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Chronique : Comme des images

Comme des imagesOu comment la cruauté du monde adolescent peut faire d’énormes dommages collatéraux

Paru en février 2014, Comme des images est le premier roman de Clémentine Beauvais à paraître dans la collection pour ados Exprim’.

Précédemment, elle a publié des romans pour la jeunesse chez Talents Hauts (un éditeur résolument féministe qui est également pour l’égalité sous toutes ses formes) ou encore chez Alice Jeunesse. Enfin, sachez que Clémentine Beauvais est une auteur précoce car elle n’a que 25 ans à peine et déjà presque une dizaine de livres à son actif !

Identiques physiquement, mais qu’en est-il pour le reste ?

Dans ce roman nous faisons la connaissance de Léopoldine et de sa sœur jumelle, Iseult. Deux jeunes files étudiants dans le prestigieux établissement qu’est Henry IV. Les beaux quartiers et les problèmes qu’il peut y avoir y sont décrit avec une plume acérée.

C’est dans cette atmosphère bourgeoise et cruelle que nous faisons également connaissance avec la narratrice qui est elle aussi un élément clé de l’histoire : il s’agit de la meilleure amie de Léopoldine. Contrairement aux jumelles, elle n’est pas issue des quartiers nantis de Paris et doit sa place à Henry IV grâce à ses très bons résultats et à sa peur d’échouer scolairement et de décevoir ses parents.

Cette ado qui nous conte l’histoire, Clémentine Beauvais ne lui donne pas de prénom, comme pour nous immerger et prendre sa place avec plus de facilité : nous impliquer le plus possible dans la décadence qui va l’entourer…

Drame : mode d’emploi

Un jour comme les autres ou presque : « Il y a un corps dans la cour du lycée Henry IV ». Voici comment commence le roman : une constatation clinique et froide tant l’événement est irréel.

Tout à commencé quand la belle, la charmante et attirante Léopoldine a cassé avec son petit copain Timothée pour se mettre avec Aurélien. Les drames commencent parfois de façon absurde. Et puis arrive un jour, Le Jour où une vidéo de Léopoldine circule. Elle est gênante, humiliante, dégradante… son ex a-t-il fait ça pour se venger ou par pure bêtise ? Quoi qu’il en soit il est trop tard. Tout le monde l’a vue : les élèves, les professeurs, les parents d’élèves… personne ne pourra rater « le spectacle ».

C’est là que le drame prend forme sous nos yeux et que l’on commence à percevoir les enjeux d’une autre tragédie bien plus lancinante, plus profonde, qui était restée cachée durant des années… Et nous, spectateurs impuissants, ne sommes là que pour voir évoluer des personnages dont nous savons qu’ils vont à leur perte soit physique, soit morale, soit psychologique…

Magnifiquement lucide et féroce

Comme des images est un roman sans concession aucune qui nous montre que la souffrance sous quelque forme qu’elle soit n’a pas de limite. Elle touche tout le monde, quelque soit la strate sociale, la couleur de peau, l’origine… Quand on découvre cet univers où il y a tout pour être heureux mais où les personnages sont désabusés et ont déjà tout vu, on ne peut s’empêcher au roman Hell de Lolita Pill pour son côté à la fois beau et autodestructeur.

Clémentine Beauvais a un art certain pour magnifier ce qui est le plus odieux, le plus insupportable. Nous sommes fascinés malgré nous par tous ces événements qui s’enchaînent de façon à capturer chaque personnage dans sa propre tragédie. Chaque élève d’Henry IV à lui tout seul en est une à sa façon : condamné à réussir pour les parents qui ont tout investi dans un avenir dont ils ne veulent pas en devenant avocat, médecin…

Le roman est court mais percutant, il mélange récit mais aussi fils de commentaires sur Facebook, sms, ou encore lettres écrites pour plus de réalisme. Et oui… les réseaux sociaux n’ont parfois pas que du bon….

….

Pour conclure, Comme des images est un roman à ne louper sous aucun prétexte ! Terrible et hypnotique, tragique et fascinant, on se plonge dedans corps et âme jusqu’à l’ultime fin qui nous donne toutes les clés d’une superbe tragédie grecque contemporaine. A lire dès l’âge de quinze ans environ.

