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Chronique : La dose

Un roman âpre et sombre dans une Angleterre qui se délite totalement…

Melvin Burgess est un écrivain Britannique dont la réputation n’est plus à faire. Acclamé par la critique et ses lecteurs pour le roman Junk (Folio) grâce auquel il a d’ailleurs eu la Médaille Carnegie, Burgess écrit très souvent des romans durs, qui pulsent et qu’on oublie pas. La dose est dans la droite lignée de son œuvre, et c’est son dernier ouvrage en date paru en France, et c’était il y a déjà un bon moment : en 2014.

Un adolescent pour lequel on a très peu d’empathie…

Bienvenue dans la vie d’Adam, un adolescent de Manchester qui se laisse un peu trop aller et qui pense que la vie lui sourira naturellement. Il fait du football en club et fait tout pour être repéré par un recruteur, mais pour le moment ça n’a pas pris.

Sa famille vit chichement depuis que son père a eu un accident du travail, sa mère travaillant comme une folle et son frère subvenant aux besoins de la famille. En somme, la vie est dure pour Adam et les siens. Mais il espère bien que le vent va tourner en la personne de Lizzie, sa petite amie. Elle est belle, et surtout, elle est riche. Et il se dit que si il arrive à la garder près de lui, il pourra profiter de la fortune familiale.

Oui, c’est moche, mais Adam ne s’encombre pas de scrupules et a même un plan… mais ça c’est avant la mort en direct d’une star de la chanson qui a pris du RAID, une drogue particulière et aux effets terribles. Cet événement va d’ailleurs bouleverser la société toute entière quand des milliers de fans décident de faire la même chose…

Qu’est-ce que le RAID ? La drogue la plus efficace et la plus planante qui existe. Un cachet = une semaine de plaisir. Mais à la fin, c’est la mort. Beaucoup sont malgré tout tentés d’en prendre pour finir en beauté une vie qui n’en vaut pas la peine selon eux…

Un roman ado qui se dévore comme un thriller

J’ai beaucoup aimé l’ambiance sociale tendue et désespérée décrite par Melvin Burgess. On sent que beaucoup n’ont plus rien à perdre et sont prêts à tout pour finir leur vie avec panache. C’est aussi une façon détournée de se suicider pour certains : sans douleur, une semaine entière de plaisirs, cela peut être un argument fort.

En parallèle à ces milliers de personnes ayant pris le RAID, il y a un groupuscule qui essaie par tous les moyens d’estomper les inégalités sociale du pays : Les Zélotes. On ne sait pas qui se cache derrière cette appellation, mais ce sont des soldats autoproclamés de la justice. Leurs action sont parfois violentes, mais elles ont pour but final d’améliorer l’avenir commun.

C’est dans ce contexte terriblement sombre que l’on suit Adam, qui a pris également du RAID. On va le suivre durant toute sa dernière semaine, et peu à peu, il va évoluer sous nos yeux. Là où l’on ne voyait qu’un petit arriviste fainéant, on va peu à peu découvrir un adolescent qui cache du courage et beaucoup d’amour. Mais il va falloir qu’Adam traverse de terribles épreuves avant que l’on aperçoive ces qualités chez lui.

Violence, sang, haine, amour viscéral, Melvin Burgess ne nous épargne rien, ce qui nous force à dévorer La dose en un laps de temps très court. Ma seule remarque serait la conclusion un peu trop hâtive qui détonne quelque peu avec le ton général du roman. Pour moi, la conclusion est un peu trop douce et facile, il y aurait dû avoir un peu plus de pots cassés pour qu’on y croie… en dehors de cela c’est un bon roman.

Pour ceux et celles qui aiment les romans durs et sans filtre, La dose pourrait fortement vous plaire !  A lire comme un thriller social sur fond de drogue et de mafia. Dès 15 ans.

