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Chronique : Dualed – Tome 2 – Divided

Dualed 02La lutte pour la survie ne s’arrête jamais…

Écrite par Elsie Chapman, la série Dualed n’est composée que de deux tomes et vient tout juste de se clore en octobre 2014. L’auteur est d’origine Canadienne (côté anglophone) et vit maintenant dans la banlieue de Tokyo.

Divided est un tome qui nous en apprend plus sur les mécanismes de la ville de Kersh, dernier endroit au monde où il est possible de vivre sans guerre… mais à un prix très élevé.

De retour dans le monde ces chasseurs

West Grayer est à peine accomplie (elle a réussi à éliminer son double, son Alt) qu’elle doit déjà reprendre du service dans le monde tamisé et dangereux des chasseurs… Mais cette fois, sa mission est du genre que l’on ne refuse pas.

En effet, alors que son ancien travail de chasseuse est totalement illégal, le Conseil fait appel à elle pour qu’elle effectue trois éliminations exceptionnelles. Le Conseil sait tout de West et de ses agissements et compte bien en profiter à son avantage.

Mais accepter ne semble pas le choix le plus évident pour West, elle qui est encore hantée par les missions qu’elle a accomplies par le passé. Sa culpabilité la ronge à un tel point qu’elle va régulièrement voir une psychologue qui l’aide à s’accepter de nouveau telle qu’elle est.

 Enfin, n’oublions pas de préciser qu’il est tout à fait impossible de refuser une proposition du Conseil sans s’y bruler les ailes au passage…

Le mythe de Kersh enfin dévoilé dans toute sa laideur

Plus qu’une histoire tournant sur le personnage aux multiples facettes qu’est West Grayer, Divided exploite enfin les origines troubles de la ville de Kersh. Son passé, ses secrets, les projets qui y ont étés faits, et son but.

Au fur et à mesure que West avance dans ses missions, on découvre peu à peu toute la trame qui a fait de la ville ce qu’elle est maintenant avec son système d’Alts, de culture de la survie et du combat… On comprend un peu mieux pourquoi la ville est ainsi faite, même si tout n’est pas toujours justifié de façon satisfaisante. Et surtout, les origines inavouables de la cité guerrière nous sont enfin contées. Mais malgré toutes ces nombreuses révélations (dont certaines captivantes), on aurait voulu en savoir énormément plus sur tout ce qui fait Kersh.

Certaines pistes et idées sont à peine esquissées : la stérilité des habitants depuis des générations, la mystérieuse grille électrifiée qui empêche quiconque de sortir par tous les moyens possibles… et c’est justement là que l’on aurait aimé avoir un réel développement du pourquoi et du comment.

La notion d’injustice sociale y est encore plus marquée que dans le premier tome car cette fois-ci,  nous pouvons voir ce à quoi à droit l’élite en termes d’entrainement par rapport à la population normale, voire pauvre. Cette vision de l’autre côté de la scène est très intéressante, même si elle est trop marquée bons/méchants selon moi. On aurait apprécié voir plus de nuances dans la façon dont sont traités tous les personnages, car il n’y a au final que West qui se balance des deux côté sans jamais réellement savoir elle-même où elle se situe.

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En conclusion ce second tome se lit très rapidement car très efficace, tout comme le précédent. Cependant, beaucoup de questions restent ouvertes… Est-ce pour qu’Elsie Chapman reprenne la plume dans l’univers de Dualed si l’envie l’en prend plus tard ? Peut-être, mais nous restons un peu sur notre faim au niveau des révélations. Quant à l’action, elle est bien là, et bien ficelée comme il faut.

Chronique : Humains

HumainsA peine arrivé en librairie, Humains fait déjà beaucoup parler de lui. Gros succès aux Royaume-Unis et en Allemagne, c’est au tour de la France de découvrir le talent narratif de Matt Haig.

Le nom de l’auteur vous dit peut-être quelque chose ? C’est normal. Matt Haig a précédemment écrit le roman Les Radley (Le livre de Poche) ou encore l’ouvrage jeunesse La forêt interdite (Bayard Jeunesse). Il a également écrit pour des journaux tels que The Guardian, The Face, ou encore The Sidney Morning.

Il s’agit de son tout premier roman à destination des adolescents à paraître en France, mais Humains ne se cantonne pas uniquement à ce lectorat…

Un mathématicien d’Oxford remplacé par un mystérieux extraterrestre

Le professeur Andrew Martin est sans conteste le mathématicien le plus brillant du monde, mais personne ne le saura jamais. En effet, à peine a-t-il résolu la plus grande énigme mathématique du siècle qu’il a été supprimé et remplacé par un extraterrestre.

Humains formule zêta Riemann

Ce Graal des mathématiques, c’est l’Hypothèse de Riemann, une conjecture qui permettrait de trouver une suite logique aux nombres premiers. Et alors me direz-vous ? Et alors cela changerai le monde pour toujours, et l’extraterrestre le sait. Supers-ordinateurs, voyages dans l’espace… l’humanité possèderait alors un pouvoir qui la dépasse.

