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Chronique : La cuisinière

La cuisinièreUn roman historique tiré d’une histoire vraie fascinante : celle de Mary Mallon, que les journaux surnommaient à l’époque Mary Typhoïde…

Premier roman de Mary Beth Keane à paraître en France, La cuisinière est un roman historique absolument captivant. Entre le monde de la gastronomie et celui des dispensaires, plongez dans un New York du XIXème magnifiquement dépeint.

Initialement paru aux Presses de la cité, l’ouvrage vient de sortir en poche chez 10/18 il y a peu, c’est l’occasion de se faire plaisir ! Pour le moment, La cuisinière reste le seul roman de l’auteur paru en France.

Une femme qui excelle dans son art, celui de la cuisine

Quand débute notre histoire, Mary est encore jeune et à l’avenir devant elle. Excellente cuisinière, les portes des plus riches maisons s’ouvrent à elle facilement grâce à ses excellentes références. Elle peut tout préparer, concocter, mitonner, et elle le fait avec talent. Mary a donc une relative bonne situation, elle est amoureuse et plutôt heureuse, et elle a des rêves, comme celui d’ouvrir une boutique un jour…

Mais le jour où le Docteur Soper tente de la faire venir de force pour analyses, Mary se braque et fuie. C’est le début d’une longue course-poursuite entre la jeune femme et le médecin, qui est persuadé que Mary transmet la typhoïde aux personnes à qui elle prépare les repas. Harcèlement ou réalité ? Quoi qu’il en soit Mary ne croit pas un instant à cette théorie et va tout faire pour le prouver, quitte à y perdre beaucoup…

La cuisinière gfImmersif et historiquement très intéressant

Le fait que La cuisinière soit un récit historique, c’est très bien. Mais qu’il se base sur l’histoire d’une femme qui a réellement existé, c’est encore mieux. D’autant que cette femme qu’était Mary Mallon est extrêmement peu connue, en tout cas dans notre pays. Son cas est unique en son genre : soupçonnée puis traquée et même séquestrée, tout cela sans qu’elle n’ait jamais son mot à dire.

Evidemment, tout cela est romancé, et très bien articulé par l’auteure. On se retrouve à découvrir à la fois un roman historique mais également un récit policier (surtout en ce qui concerne le suspense juridique de l’intrigue).

La vie de Mary Mallon est loin d’être de tout repos, et même son histoire d’amour avec le seul homme de sa vie sera très mouvementée. On ne peut s’empêcher d’avoir beaucoup d’empathie pour cette femme robuste et tenace que rien n’effraye, pas même les médecins. On l’admire et on la soutien, même quand elle fait des erreurs grossières ou dangereuses pour son entourage. C’est en cela que l’auteur est talentueuse : elle explique les décisions de Mary Typhoïde, qui vues de l’extérieur sont terribles. Mais qui vues du point de vue direct de Mary Mallon sont tout simplement normales ou défensives…

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Pour passer un excellent moment de lecture et découvrir un personnage méconnu de l’histoire, La cuisinière est ainsi un roman parfait. Touchant, réaliste et terrible à la fois, le parcours de cette femme hors du commun ne laissera personne indifférent. Ne passez pas à côté, c’est aussi original que percutant, et c’est une façon de découvrir la médecine de l’époque, ses techniques et ses façons d’investiguer… parfois déontologiquement dérangeantes – mais nécessaires ? – à lire et à méditer.

Pour aller plus loin : Découvrez l’histoire de Mary Typhoïde vue du point de vue des services d’hygiène de New-York dans le roman Stupeur, paru aux éditions Lucca en 2021. Chronique ici.

Chronique : Les confessions de Mr Harrison

Les confessions de Mr HarrisonUn roman typiquement British au charme suranné où le moindre non-dit peut-être fatal pour une réputation

Si vous ne connaissez pas Elizabeth Gaskell, voici l’occasion de la découvrir au travers d’un très court roman.

Auteur anglaise du 19ème siècle, elle fait partie des figures emblématiques de la littérature Britannique avec Jane Austen ou encore les sœurs Brontë pour ne citer qu’elles.

Les confessions de Mr Harrison est un petit livre qui peut se lire seul, mais qui fait également office d’introduction au roman Cranford. Parmi ses autres romans, on peut citer Nord et Sud (son plus connu), Ruth, ou encore Les amoureux de Sylvia. La plupart de ses ouvrages sont disponibles au format poche, aux éditions Points.

Un jeune médecin fraîchement débarqué

A peine arrivé dans la petite ville de Duncombe, Mr Harrison va devoir montrer à quel point il est un bon médecin, mais surtout, qu’il est sociable. En effet, tout est prétexte à le rencontrer, lui parler, le connaître plus amplement…

En bref, il est jeune et promis à un billant avenir de médecin, et Duncombe abrite nombre de jeunes filles et jeunes femmes prêtent à se marier avec un beau et charmant médecin… peu importe ce qu’il en pense ! De méprises en bévues, le calme n’est pas prêt de régner dans la petite ville qui décide de graviter autour du pauvre Mr Harrison.

Amusant et charmant

Il n’y a pas mieux comme ouvrage pour découvrir l’étiquette des siècles précédents et tous les quiproquos qu’elle peut entraîner… Et c’est justement cela dont se joue allègrement Elizabeth Gaskell avec ses tournures de phrases à double sens, son jeune médecin trop courtois (on apprend d’ailleurs qu’un bon médecin à l’époque est parfois plus une oreille où s’épancher plutôt qu’un bon soignant).

Ce court récit nous fait ainsi découvrir une Angleterre des temps jadis où tout n’était que convenances, arrangements et allusions. On s’amuse à voir le jeune Mr Harrison perdu entre ses devoirs de médecins, et la convenance qui voudrait le voir aller à chaque invitation qui lui est faite (thé, réunion du dimanche, sorties, petite réunion…). En effet, s’il voulait satisfaire tout le monde, il lui faudrait au moins se dédoubler !

Tout est écrit du point de vue de Mr Harrison alors qu’il venait d’arriver à Duncombe. Mais quand il raconte l’histoire que nous lisons, on voit qu’il s’est passé quelques années depuis les événements susmentionnés.

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Alors justement, que valent donc ces confessions ? Elles sont à lire pour étoffer sa culture littéraire anglaise, notamment. Ce petit roman peut aussi être un moyen de tester votre goût pour les textes du 19ème siècle et leur atmosphère désuète.

Soyons clair, ce récit ne se lit pas pour son intrigue somme toute très simple, mais pour son charme, et le genre auquel il appartient. Personnellement, c’est tout ce que j’aime, maintenant à vous de voir si cela correspondra à vos goûts littéraires…

TRANCHE d´ÂGE :