Si vous avez aimé, alors essayez (cliquez sur l’image pour lire la chronique) :

The lying game - 01Hate ListParoles empoisonnéesCruelles

Chronique : Deux filles + trois garçons – les parents = 10 choses que nous n’aurions pas dû faire

Deux filles + trois garçons - les parentsDernier roman en date de Sarah Mlynovski en France, 2 filles + 3 garçons – les parents = 10 choses que nous n’aurions pas dû faire est paru en fin de janvier dernier (le titre américain est bien plus court et commode : ten things we did, and probably shouldn’t have).

L’auteure américaine est déjà connue pour ses romans destinés aux adolescentes en particulier. Teintés d’humour mais aussi de réflexion, son univers reste résolument ancré dans les relations sociales à l’âge adolescent. Ses œuvres les plus connues sont celles de sa série Rachel W, ainsi que son roman Parle-moi !

Un mensonge en amenant un autre… 

April est une adolescente à la vie normal, mais cette dernière va être chamboulée quand son père lui apprend qu’elle va devoir déménager avec lui et sa belle-mère, pour laquelle elle n’éprouve ni amour ni haine. Comment échapper à la catastrophe qui s’annonce et rester auprès de ses amis, de son petit copain et de son lycée ?

Une seule solution viable sur le moment pour April : mentir à son père et loger chez sa meilleure amie Vi pour le reste de l’année scolaire. Une solution parfaite pour les deux parties en apparence… mais la mère de Vi n’est jamais là, elle est en tournée pour un spectacle à Chicago.

En somme, deux adolescentes sont livrées à elles-mêmes volontairement vont s’en donner à cœur joie pour faire les pires idioties de leur vie !

Deux filles + trois garçons - les parents usPeu réaliste, mais c’est pas grave !

Les aventures loufoques et trépidantes d’April et Vi sont loin d’être crédibles. Le fait que son père la laisse vivre chez sa meilleure amie ne tiens déjà guère la route, mais quand en plus elle reçoit une somme considérable comme argent de poche (environ 1000 dollars par mois), on peut s’insurger du peu de réalisme du roman.

Mais est-ce vraiment grave ? Je pense que non, car on s’éclate littéralement à suivre les pitreries de ces deux filles hautes en couleurs.

Le roman est découpé de façon très simple : un chapitre = une de ces fameuses choses qu’April et Vi n’auraient pas dû faire. Au programme, adoption d’un chat, charme de garçons et achat d’un jacuzzi ! On s’amuse, mais on se prend également à s’attacher à April, un personnage qui même s’il n’a pas les pieds sur terre est attirant.

Chose intéressante, April aborde pour la première fois sa sexualité au cours de ce roman. La partie « explicative » de comment se prépare une première fois est plutôt bien faite. Loin d’être une leçon de morale ou un cours de biologie, l’auteure y explique toutefois à travers ses personnages les bonnes actions à suivre (préservatifs, etc.).

Mais alors, où ces délires d’ados vont-ils vous conduire ? A vous de le découvrir ! Quoi qu’il en soit, pas une seconde d’ennui dans ce roman fun, un peu fou et surtout très drôle. A mille lieues de la première impression donnée par la couverture et son titre, on se retrouve avec un ouvrage qui nous fait passer un très bon moment, sans se prendre au sérieux. Parfait dès l’âge de 14 ans.

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.

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Chronique : Chair de Poule – Tome 49 – Terrible Internat

terrible internatBienvenue dans l’internat Caring, institution de haut-rang pour les meilleurs élèves. Sauf, que ça n’est pas le cas de Paul, plutôt mauvais élève et complètement blagueur. C’est d’ailleurs pour ça qu’il a été renvoyé de son ancien collège et mis dans l’institut Caring par ses parents : il avait fait répéter au perroquet de la classe : « Le prof est un crétin », ce qui n’a pas été du goût de tout le monde…

Le collège Caring est très particulier, à peine arrivé, deux élèves lui disent de fuir tant que ses parents sont encore là… croyant à une blague, Paul ne comprend que plus tard l’air paniqué des autres élèves. Autre chose étrange, ils sont tous très attachés à la réussite, quitte à ne pas s’aider mutuellement pour les cours.

