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Chronique : Division Avenue

Chronique d’un roman que je n’ai pas totalement compris ni su apprécier…

Division avenue est un roman de l’autrice d’origine australienne Goldie Goldbloom. L’ouvrage est paru en début d’année 2021 aux éditions Christian Bourgois. Un autre de ses ouvrages est déjà paru chez nous, disponible en 10/18 : Gin et les italiens.

Dans Division Avenue, on découvre le fonctionnement d’une famille juive orthodoxe traditionnelle. Passionnant, mais vous avez intérêt à déjà avoir des bases sur la culture juive, sinon il y a un risque d’être largué… (comme moi).

Mariée, dix enfants, cinquante-sept ans… et enceinte.

Surie Eckstein est une bonne mère juive, le couple qu’elle forme avec son mari depuis de nombreuses décennies est parfait. Tout semble aller pour le mieux à Division Avenue. Sauf que Surie vient d’apprendre une nouvelle bouleversante : elle est à nouveau enceinte. Impossible pour elle de l’annoncer à qui que ce soit, y compris son mari. A son âge, elle pensait dorloter ses petits enfants et ne pas avoir à se balader en poussette avec son propre nourrisson…


Comment encaisser cette nouvelle pour elle ? Comment en parler à ses proches ? Comment gérer l’image qu’elle va donner d’elle aux autres personnes de la communauté ? La peur du jugement des autres est prégnant, et d’autant plus dans une communauté aussi fermée où tout le monde se connaît…

Intéressant, mais à réserver à certains initiés

Je trouvais l’idée du roman très accrocheuse. Ce paradoxe total qu’est Surie, déjà grand-mère et bientôt à nouveau mère… C’est intéressant et amène à se poser quantité de questions.

La première partie du roman est consacrée tout particulièrement au quotidien de Surie. Ses habitudes de vie, les différents membres de sa famille et sa relation avec eux. C’est assez lent, mais loin d’être inintéressant. On apprend au passage beaucoup de choses sur la culture juive, les traditions et leur poids, les nombreux symboles inhérents…
Petit bémol cependant, on ne nous explique rien. Que ce soit au niveau du vocabulaire (tout est en fin de roman ! Pourquoi ?) ou des habitudes de vie, rien n’est expliqué. C’est là, tout simplement.
J’ignorais par exemple qu’un couple marié dans la tradition juive orthodoxe se devait de dormir séparément quand la femme avait ses règles. De plus, les tabous semblent être très nombreux dans cette sous branche de la religion juive. Et quantité d’autres choses…

La seconde partie du roman est pour moi beaucoup plus dynamique et intéressante. Surie se révèle à elle-même. Mais malheureusement, l’autrice ne va pas assez au fond des choses pour moi. Elle aborde dans cette seconde partie des thèmes très actuels et intéressants : le consentement éclairé, la manipulation des plus jeunes et leur vulnérabilité. Et « pouf ! », à peine esquissées, ces thématiques sont mises de côté alors que le roman commençait à gagner en densité et en intérêt (de mon point de vue).
Au final, l’un des thèmes les plus intéressants du roman est mis de côté avec une rapidité confondante… C’est dommage.

Mais plus qu’un roman sur la naissance ou à propos d’une grossesse gériatrique (oui le terme existe !), Division Avenue traite de la douleur de la perte. Cette grossesse est l’occasion pour Surie de repenser à ses erreurs du passé, notamment vis à vis l’un de ses fils parti à jamais. Cette grossesse serait-elle l’occasion d’une renaissance ?

