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Chronique : La servante écarlate (The handmaid’s tale)

Une société où les femmes sont traitées en esclaves et n’ont que pour unique but que de satisfaire les pulsions des hommes ? C’est le futur effrayant imaginé par Margaret Atwood en 1985. Une véritable piqûre de rappel pour ne pas oublier les droits que les femmes ont acquis, mais qu’elles pourraient encore à tout moment perdre au prétexte d’un conflit, d’une crise… ou d’une élection.

Roman devenu culte dans son pays d’origine, mais également dans le monde entier, La servante écarlate est un texte de la canadienne Margaret Atwood. Elle a écrit quantité de romans, que je ne pourrais tous vous citer, mais en voici quelques-un qui me tentent : Le dernier homme, C’est le coeur qui lâche en dernier, Le tueur aveugle ou encore Captive. Et bien sûr, la suite de La servante écarlate : Les Testaments.
La servante écarlate était déjà un classique Outre-Atlantique bien avant son adaptation en série par HBO, mais cette dernière l’a révélée au monde entier. Avant cela, le texte était avant tout connu des fans d’anticipations et de dystopies. Maintenant, il est un véritable symbole, la tenue des fameuses « servantes » étant souvent réutilisée lors de manifestations pro-choix aux Etats-Unis. Preuve s’il en est que cette oeuvre a durablement marqué les esprits.

Plus terrifiant que le passé : le futur

Les femmes n’ont pas été gâtées par l’Histoire, mais ce que le futur de La servante écarlate leur réserve est bien pire… Fini la mise à l’écart, le « doux » machisme, les métiers de pouvoirs réservés aux hommes et arrachés par certaines femmes… Non, cette fois-ci la société américaine va prendre un virage terrible pour les femmes, les catégorisant par utilité : épouses, gestatrices, servantes… rien de plus. Tout à commencé avec les licenciement des femmes dans toutes les entreprises, puis peu à peu le totalitarisme s’est installé. Et désormais, dans chaque riche foyer, il y a une « servante », une femme qui sert de ventre pour la gestation d’un couple aisé. Mais la femme dudit couple n’est pas bien mieux lotie que la servante, à peine moins pire.

C’est dans cette version horrible et futuriste des Etats-Unis que vit Defred, servante dans une maisonnée respectable. Son but est d’enfanter pour le couple. Pour ce faire, elle est violée régulièrement par le mari pendant que la femme lui tient le haut du corps… Et c’est ce qu’il se passe dans toutes les maisons.

Le seul but de Defred est de fuir cette « république » et de retrouver sa famille éclatée. Mais peut-on fuir un régime totalitaire où le moindre de nos pas est surveillé ? Et où chaque femme est considéré comme une propriété ?

Terrifiant, passionnant, révoltant

Si ce roman a autant marché, c’est bien parce qu’il fait écho à quelque chose. Une crainte, un souffle qui éveille les consciences. Le monde dépeint par Margaret Atwood paraît lointain et irréel, mais je pense justement qu’il ne faut pas le voir de cette façon.
Cette lecture, que j’ai prise de plein fouet, me fait penser qu’il ne faut pas rester sur nos maigres acquis, cela d’autant plus quand on voit que les Etats-Unis ont révoqué l’arrêt Roe versus Wade pour laisser chaque état décider ou non de la légalité de l’avortement. Et ils sont très peu nombreux à vouloir encore l’autoriser… Ce contrôle du corps des femmes, c’est une partie de ce que dénonce Margaret Atwood dans ce terrible texte.

Et quand on voit l’actualité, il semble très visionnaire.

Lire La servante écarlate est important selon moi car il permet d’éveiller les consciences. Il montre le mécanisme incroyable qui se met à l’œuvre pour retourner les esprits, y compris les plus innocents. Car si cette république fonctionne, c’est grâce au bon vouloir de chacun et chacune… comment en est-on arrivé là ? C’est expliqué succinctement, par bribes grâce au travail d’un historien du futur. Nous n’avons pas toutes les réponses, mais c’est encore une fois passionnant.