Aussi a-t-il pour mission d’éliminer toutes les personnes qui savent ou soupçonnent ce qu’à découvert Andrew Martin… L’humanité ne doit pas savoir, elle n’est pas prête et elle dangereuse pour elle-même.

Humains VOLes humains sont étranges, illogiques, déconcertants… mais attachants

Notre extraterrestre narrateur conte ainsi ses nombreux déboires en tant qu’apprenti humain. Il commence fort en se passant de vêtements, la pudeur étant pour lui un concept complètement étranger. Son incompréhension de notre monde est d’une logique implacable quand on se met de son point de vue… mais il passe surtout pour un fou aux yeux des autres.

La tâche d’éliminer les humains au courant de la prouesse mathématique d’Andrew Martin va être plus dure à accomplir que prévu. Entre son mariage avec une humaine qui voit sa vie de couple s’effondrer depuis des années et un fils complètement étranger… la mission s’avère corsée. Et d’autant plus que depuis qu’il a couru nu sur le gazon, il est presque prêt pour entrer dans une maison de fous…

Maladresses, incompréhension, bourdes, échanges sociaux ratés, notre hôte lointain est loin de faire illusion auprès des humains, mais ses pouvoirs de persuasion vont lui permettre de mener à bien sa mission. Et pourtant, malgré l’absurdité de notre existence, ce dernier commence peu à peu à trouver les humains moins laids, et même à apprécier certaines de leurs créations telles que la musique ou les poèmes d’Emily Dickinson. Par contre, il est consterné de découvrir notre journal du 20h00 qu’il appelle « Le journal de la guerre et de l’argent »… en même temps, il n’a pas tort.

Humains couverture allemande« Léonard de Vinci n’était pas des vôtres. Il était des nôtres. »

Le gros point fort de ce roman pour le moins atypique, c’est son écriture, et surtout le point de vue à partir duquel c’est écrit. Matt Haig a réussi le joli tour de force de décrire la nature humaine sans artifices et avec une énorme dose d’humour. C’est de l’humour en barre face au sérieux déconcertant de notre narrateur. Il est drôle malgré lui, et pour notre bonheur de lecteur, il ne s’améliore guère dans la compréhension de notre espèce mortelle et ennuyeuse.

« Space Oddity, de David Bowie, ne t’apprend rien sur l’espace, mais ses motifs musicaux sont très plaisants pour l’oreille. »

« Ton espèce compte beaucoup d’idiots. Beaucoup, beaucoup. Tu n’en fais pas partie. Ne lâche pas le terrain. »

Des citations du même genre, vous en trouverez des centaines, toutes plus drôles les une que les autres ! On appréciera particulièrement le moment de terreur absolue que ressent notre extraterrestre face à la fameuse formule mathématique résolue.

Le passage où il donne un cours magistral (et magistral) sur l’équation de Drake (elle permet de calculer les probabilités que l’humanité a de rencontrer un jour une forme de vie extraterrestre intelligente avec laquelle elle pourra entrer en contact). Cette scène est excellente et permet de nous initier aux sciences actuelles avec passion !

En somme, que vous aimiez les sciences ou non, Humains saura vous intéresser par son intrigue efficace. Les situations grotesques et/ou cocasses s’enchaînent et ne se ressemblent pas ! A lire pour rire de nous, de nos problèmes d’humains, mais également pour s’émerveiller de ce que nous sommes et de e qu’il nous reste encore à découvrir… Alors levons la tête vers les étoiles et rêvons…

Humains équation de Drake artist view

Chronique : Zen City

Zen CityUne vie parfaite programmée pour vous

Grégoire Hervier est un écrivain français qui a pour le moment deux romans à son actif, son dernier est Zen City, paru en poche en mars 2013. Son autre récit est Scream Test, paru en 2006 aux éditions Le Diable Vauvert.

Ses récits sont souvent emprunts d’un regard critique sur notre société et son évolution constante en matière de technologies. Alors, jusqu’où êtes-vous prêts à être manipulé pour faire partie intégrante de la société 2.0 parfaite ?

Zen City : la ville parfaite nouvelle génération

Dominique Dubois est un homme à la vie fade, même son nom est confondant de banalité. S’il devait exister une personne représentant les statistiques moyenne du citoyen lambda, Dominique Dubois serait cette personne. Il est tellement dans la moyenne qu’il ne sort jamais du lot par une quelconque spécificité. Mais alors qu’il avait un travail lui donnant des satisfactions basiques mais bien réelles, Dominique Dubois va se faire licencier à cause d’une malheureuse erreur d’expéditeur concernant son sms.

Ce sera finalement un mal pour un bien, du moins dans un premier temps. Pour une fois dans sa vie, on lui offre l’opportunité de faire partie de quelque chose de grand, quelque chose que beaucoup de gens convoitent : faire partie de Zen City. C’est ainsi que Dominique Dubois découvre son tout nouveau travail dans une ville magnifique : criminalité au taux frisant le 0%, ultramoderne et pourtant proche de la nature ariégeoise, propre et belle… vivre dans un tel lieu est un rêve.