Ainsi j’ai aimé découvrir la culture juive grâce à ce roman, mais rien n’est présenté ou expliqué aux lecteurs qui n’y connaissent rien comme moi. C’est dommage. Et pire que tout, il y a énormément de vocabulaire en hébreu – plus de 140 notes ! – et tout est en fin d’ouvrage, ce qui coupe terriblement la lecture et en retire la fluidité. Pourquoi ne pas avoir mis les notes en bas de page ? Vu la quantité, cela aurait paru plus à propos…

Enfin, je n’ai pas réussi à apprécier l’histoire de Division Avenue et de Surie. Au moment où l’ouvrage commençait à entrer dans le vif du sujet, on s’en éloigne et on tombe dans l’incompréhension. Je n’ai pas réussi à comprendre Surie ni ses actes, qui m’ont totalement perdue alors que je la voyais enfin trouver un sens à sa vie…

TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Stupeur

Un roman historique policier sur fond de médico-légal totalement immersif et fascinant !

Paru il y a tout récemment aux éditions Lucca (qui gagneraient à être connues), Stupeur nous conte l’histoire de Mary Mallon, une femme qui a réellement existé dans le New York du XIXème siècle. Une histoire fascinante qui nous entraîne dans une enquête incroyable et véridique des services d’hygiène new-yorkais.

Il s’agit du premier roman de Julie Chibbaro à paraître en France. L’ouvrage est traduit par Hermine Hémon, elle a déjà traduit plusieurs romans aux éditions Lucca. Elle a également traduit le texte Binti de l’autrice Nnedi Okorafor aux éditions ActuSF. 

Une histoire incroyable… d’autant plus qu’elle est véridique 

Bienvenue à New York, où nous suivons Prudence, une jeune femme passionnée par les sciences, notamment la médecine. Même si cet intérêt pour n’est pas du goût de tout le monde quand il est question d’une jeune demoiselle…  Qu’importe, Prudence veut apprendre, découvrir, se rendre utile. C’est ainsi qu’une opportunité s’ouvre à elle au service d’hygiène de New-York. Elle ne le sait pas encore, mais elle va participer à une découverte incroyable dans le domaine de la médecine… à une époque où la notion de porteur sain n’existait pas encore et n’était qu’une simple théorie.

Passionnant, et rempli de faits incroyable 

L’histoire de notre jeune narratrice est certes passionnante, mais celle Mary Mallon l’est plus encore. Qui est-elle ? Il s’agit d’une cuisinière d’origine irlandaise qui a travaillé dans nombre de familles bourgoises new-yorkaises et qui laissait dans son sillage de nombreux malades… totalement malgré elle.

Pourquoi ? Comment ? Mary Mallon est un cas d’école qui s’ignore encore… Les services d’hygiène de New-York ne le savent pas encore, mais c’est après elle qu’ils en ont. 

Au fil des pages, ils remontent sa piste en suivant les foyers de contamination à la fièvre thyphoïde. C’est ainsi que peu à peu, Prudence se prend au « jeu » de la course contre la montre et la maladie. 

Peu à peu cependant, elle s’interroge sur la notion de libre arbitre, de liberté et d’intérêt pour le bien commun. Comment trouver une solution au problème insoluble que semble être Mary Mallon ?

Entre le roman historique, le policier et le journal intime et naturaliste, Stupeur est une lecture passionnante pour qui aime se plonger dans l’histoire, la vraie. Aux Etats-Unis, Mary Mallon est devenue une véritable légende urbaine, elle est même surnomée là-bad Mary Thyphoïde…C’est dire à quel point sont existence a marqué.

Je ne peux pas vous en dire plus sur l’histoire de cette pauvre immigrée irlandaise qui n’a pas eu de chance dans la vie… Mais sachez qu’elle est aussi terrible qu’incroyable. Cette lecture est d’autant plus intriguante quand on la met en exergue avec l’époque que l’on connaît. Les mots porteur sain, asymptomatique, foyer ou encore isolement font partie du vocabulaire de base de ce roman. 

C’est à lire pour découvrir un pan méconnu de l’histoire new-yorkaise, mais aussi pour apprécier un personnage féminin fort qui cherche sa place dans un monde d’hommes.

De plus, vous découvrirez de magnifiques illustrations naturalistes ajoutées pour l’édition française. Sans oublier une traduction fluide et irréprochable, bref, Stupeur a tout pour plaire.

