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Chronique YA : No sex club

Un roman totalement d’actualité et nécessaire qui parle sans complexes de sexualité, d’aromance et d’asexualité ! Le roman que tout adolescent.e d’aujourd’hui a besoin de lire pour mieux se comprendre et accepter les autres.

Betty Piccioli est une autrice française, elle écrit aussi bien pour les ados que les adultes. No Sex Club n’est pas son premier roman, loin de là. Avant cela, elle a écrit notamment : Robustia (Scrinéo), Chromatopia (Scrinéo), Urbex mortel (Rageot), ou encore Les demoiselles d’honneur préfèrent les kilts (auto-édité). En regardant ses romans, on peut voir qu’elle s’adonne à beaucoup de genres différents : romance, roman pour adultes, fantasy, roman ado réaliste, thriller…

No Sex Club est un roman paru chez Slalom paru en juin 2023.

Un club pour réunir celleux qui n’ont pas encore sauté le pas

Quand on est au lycée, le sujet du sexe est récurrent pour ne pas dire omniprésent. Tout ce que l’on dit, fait, pense, est scruté, décortiqué jusqu »à la lie. Mais au final, il n’y a que deux camp : ceux qui l’on déjà fait, ceux qui savent, et les autres, qui sont vierges par choix ou par défaut. Cela est assez binaire et ne prend pas en compte – entre autres – celleux qui n’ont tout simplement pas de désir sexuel ou qui ne sont pas attirés par une quelconque histoire d’amour.

C’est dans ce contexte très ancré dans les problématiques quotidienne des lycéens que se déroule No Sex Club. On y suit Alan, gay et vierge, ainsi que Tilda, vierge, et Acérola qui s’affiche clairement comme asexuée. Les trois amis vont créer un peu malgré eux un club destiné à affirmer sa sexualité… ou son absence de sexualité. Et oui, pourquoi serait-il indispensable d’avoir couché pour être accepté ou être populaire ? Est-ce que faire l’amour nous rend vraiment différent aux yeux des autres ?

Ils ne le savent pas encore, mais ce petit club qui ne réunit qu’eux trois au début va vite prendre une ampleur qui les dépasse… Surtout quand les préjugés et la jalousie s’en mêle, le tout sur fond de réseaux sociaux.

Le drapeau pansexuel, fièrement arboré sur un badge par Acérola

Un roman utile, nécessaire et à diffuser

Nous vivons une époque où la parole se libère sur les différentes façons de vivre sa sexualité (ou son absence), de même que le sujet du genre est de plus en plus traité et expliqué. Mais pour beaucoup – moi comprise – tout n’est pas toujours clair, d’autant qu’il y a mille et une manières de vivre sa sexualité. No Sex Club est là pour vous aiguiller et mieux comprendre certaines orientations sexuelles, tout cela sans faire culpabiliser, à aucun moment.
C’est clairement le genre d’ouvrage parfait à découvrir quand on entre au lycée et qu’on se pose des questions sur soi-même et ce qui nous entoure. En fait, tout ado un peu curieux de soi et des autres y trouvera son compte.

Ne vous méprenez pas sur le titre de l’ouvrage. Au début, en voyant ce titre d’ouvrage dessiné en gros à la craie, j’ai cru que le sujet de l’ouvrage était sur l’abstinence. Je pensais qu’il était question de virginité, de sexualité uniquement après mariage et de sacro-sainte abstinence. Il n’en est rien. Malgré le titre qui peut sembler très puritain, No Sex Club prône la liberté de ne pas vouloir coucher et non pas la virginité. Cet amalgame que j’ai fait, de nombreux personnages du roman vont d’ailleurs le faire, mettant à mal l’existence même du club.

Certains passages sont légèrement didactiques, ce qui manque parfois un peu de fluidité, mais la lecture de No Sex Club reste très agréable. Par contre je trouve qu’une double-page en couleur expliquant les différents codes graphique de chaque drapeau LBTQIA+ aurait été bienvenue. Il y a tellement de couleurs et de symboliques différentes qu’il est dur de s’y retrouver dans toutes les variations possibles de la sexualité !

J’ai beaucoup aimé ce roman ado pour de nombreuses raisons. Tout d’abord pour ses valeurs saines qui poussent les lecteurs.ices à s’interroger sur leurs propres motivations. Ensuite, pour son inclusivité et sa pédagogie. Enfin, pour ses personnages crédibles qui font des erreurs mais qui se relèvent après chacune d’elle. Ils sont vrais, crédibles et on a envie de les suivre dans leur démarche de légitimer le fait de ne pas vouloir faire l’amour pour s’intégrer, mais quand on se sent prêt.