Alors, oui, c’est une dystopie mais La servante écarlate est avant-tout un ouvrage politique qui met en garde. Il illustre à quel point la soumission à l’autorité peut lentement glisser vers une forme de dictature. Alors, lisez La servante écarlate au moins pour son côté sf/anticipation réussit, mais aussi et surtout pour ce qu’il dénonce. Ce n’est pas arrivé, mais ça pourrait… L’actualité internationale nous le rappelle chaque jour (Trump vient d’être réélu au moment où paraît cet article, et quand je l’ai rédigé il y a plus d’un an, je ne pensais jamais écrire ces lignes…).

Chronique Jeunesse : Les enfants des lumières

Quand l’Histoire prend vie grâce à une courte série immersive dans le monde de l’imprimerie… captivant !

Voici une série historique de deux ouvrages écrits à quatre mains qui saura passionner les fans d’Histoire. La saga Les enfants des lumières est en réalité une réédition car La plume de l’ange était déjà paru chez Nathan en 2011, de même que L’encrier du diable (Nathan, 2011). Les ouvrages étaient en poche initialement, puis ont été réédités en grand format en 2016 par l’éditeur, avec des couvertures que je trouve beaucoup moins avenantes… Depuis, malheureusement, les ouvrages ont été épuisés et Nathan n’a pour le moment pas prévu de les rééditer. C’est fort dommage car il s’agit d’une série de qualité dont je vais vous vanter les mérites !

Dans le microcosme d’une librairie familiale

Nous sommes en France, au 18ème siècle, dans le monde feutré de l’imprimerie et de l’édition. Cela n’en a pas l’air, mais à l’époque il était très risqué d’être imprimeur et libraire… Ce qu’on publiait pouvait nous mener tout droit à Vincennes (prison de l’époque). C’est d’ailleurs ce qui va arriver au père de l’héroïne de la série : Judith Amelot.
Pourquoi je parle à la fois d’imprimeur et de libraire ? Tout simplement parce qu’à l’époque les deux métier intrinsèquement liés. Celui qui éditait, corrigeait et imprimait était également celui qui vendait. De nos jours, ces aspects du monde du livre sont totalement séparés, mais il est passionnant de découvrir le fonctionnement de l’époque.

C’est ainsi que nous découvrons le quotidien passionnant de Judith, fille d’imprimeur. Elle va devoir déjouer les nombreux complots qui entourent la publication d’un titre pour sauver sa famille et la vie de son père.

Immersif, réussit et passionnant

Cette saga en deux tomes est absolument passionnante, on y découvre tout un pan des us et coutumes de l’époque le tout amené avec efficacité. Que l’on soit passionné d’histoire ou non, il y a de tout dans ces romans : de l’action, du suspsense, une enquête rondement menée et des personnages charismatiques car bien campés.
En somme, c’est une réussite.

Dans le second tome, le format du roman est différent. Là où La plume de l’ange est un roman des plus classiques, L’encrier du diable est quant à lui uniquement composé d’échanges épistolaires. Il fait suite directement à La plume de l’ange. Plus court que le premier, on y retrouve cependant les mêmes qualités. Et comme vous serez déjà familliers des personnages qui s’échangent ces nombreuses lettres, vous entrerez aisément dans l’intrigue.

L’aspect des romans qui ma le plus séduite (en dehors de l’écriture fluide et bien travaillée), ce sont tous ces faits de l’Histoire que l’on ignore. Tout est bon pour découvrir de nouvelles choses. Ainsi, saviez-vous que l’ouvrage de Rousseau l’Émile a été menacé de ne jamais paraître car s’attaquant trop frontalement à la religion ?
Que lors d’un procès, les rumeurs et les soupçons étaient considérés comme des quarts et des huitièmes de preuves ? Ainsi additionnés lors dudit procès, ils pouvaient devenir des preuves à part entière si l’on réunissait assez de ouï-dire et de soupçons…
Et bien entendu, cela n’est qu’une toute petite partie de ce que vous pourrez découvrir, sans parler de tout l’aspect techniques d’impression qui est très développé (et passionnant !).