Pour aller plus loin : Si Stupeur est écrit du point de vue des services d’hygiène new-yorkais, découvrez également La Cuisinière de Mary Beth Keane aux éditions 10/18. Même histoire, mais écrite du point de vue de Mary Mallon. Et c’est tout aussi captivant !

Chronique Jeunesse : A la découverte de L’Agence Pendergast

Les deux premiers tomes de la saga ainsi que des cartes exclusives pour présenter les principaux personnages de la saga. Un kit de presse au top !

Une série de romans historiques et fantastiques réussie qui se joue des grands classiques du genre avec malice !

L’Agence Pendergast est le nom de la nouvelle série de romans jeunesse de Christophe Lambert (non, pas l’acteur !). Enfin, plus si nouvelle car depuis la parution des deux premiers ouvrages, deux autres sont parus en librairie.

Une saga à la Men in Black en plein début de XXème siècle

Besoin d’aventures, de mystères ? Et c’est encore mieux si c’est avec une bonne dose d’imaginaire ? Ne cherchez plus, la saga de romans L’Agence Pendergast sera parfaite à découvrir pour les enfants dès l’âge de 9 ans.

Pour le moment quatre tomes sont disponibles et la bonne nouvelle, c’est que vous n’êtes pas obligés de suivre un quelconque ordre pour les découvrir. Je vous conseille cependant de lire le tout premier : Le Prince des ténèbres car il introduit les personnages, mais après vous êtes libres.

Personnellement j’ai lu le premier et Le Monstre des égouts, que j’ai trouvé tous deux excellents.

Mythes, références littéraires et aventure !

Cet art de réussir à lier roman historique tout en distillant quantité de références littéraires (en particulier les romans fantastiques) et très souvent anglo-saxon. Alors quand un auteur français s’y essaye avec réussite, autant le souligner.

Ainsi, ce sont des références parfois très visibles, comme celle avec Dracula dans le premier tome, ou beaucoup plus subtiles telles que Peter Pan à peine distillé dans une phrase. J’ai notamment adoré la référence à Mortal Kombat dans Le Prince des ténèbres, ça m’a beaucoup amusée. Même si les enfants n’ont pas la référence, ils pourront toujours user de leur curiosité pour la comprendre.

Et ce n’est pas la seule, on y croise également des mentions de Balrog (ça vous parle ?) et l’histoire trouble d’un anneau unique à l’origine d’une brouille entre deux peuples. 

Et est-ce qu’on parle du personnage de Barrie dans Le Monstre des égouts ? Barrie comme James Matthew Barrie l’auteur de… Peter Pan.

Vous l’aurez compris, les clin-d’œil sont très nombreux même si ils ne seront peut-être pas tous visibles par les jeunes lecteurs… Charge à eux de les trouver et de s’en amuser !

Ainsi, cette série jeunesse mérite vraiment que l’on s’y attarde. Les histoires sont bien tournées, l’écriture est efficace… Sans oublier les illustrations qui complètent parfaitement l’ensemble. C’est aussi l’occasion de découvrir une collection chez Didier Jeunesse : Mon marque-page, qui comporte un marque-page à découper dans le rabat de chacun des ouvrages. De plus, ils sont très jolis, ce qui ne gâche rien.

Une série efficace, quatre tomes à découvrir :

  • Le Prince des ténèbres
  • Le Monstre des égouts
  • La sirène du Mississipi
  • Les griffes de la forêt

Chronique album jeunesse : Petit Elliot et la grande famille

Le second album ayant pour héros Petit Elliot et son amie la souris. Toujours aussi mignon et empli de tendresse…

Second opus de la série d’albums jeunesse Petit Elliot… voici La graaaande famille !

