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Chronique : Cherbourg

Une rade qui s’effondre suite une mystérieuse explosion et une flic un peu trop curieuse… que se passe-t-il dans le port de Cherbourg qui doive absolument être occulté par l’armée ?

Premier roman de l’auteur français Charles Daubas, Cherbourg est un ouvrage qui a du corps, et des personnages bien campés. Découverte d’un premier roman qui présage du meilleur pour la suite…

L’ effondrement brutal d’une construction symbolique…

La rade de Cherbourg est un monument qui a traversé les années, les guerres… mais qui n’a pas survécu à une explosion en juillet 2012. Avec pour seul témoin un adolescent de 15 ans, une flic va devoir faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé… Car il n’y a aucune trace d’explosif, ni disparition, contrairement à ce qu’affirme le jeune homme. Et quand on demande à l’enquêtrice de boucler son enquête pour laisser la place à l’armée, cette dernière décide de ne rien lâcher… quitte à sortir pas mal de choses enfouies…

Un bon premier roman

Rien ne me prédestinait à découvrir Cherbourg, mais j’ai eu envie – sur un coup de tête – de le découvrir. Il faut dire que l’ouvrage si lit rapidement avec ses presque 200 pages. Et le personnage principal qu’est l’enquêtrice Frédérique est pour le moins charismatique. Elle a beau être dans la merde jusqu’au cou, elle continue de persévérer. C’est une femme que l’on a envie de suivre et qui donne l’impression de réussir dans n’importe quelle situation d’adversité. Et pourtant… son enquête s’enlise et commence sérieusement à puer.

Car Cherbourg est une ville qui abrite un grand complexe militaire où l’on désosse notamment des sous-marins nucléaires. Autrement dit, dès que l’on touche de près ou de loin à l’Amirauté, on est certain de se griller. Et il semblerait bien que l’effondrement de la rade ait un lien avec l’armée…

Si vous aimez les bon romans mâtinés de suspense (à petite échelle, on est loin des machinations d’ordre mondial) où vous apprendrez des choses – notamment sur le nucléaire militaire – vous êtes au bon endroit. On y découvre les différents niveaux de secrets-défense, notamment le niveau Très Secret Diamant – fascinant. Ou encore comment sont faites les datation au Carbone 14, ou les dangers du tritium pour votre santé même si sa portée est très faible…

Ce mélange de policier entremêlé de vie quotidienne – car on suit en pointillés la vie de cette femme flic un peu indécise dans sa vie personnelle – est très bien mené. Mon seul regret, c’est la conclusion, qui m’a un peu déçue il faut l’avouer. Je m’attendais à quelque chose de plus retentissant, mais c’est plus dramatique et touchant.

Si vous êtes à la recherche d’un bon polar, Cherbourg ne vous sera pas nécessairement destiné. Cependant, si vous aimez les histoires qui vous tiennent et qui possèdent des personnages bien trempés, ce roman pourrait vous convaincre. Pour un premier ouvrage, je l’ai trouvé très bien. Je vous conseille donc de surveiller les prochaines parutions de Charles Daubas, il sait tenir son lecteur en mélangeant savamment les genres. Et surtout, on apprend beaucoup de choses diverses en le lisant, et c’est ce que je recherche dans une lecture !

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Chronique : J’ai avalé un arc-en-ciel

Un roman assez drôle et frais sur l’adolescence… et les milliers de questions qui traversent l’esprit à cet âge là !

Erwan Ji est un auteur français. Non, en fait, il est même plus que ça : il est Breton ! Il s’agit de son tout premier roman et il vient de paraître en mars 2017 chez Nathan. Avec cet ouvrage, vous allez découvrir la vie d’une adolescente normale dans un campus aux États-Unis : ses amitiés, ses amours, ses questionnements… la vie tout simplement !

Bienvenue chez Puce !