Ville high-tech où tout est simplifié : la consommation y règne en maître, mais de façon insidieuse… ainsi êtes-vous un acheteur consentant mais aveugle à Zen City, même quand on travaille dans le service marketing de la ville. Après tout, qu’y a-t-il de mal à voir son frigo se remplir tout seul en fonction de nos goûts ?

Zen City gfLa technologie RFID au service d’un marketing poussif

La clé de l’intrigue réside dans le pistage des habitants de Zen City. Tous ceux qui y vivent ont obligatoirement une puce RFID (Radio Identification ou Radio Frenquency Identification en anglais). Cette minuscule puce de la taille d’un grain de riz permet de suivre à la trace la personne qui en est dotée. Ainsi, il est aisé d’avoir encore plus de données en termes de consommation, d’habitudes, de comportements, tout cela alimentant la grosse machine marketing qu’est Zen City.

L’homme peut-il subir autant de pression sans devenir au bas mot dingue ? Grégoire Hervier nous propose ainsi un roman futuriste allié à un thriller le tout sans oublier une part d’humour. Le personnage de Dominique Dubois est aussi fascinant qu’insignifiant : il est le rouage qui montre ce que nous pouvons tous devenir comme lui. Manipulables, mais pas seulement…

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Zen City est un thriller futuriste à l’avenir dangereusement proche. Toutes ces études comportementales et marketing sont déjà bien en marche, Grégoire Hervier les a seulement réunies au sein d’une ville en y ajoutant une petite partie avant-gardiste. A lire d’urgence pour se faire peur et plonger dans un bon roman, tout simplement.

Chronique : La Cité – Tome 2 – La bataille des confins

La cité 02 - La bataille des confinsUne suite qui joue sur le suspense avec beaucoup de talent…

Le second tome de la série fantastique La Cité est sorti en en mai dernier aux éditions Rue du Monde. Écrite par Karim-Ressouni Demigneux, la saga comptera quatre tomes au total.

Addictive, terriblement oppressante et surtout fascinante, cette série pour ados a tous les éléments pour plaire dès l’âge de 12 ans en liant jeux vidéos et intrigue aux allures de thriller.  Et dans ce second opus, le moins que l’on puisse dire c’est que les infos et révélations sont distillées…

Retour dans la Cité et ses mystères

A peine le roman commencé, on s’aperçoit que le narrateur a changé. Dans le premier tome nous avions Thomas, dans le second, nous découvrons Liza, ainsi que les autres aspects de sa vie, en dehors de la Cité. Elle aussi va peu à peu se rendre compte que le jeu arrive connaître des détails de sa vie personnelle qu’elle n’a absolument jamais communiqué. Comme Thomas, ses interrogations sur les motivations des créateurs du jeu se font de plus en plus nombreuses.

Comment ont-ils pu créer un jeu aussi intelligent ? Aux algorithmes si sophistiqués qu’ils sont capables de contrôler et gérer tous les dialogues des joueurs dans n’importe quelle langue ? Car en effet, il est interdit aux joueurs de parler de leur vie « réelle » sous peine que la lumière blanche s’abattent sur eux, les excluant du jeu pour quelques minutes…

Beaucoup de questions, et très peu de réponses dans ce second tome… mais qu’à cela ne tienne, l’intrigue est si prenante qu’on se laisse happer facilement.

A la découverte des chemins de traverse du jeu…

Une chose est certaine, le jeu massif multi-joueurs est loin d’avoir livré toutes ses surprises. Que ça soit des passages secrets, des planques et autres filons, de nombreux joueurs ont fait des découvertes intéressantes, sans toujours les partager avec les autres…

Dans ce second tome, les forums de discussions prennent plus de place, hypothèses et plans allant bon train sur de nombreux sujets… dont celui des mystérieux Jumeaux, minant le jeu de façon pour le moins malsaine… Encore une fois, beaucoup de clins d’œil culturels sont au rendez-vous, notamment avec Bilbo le Hobbit de Tolkien qui sera une source d’inspiration pour certains joueurs afin de passer outre certaines contraintes du jeu.

Alors, frustrant par certains côtés, ce second tome l’est effectivement. Mais l’auteur sait distiller peu d’informations tout en conservant l’intérêt de son lecteur… un difficile équilibre.

L’ambiance est pour beaucoup dans cet intérêt qui perdure, encore une fois peaufinée d’une main de maître. Elle parvient à nous faire plonger dans un univers à la fois familier et déstabilisant ; encore une fois une réussite.

Il n’y a plus qu’à espérer que la suite de la Cité sera plus saisissante et révélatrice, car beaucoup de questions restent en suspend (presque trop). Affaire à suivre avec le tome 3 : le pacte des Uniques. Une chose est certaine, impossible de se détacher de la série tant que l’on n’aura pas le mot de la fin.

8/10