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Chronique YA : Ma réputation

Gaël Aymon est un auteur français qui écrit majoritairement pour la jeunesse et les ados. On lui doit l’un de mes romans favoris : Et ta vie m’appartiendra (Nathan) qui est une réécriture contemporaine de La peau de chagrin de Balzac. Il également écrit Grim, fils du marais (Nathan), Contes d’un autre genre (Talents Hauts) et plus récemment Ma réputation (Actes Sud Junior, puis Pôle Fiction).

Dans Ma réputation, on parle amitié, confiance et… forcément réseaux sociaux, pour le meilleur, mais aussi et surtout le pire…

Laura, 15 ans, s’entend mieux avec les mecs qu’avec les filles

Pour Laura, ça a toujours été une évidence, ce n’est pas qu’elle se sente supérieure aux autres, mais elle n’aime pas la compagnie des autres filles, trop d’histoires. Celle des garçons est simple, ils ne se prennent pas la tête, ont les mêmes délires et il n’y a jamais eu d’ambiguïté. Enfin, jamais jusqu’à ce Sofiane, l’un de ses potes de toujours tente de l’embrasser. Laura le repousse, Sofiane fait la tronche, et leur groupe d’amis va en être bouleverser.
Avoir repoussé les avances de Sofiane l’exclu, ils ne veulent plus avoir à faire à elle, Laura est seule. Elle qui n’a toujours eu que ce groupe de garçons comme amis se retrouve du jour au lendemain sans personne à qui parler. C’est dur, la chute est brutale, et surtout, elle ne fait que commencer… Elle ne penser pas que repousser les avances d’un ami l’exposerait à autant de violence dans la vie et sur les réseaux.

Un roman en forme de leçon

J’ai dévoré ce roman, fébrile à l’idée de savoir ce qui allait arriver à Laura, que j’ai trouvé très courageuse pour affronter tous les problèmes qui lui tombent dessus peu à peu. Mais, le petit repproche que je pourrais faire à ce roman, c’est qu’il est un peu trop moralisateur. Je m’explique.
Ce roman ressemble un peu à un cas de figure type du harcèlement en ligne et au lycée, avec les « bonnes pratiques » à adopter et « les mauvaises praitques » à éviter. Ce n’est pas dit comme cela dans l’ouvrage bien entendu, mais ça donne une impression didactique trop forte. J’avais parfois plus l’impression de lire un ouvrage commandé par l’éductation Nationale qu’un roman. Il manque une flamme vive à cet ouvrage pour qu’il soit vraiment bien.

J’ai trouvé toutefois le développement de l’histoire passionnant car très réaliste. L’auteur sait entrer dans la tête des jeunes, connaît leurs fonctionnements et les dynamiques de groupe amitié/mésamour etc. En cela, c’est extrêmement réussit. C’est surtout quand on passe à la phase des « résolutions de problèmes » que j’ai trouvé l’ouvrage un peu donneur de leçon. Bien sur, il est important de montrer les différentes portes de sorties qui permettent de quitter le cercle vicieux du harcèlement, mais la façon de les montrer n’était selon moi pas la bonne.

En dehors de cela, Ma réputation est un ouvrage qui se dévore. L’auteur comprend les jeunes et leurs nombreuses problématiques (bien plus nombreuses à l’ère des réseaux qu’il y a quinze ans où c’était encore les balbutiements), sait les décrire et créer des personnages crédibles. Il n’y a que la fin qui est un peu trop « scolaire » dans sa façon d’être exposée dirons nous.
Si vous cherchez un livre au sujet du harcèlement en ligne ou sur les groupes d’amis qui se font et se défont au détriment de certains ados, c’est l’ouvrage parfait. Il illustre avec justesse ce que vivent des milliers de jeunes : le mal-être, le stress d’avoir une mauvaise réputation, le moindre bégayement ou la moindre hésitation moquée immédiatement, le fait d’être constamment scruté en attente de la prochaine « erreur »…
Un ouvrage qui pourrait servir d’outil de prévention. A découvrir dès l’âge de 14/15 ans.

Chronique : C’est comme ça que je disparais

Une bande-dessinée très touchante et réussie sur le sujet de la dépression et du mal-être.

Mirion Malle est une autrice et bédéiste française installée au Canada. Cela se voit dans son travail puisqu’elle utilise les termes et habitudes québécois dans les dialogues entre ses personnages.
C’est comme ça que je disparais est une bande-dessinée parue en 2020, son titre est tiré d’une chanson du groupe My Chemical Romance : This Is How I Disapear.

Un passage à vide qui dure, est-ce encore un passage à vide

Clara est une jeune femme québécoise qui a une vie tout à fait normale bien qu’un peu fade. En réalité si on souhaite être honnête ce n’est pas sa vie qui est fade, mais ce qu’elle ressent. Clara n’arrive pas à aller bien, même quand elle est entourée d’amis et de gens qu’elle aime. Ce sentiment de mal-être la poursuit tout le temps, à chaque minute, chaque instant de sa vie qu’elle juge insignifiante. Et si elle disparaissait ? Manquerai-t-elle vraiment à quelqu’un ?
Dans ces moments de dépression intenses, rien ne semble pouvoir sauver Clara à moins qu’elle réussisse à surmonter son mal-être pour le partager avec ses proches…

Un ouvrage touchant et perturbant car criant de vérité

« Un mauvais rêve.
Pour celui qui se trouve sous la cloche de verre,
vide et figé comme un bébé mort,
le monde lui-même n’est qu’un mauvais rêve.
Un mauvais rêve.
Je me souvenais de tout. »

Cet extrait de La cloche de détresse de Sylvia Plath, une poétesse connue en partie pour s’être suicidée en mettant sa tête dans le four de sa gazinière, donne immédiatement le ton.

Si vous n’allez pas bien en ce moment, cette bd peut à la fois vous montrer le pire de ce qu’on vit lors d’une dépression, mais également quelques pistes pour s’en sortir. Clairement, cette bd n’est pas très positive, et son héroïne Clara traverse tout au long de l’ouvrage des moments difficiles. Ce sont de véritables montagnes russes émotionnelles que cette lecture, alors accrochez-vous car il faut vraiment être en empathie avec Clara.
Celleux qui ont déjà traversé une dépression reconnaîtrons nombre de mécanismes : perte d’énergie, de motivation, batterie sociale à plat, goût de rien… Je trouve que cette bd peut alerter ou faire office de prévention pour mieux comprendre comment fonctionne ce mal-être si particulier. C’est dur, mais nécessaire.

Ainsi, cette bd est touchante bien qu’assez difficile à lire car forte en émotions, surtout si l’on a traversé une dépression ou si l’on est en plein dedans. Mais c’est aussi très parlant et réaliste et donc tout à fait à propos, y compris si l’on est dans l’entourage d’une personne dépressive.

Sans être un ouvrage de prévention, cette bd pourra être utile de bien des manières à celles et ceux qui la lirons. Dans le même genre, je vous conseille également le roman graphique Ça va aller paru chez Hachette. Plus explicatif et didactique, non dénué d’humour et tout aussi efficace sur le sujet pour aider à rebondir et comprendre.

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TRANCHE d´ÂGE :