Une suite qui tient presque toutes ses promesses…
Paru en octobre dernier, Vers l’inconnu est le second tome de la trilogie pour la jeunesse Le tourneur de page, parue aux éditions Eveil et découvertes. La série est écrite par Muriel Zürcher, une femme qui avant d’être auteur pour la jeunesse était avant tout DRH dans les centres hospitaliers.
Rendez-vous en terre inconnue… et hostile
A la fin du premier tome, nous laissions nos jeunes héros Alkan, Tahar, Artelune et les autres dans une situation plus que délicate. En effet, Iriulnik et ses sbires ont complètement détruit le village des rebelles vivant en dehors de la Bullhavre, les contraignants à partir pour des terres totalement inconnues. Seulement, nos jeunes héros ont étés séparés du groupe de villageois, ils sont donc forcés de les rejoindre sans savoir vraiment où aller, si ce n’est loin de la Bullhavre… Cette nouvelle aventure prend vite la dimension d’expédition dans un monde dont ils ignorent tout et où les dangers sont aussi nombreux qu’obscurs…
Un rythme différent du premier tome
Alors que le premier opus nous attachait particulièrement à ce qui arrivait à Alkan et son entourage proche, ce second tome ne parvient pas à nous y intéresser avec autant d’efficacité.
En réalité, au fil des pages, ont se rend compte que l’on devient de plus en plus fasciné par ce qu’il se passe dans la Bullhavre. Depuis qu’Iriulnik a pris le pouvoir du Tourneur de Page, les règles du jeu ont changé pour les habitants et ceux qui sont censés faire régner l’ordre sous le dôme.
On en apprend beaucoup plus sur l’enfance d’Iriulnik, personnage mauvais par excellence dont la haine fait briller la bonté des autres, comme par exemple celle de Toache.
Du côté de nos explorateurs en herbe, nous découvrons le mystérieux peuple des « abominables » appelés ainsi en raison de leur physique peu avenant. Mais soyons honnêtes, les chapitres concernant l’expédition d’Alkan et de ses amis est beaucoup moins captivante que l’évolution à laquelle on assiste dans la Bullhavre.
La partie des villageois ayant fui est également très intéressante, faisant ouvrir les yeux au lecteur sur les dangers de quitter une dictature… pour peut-être quelque chose de similaire, bien que déguisé.
Un texte faisant appel à plus de maturité de la part du lecteur
Muriel Zürcher poursuit son travail de remise en question sur l’existence de la Bullhavre en mettant en évidence de nouvelles interrogations.
Mais ce second tome fait appel à plus de maturité de la part du lecteur car on trouve un certain décalage entre des personnages assez enfantins et des scènes parfois dures. Je pense notamment à une scène de torture concoctée par Iriulnik, qui bien qu’elle soit très instable, possède une intelligence sans faille quand il s’agit de tourmenter ses pairs…
L’ensemble tient relativement bien la route, mais on ne peut s’empêcher de sentir une certaine dissonance dans la construction du récit par rapport à différents styles utilisés.
Pour conclure, ce second tome nous offre une suite honnête. Sa première moitié est sympathique et assez convenue, mais la seconde nous offre le plaisir d’être surpris. En effet, on ne peux s’empêcher de penser que Muriel Zürcher est parfois aussi machiavélique que certain de ses personnages, en particulier quand ont voit la conclusion qu’elle nous offre pour Vers l’inconnu : en demi-teinte, pour ne pas dire sombre… Vivement la suite, à attendre pour octobre 2013 !