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Chronique YA : Cendrillon est morte

Si le nom de Kalynn Bayron ne vous dit trop rien, c’est assez normal. Cendrillon est morte est son premier ouvrage à paraître en France, mais il était déjà très attendu.
Outre-Atlantique, sa réécriture du conte de Charles Perrault a rencontré un très vif succès, tout comme sa série This Poison Heart qui, espérons-le arrivera en France un jour !

Une société ultra-patriarcale qui ne laisse aucune chance aux femmes

A Lille, et dans tout le royaume, le conte de Cendrillon n’est pas seulement une histoire à lire le soir aux enfants. Non, le conte a été érigé au rang de mythe et même de loi. Chaque jeune fille et femme du royaume se doit de connaître par coeur le conte sous peine de lourdes représailles. Cendrillon est morte depuis longtemps, il est vrai, mais son souvenir perdure d’une façon des plus étranges et injustes. Ainsi le conte de fées sert-il de prétexte pour asservir les femmes. Leur absolu ? Faire tout comme Cendrillon, pour peut-être espérer être choisie par un homme lors du bal annuel organisé par le Roi.

Mais que faire quand on est une jeune fille qui n’est pas attirée par les hommes dans ce monde où tout tourne en fonction d’eux ? C’est là tout le problème de Sophia. Le bal approche et elle doit à tout prix attirer un homme pour ne pas être répudiée par ses parents. Une fille qui n’est pas choisie par un homme au bout de trois bals est exilée du royaume et vivra dans la misère, elle est également la honte de sa famille. Ainsi pour Sophia, peu importe que l’homme qui la choisit la batte ou la violente par la suite selon ses parents. Elle sera mariée, et c’est bien là tout ce qui compte, peu importe qu’ellle préfère les femmes et la liberté…

Une réécriture efficace

Clairement, cette version féministe et actuelle du conte de Cendrillon dans un royaume patriarcal est plaisante. L’ouvrage réussit à nous proposer une réécriture cohérente avec des personnages qui fonctionnent très bien. Ils sont crédibles, bien campés… tout fonctionne.
Mais il m’a manqué un petit quelque chose pour avoir un réel coup de cœur. J’ai beau avoir passé un excellent moment de lecture, j’ai trouvé le tout assez linéaire et un peu facile. L’intrigue fonctionne, ce n’est pas cela le souci, c’est plus dans le déroulé que j’ai été un peu gênée. Les péripéties de Sophia sont un peu trop « scolaires » et ne laissent pas assez de créativité à l’histoire. Les personnages ont tous un rôle assez clair et il y a peu de flou ou d’originalité pour que ce soit plus singulier. Certes l’héroïne et noire et lesbienne et c’est super, mais ce n’est pas un argument suffisant pour porter l’intrigue à son meilleur. Il manque quelque chose, même si j’ignore quoi.

Malgré cela, j’ai passé un très bon moment de lecture, car comme dit précédemment, j’adore tout ce qui concerne les réécritures de contes et associé. D’autant que c’est la grande mode en YA depuis quelques années : Un sort si noir et éternel (Rageot), la saga ACOTAR (Seuil Jeunesse), Déracinée (Pygmalion) ou encore Le royaume assassiné (De Saxus). Tous ces romans et des dizaines d’autres encore mélanges sujets actuels et contes de fées classiques. Et ça fonctionne !

L’autre chose appréciable dans ce roman ado, c’est que l’intrigue se passe dans un univers de fantasy moyenâgeux comme je les aime : une ville très paysanne, des lois injustes, un couvre-feu pour les femmes, une magie latente dont tout le monde a presque oublié l’existence… Tous ces éléments concourent à dépeindre une ambiance qui fonctionne plutôt bien.

Ainsi, même si je n’ai pas eu de véritable coup de cœur pour Cendrillon est morte, je suis très contente de l’avoir lu. Il réunit des sujets très actuels sous couvert de réécrire l’un des contes les plus connus au monde. C’est donc plutôt réussit, même si l’autrice n’a pas réussit à insuffler le petit élément en plus qui fait basculer un livre de « bien » à « excellent ».
A découvrir dès 14/15 ans.

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Chronique : Loup, y es-tu ?

loup y es tuOu comment réviser ses classiques après un bon petit dépoussiérage.

Henri Courtade signe ici un premier roman très engageant avec « Loup y es-tu ? », il est Biologiste au centre hospitalier de Pau.

Le monde, de nos jours : quatre jeunes femmes sont des légendes de contes de fées qui s’ignorent et vivent le plus normalement du monde… mais les choses vont changer quand une femme puissante prénommée Von Sydow décide de se débarrasser d’elles une bonne fois pour toutes : cette femme n’est autre que la cruelle reine du conte Blanche-Neige et les quatre jeunes femmes la mettant en danger par leur existence sont la Belle au Bois Dormant, Cendrillon, Blanche-neige et le Petit Chaperon rouge.

Littéralement dévoré, ce livre est une très agréable surprise dans le domaine de la fantasy urbaine. Pour en avoir lu plusieurs, c’est le premier qui a le mérite d’avoir des personnages qui sortent de l’ordinaire. Ici nos héroïnes le sont malgré elles alors que le genre nous a surtout habitué a des chasseuses de démons et magiciennes qui n’ont besoin de personne pour réussir leur mission.
Ce livre a l’avantage de parler à tous et ne nécessite pas d’être initié à un genre particulier pour l’apprécier pleinement. Dès les premières pages, le lecteur est plongé dans le vif de l’action, on est immergé par les aventures (et mésaventures pleines d’humour noir. D’ailleurs la place qu’a l’ironie dans ce roman est géniale, les mésaventures provenant des contes originaux sont transformés de façon très « actuelle » pour nos princesses.

L’action ne désemplit pas, et la plume d’Henry Courtade nous transporte dans notre monde à la fois familier et très influencé par les contes. Ainsi, la seconde guerre mondiale serait due à la méchante sorcière de Blanche-neige. Cendrillon est une jeune demoiselle un peu frivole qui n’aime que danser et faire la fête (et qui participera même à une émission de téléréalité) et la Belle au bois dormant est une jeune femme mariée qui part en Afrique faire de l’humanitaire. Mais le meilleur, c’est le petit Chaperon Rouge, un personnage qui est loin d’être une princesse, mais dont les dons sont insoupçonnés… c’est en fait une très grande créatrice de mode prénommée Virginia Woolf.

Pour conclure, Loup, y es-tu ? est une découverte fort plaisante à faire que l’on aime le fantastique ou non. Une belle initiation au fantastique si l’on ne connait pas le genre. Cette chronique a été réalisée pour ActuSF.