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Chronique : La loi des lignes

Hye-young Pyun est une autrice de polars coréenne. Plusieurs de ses romans sont déjà parus en France, notamment Le Jardin (éditions Rivages) qui a remporté le Prix Shirley Jackson. Elle a également écrit le roman post-apocalyptique Cendres et rouge (Picquier) que j’avais adoré et qui nous conte l’histoire d’une Corée qui se délite peu à peu à cause d’un mystérieux virus…
D’autres de ses ouvrages tels que Dans l’antre de d’Aoï Garden ou encore La forêt de l’Ouest sont quant à eux disponibles aux éditions DeCrescenzo.
La loi des lignes est son tout dernier ouvrage a être paru en France, il est arrivé en librairie en février 2020, aux éditions Rivages.

A la découverte d’un pan méconnu de la Corée du Sud…

Deux destins aux fils coupés à vif qui n’ont à priori rien en commun, voici l’histoire de La loi des lignes.
L’une se nomme Sae-oh, elle vient de tout perdre dans un incendie : sa vie, ses affaires, et surtout son père. La police est persuadée qu’il a trafiqué la sortie de gaz de la maison pour sa suicider afin de fuir définitivement le surendettement…

L’autre s’appelle Ki-jeong, c’est une jeune enseignante mais elle n’en peut déjà plus de son travail et de la vie dure que lui mènent certains élèves. Elle vient d’apprendre que sa soeur était morte noyée sans avoir plus d’explications de la part de la police.

Comment ces deux femmes vont-elles se rencontrer ? Et surtout quel est leur point commun ? La réponse se trouve dans la société Sud-Coréenne dans son ensemble et les fractures qu’elle laisse béantes chez les plus faibles.

Un roman sombre qui dissèque la société coréenne et ses fractures

J’ai un sentiment partagé sur cette lecture. Le positif, c’est que j’ai découvert une partie méconnue de la société coréenne, de sa dureté. Je l’avais déjà expérimenté dans des romans tels que Parce que je déteste la Corée ou encore Bienvenue, mais ici, c’est une autre façon de couler que l’on découvre.
En effet, la spirale de l’endettement est le point commun de ces deux histoires de femmes qui ne se connaissent pas. La façon dont le membre de la famille de chacune plonge est différente, mais le résultat est bien le même au final. Et rien ne semble pouvoir stopper cette descente aux enfer dont personne n’avait connaissance avant leur mort…

Le négatif c’est que comme dans son roman Le jardin, l’autrice m’a déçue. Elle fait monter la tension à un point élevé pour au final nous délivrer un final qui selon moi n’est pas à la hauteur. Ces deux femmes qui ont perdu un membre de leur famille, était-il nécessaire de les faire se rencontrer ? En quoi cela apporte-t-il quelque chose de substantiel à l’intrigue ?
J’ai apprécié le côté très sombre et déprimant de cette histoire, mais je trouve que ça ne va pas assez loin à mon goût…
Dans le style descente aux enfers d’une femme coréenne, Bienvenue est excellent à découvrir par exemple. Pour ce qui est de La loi des lignes, je pense qu’il est beaucoup moins percutant.

Ainsi, ce roman est intéressant dans son ensemble et pourrait plaire à ceux qui aiment les romans sociaux sombres. Cependant, ne vous attendez pas à une intrigue policière ou à un quelconque retournement de situation, cela vous évitera toute déconvenue. A appréhender comme un roman noir, donc. Ceux et celles qui se passionnent pour la Corée devraient y trouver leur compte.

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Chronique : Killarney Blues

Un roman social qui nous fait découvrir l’Irlande dans ce qu’elle a de plus simple et de plus beau… et dur. Une histoire âpre et réaliste qui frôle avec le roman noir…

Premier roman de Colin O’Sullivan à paraître en France, Killarney Blues est paru aux éditions Rivages lors de la rentrée littéraire 2017. L’auteur a d’ores et déjà écrit un autre roman, encore non traduit en France. Il vit au Japon où il enseigne l’anglais.

Un portrait de l’Irlande profonde

Bienvenue à Killarney, une très belle ville d’Irlande qui se situe au sud-ouest du pays, dans les terres, au bord d’un magnifique lac. La ville bénéficie du tourisme, ce qui fatigue autant les habitants que cela les fait vivre…

C’est ici que vit Bernard, un jeune homme un peu simple d’esprit, mais toujours prêt à aider son prochain. Il vit de son travail, avec son cheval Ninny qui conduit sa calèche pour les touristes. Bernard est « secrètement » amoureux d’une jeune femme de Killarney depuis des années : Marian. Mais la jeune femme ne regarde jamais Marian comme lui la regarde, et le jeune homme est souvent l’objet de moqueries… Tout cela sans oublier Jack, celui qui boit toujours trop, dont la violence sous-jacente vibre.

Bienvenue donc à Killarney, petit ville de 15 000 habitants où tout le monde est avide de commérages et où les non-dits et la misère frappent soudainement…

Un roman intéressant aux personnages très réalistes dans leur humanité

Lire Killarney Blues, c’est un peu comme avoir un petit bout d’Irlande sous le bras. Dans l’esprit, Colin O’Sullivan nous offre de magnifiques paysages, des personnages forts en caractère et en réalisme. Le rythme est lent, très lent, mais cela ne rend pas la lecture inintéressante, bien au contraire. On s’intéresse à chaque détail, chaque trait de caractère, tout prend peu à peu sens et monte en puissance… et dangerosité.

En effet, on est dans le roman noir, mais alors, dans le genre très doux. La quatrième de couverture laisse présager un roman policier et une enquête, ce qui n’est pas franchement le cas. Si on devait décrire rapidement Killarney Blues, on pourrait le qualifier de roman social noir, mais pas à proprement parler de roman noir.

On y lit la détresse, le dénuement financier, parfois intellectuel… Bernard est le personnage central de cette histoire que l’on n’imagine tourner mal… mais ce n’est pas vraiment le cas. La vie réserve des surprises, et elles ne sont pas nécessairement mauvaises.

……

Alors, si vous recherchez un roman bien écrit, corsé, de qualité, et sauvage (avec de belles descriptions de la nature), Killarney Blues vous ravira. C’est un bon roman, mais il ne faut pas l’assimiler à un roman à suspense. Une fois ce fait intégré, vous passerez un excellent moment de lecture, à la fois nostalgique, triste, mais laissant un sentiment positif malgré tout.

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