Ou Capucine. Car en fait, Puce n’aime pas vraiment qu’on l’appelle Capucine, car elle n’est pas « une plante herbacée » mais une « homo sapiens femelle de dix-sept ans ». Elle vit aux Etats-Unis, dans un cadre scolaire très privilégié (ce dont elle est consciente) et profite de la vie à 100%. Car quand on est en plein dans l’adolescence, il y a une foule de chose qui occupent l’esprit !

Ce roman, c’est l’histoire d’une fille positive, vivante, nature et drôle et de ses nombreux questionnements sur la vie.

Un roman drôle et efficace

Si vous cherchez un roman ado simple et qui se lit aisément, c’est le livre parfait. Ecrit sous forme de journal intime au jour le jour, nous découvrons le blog de Puce, que personne dans son entourage ne connaît puisqu’elle le rédige en français !

Puce étant franco-américaine, elle est donc bilingue, et cela se ressent dans sa narration aux très nombreux anglicismes. Parfois c’est utile et intéressant, et parfois, ça fait un peu trop donneuse de leçons… J’ai eu un peu de mal avec cette forme narrative qui se veut bilingue, car il donne parfois un air suffisant à Puce alors que ça ne lui ressemble pas dans sa psychologie et sa façon d’être.

Outre la narration, ce blog/journal intime recèle de très bons passages où l’on ne peut s’empêcher de sourire, sinon de rire. Certaines scènes sont franchement mémorables, d’autres sont emplies d’émotions. Car oui, J’ai avalé un arc-en-ciel, c’est aussi un roman sur l’amour, quelle qu’en soit la forme, et Puce, elle a beaucoup de questions qui se bousculent dans sa tête sur qui elle aime !

Si vous deviez lire ce roman, ce n’est pas pour son histoire se déroulant dans un campus pour ados américains privilégiés. A nous français, ça ne nous parle que très peu, malgré les nombreuses séries et films qui nous abreuvent de ce mode de vie « rêvé ».

Non, ce roman est à lire pour la façon dont il aborde les questions sur l’orientation sexuelle, et l’amour en général… Tous ces thèmes qui sont vraiment épineux à l’adolescence et dont on n’a pas nécessairement envie de parler à ses parents ou même à ses amis. C’est le genre de livre qui rassure, tout simplement, qui offre une ouverture sur le monde pour ne pas s’emprisonner dans un carcan et réfléchir, tout simplement.

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J’ai avalé un arc-en-ciel est ainsi un roman agréable, sans prétentions, qui fait passer un excellent moment malgré son manque cruel de réalisme. En effet, on est plus dans une adolescence rêvée à la façon américaine avec campus privé, bal de promo et grosses fêtes le week-end que dans la vraie vie.

Toutefois, si vous le prenez pour ce qu’il est, J’ai avalé un arc-en-ciel est un roman ado qui vous fera passer un excellent moment entre humour et journal de la vie de tous les jours ! Et surtout, il traite des questions de l’homosexualité et de l’adolescence avec justesse : sans jugement ou parti pris, et rien que pour cela, ça vaut le coup.

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PS : Malgré les élans assez féministes du roman, j’avoue ne pas avoir aimé découvrir que Puce passe « en mode dragon » quand elle a ses règles… Cela conforte les gens dans l’image négative de : femme qui a ses règles = insupportable. C’est dommage car l’auteur a en général tout fait pour ne pas alimenter ces généralités dans son roman, mais n’a pas su éviter cet écueil.

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Chronique : Là où tombe la pluie

Là où tombe la pluieEt si la pluie ne tombait plus nulle part sur les Royaumes-Unis  sauf sur une petite propriété perdue dans la campagne anglaise ?

Catherine Chanter est une auteur anglaise, Là où tombe la pluie est son tout premier roman, il a été un véritable phénomène dans son pays d’origine. En France, ce sont les éditions Les Escales qui ont publié l’ouvrage en août 2015, il vient tout juste de sortir chez Le Livre de Poche.