Chronique : Le Collectionneur

Un tueur en série à la marotte bien particulière : il collectionne les ossements malformés…

Vous avez envie d’un bon gros polar qui vous tiens en haleine ? Avec un criminel retord/flippant ? Le Collectionneur pourrait bien être votre prochaine lecture en ce cas…

L’ouvrage est paru en octobre 2018, aux éditions Slatkine & Cie, il est écrit par l’autrice anglaise Fiona Cummins, dont c’est le premier roman en France. Et tout ce qu’on peut lui souhaiter, c’est qu’il y en ai d’autres à venir…

Les squelettes d’enfants malformés… une passion pour le collectionneur

Quand on a un enfant atteint d’une dysplasie osseuse progressive (aussi appelée maladie de l’homme de pierre), tout ce qui inquiète, c’est le temps qu’il lui reste à vivre. La maladie progresse, par poussées. Le moindre coup, ou choc peut entraîner une excroissance osseuse en quelques heures à peine… La durée de vie de ces malades est d’une trentaine d’années tout au plus.

Dans ces conditions, difficile pour Lilith et Erdman d’être sereins quant à leur fils, Jakey. Tout lui est interdit : courir, faire du vélo, aller à la récréation. Le moindre petit choc étant prohibé de sa vie, il ne peux rien faire. Et forcément, à presque 7 ans, il n’a qu’une envie, avoir une vie normale et profiter comme tous les enfants de son âge.

Mais, un danger plus terrible encore que la maladie rôde. Un tueur qui amasse les os déformées par la maladie depuis des décennies : le collectionneur. Et il attend son heure pour enfin ajouter les os du jeune Jakey et en faire la clé de voute de sa macabre collection… Et il se pourrait bien que la famille de Jakey ne soit pas la seule à devoir s’inquiéter… et c’est ainsi qu’à lieu la disparition de la jeune Clara Foyle.

Couverture de la version anglaise du premier tome du Collectionneur.

Un polar immersif et glauque comme on aime

Si vous êtes fan de polar assez sombre, celui-ci pourrait combler vos attentes. Narration hachée, chapitres courts qui font que l’on dévore le livre plutôt qu’on ne le lit, Le Collectionneur a toutes les qualités du bon polar. Le portrait de ces familles usées par la maladie de leur enfant est extrêmement bien dépeint. Et encore plus, quand Le collectionneur jette son dévolu sur eux et leurs enfants !

Le côté vraiment intéressant de ce roman, c’est que l’on voit que le malheur peut toucher tout type de familles. De la plus désœuvrée à la plus aisée. En effet, la famille de Jakey a du mal à joindre les deux bouts, en particulier à cause des coups de sang d’Erdman, et de son caractère de cochon. Du côté de la famille de la petite Clara, les Foyle sont des gens respectés et respectables dont le mari est médecin. Ils vivent très confortablement, mais cela ne suffit pas face au chagrin, quel que soit le montant de son compte en banque…

Fiona Cummins réussit ainsi à nous dépeindre deux familles totalement différentes, toutes deux très faillibles mais extrêmement humaines. Difficile de les détester (même la mère de Clara Foyle a un côté touchant, même si il faut chercher longtemps) malgré certains travers déplaisants.

En parallèle, nous voyons très peu le fameux Collectionneur… c’est peut-être justement pour qu’on en ai le plus peur possible… Mais très peu de chapitres lui sont consacrés, et ils font à chaque fois froid dans le dos. Cette fascination malsaine pour les « objets osseux rares » est terrible, mais on en vient à être fascinés nous aussi… En cela, c’est très bien travaillé.

Pour ce qui est de l’enquête qui avance au fil des pages, on est tout de suite en immersion ! L’enquêtrice qui gère le dossier est aussi charismatique que cabossée par la vie. Elle ne vit que pour son travail, quitte à délaisser tout le reste… C’est un personnage que j’aimerais beaucoup revoir car elle a un passé intéressant qui lui donne de l’épaisseur.

Ainsi, sans vous dévoiler la conclusion de ce roman, sachez que Le Collectionneur est un très bon polar. Pour ceux qui aiment être pris par une intrigue, c’est parfait. Et les quelques 500 pages qui le constituent se lisent très (trop) rapidement ! Alors, à quand un autre roman de Fiona Cummins ?

Les dégâts causés par une fibrodysplasie ossifiante progressive.

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