Le premier album de Petit Elliot était un fabuleux coup de cœur ! Nous y découvrions un petit éléphanteau tout mignon perdu dans le Manhattan des années 30. Dessins détaillés, et un peu tristes, mais magnifiques ! Avec Petit Elliot – La grande famille, nous retrouvons l’éléphanteau et la petite souris qui nous avaient tant plu…

Une amitié indéfectible

Petit Elliot et la souris vivent ensemble depuis la fin du premier album. Leur amitié leur permet de constamment repousser les obstacles, les peines…

Mais aujourd’hui, c’est une journée un peu spéciale pour la petite souris : elle va voir sa famille. Ce qui implique, ses parents, ses grands-parents, ses 15 frères, ses 19 sœurs, ses 25 tantes, ses 27 oncles… et ses 147 cousins ! C’est ainsi que la petite souris s’en va d’un bon pas rejoindre sa famille… et que Petit Elliot se sent bien seul. Très seul. Tellement, qu’il commence même à déprimer… Alors, que va-t-il pouvoir bien faire pour aller mieux ?

« Les sœurs partagent des friandises (et des secrets) »

Toujours empli de tendresse et de beauté mêlés

Encore une fois, Mike Curato à fait des merveilles ! Impossible de ne pas tomber sous le charme magique qui lie Petit Elliot et la petite souris dans le New York des années 30 (environ, on imagine vu le graphisme que c’est vers cette époque).

Les dessins sont toujours aussi travaillés et détaillés, fidèles à la réalité de l’époque. C’est encore une fois un immense coup de cœur. L’histoire est quant à elle touchante, tendre, vraie. Absolument parfaite pour passer un bon moment de lecture.

Toujours un peu mélancolique, magnifique, de toute beauté… Comme toujours, c’est une franche réussite à mettre entre toutes les mains dès l’âge de 3 ans. Alors, on a qu’une hâte, découvrir le troisième opus de Petit Elliot – la fête foraine.

Comme toujours avec Petit Elliot, on retrouve la tendresse et la mélancolie… mais avec toujours une fin qui donne le sourire et met du baume au cœur !
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Chronique album jeunesse : Petit Elliot dans la grande ville

Une nouvelle série pour les enfants dès l’âge de trois ans autour de l’entraide et l’amitié… bienvenue à New York, et suivez le guide !

Les éditions Casterman ont acquis les droits d’une très belle série d’albums jeunesse d’origine américaine : Petit Elliot (Little Elliot en langue originale).

Son auteur, Mike Curato, a fait des études d’illustration et exercé le métier de graphiste-designer. Cet album est son tout premier, il vit à Brooklyn, d’où certainement le choix du lieu où se déroule l’histoire de Petit Elliot !

N’est-il pas trop trop choupi ?

Un éléphant trop mignon… mais également trop petit

Comme son nom l’indique, Petit Elliot est minuscule. Tout est compliqué pour lui : faire les courses (personne ne le remarque), prendre les transports (il craint qu’on le bouscule on qu’on l’écrase), faire le ménage (il doit empiler des tas de choses pour atteindre tous ses meubles).

Mais malgré tout, Petit Elliot savoure les moindres petits plaisirs de la vie, et il lui sourit à chaque instant… Et c’est ce trait de caractère très positif va aider petit Elliot à toujours positiver et continuer et surtout… aider encore plus petit que soi !

Au fil des pages, on suit le quotidien calme et adorable de Petit Elliot dans la belle ville de New York.

Une petite merveille de graphisme

D’une douceur incroyable, magnifiquement illustré, l’histoire de Mike Curato est extrêmement touchante… D’un charme à la fois désuet et merveilleux, on ne peut que tomber amoureux de Petit Elliot. 

Petit Elliot est trop petit pour qu’on le remarque à la boulangerie, une petite souris est affamée dans un parc de New York… Leur amitié pourrait-elle changer la donne ?

Si vous souhaitez découvrir (et faire découvrir) le New York des années 20 ou 30, cet album est parfait pour se faire.

Et surtout, il est parfait pour illustrer aux enfants qu’il y a toujours plus petit que soi, et que l’aider et bien… c’est bon pour le karma ! (et l’estomac).

