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Chronique : La trilogie des ténèbres – Tome 1 – L’évangile des ténèbres

Un roman qui nous montre au travers d’un polar ce qui se passe en Corée du Nord…il faut le lire pour le croire !

Peut-être connaissez-vous déjà Jean-Luc Bizien, c’est un auteur reconnu dans de nombreux domaines. Polars, jeunesse, fantasy… il s’essaye à tous les genres.

Dans L’évangile des ténèbres, il nous fait découvrir la Corée du Nord à travers le « jeu de piste » fomenté par un tueur en série… Et si vous pensez que l’auteur a une imagination débordante, c’est effectivement le cas, mais sachez qu’il a fait appel à une très solide documentation avant de ce lancer dans l’écriture de ce roman.

L’évangile des ténèbres est le premier tome de la Trilogie des ténèbres, il peut malgré tout se lire indépendamment si vous le souhaitez. Le second tome s’intitule Le berceau des ténèbres et le troisième La frontière des ténèbres.

Un prédateur sévit en Corée du Nord

En Corée de Nord, tout le monde est parfait. C’est-à-dire qu’il n’y a pas de « détraqués ». Pas de personnes handicapées, pas de malades, pas de nains, pas d’êtres faibles… En réalité, bien sûr que si, il y en a, mais ils sont soigneusement « écartés ». Alors, quand un tueur en série sévit dans les rues de Pyongyang, c’est le pays entier qui est mis en danger. Enormément d’enjeux sont sur la sellette, et arrêter ce tueur devient vite une priorité d’ordre national…

Car un meurtrier n’est rien d’autre qu’un détraqué de plus, or la Corée du Nord ne produit que l’élite de l’humanité, c’est bien connu. Ajoutez à cela un jeune journaliste occidental infiltré au Nord et vous aurez une petite idée du tableau qui vous attend.

Un roman sous haute-tension qui fonctionne à merveille

Pour ceux qui aimeraient un roman noir et corsé avec pour toile de fond le pays le plus secret au monde, c’est parfait !

L’évangile des ténèbres a en effet le mérite de traiter de sujets brulants et malheureusement toujours d’actualité en Corée du Nord : malnutrition de la population, délation pour le moindre regard de travers…

L’intrigue a beau être assez simple dans l’idée, son déroulement reste fascinant pour beaucoup de raisons. Tout d’abord, la découverte totale du monde de la Corée du Nord, ses traditions, sa propagande, ses moyens de pression, son fonctionnement. On en apprend énormément sur les différentes strates de cette société à nulle autre pareille.

Saviez-vous par exemple que les coréens du Nord sont plus petits que ceux du Sud ? La cause : la malnutrition. Que l’on peut être dénoncé par son voisin pour un simple regard de travers ? Que toute personne jugée « non conforme » au régime est envoyée dans des camps de travail, ou pire : fusillé.

Outre donc l’intrigue qui se tient bien, nous avons des personnages pour lui donner corps. Mais certains m’ont beaucoup moins convaincue, du moins ceux qui viennent des États-Unis. L’un des personnages phare du roman, c’est Seth Ballahan, un journaliste américain. Mais pour moi, c’est un concentré de stéréotypes, et même si c’est voulu par l’auteur, il est très vite détestable. Imbu de lui-même, toujours pressé, blasé, égoïste… Il est pour moi loin d’être un atout pour cette histoire.

Mais en ce qui concerne les personnages Nord-Coréens, ils sont extraordinaires ! Alors, ça vaut bien ce petit désagrément.

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Conclusion ? L’évangile des ténèbres est un bon polar qui vous dépaysera à tous points de vue. Une fois dedans, vous serez pris dans les filets de cette histoire qui s’inspire à 100% de faits réels se déroulant encore (ou ayant eu lieu) en Corée du Nord de nos jours.

 

Chronique : 37° Centigrade

37° CentigradesEt si la sécurité sociale devenait totalitaire ?

 Écrit par l’italien Lino Aldani, 37° centigrades est une nouvelle parue en juin 2013 aux éditions Le passager clandestin, dans la collection Dyschroniques. De très nombreuses nouvelles de Lino Aldani furent traduites en France, notamment dans les revues de sf telles que Fiction ou encore Galaxie. Enfin, des recueils de nouvelles lui furent entièrement consacrés chez Pocket, Denoël…

Son récit le plus connu est Bonne nuit Sophia qui fut reprit dans de très nombreuses anthologies à travers le monde.

La santé à tout prix

La C.G.M, pour la Convention Générale Médicale, voici le lot de tous les Italiens : un institut qui oblige chacun à cotiser et à respecter des règles drastiques en termes de santé. Vous n’avez pas mis votre gros tricot de laine ? Vous avez oublié votre vitamine C à la maison ? Il vous manque le thermomètre ? Vous êtes bon pour une amende.

Cette C.G.M police tout et tout le monde. Les coûts pour être couvert sont onéreux et obligatoires, sous peine de ne pas avoir le moindre soin pour le plus petit des maux. Interdiction d’ouvrir une fenêtre dans les transports en commun avant le 31 mai inclus, sous peine de sanctions voire d’un signalement à la Convention…

Et justement, Nicola Berti commence à se sentir sérieusement oppressé par cette société où tout est formaté, imposé. D’autant plus que tout l’argent prélevé par la C.G.M empêche en général les gens d’acheter les objets ventés en masse dans les transports, à la télévision, etc… notamment le fameux moyen de transport à la mode : le lévacar. Et le pire, c’est que ces objets de convoitise tels que les lévacar sont bien entendu fortement conseillés par la C.G.M, il n’y a pas de petits profits….

La petite amie de Nicola, Doris, voit tout cela d’un autre œil : partagée entre son amour pour Nicola et sa peur de le voir se perdre dans sa quête de liberté… Une recherche de liberté pourtant des plus élémentaire qui pourrait passer par une simple résiliation à la C.G.M, mais si vous tombez malade, personne ne lèvera le petit doigt pour vous…

Une nouvelle qui dénonce un système extrême mais plausible dans une certaine mesure

L’histoire de 37° Centigrade propose une vision futuriste et terrifiante d’une sécurité sociale qui prélèverait ses bénéficiaires et ferait tout pour qu’ils ne tombent jamais malade. En fin d’ouvrage, on trouve d’ailleurs le contexte dans lequel a été écrite la nouvelle, nous aidant à mieux comprendre le pourquoi d’une telle anticipation.

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Sans vous en dire beaucoup plus sur la nouvelle, sachez qu’elle m’a fortement fait penser à L’écume des Jours de Boris Vian. La belle et innocente histoire d’amour qu’essayent de vivre Nicola et Doris dans cette société où la moindre chose est régie nous donne une bouffée d’espoir… même si elle reste bien petite face au poids des forces en jeu.

Pour conclure, cette nouvelle d’anticipation sociale est excellente. Courte et efficace, avec un petit twist de fin comme on les aime. A lire pour se faire peur sur notre possible avenir ou pour rire ou se faire peur de l’exubérance que pourrait atteindre un jour notre société ?

AUTEUR :
GENRE : Anticipation
TRANCHE d´ÂGE : ,