Vous l’aurez donc compris, la saga des Enfants des lumières est une petite pépite parfaite pour découvrir l’Histoire. Il n’est pas nécessaire de lire les deux ouvrages pour apprécier l’intrigue, le tout premier peut tout à fait se suffire à lui-même. Pour moi, La plume de l’ange est d’ailleurs le meilleur. Quel dommage que les éditions Nathan aient épuisés les deux ouvrages ! Une réédition en poche serait absolument parfaite et je suis certaine que les ouvrages trouveraient leur public…
Il est dommage d’avoir fait du poche en 2011 puis du grand format à 15€ en 2016 pour ensuite épuiser le texte définitivement de nos jours. Je ne suis cependant pas dans les arcanes du monde de l’édition et ne connais rien aux enjeux… je sais juste qu’en tant libraire, j’aurais eu beaucoup de plaisir à faire passer ces textes de qualité.

Pour ceux et celles qui mettent la main dessus, bravo à vous et bonne lecture ! A découvrir dès l’âge de 12/13 ans environ.

Chronique : Nos années sauvages

Nos années sauvagesUn beau roman sur l’amour filial, les sciences comportementales et… la vie qui suit son cours, tout simplement

Il vient tout juste de paraître aux éditions Presses de la Cité, voici Nos années sauvages, le second roman de l’américaine Karen Joy Fowler à paraître en France. Son premier ouvrage, Le club Jane Austen avait connu un certain succès à sa sortie, il sortira d’ailleurs en poche chez 10/18 dès septembre 2016.

Ce second roman est une ode à l’amour, au partage, à l’empathie, et à l’amour des sciences, y compris sous leur forme la plus… inattendue. Vous découvrirez ici l’histoire d’une famille blessée qui peu à peu voit ses membres s’éloigner les uns des autres…

Tout commence par le milieu

Comme le dit si bien notre narratrice Rosemary, tout commence par le milieu. En effet, tout devient plus facile pour elle à raconter en commençant par la moitié de son récit… Ainsi découvrons-nous le quotidien d’une jeune femme un peu paumée qui ne semble ni spécialement drôle ni attachante, plus suiveuse qu’initiatrice. Tout ce que l’on sait d’elle, c’est que la vie l’a déjà pas mal cabossée avec une sœur disparue et un grand frère fugueur et évanescent.

C’est ainsi, qu’au fil des pages on découvre quelque chose de plus profond et intéressant que cette ado un peu perdue ayant du mal à se faire des amis. Son passé est autrement plus intéressant et… spécial. Voici l’histoire de Rosemary et de son étrange famille, mais également celle de toute une branche de la science…

Nos années sauvages VO We-are-all-completely-beside-ourselvesUn roman touchant, drôle et inattendu

Si vous pensez avoir déjà lu ce genre de livre, ce n’est qu’une impression qui se dissipera assez vite. Nos années sauvages est un roman aussi fort que doux, aussi original qu’étrange. Certes, il ne s’y passe pas tant de choses que ça, mais certains moment de l’ouvrage sont tout simplement mémorables.

L’une des toutes premières scènes, se déroulant dans la cantine universitaire est touchante de vérité, de réalisme et de ponctualité. La suite peu parfois sembler nébuleuse, mais il n’en est rien car… la page 99 change toute notre perception du roman. Ce passage-clé du roman est un beau tour de force qui laisse coi pendant quelques bonnes secondes/minutes. Rien que pour le bel effet de surprise, ce roman vaut le coup.

Mais heureusement, Nos années sauvages, ce n’est pas juste un magnifique twist au premier tiers du roman. C’est aussi une ambiance, des réflexions et des personnages originaux et très humains. On se sent proche d’eux, ils sont aussi forts que faibles, normaux et extraordinaires… Ils aiment sans préjugé, et c’est ça l’essentiel.

On découvre par la même occasion quelques pans des sciences (dans le domaine de la psychologie et du comportemental) qui nous sont méconnus et extrêmement intéressants. Je pense notamment au phénomène de la vallée dérangeante, entre autres choses.

 ……

Ce roman nous conte ainsi une belle histoire de famille, où quand l’amour des sciences prend peu à peu toute la place dans une fratrie jusqu’à la diviser. Parfois, le tout nous mène partout et nulle part à la fois, et pourtant… c’était un très beau moment de lecture. Je garde une sensation de plaisir diffus au souvenir de cette lecture sans pour autant pouvoir la détailler précisément. A découvrir pour faire la découverte d’une autre forme de roman.

TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : C’est pas grave

C'est pas graveUn court roman ado qui laisse une impression éphémère

Paru en janvier 2014 chez Milan, dans la collection Macadam, C’est pas grave est un court récit de l’auteur française Jo Hoestlandt, à lire dès l’âge de 13-14 ans environ.

Son nom vous dira peut-être quelque chose, et pour cause ! Elle a écrit une foule de romans et récits pour les enfants et les adolescents. Géant (Magnard), La rentrée des mamans (Bayard), Le complexe de l’ornithorynque (Milan, Macadam), ou encore Trois sœurs (Gallimard Jeunesse) c’est elle.

De déconvenues en déceptions pour Chloé…

Rien ne va plus pour Chloé. Ni avec sa mère, qui la traite de trainée, ni avec sa soi-disant meilleure amie, ni non plus avec son petit ami ou plus tout ex petit ami… sans oublier son père absent et peu réceptif.

La vie a décidé de lui donner un grand coup de pied aux fesses, ce qui va obliger Chloé à dire à tout le monde ce qu’elle a sur la conscience… cela avec plus ou moins de véhémence !

Règlement de compte sous forme de livre

C’est pas grave met en mots toute la colère que peuvent ressentir les adolescents face à l’injustice en général. L’ouvrage commence d’ailleurs assez violement avec une scène de dispute entre Chloé et sa mère. La narration de début est fort accrocheuse d’ailleurs car Jo Hoestland ne fait parler que Chloé, on n’entend que sa partie et ses répliques à elle lors de la confrontation mère/fille. Par la suite, on retourne à une narration plus traditionnelle.

Malgré cette mise en scène intéressante, l’histoire en elle-même laisse assez indifférent. On comprend les messages de l’auteur à travers sa narratrice en colère contre le monde entier, mais cela n’apporte pas grand-chose en soi.

L’histoire est trop courte pour que l’on s’attache à Chloé, et son quotidien même si il est totalement réaliste et identifiable ne réussit pas à convaincre.

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Ce court roman est donc pour moi un acte manqué. On passe à côté de l’histoire et de son fond. Ce petit coup de gueule sous forme de très court roman (à peine une centaine de pages) peut peut-être permettre à des ados de s’identifier à Chloé, mais sans aller réellement au bout des choses.

Chronique : Personne ne te sauvera

Personne ne te sauveraOubliez tout ce que vous croyez savoir sur les vampires et leurs prétendus pouvoirs…

Fabrice Colin est un auteur réputé dans le monde de l’imaginaire français. Il a notamment écrit la  série Les vampires de Londres, la série Les Petits Monstres, Arcadia, ou encore Bal de givre à New York.

Fabrice Colin fait aussi partie des fondateurs de la maison d’édition Super 8 – créée en 2014  – spécialisée dans les thrillers et la littérature de l’imaginaire.

Son roman Personne ne te sauvera est tout d’abord sorti en poche, dans la collection scolaire Etonnantissimes chez Flammarion en 2012. L’ouvrage a ensuite été réédité dans la collection grand-format Tribal, destinée aux adolescents et toujours chez Flammarion.

Manon, adolescente, et peut-être déjà sa vie derrière elle

Quand on a 17 ans et que l’on découvre que l’on a un anévrisme qui peut nous faire mourir d’un instant à l’autre, impossible de prendre les choses avec philosophie. La décision de Manon est prise : plutôt que de se faire opérer et risquer sa vie sur une table d’opération, elle décide de dépenser l’intégralité de ses économies pour fuguer… à Las Vegas.

Elle qui a vu de nombreuses photos de ses parents dans la ville mythique située en plein désert a ressenti un mystérieux besoin de « retour aux sources ». Ses errances et ses rencontres dans Las Vegas vont être pour le moins surprenantes, en particulier quand Manon croisera la route de Dorian, un homme qui donne un spectacle où il raconte sa soi-disant vie de vampire… Et si Dorian était réellement ce qu’il prétend être durant sa représentation ?

