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Chronique YA : Anatomy – Love Story – Tome 1

Un roman gothique et déliquescent à souhait, à classer pile entre Frankenstein de Mary Shelley et Autopsie de Kerri Maniscalco !

Premier roman de Dana Schwartz à paraître en France, Anatomy est paru en France chez Albin Michel en été 2022. L’histoire nous mène en Écosse, terre de légendes et de fortes croyances où la maladie rôde en ce début de 19ème siècle.

Dana Schwartz est à la fois journaliste, scénariste et autrice. Anatomy est son premier ouvrage à paraître en France, il fait cependant partie d’une duologie. Le second tome s’intitule Immortality et sortira courant 2023 chez Albin Michel.

Une passion certaine pour le morbide et l’étrange

Hazel est une adolescente bourgeoise au destin et à la vie toute tracée : elle va bientôt se marier avec son riche cousin. Mais elle a beaucoup de mal à mettre de côté ce qui aux yeux des autres n’est qu’une lubie : sa passion pour les sciences naturelles. Hazel est avide de découvertes scientifiques et se passionne tout particulièrement pour la médecine. Mais une femme qui aime les sciences à cette époque, c’est tout bonnement inacceptable. Alors, rêver de devenir médecin ne peut être qu’impossible pour la jeune femme… Sauf si sa motivation et son courage l’amènent sur des chemins peu avouables qui lui permettrons de parvenir à ses fins.

Morbide et gothique à souhait

J’ai adoré ce roman pour quantité de raisons, mais les principales sont clairement l’ode aux sciences et le féminisme qui y sont prégnants. Il y a également de la romance avec une scène de premier baiser est géniale ! Impossible de vous donner le contexte, mais c’est juste magique et morbide tout à la fois, j’ai adoré.

Outre les thématiques fortes abordées, on découvre également toute une époque avec une Écosse du 19eme à la fois sublime et terrible. L’époque est atroce pour les pauvres, qui sont prêts à tout pour manger un peu et dormir au chaud. De même, la cruauté de cette époque envers les plus démunis est absolument terrible. Même chose concernant le traitement des femmes (quel que soit leur niveau dans la société d’ailleurs) à cette époque : infantilisées, réduites au silence, ne pouvant se déplacer sans chaperon au risque de déclencher un scandale…

Mais surtout, c’est l’alliance réussie de cette atmosphère si particulière avec cette intrigue mêlant sciences et féminisme qui m’a conquise. J’ai dévoré ce livre. J’y ai même retrouvé l’élan de mes lectures adolescentes, quand j’avais le temps de me plonger corps et âme dans un bon bouquin !

Ainsi, vous l’aurez aisément compris, Anatomy est pour moi un coup de cœur. Ce roman est malin, parfait à sa façon même s’il ne renouvelle pas le genre du roman ado gothique/historique. C’est un bon roman, très prenant et parfait dans le développement de ses personnages et différentes ramifications d’intrigues. Tout ce recoupe, est expliqué, le tout avec une plaisante logique. Alors, vivement la suite.

A mettre dans sa bibliothèque juste à côté de Stupeur aux éditions Lucca, qui mélange également sciences médicales, féminisme et Histoire… mais sans la partie fantastique (cf photo ci-dessous).

Chronique : Personne ne te sauvera

Personne ne te sauveraOubliez tout ce que vous croyez savoir sur les vampires et leurs prétendus pouvoirs…

Fabrice Colin est un auteur réputé dans le monde de l’imaginaire français. Il a notamment écrit la  série Les vampires de Londres, la série Les Petits Monstres, Arcadia, ou encore Bal de givre à New York.

Fabrice Colin fait aussi partie des fondateurs de la maison d’édition Super 8 – créée en 2014  – spécialisée dans les thrillers et la littérature de l’imaginaire.

Son roman Personne ne te sauvera est tout d’abord sorti en poche, dans la collection scolaire Etonnantissimes chez Flammarion en 2012. L’ouvrage a ensuite été réédité dans la collection grand-format Tribal, destinée aux adolescents et toujours chez Flammarion.

Manon, adolescente, et peut-être déjà sa vie derrière elle

Quand on a 17 ans et que l’on découvre que l’on a un anévrisme qui peut nous faire mourir d’un instant à l’autre, impossible de prendre les choses avec philosophie. La décision de Manon est prise : plutôt que de se faire opérer et risquer sa vie sur une table d’opération, elle décide de dépenser l’intégralité de ses économies pour fuguer… à Las Vegas.

Elle qui a vu de nombreuses photos de ses parents dans la ville mythique située en plein désert a ressenti un mystérieux besoin de « retour aux sources ». Ses errances et ses rencontres dans Las Vegas vont être pour le moins surprenantes, en particulier quand Manon croisera la route de Dorian, un homme qui donne un spectacle où il raconte sa soi-disant vie de vampire… Et si Dorian était réellement ce qu’il prétend être durant sa représentation ?

Personne ne te sauvera scolaireLe mythe du vampire revu et corrigé par Fabrice Colin

Ici, la légende du vampire est esquissée et garde tout son ténébreux mystère. Le personnage de Dorian est fascinant et captivant, mais ne se livre jamais vraiment, au grand dam de Manon. Elle qui est atteinte d’un anévrisme, vous devez vous douter de l’intrigue de fond qui va être soulevée : Manon va-t-elle céder à l’attrait d’une possible vie éternelle ou risquer une courte vie sur le fil ?

Bien que les enjeux soient annoncés dès le début, ça n’est pas cela le plus important. Pour moi, tout réside dans l’ambiance si particulière de ce monde de la nuit dans la ville de Vegas. On a l’impression d’évoluer dans un monde parallèle au notre tant les gens et leurs comportements sont différents.

Du monde des vampires, vous saurez donc au final peu de choses tant Dorian est secret. On apprend cependant que le sang humain est plus une drogue qu’un réel moyen de sustentation pour eux, de même qu’ils ne sont pas vraiment immortels mais vivent plusieurs centaines d’années.

La narration est faite sous forme d’enregistrements audios réalisés par Manon tout le long du récit aux chapitres très courts. Le tout rend le récit très rapide à lire, et surtout vivant. Le roman fait à peine 150 pages en étant très aéré au niveau de sa typographie, on peut presque parler ici d’une longue nouvelle.

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Alors que penser de cet ouvrage étrange au goût doux-amer ? La conclusion de cette lecture est très positive, il s’agit d’un bon récit fantastique qui ne part pas dans de grandes intrigues. On découvre un imaginaire délicat très ancré sur des problèmes réels. L’immersion est plaisante, l’expérience agréable. Le texte est à la longueur parfaite pour nous laisser un petit goût d’inachevé qui n’est pas pour déplaire. Dès 14 ans.