de dupes et vilains secrets, les amies de Sutton ne sont pas à l’abri des soupçon d’Emma, qui s’attaque de près aux alibis de ces dernières…

L’enquête avance, mais très peu…

L’intrigue se déroule à peu de choses près de la même manière que dans le premier tome. Emma faisant quelques découvertes intéressantes sur le passé mouvementé de sa sœur sans pour autant avancer substantiellement… Le danger est toujours omniprésent, le meurtrier (ou meurtrière d’ailleurs) d’Emma lui rappelant constamment sa présence.

L’étau ne se resserre sur aucun personnage en particulier mais on découvre des éléments intéressants concernant quelques amies de Sutton. Certaines ont une vie moins dorée que ce qu’il y parait…

Peu d’indices sont visibles pour nous lecteurs, ou bien ne sont pas encore interprétables à ce niveau de la lecture. On reste toutefois captivé par la plume efficace de Sara Shepard, qui sait tenir avec peu d’éléments, voire aucun…

Son écriture fait encore des merveilles, je pense notamment à l’un de ses derniers chapitres, oppressant au possible : impossible de décrocher avec un tel niveau de stress. Mais attention à ne pas trop jouer avec le style efficace du thriller au point de n’avoir aucune avancée dans l’intrigue, ce qui est le cas ici.

Un second tome qui fonctionne mais que ne donne presque rien à nous mettre sous la dent. Espérons que le troisième opus de la série sera un peu plus substantiel. L’auteure a prévu au moins six tomes pour sa série, mais il faudrait qu’elle donne un peu de matière pour ne pas ennuyer le lecteur par la redondance de son texte.

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