
Une trilogie ambitieuse et diabolique qui mélange savamment stratégie, Histoire et géopolitique le tout sur fond de fantastique… Qu’est-ce que la Maison des Jeux ? A vous de le découvrir…
Claire North est une autrice anglaise à l’œuvre encore assez rare, mais remarquée. L’un des plus connus est Les quinze premières vies d’Harry August, qu’elle a écrit en 2014. De son véritable nom Catherine Webb, elle a écrit plusieurs ouvrages, mais c’est sous le nom de Claire North qu’elle réserve la partie imaginaire de son œuvre… Pour notre plus grand plaisir
Une étrange maison de jeux qui apparaît au fil du temps et des lieux
Le premier tome de cette trilogie de novellas (très courts romans) se déroule à Venise, au 17ème siècle. Mais ne vous y trompez pas. La Maison des Jeux est bien plus ancienne que cela et survit à toutes les époques et à tous les virages simportants de l’humanité. Dans ce tome-ci donc, nous suivons une jeune femme – Thene – mariée à un joueur invétéré qui peu à peu va tout perdre. Mais Thene, sous ses apparences de femme soumise à son mari est bien plus que cela.
Peu à peu, elle va prendre goût au jeu également, mais ce qu’elle va miser et gagner vaudra bien plus que ce que son diable de mari n’a jamais rêvé avoir…
Autre temps, autre lieu, dans le second tome nous sommes dans le Bangkok du vingtième siècle. Une sorte de jeu du chat et de la souris (en plus étendu et élaboré) va avoir lieu. Cette fois-ci, nous ne verrons pas Thene, mais un tout autre personnage : Remy Burke. Il a parié beaucoup sur cette partie qui semble déséquilibrée… Chose normalement impossible car la Maison des Jeux veille.
Dans l’opus final, le tableau prend enfin forme. Nous sommes à notre époque, en tous lieux, et certains personnages vus précédemment refont surfance… de manière inattendue.
Une trilogie à la fois mystérieuse et géniale
J’ai adoré dès les premières pages cette trilogie de Claire North. En très peu de temps, on est dans une ambiance enveloppante qui allie mystère, étrangeté et Histoire. Mon tome préféré de la trilogie restera le premier opus car j’ai trouvé le personnage de Thene et l’époque dans laquelle elle évolue absolument parfaits. Claire North écrit à merveille, et nous avons la chance d’avoir une très bonne traduction assurée par Michel Pagel.
Il est difficile de développer sur l’univers de La Maison des Jeux, car une grande partie de l’intérêt de cette histoire réside dans son mystère latent. Je vais donc rester en surface dans cette chronique censée vous venter les mérites de la trilogie.
Premièrement, elle se dévore. Les trois tomes font chacun à peine cent-cinquante pages chacun. Cela se lit vite, bien, avec un plaisir de lecture évident.
Deuxièmement, je n’avais jamais lu un texte de SFF qui mélange à la fois fantastique, géopolitique et technologie et… autre chose. C’est un mélange étrange qui fonctionne à merveille, mais même si cela a l’air simple au premier abord, Claire North a réalisé un travail titanesque. Elle réusit à nous abreuver de détails, de nuances et d’une atmosphère particulière sans jamais nous perdre. Et pourtant, bien que courts, les ouvrages sont très denses en informations. Beaucoup de symboliques, de savoirs et de données sensibles actuelles se mélangent pour donner quelque chose de plus grand encore.
Troisièmement, les personnages sont incroyables. Même les plus calculateurs pourrons vous sembler géniaux tant ils anticipent les coups. C’est la partie la plus plaisante des romans pour moi : le calcul. La prise de risque. Les enjeux qui montent en puissance au fil des tomes. Vous découvrirez ainsi que La Maison des Jeux permet de parier à peu près tout sauf de l’argent, bien trop vulgaire.
Ainsi, j’ai vraiment adoré cette trilogie fantastique qui brasse différentes catégories de l’imaginaire. C’est original, délectable, malin, un véritable plaisir de lecture qui change vraiment de ce qu’on peux lire habituellement en SFFF.