Terrible internat est un très bon roman de frissons pour la jeunesse : petit à petit ont entrevoit tout les indices amenant à une terrible conclusion : les mauvais élèves ne font pas long feu à l’Institut Caring.

De plus, les romans en huis clos dans le genre école perdue au fin fond d’une campagne anglaise, ou comme ici un internat isolé sur une colline ont tout pour me plaire, si vous ne vous y êtes pas encore essayé, c’est le moment, vous y trouverez une atmosphère à nulle autre pareille, entre les grincements de vieilles chaises en bois et couloirs sombres par nuits d’orage…

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Chronique Jeunesse : L’agenda

L'agendaQue feriez-vous si vous trouviez l’agenda/journal intime d’une jeune fille ?

Tout commence dans un collège, quand un élève tombe par hasard au CDI sur un agenda abandonné. Au début, il se dit qu’il vaut mieux signaler l’objet perdu, mais la tentation est trop forte : il ouvre l’agenda, qui ressemble à un mélange de journal intime et de livre d’or : et là c’est la surprise, plein de mots de dizaines de personnes différentes, des messages d’amitié, à coup sûr c’est l’agenda d’une personne populaire.

C’est ainsi que notre « héros curieux » va mener l’enquête pour savoir à qui appartient cet agenda…

Ce livre est très surprenant par l’histoire de vie qui s’y étale au fil des pages, des signatures, des rendez-vous de l’agenda. Mais la cerise sur le gâteau, c’est vraiment la fin, totalement imprévue qui explique beaucoup de choses sur le contenu de cet agenda mystérieux.

La fin ne laisse pas indifférent, certains seront déçus d’autres bouleversés, quoiqu’il en soit l’ »Agenda » est un très beau livre sur la famille et les blessures que celle-ci peut rencontrer comme la perte d’un être cher, mais aussi sur l’intimité que les jeunes peuvent étaler dan leur agenda qui parfois peut porter préjudice quand ils tombent entre des mains maladroites ou malintentionnées, malheureusement je ne puis vous en dire plus sans dévoiler l’histoire. A vous de vous faire votre propre avis, en sachant que ce livre vaut le détour.

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Chonique : Je ne pense qu’à ça

je ne pense qu'a çaJe ne pense qu’à ça : au titre on se dit, que c’est un livre sur le sexe pour les ados, eh bien oui…et non. Avant de parler de sexe, ce livre parle d’identité, d’intégration, en particulier pour les homosexuels (homme ou femme, comme vous le verrez). Je trouve d’ailleurs très bien qu’un livre pour la jeunesse (dès 11-12 ans) soit sorti sur ce thème délicat dans les écoles entre élèves (dont la violence des paroles peut en marquer certains à vie).

C’est ainsi que l’on suit le parcours d’Ismaïl, aussi bien dans sa tête que dans son corps, il évolue : mais vers quoi ? il ne le sait pas lui-même. Tout ce qu’il sait, c’est qu’un des garçons de sa classe le traite de pédé à tout bout de champs, alors forcément Ismaïl se pose des questions, doute de lui-même… une vraie torture pour un ado, qui se cherche déjà à la puberté.

Heureusement, il sera aidé par ses parents, mais aussi par une de ses profs à affronter le problème, même si les obstacles sont nombreux sur son chemin…

En conclusion, je trouve parfait ce livre pour tout ado qui se poserait des questions, ou qui se sent mal dans sa peau par rapport à sa sexualité encore non définie. Le thème abordé est difficile, mais les mots écrits par Karim Ressouni-Demigneux coulent de source, sans choquer, et son réconfortants, rassurant. Pour ce qui est de la taille du texte, rassurez-vous, un enfant de 11 ans n’aura aucun mal à lire le livre, le texte est écrit très gros, et une page sur deux est illustrée par Monike Czamecki, qui fait des choses très contemporaines, mais qui collent parfaitement au livre en mélangeant dessins simples et symboliques et collages.

8/10