A découvrir dès l’âge de 3 ans pour s’émerveiller, découvrir, aimer… Retenez bien le nom de ce nouveau petit personnage, il fera chavirer nombre de petits cœurs d’enfants…du moins je l’espère !

En très peu de coups de crayons, avec un certain minimalisme, Mike Curato nous attendrit avec une émotion à vif.
L’histoire de Petit Elliot est avant tout une très belle leçon de vie et d’amitié qui s’appréciera à tout âge.

Chronique : Un écrivain, un vrai

Un roman passionnant sur la question épineuse : qu’est-ce qu’un écrivain ? Et quels sont les critères pour le définir ?

Pia Petersen est une autrice Danoise qui vit en France depuis presque toujours. Elle écrit tous ses ouvrages en français. L’un de ses plus connus est celui chroniqué ici, Un écrivain, un vrai (Actes Sud, Babel), mais on peut également citer Paradigma (paru il y a peu aux Arènes) ou encore Une livre de chair (Actes Sud).

Une téléréalité hors-norme pour un écrivain qui l’est tout autant

Gary Montaigu vient de recevoir un coup de massue en apprenant qu’il avait remporté le Man Booker Prize (équivalent du Goncourt aux USA), c’est ainsi qu’on lui propose de participer à l’émission Un écrivain, un vrai. Cette téléréalité a de quoi étourdir par son ambition ; en effet, Gary Montaigu va devenir une star parmi les stars avec l’émission.

Son concept ? Filmer quasiment tout du quotidien de l’auteur, mais surtout voir son processus créatif. Cependant, les téléspectateurs vont peu à peu donner leur avis sur l’ouvrage en cours d’écriture… est-ce nécessairement une bonne idée de s’immiscer dans l’intimité de création d’un auteur ? Est-ce stimulant ? Ou autre chose ?

Un roman aux allures de satyre de notre société

Très introspectif et réfléchi, Un écrivain, un vrai nous propose une belle façon de penser notre société au travers du prisme de l’écriture. L’intrigue est très prenante (bien que le déroulement assez lent), mais je pense qu’il faut voir au-delà et ne pas penser qu’à l’histoire. Il y a beaucoup de symboliques et de circonspection dans ce roman, différents niveaux de lecture également.

Rien qu’au niveau des symboles, ont peux réfléchir à l’étrange patronyme de notre écrivain star : Gary Montaigu. Est-ce un clin d’œil à Romain Gary et à l’une des pièces les plus connues de Shakespeare, Roméo et Juliette ? Une double référence littéraire ? Je pense que oui, et ça me fait sourire… surtout en découvrant la suite de l’histoire.

Par ailleurs, les personnages ont beau être peu nombreux, ils sont fort bien développés. Je pense notamment à la femme de Gary, la calculatrice Ruth. Difficile à cerner, facile à détester au travers des yeux de Gary… l’est-elle vraiment ? A vous de juger… Même réflexion sur la fameuse Alana censée être utilisée comme « ressort » dans l’émission pour créer une tension dramatique dans le couple Ruth/Gary. Son but ? Faire de l’audience en endossant le rôle de la « seconde femme ».

Pia Petersen invente au passage un terme intéressant bien qu’effrayant, celui de télé-lecteur. Comme le téléspectateur, il a une opinion bien arrêtée, jugera très vite de ce qu’il souhaite ou ne souhaite pas voire ou lire. C’est ainsi, que peu à peu, le processus de création de Gary Montaigu est freiné… tant il est ausculté dans les différentes facettes de sa vie.

C’est donc un très bon roman que Un écrivain, un vrai. Pas nécessairement aussi facile d’accès que les lectures que j’ai habituellement, mais tout aussi plaisant. Une ambiance particulière s’en dégage, et j’adore lire des romans qui parle d’auteurs, de processus de création, d’édition et d’écriture… et c’est l’apogée du plaisir de lecture pour moi.

Le décor dans lequel j’imagine parfaitement l’intrigue de ce roman, la pièce parfaite pour l’écrivain new-yorkais.
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Chronique : Les Immortalistes

Magistral, tout simplement.