Personne ne te sauvera scolaireLe mythe du vampire revu et corrigé par Fabrice Colin

Ici, la légende du vampire est esquissée et garde tout son ténébreux mystère. Le personnage de Dorian est fascinant et captivant, mais ne se livre jamais vraiment, au grand dam de Manon. Elle qui est atteinte d’un anévrisme, vous devez vous douter de l’intrigue de fond qui va être soulevée : Manon va-t-elle céder à l’attrait d’une possible vie éternelle ou risquer une courte vie sur le fil ?

Bien que les enjeux soient annoncés dès le début, ça n’est pas cela le plus important. Pour moi, tout réside dans l’ambiance si particulière de ce monde de la nuit dans la ville de Vegas. On a l’impression d’évoluer dans un monde parallèle au notre tant les gens et leurs comportements sont différents.

Du monde des vampires, vous saurez donc au final peu de choses tant Dorian est secret. On apprend cependant que le sang humain est plus une drogue qu’un réel moyen de sustentation pour eux, de même qu’ils ne sont pas vraiment immortels mais vivent plusieurs centaines d’années.

La narration est faite sous forme d’enregistrements audios réalisés par Manon tout le long du récit aux chapitres très courts. Le tout rend le récit très rapide à lire, et surtout vivant. Le roman fait à peine 150 pages en étant très aéré au niveau de sa typographie, on peut presque parler ici d’une longue nouvelle.

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Alors que penser de cet ouvrage étrange au goût doux-amer ? La conclusion de cette lecture est très positive, il s’agit d’un bon récit fantastique qui ne part pas dans de grandes intrigues. On découvre un imaginaire délicat très ancré sur des problèmes réels. L’immersion est plaisante, l’expérience agréable. Le texte est à la longueur parfaite pour nous laisser un petit goût d’inachevé qui n’est pas pour déplaire. Dès 14 ans.

Chronique : 37° Centigrade

37° CentigradesEt si la sécurité sociale devenait totalitaire ?

 Écrit par l’italien Lino Aldani, 37° centigrades est une nouvelle parue en juin 2013 aux éditions Le passager clandestin, dans la collection Dyschroniques. De très nombreuses nouvelles de Lino Aldani furent traduites en France, notamment dans les revues de sf telles que Fiction ou encore Galaxie. Enfin, des recueils de nouvelles lui furent entièrement consacrés chez Pocket, Denoël…

Son récit le plus connu est Bonne nuit Sophia qui fut reprit dans de très nombreuses anthologies à travers le monde.

La santé à tout prix

La C.G.M, pour la Convention Générale Médicale, voici le lot de tous les Italiens : un institut qui oblige chacun à cotiser et à respecter des règles drastiques en termes de santé. Vous n’avez pas mis votre gros tricot de laine ? Vous avez oublié votre vitamine C à la maison ? Il vous manque le thermomètre ? Vous êtes bon pour une amende.

Cette C.G.M police tout et tout le monde. Les coûts pour être couvert sont onéreux et obligatoires, sous peine de ne pas avoir le moindre soin pour le plus petit des maux. Interdiction d’ouvrir une fenêtre dans les transports en commun avant le 31 mai inclus, sous peine de sanctions voire d’un signalement à la Convention…

Et justement, Nicola Berti commence à se sentir sérieusement oppressé par cette société où tout est formaté, imposé. D’autant plus que tout l’argent prélevé par la C.G.M empêche en général les gens d’acheter les objets ventés en masse dans les transports, à la télévision, etc… notamment le fameux moyen de transport à la mode : le lévacar. Et le pire, c’est que ces objets de convoitise tels que les lévacar sont bien entendu fortement conseillés par la C.G.M, il n’y a pas de petits profits….

La petite amie de Nicola, Doris, voit tout cela d’un autre œil : partagée entre son amour pour Nicola et sa peur de le voir se perdre dans sa quête de liberté… Une recherche de liberté pourtant des plus élémentaire qui pourrait passer par une simple résiliation à la C.G.M, mais si vous tombez malade, personne ne lèvera le petit doigt pour vous…

Une nouvelle qui dénonce un système extrême mais plausible dans une certaine mesure

L’histoire de 37° Centigrade propose une vision futuriste et terrifiante d’une sécurité sociale qui prélèverait ses bénéficiaires et ferait tout pour qu’ils ne tombent jamais malade. En fin d’ouvrage, on trouve d’ailleurs le contexte dans lequel a été écrite la nouvelle, nous aidant à mieux comprendre le pourquoi d’une telle anticipation.