L’histoire d’un couple en plein délitement qui cherche une bouffée d’air

Le couple que forment Ruth et Mark bat de l’aile. La vie londonienne ne leur convenant plus, ils décident de partir à la campagne pour changer leur façon de s’appréhender mutuellement, de vivre. C’est ainsi qu’ils emménagent à La Source, un magnifique endroit où tout semble plus beau, plus vivant, vert.

Mais un événement préoccupant survient : le pays subit une sécheresse sans précédent. Plus de pluie, plus d’eau nulle part. Peu à peu, les rationnements se mettent en place, mais la pénurie s’installe malgré tout. Et au centre de ce drame à l’échelle nationale, La Source. Ruth et Mark habitent le seul endroit du pays où tombe encore la pluie et où l’eau coule à flot.

Envie, jalousies, haine, ils vont être la cible des pires sentiments de l’humanité. Et La Source va également attirer d’étranges cercles de croyances et sectes diverses, y compris celle de La Rose de Jéricho. L’une de ses membres en particulier, Amélia, semble avoir une emprise particulière sur Ruth… Mais dans quel but ?

Et parmi tous ces événements sombres et anxiogènes, l’un d’entre eux, plus que tous les autres va gangrener Ruth : la mort de son petit-fils Lucien. Assignée à résidence, soupçonnée d’être une criminelle, harcelée et torturée par mille pensées, c’est ainsi que commence Là où tombe la pluie. Entre drame, roman psychologique et récit social.

Un récit aux idées excellentes mais à la mise en place lente et vaporeuse

L’idée de base du roman est très bonne, son développement également est bien fait, mais on se perd peu à peu dans les méandres de la culpabilité de Ruth.

La mort de son petit fils, ses interrogations, son assignation à résidence alors qu’on ne sait pas réellement si c’est elle qui l’a tué… Tout le panel de sentiments qu’elle attire également à cause du fait qu’elle possède La Source. Tout cela se mélange pour créer un portrait déstabilisant de Ruth.

Tantôt victime, tantôt initiatrice, elle semble avant tout plus perdue qu’autre chose. Et surtout, ses questionnements et hésitations la rendent extrêmement indécise et malléable.

Je dois avouer que c’est un personnage pour lequel j’ai eu du mal à avoir de l’affect car elle agace plus qu’autre chose à force de tergiversations. Et comme le roman tourne énormément autour de sa psychologie et de sa façon d’appréhender les événements, on peut vite s’irriter de sa façon d’être.

Alors, certes, le côté manipulation et troublé de l’intrigue est très bien fait. On se pose certaines questions jusqu’à la fin, l’histoire tenant plutôt bien le lecteur. Mais il y a de grosses lenteurs qui rendent éprouvante la lecture.

Catherine Chanter aurait encore pu développer plus l’évolution de la société anglaise face à la pénurie car ses idées étaient franchement bonnes. Mais comme l’histoire est écrite du point de vue de Ruth, on est vite limités, ce qui est normal vu son statut de prisonnière sous son propre toit.

Nous sommes donc dans un huis clos oppressant teinté de nombreux flash-back, et la présence de sœur Amélie n’arrange rien. Cette étrange femme ayant créé la secte de La Rose est persuadée que Ruth est une élue qui doit accomplir son destin… et l’entraîne à sa suite dans ses croyances singulières et étranges… Mais le tout reste extrêmement long à développer malgré des personnages réalistes et assez crédibles.

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Ce premier roman de Catherine Chanter est ainsi plein de bonnes idées mais traine beaucoup trop en longueur. Le sentiment d’oppression et de tension est bien là et parfaitement campé, mais ça ne suffit à en faire un grand roman. Trop de remplissage, une protagoniste trop malléable et peu attachante, ces faiblesses laissent un goût d’inachevé à ce roman nébuleux aux allures dramatiques.

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