Premier roman de l’américaine Chloé Benjamin à paraître en France, Les Immortalistes inaugure également l’arrivée des éditions Stéphane Marsan. Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais c’est celui de l’un des fondateurs des éditions Bragelonne. Stéphane Marsan souhaitai proposer de la littérature dite « blanche ». Les éditions Bragelonne étant bien trop marquées imaginaire, il a ainsi créé sa maison d’édition qui ne proposera que des romans d’ordre généraliste. Pour le moment, ce sont cinq ouvrages qui sont parus chez ce nouvel éditeur à la charte graphique élégante.

Et en ce qui concerne Les Immortalistes, c’est une petite pépite assez inclassable à découvrir…

L’histoire d’une fratrie juive sur plusieurs décennies…

Tout commence à New York, quand quatre frères et sœurs décident de se faire un peu peur en allant voir une voyante. La rumeur raconte qu’elle change régulièrement d’adresse, et que l’on ne peut la trouver que grâce au bouche à oreille… C’est ainsi que par une chaude journée d’été, Simon, Klara, Varya et Daniel vont chez cette diseuse de bonne aventure pas comme les autres. En effet, cette femme a une particularité, elle ne vous racontera pas votre vie, ou votre avenir mais uniquement une chose : la date de votre mort. Magie réelle ou non ?

Tout ce que l’on sait, c’est que la connaissance de cette date va profondément influencer la vie de chacun des membres de cette fratrie…

Quatre histoires belles et mémorables qui s’entremêlent

Une fois n’est pas coutume, l’ouvrage est découpé en quatre parties bien distinctes, les unes à la suite autres. Ici, pas de chapitres qui alternent les points de vue des personnages, tout est en un seul bloc. Ainsi, on va suivre chaque frère et chaque sœur jusqu’à sa mort ; de la fin des années 70 à l’an 2000. Correspondra-t-elle a ce qu’à prédit la voyante ? Ou le libre-arbitre peut-il se faire une place dans cette mécanique infernale ? C’est là toute la difficulté de la question où chacun pourra se faire sa propre idée de la réponse, s’il y en a une…

C’est ainsi que l’on va tout d’abord suivre Simon, qui part avec Klara sur un coup de tête à San Francisco. Une ville pétillante et pleine de vie où le jeune homme va se révéler à lui-même et devenir l’homme qu’il n’aurait jamais pu être à New York, entouré de sa famille. Là-bas, il va pouvoir vivre au grand jour son homosexualité et se découvrir une passion insoupçonnée pour la danse. Mais, malgré tous ces bonheurs accumulés, il va brûler la chandelle par les deux bouts et vivre une vie totalement désinhibée et folle… mourra-t-il à la date prédite par la voyante ?

Ensuite, c’est sa sœur Klara que nous suivons, la plus intéressante et étrange de la famille. Versée dans la magie et l’occultisme, elle croit du comme fer à ce que lui a dit la femme à propos de la date de sa mort. Sa vie va être extrêmement mouvementée et fascinante. Jamais au même endroit d’une semaine sur l’autre, toujours en vadrouille et en tournée pour faire des spectacles… Klara est aussi instable que fascinante, elle entend des choses que personne d’autre ne perçoit, décode des messages dans des objets frappés à un rythme qu’elle seule comprend. Sa psychologie est complexe, mais c’est justement ce qui la rend attrayante, mystérieuse… Et sa fin est l’une des plus belle et terribles de la fratrie (à en pleurer)…

Il y a ensuite Daniel, l’autre frère. Devenu médecin militaire, il semble être passé à côté de sa vie et avoir beaucoup de regrets. Sa partie à lui est assez triste, on dirait qu’il n’a jamais vraiment osé vivre…

Quant à Varya, c’est la scientifique de la famille. Elle essaye depuis des années de trouver un protocole pour allonger la vie de chimpanzés (et donc des hommes par la suite) en limitant leur apport en calories… Ses recherches sont difficiles, et même cruelles, car les singes ont toujours faim. Mais son désir d’allonger la vie est si vif qu’elle est prête à tous les sacrifices pour y parvenir. Elle n’a jamais eu d’enfant, ni eu de vie de couple, entièrement consacrée qu’elle est à sa tâche. Comme quoi, malgré son esprit factuel de scientifique, les dires de la voyante l’ont entièrement façonnée…

…..