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Sans vous en dire beaucoup plus sur la nouvelle, sachez qu’elle m’a fortement fait penser à L’écume des Jours de Boris Vian. La belle et innocente histoire d’amour qu’essayent de vivre Nicola et Doris dans cette société où la moindre chose est régie nous donne une bouffée d’espoir… même si elle reste bien petite face au poids des forces en jeu.

Pour conclure, cette nouvelle d’anticipation sociale est excellente. Courte et efficace, avec un petit twist de fin comme on les aime. A lire pour se faire peur sur notre possible avenir ou pour rire ou se faire peur de l’exubérance que pourrait atteindre un jour notre société ?

AUTEUR :
GENRE : Anticipation
TRANCHE d´ÂGE : ,

Chronique : Cœur d’Acier – Tome 1

Coeur d'Acier 01Encore une belle claque littéraire faisant hommage aux comics.

Dernier roman en date de Brandon Sanderson, Coeur d’Acier est le premier tome d’une nouvelle trilogie intitulée The Reckoners en langue originale.

Loin de la fantasy qu’il affectionne tant et dans laquelle il excelle – il nous l’a prouvé avec sa série Fils-des-Brumes ou encore en prenant la relève de Robert Jordan pour son cycle de la Roue du Temps – l’auteur nous entraîne cette fois-ci dans un monde de super-héros… ou plutôt de surhommes aux intentions toutes sauf bonnes. Accrochez-vous, ce nouvel univers est encore une fois aussi efficace que surprenant !

Cœur d’Acier, ou « l’homme » à abattre

Dans Cœur d’Acier, il faut partir d’un postulat très simple : depuis ce que l’on appelle la Calamité, il y a les épiques, des surhommes ayant des pouvoirs inimaginables : invincibles, contrôlant la lumière du jour ou le feu, pouvant se rendre invisibles, avoir un don de prescience… et puis il y a les autres, nous : les gens normaux, telles des fourmis.

A l’heure où débute notre histoire, David est encore un enfant avec ses rêves, ses espoirs, ses héros, dont fait partie le légendaire Cœur d’Acier. Quand sa vie est en passe de basculer, il est dans une banque avec son père lorsqu’un épique du nom de l’Exécuteur débarque et tue froidement la majorité des personnes présentes… jusqu’à l’arrivée de Cœur d’Acier. C’est à ce moment précis que les rêves de David éclatent en mille morceaux : Cœur d’Acier n’est pas là pour les sauver, mais pour montrer à tous sa puissance : aucun épique ne fait la loi à Newcago, car c’est Sa ville.

Le jeune David a ainsi assisté impuissant à la mort de son père par Cœur d’Acier, celui auquel il croyait depuis toujours. C’est ainsi que commence le long cheminement de la vengeance pour David : comment tuer l’épique le plus puissant parmi tous ? Lui qui est à l’épreuve des balles, qui peut voler, transformer tout ce qu’il souhaite en acier et une foule d’autres pouvoirs encore…. Un seul espoir : trouver l’unique faiblesse qui rend un épique aussi normal qu’un humain, mais ça peut-être absolument tout et n’importe quoi…

Coeur d'Acier 01 usUn roman aux scènes épiques et immersives

L’unique but de la vie de Daniel est donc devenu d’éliminer Cœur d’Acier ; et la foule d’hypothèses qu’il échafaude dans ce but est impressionnante. Notre jeune héros dont le seul pouvoir est une obsession sans faille a réuni une masse impressionnante de notes, carnets tournant autour de son idée fixe. Loin d’être un surdoué, David est surtout un acharné, un obsessionnel. Ah, et pour l’anecdote, il est médiocre pour faire la moindre métaphore, comme vous pourrez le constater très rapidement.

L’intrigue se déroule sur un fond post-apocalyptique et fait tout de suite penser à une ambiance dans le plus pur style des comics. Mais à la différence des codes habituels : pas de supers-héros dans ce roman, uniquement des surhommes aux sombres dessins. Confluence, Fortuité, Réfraction, Rougefeuille, Pleins Feux… autant de noms d’épiques aux pouvoirs spécifiques qu’il va vous falloir apprivoiser.