Ainsi, ce roman inclusif et réaliste saura ravir celleux qui se cherchent ou tout simplement qui ont envie d’une bonne histoire dans la vibe de Sex Education ! Frais et divertissant tout en étant instructif. Il serait parfait en complément d’un cours d’éducation sexuelle !

PS : On appréciera également les nombreuses références cinématographiques et littéraires qui parsèment le roman. Grâce à ce roman, j’ai vu Lady Bird (que j’ai adoré) et j’ai rajouté à ma liste Loveless d’Alice Oseman.

Chronique : Parce que je déteste la Corée

Que faire lorsque le pays d’où nous venons nous semble invivable ? Si il ne nous offrait aucune perspective d’avenir ?

Fraichement paru lors de la fameuse rentrée littéraire 2017, voici le premier roman du coréen Chang Kang-myoung à paraître en France. Ce sont les éditions Philippe Picquier qui nous offrent l’opportunité de découvrir d’une autre façon la culture littéraire coréenne… et ça détonne !

Parce que je déteste la Corée est un roman vibrant, vrai et qui questionne sur la position que peut trouver la nouvelle génération coréenne au sein de son propre pays…

Kyena, 27 ans, et un certain malaise…

Elle est jeune, travaille dans une grande banque, a un petit ami… La vie semble sourire à Kyena. Ou du moins elle n’est pas censée être malheureuse. Et pourtant… le mode de vie Coréen lui pèse de plus en plus pour de nombreuses raisons.

Elle n’aime pas ce travail qu’elle a dans une banque, son petit copain veut s’engager auprès d’elle mais sa belle-famille est loin de l’accueillir à bras ouverts. Et surtout, Kyena ne se voit pas avoir un avenir en Corée. Trop d’exigences, de confrontation entre ses rêves et la réalité… C’est ainsi, qu’elle décide de quitter amoureux, travail et famille pour l’Australie ! C’est un peu fou, mais Kyena ne manque pas de volonté et va tout faire pour que sa vie devienne se dont elle a toujours rêvé, sans pressions d’aucune sorte.

Un roman qui déborde de vie !

Le premier adjectif que je retiens pour qualifier ce roman atypique, c’est vivant. Parce que je déteste la Corée est un roman, certes, mais j’ai réellement cru en cette héroïne ordinaire qui se sentait piégée par les normes de son pays.

Kyena m’a fait rêver grâce à ses rêves de liberté plus grands qu’elle. Elle a beau trimer, se planter lamentablement parfois, faire d’énormes bêtises… elle se relève. Toujours prête à travailler dur pour atteindre ses objectifs. Et à force, qui sait… peut-être y arrivera-t-elle ? (vous n’avez qu’à lire le livre pour le savoir !).

Je l’ai comprise quand elle s’est retrouvée enfermée par une norme à laquelle elle ne voulait pas appartenir. J’ai vécu avec elle se sentiment d’injustice profond qu’elle a ressenti lorsque le fossé des inégalités sociales s’est rappelé à elle…

Chang Kang-myoung a un talent fou : il nous fait vivre non pas à côté, mais avec ses personnages. Quand j’ai lu ce roman, j’ai cru à un vrai témoignage tant c’était vibrant, véritable et touchant (et parfois dramatique).

Je ne peux que vous conseiller de lire ce livre pour mille et une raisons :

  • Il vous fera découvrir le fonctionnement de la Corée avec un œil nouveau
  • Il déborde d’énergie, comme sa narratrice, Kyena
  • Il vous dépaysera car on voyage constamment entre la Corée et l’Australie
  • Il vous donnera de la volonté, de la force, de l’espoir
  • Il vous permettra peut-être de remettre en question votre vie et vos souhaits

…..

Si ces raisons ne vous suffisent pas, je ne sais plus quoi dire pour vous convaincre. Je peux insister en vous disant que c’est mon premier coup de cœur de la rentrée littéraire 2017. Qu’il ma fallut lire beaucoup de romans inintéressants avec de tomber sur cette pépite. Alors, maintenant que j’ai déblayé la surproduction qu’est la rentrée littéraire, qu’attendez-vous pour en savourer l’essence même ?