Voici donc un aperçu de ce fabuleux roman qu’est Les immortalistes. Délectez-vous de cette merveille littéraire et totalement inclassable. C’est un grand et beau roman aux personnages forts qui vous feront vibrer. De plus, Chloé Benjamin a l’art et la manière de laisser planer des interrogations, des étrangetés, des indices….

Alors, est-ce que ce sont les événements qui nous forgent ? Ou nous qui forgeons les événements ? La question reste ouverte quand on referme l’ouvrage, mais on y trouvera de magnifiques pistes de réflexions. Ce livre est une pépite, rien de moins.

Chronique : Os de lune

Un roman onirique et curieux à nul autre pareil. Entre New York et un monde surréaliste nommé Rondua. La quête étrange des os de lune commence…

Os de lune est devenu aux États-Unis un classique dans le domaine de l’imaginaire. Roman encensé par Neil Gaiman (dont il a d’ailleurs fait la préface), premier tome d’une saga qui en compte sept au total. Jonathan Carroll a déjà été publié en France aux éditions Pocket et Denoël, mais cette réédition d’Os de lune est l’occasion de faire la (re)connaissance d’un nouvel imaginaire.

Personnellement, c’était la première fois que j’entrais dans l’univers si particulier et pourtant fluide de l’auteur… et je n’ai qu’une envie, retourner à la frontière entre notre monde et Rondua…

Une vie agréable et paisible…

Cullen est une femme qui a la chance de pouvoir dire que sa vie est heureuse. Un mari génial et aimant, une petite fille adorable, un appartement au cœur de New York… Il y en a pour qui la vie est plus difficile. Après avoir vécu avec son mari en Italie quelque temps, les voici de retour à New York après avoir eu leur premier enfant… c’est alors que surviennent les rêves. Étranges, d’un réalisme inquiétant et d’une bizarrerie propre aux rêves, Cullen ne peux s’empêcher de trouver ses rêves excessivement réels. Comme si ils avaient une prise sur elle dans le réel à force de les retourner dans tous les sens…

Bienvenue à Rondua, un étrange monde où Cullen est en quête des Os de lune, affublée d’étranges personnages : un chien géant, un petit garçon nommé Pepsi, entre autres…

Un roman particulier que l’on ne souhaite pas quitter

Il faut l’avouer, malgré l’étrangeté (et peut-être même à cause) du roman tout du long, il est très difficile de quitter les personnages d’Os de lune.

Entre la partie réaliste et onirique, mes moments favoris sont pour moi ceux où Cullen est ancrée dans sa vie réelle. Les personnages sont tellement vrais ET attachants que l’on a qu’une envie, les découvrir plus encore…  Je pense notamment à Cullen elle-même, dont le parcours n’a pas été facile et qui devient de plus en plus étrange, mais également à son meilleur ami et voisin : Eliot. Il a pour moi quelque chose de fascinant dans sa façon d’être, ses répliques, son rôle au sein du roman. Je ne saurais l’expliquer clairement, mais Eliot a été mon personnage favori de ce merveilleux livre, plus que Danny le charmant mari de Cullen. Sans oublier un autre voisin de Cullen, beaucoup plus étrange et inquiétant… mais je vous laisse le découvrir.