Si vous rêviez de combats fantastiques entre Epiques, vous ne les trouverez pas vraiment (je ne vous en dirais pas plus) : il est plutôt question de plans, pièges, stratégies pour les faire tomber, la force ne fonctionnant jamais contre eux.

Pour l’atmosphère du roman, vous serez là aussi servis : la ville de Newcago ne voit plus la lumière du soleil depuis des années à cause d’un des acolytes de Cœur d’Acier : Maître-Nuit. Nous sommes donc plongés dans une ville des plus sombres, vaste en apparence, mais qui l’est encore plus en profondeur : une cité sous la ville regorgeant de secrets, de clans et autres choses peu recommandables. Une foule de tunnels, rues souterraines, conduits, dont certains inachevés font le bonheur de la pègre d’en bas, mais aussi des mystérieux Redresseurs.

Les Redresseurs sont les rares êtres humains à se rebeller contre la force incommensurable des Épiques… et leur méthodes sont pour le moins efficaces, bien que jamais frontales (ces quelques caractéristiques ne sont d’ailleurs pas sans rappeler par certains côtés Fils-des-Brumes).

 Dernier très bon point pour ce roman : les dialogues savoureux et parfois emplis de non-sens. David n’est pas très loquace, mais ça n’est pas le cas de certains de ses acolytes, notamment Megan ou encore le génial Cody aux faux accents écossais et aux origines troubles.

  •  «  – […] Bonne chose que j’aie apporté mon trèfle à quatre feuilles sur cette opération.
  • Un trèfle à quatre feuilles ? répéta Megan en ricanant.
  • Ben oui. Il vient de not’ patrie.
  • C’est chez les Irlandais, Cody, pas les Ecossais.
  • Je sais, répondit Cody sans se laisser démonter. J’ai dû tuer un Irlandais pour obtenir le mien. »

 Ce premier tome se lit à une vitesse folle : David, dont nous suivons le parcours (écrit à la première personne) est d’un culot incroyable : repoussant les limites du possible en termes d’audace et de cran. Son courage ou plutôt son inconscience vont donner des sueurs froides à de nombreux lecteurs. Encore une fois, les personnages décrits sont d’une efficacité redoutable et on s’y attache inexorablement.

 Lire Cœur d’Acier, c’est comme voir un film à grand spectacle : on imagine sans mal les effets visuels décrits par l’auteur et l’intrigue est d’une efficacité sans failles, captivante. En bref, c’est encore une fois un roman de Brandon Sanderson brillant, à croire que tous les genres littéraires lui réussissent. Un seul conseil, si vous voulez un livre auquel vous serez agrippé jusqu’à la fin et rempli de twists, courrez donc chez votre libraire vous procurer Cœur d’Acier !

Suite prévue aux Etats-Unis en automne 2014 sous le titre Firefight. Une nouvelle se déroulant entre le premier et le second tome est également parue en langue originale sous le titre Mitosis.

Chronique : Fils-des-brumes – Tome 1 – L’empire Ultime

fils_des_brumes_01Une saga addictive qui renouvelle le genre avec talent.

Bienvenue dans le monde étrange et fascinant de Vin, voleuse insignifiante de son état, mais les choses vont changer sous peu, quand elle va rencontrer Kelsier, un bandit connu de tous chez les Skaas. Mais que sont les Skaas exactement ? Eh bien ce sont des êtres humains tout à fait normaux, à la seule différence qu’ils sont exploités par les nobles de l’Empire Ultime, lui-même contrôlé par le Seigneur-Maître.

Et qu’est-ce que l’Empire Ultime ? C’est un monde triste, gris, toujours recouvert des cendres des quatre volcans constamment en activités. Voila pour une représentation succincte du décor.

Mais la force de cette nouvelle série n’est pas dans son décor, ni même dans l’exploitation riche de ses personnages mais dans le nouveau genre de fantasy que Brandon Sanderson vient de créer. On en voyait déjà les prémisses avec Elantris, où l’auteur avait eu l’idée de créer une nouvelle forme de magie vivant à travers des arcanes à dessiner dans l’air. Mais cette fois, l’auteur s’est surpassé avec l’allomancie (qui n’a aucun rapport avec la voyance) et la ferrochimie.

