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Chronique : Falalalalaaalalalala

Ou comment tomber en amour pour l’Alsace, les bredele et les chants de noël en un seul roman !

Mise en situation falalalalesque avec un bon thé aux pignons de pin, et SURTOUT, des bredele !

Emilie Chazerand est l’autrice fantabuleuse de La fourmi rouge, qui était un giga-coup de cœur (une douce pensée pour le poudrier en or…). La barre était donc assez haute, car il est toujours difficile de faire bien voir mieux quand on fait autant plaisir à un nouveau lectorat. Mais c’était mal  la connaître puisque Falalalalaaalalalala est une pépite tragi-comique.

Les bredele, à traduire littéralement en « petits gâteaux de noël », sont un délice !

Pas facile de vivre normalement quand la norme est atteinte d’achondroplasie

Richard vit dans un paradis, enfin aux yeux des autres, c’est le nirvana. Il vit avec toute sa famille (que des filles) dans Tannenland, le lieu de vie de la famille Tannenbaum depuis trois générations… Sauf que les Tannenbaum sont tous des nains (enfin, des naines) excepté le fameux Richard ! Et c’est parfois dur à assumer d’être de le seul grand, et aussi le seul garçon de la famille…  

Et même si Tannenland est le paradis du bredele et de toutes sortes de sablés de noël, ça ne suffit pas toujours à se sentir bien pour Richard… D’autant que beaucoup de mauvaises nouvelles vont arriver sur la – petite – communauté.

Voilà comment j’imagine Tannenland quand je lis Falalalalaaalalalala : un lieu à la fois magique et onirique… très paisible. Bref, tout le contraire de ce qu’on va découvrir !

Entre rires et larmes, plongez de plain-pied dans la magie de noël et ses drames familiaux !

Du début à la fin, c’est un régal de lire Falalalalaaalalalala. On se marre presque à chaque page, on s’émerveille, on s’attendrit… On est touché par l’histoire de cette famille cabossée par les secrets qui vont exploser les uns après les autres.

Et puis, il faut avouer que Tannenland a l’air d’être un vrai petit coin de paradis avec ses décors de noël, sa ferme d’animaux nains, sa petite boutique de pâtisseries alsaciennes… C’est le tableau idéal pour s’imprégner à merveille de l’ambiance de noël ! Mais ce décor de rêve ne va pas suffire à résorber les non-dits passés et va au contraire les exacerber. Vous tomberez certainement sous le charme du Grand et maladroit Richard, où rien dans cette maison n’est à sa taille (et pour cause, elle a été construite expressément pour des nains !).

A Tannenland, TOUT est petit, y compris les animaux de la ferme du domaine !

Richard n’est pas le seul à pouvoir vous attendrir… il y a aussi Lulu, aussi touchante que très maladroite/drôle dans ses paroles, elle a le don de tout exagérer x1000 ! Et si ces deux-là ne vous ont pas convaincus, il y a encore la grand-mère acariâtre, le prêtre branché et plein d’autres personnages tout aussi hauts en couleurs…

Falalalalaaalalalala est ainsi un superbe roman à destination des ados (dès 14 ans) et des plus grands ! Et pas besoin d’attendre Noël pour le dévorer… juste un bon chocolat chaud, un plaid et des petits gâteaux et c’est parti !

Et voici les Sebright argentées, de magnifiques poules naines, deux œufs de poule ordinaires équivalent à trois de leurs œufs !

Chronique : L’éducation de Stony Mayhall

De la difficile condition de mort-vivant

Daryl Gregory est un auteur de science-fiction et d’imaginaire qui nous vient des Etats-Unis. Plusieurs de ses romans sont déjà parus en France : Nous allons tous très bien merci (Le Bélial’), After party (Le Bélial’) et enfin L’éducation de Stony Mayhall qui vient de paraître chez Pocket.

Avec L’éducation de Stony Mayhall, Daryl Gregory signe un roman unique et inclassable sur le statut de mort-vivant et ce qu’il implique d’un point de vue social. Intrigué ?

Stony, un bébé pas comme les autres

Les circonstances de la naissance de Stony Mayhall restent floues. De même que la façon dont il a grandit. En effet, Stony n’est pas un enfant comme les autres… il est né zombie. Caché, choyé, aimé par une famille profondément unie, Stony va se construire à travers le prisme d’êtres totalement vivants et normaux. Quel avenir attend Stony ? Comment lui-même se perçoit-il à travers ces référents si différents de lui ? Un magnifique roman spéculatif sur la condition de zombie…

Un roman inattendu et inclassable dont on se souviendra longtemps

Si vous en avez assez des romans post-apocalyptiques où le mot zombie est synonyme d’invasion, d’hécatombes et d’explosions et de tirs à tout-va, ce roman est fait pour vous. Tous les stéréotypes du roman de survie vous seront ici épargnés. L’éducation de Stony Mayall est une sorte de roman/essai sur la condition de mort-vivant. Comment se faire accepter des vivants ? Comment les « convertir » au mode de pensée zombie ? Peut-il y avoir une conciliation entre le monde des vivants et celui des non-vivants ?

Le schéma narratif du roman est lui aussi surprenant. On ne sait jamais où veux nous emmener Daryl Grégory. Impossible de savoir ce qu’il a décidé pour son héros aux chairs mortes ainsi que pour ses camarades zombies.

C’est un roman touchant qui saura vous atteindre grâce à ses histoires dans l’histoire. Profondément humain, drôle parfois, souvent déroutant, vous ne resterez pas indifférent. Stony est incroyable, et les différentes parties du roman qui recoupent sa vie sont aussi différentes que percutantes. Sa façon d’être est également très attachante, notamment quand il se force à manger pour faire croire à sa famille qu’il aime les plats qu’on lui prépare… ! Vous découvrirez aussi bien une enfance heureuse au fin fond d’une ferme isolée, qu’une terrible prison sans oublier une « vie de cavale »… Stony a de multiples vies, et elles sont toutes passionnantes.

Vous y trouverez également tout un pan politique et religieux aussi intéressant qu’inattendu. En effet, les zombies de Daryl Gregory ne se cantonnent pas à mordre. Ils réfléchissent, argumentent, on des opinions politiques sur leur condition et leurs possibilités d’évolution. Cette facette du roman y est extrêmement développée et bien traitée.

……

L’éducation de Stony Mayhall, c’est de la philosophie version zombie, mais également de la très bonne littérature. Un roman absolument inclassable qui nous offre une histoire merveilleuse, humaine, triste parfois, mais inoubliable assurément. A lire pour découvrir une autre façon de traiter le thème surexploité des mort-vivants et s’émerveiller de découvrir que tout n’a pas encore été fait, la preuve !