Les 700 pages et quelque que fait le roman tournent autour de cette science, sorte de mélange entre magie, alchimie et sciences qui nous révèlent de plus en plus de surprises au fil des pages. Mais je vous laisse découvrir cette partie technique par vous-même, car trop complexe à expliquer en quelques lignes.

Pour en revenir à l’histoire, les personnages sont assez stéréotypés, avec un brigand qui veut renverser l’Empire Ultime avec un optimisme et un égo démesuré, et en parallèle, Vin, plus que sceptique, mais qui va quand même se retrouver embarquée dans l’histoire. Heureusement, on oublie assez facilement ce petit désagrément largement compensé par des intrigues foisonnantes, et de nombreux rebondissements.

Ce roman ce dévore assez vite une fois dedans, et les 700 pages ne sont vraiment pas un frein à la lecture, bien au contraire. En somme, j’ai été ravie de découvrir cette nouvelle saga en trois tomes, la suite sera au rendez-vous en courant de fin d’année, j’en tremble d’impatience…

Brandon Sanderson, un auteur qui monte, et qui  déjà été publié chez Orbit pour Elantris, mais aussi chez Mango, pour la jeunesse avec Alcatraz et les infâmes bibliothécaires.

La trilogie de Fils-des-brumes a aussi de grandes chance d’être adapté au cinéma (source : Orbit France), apparemment un script serait en cours d’écriture, pour plus d’informations, je vous laisse lire la suite de l’article publié sur le site de l’’éditeur Français Orbit.

PS : un grand bravo à l’illustrateur de couverture Chris McGrath, qui est magnifique ! Avez-vous remarqué que le personnage de Vin a les traits de Nathalie Portman ?

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE : ,

Chronique : Toujours fâchée – Journal d’Aurore – Tome 2

journal d'aurore 02Petite exception, je mets la quatrième de couverture au début, car il n’y a rien de mieux pour raconter ce livre qu’un petit extrait : « Je n’ai jamais rien entendu de plus laid, de plus ennuyeux et de plus nuisible que ce que tu joues avec ton groupe. Il vient de tomber par terre. Il se roule dans le sable en se tenant le ventre. C’est le soldat Ryan. Peut-être qu’il va mourir sur la plage. Je vais lui flanquer un coup de pied pour abréger ses souffrances. Je suis malheureusement interrompue par l’arrivée de Samira et d’Hélène qui s’approchent de nous avec des airs légèrement envieux. – De quoi vous parlez ? demande Samira. Vous avez l’air de bien vous marrer. Il se relève, il s’essuie les yeux et me montre du doigt. – C’est elle, gémit-il. Elle n’arrête pas de m’agresser, elle est trop marrante. Bon. Je me suis fait un nouvel ami masochiste. Il me regarde avec des yeux émerveillés. II m’adore, c’est clair. »

Et c’est reparti pour une année de délires et de malheurs divers dans la vie ô combien difficile de l’ado Aurore. Cette fois, elle a gagné le gros lot : a force de dire à ses parents qu’elle en a marre d’eux, elle a maintenant le droit (ou plutôt l’obligation) de vivre chez ses grands-parents : dans une chambre couleur saumon, l’horreur.

D’un point de vue général, on retrouve les mêmes ingrédients que dans le premier tome : une ado ronchon, jamais contente, qui a toujours raison et qui jamais ô grand jamais ne tombera amoureuse. Mais personnellement je l’ai trouve encore plus férocement drôle que le premier.

Ce roman jeunesse en fera sourire plus d’une, mais il fera aussi passer un très bon moment aux adultes qui voudrons bien s’y essayer : vous avez des ados ? Lisez le journal d’Aurore, vous les reconnaitrez. Vous comprendrez peut-être même comment ils fonctionnent…

Mais le point fort de Marie Desplechin, c’est qu’elle ne nous fait pas uniquement rire. Elle arrive à faire parler son personnage de sujets graves tels que la guerre, la faim dans le monde (eh oui, les ados ont des réflexions sur le monde eux aussi) avec une gravité mettant les sentiments à fleur de peau. Bref, c’est un bijou de naturel qui nous est offert, et ça serait vraiment dommage de passer à côté.