Pour ce qui est de la partie onirique du roman, elle prend au fil des chapitres de plus en plus de place, textuellement et dans l’esprit de Cullen. Jonahtan a réussit à créer quelque chose d’aussi bizarre que logique dans son roman, jamais je n’avais lu de rêve aussi bien écrit. Je vous laisse juge de cet extrait, mais je trouve qu’il reflète parfaitement l’esprit fou/tangible de Rondua :

« Je regardai l’île qu’il m’indiquait. Etait-elle le Rondua d’un autre rêveur, ou une simple parcelle de terre au milieu d’un océan rose, où les rochers pleuraient et les nuages veillaient sur des vaches en métal à voix humaine ? »

Il faut dire également que la traduction réussie de Nathalie Duport-Serval et Danielle Michel-Chich fait merveille car le texte d’origine ne devait pas être aisé à traduire.

……..

Os de lune, c’est donc une histoire magnifique et surprenante sur tous les plans, qu’ils soient réalistes ou non. Jonathan Carroll sait fasciner son lecteur grâce à des personnages et une intrigue fortes. Je n’ai qu’une envie, en savoir encore plus sur Rondua et le devenir de Cullen, son mari et sa petite fille. Les derniers chapitres étaient si forts en émotions et en surprises de taille que je m’en rappelle encore… Aussi inclassable que génial.

Ce premier tome peut se lire de façon relativement indépendante car on nous propose une fin, mais je rêve de lire la suite !

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Chronique : Le guide New York des 1000 lieux cultes (de films, séries, musiques, bd, romans)

Vous vouez un culte à la ville de New York ? Vous adorez la Grosse Pomme et tout ce qui s’y rapporte ? Si un livre ou un film se déroule à NY il vous fascinera encore plus ? Ce guide est fait pour vous !

Un guide très original vient de paraître en octobre 2017 dans la toute nouvelle maison d’édition Fantrippers : un guide de New York comme on en a jamais lu. Et pour avoir déjà été là-bas, je peux le confirmer ! Découvrir la ville autrement et à travers des œuvres que vous aimez, voici l’idée de base de ce guide un peu spécial de la ville qui ne dort jamais…

Une véritable bible pour tout fan de New York

S’il y a bien une ville emblématique qui fascine, hypnotise et qui est constamment le théâtre d’une créativité sans limites, c’est bien New York. Que ce soit des films, des romans, des bande-dessinées, de la musique… cette ville est une source d’inspiration inépuisable.

Comme beaucoup de personnes, j’adore regarder des films (plus ou moins populaires), écouter de la musique de tous horizons et lire (plus que de raison). Et si on prenait l’idée à revers ? Vous aimez New York ? Voici le guide ultime pour découvrir la ville à travers des œuvres que vous aimez. Livres, films, musique, bd… tout y est !

Découpé par type d’œuvre, ce guide unique vous fera découvrir la ville comme jamais. Si vous allez à New York, c’est l’ouvrage qu’il vous faut absolument, et si vous n’y allez pas, c’est le prétexte pour découvrir des centaines d’œuvres qui s’inspirent de la ville ! Bref, vous n’avez aucune excuse pour ne pas vouloir vous procurer ce guide (sauf si vous détestez New York !).

Un livre agréable à feuilleter et très instructif

Avant de démarrer et de découvrir les différentes catégories du livre, une présentation dense de chaque quartier vous est proposée. Ses spécificités, ses lieux incontournable, son histoire…

Ensuite, on passe à la partie la plus intéressante selon moi de ce guide : la découverte de lieux emblématique à travers nos œuvres préférés ! Par exemple, saviez-vous que l’épisode Les Anges prennent Manhattan de Doctor Who (avec le 11ème Docteur). Ou encore que vous pouvouez aller voir l’appartement de Charlotte dans Sex and the City dans l’Upper East Side ?

Et qu’en est-il de la partie « romans » du guide ? Vous avez une liste géniale d’œuvres à découvrir ! Aussi bien des très connues telles que L’ange des ténèbres ou l’Aliéniste de Caleb Carr (des romans géniaux disponibles chez Pocket) que des titres plus confidentiels. Dans les romans que je ne connaissais pas et qui me tentent drôlement depuis la découverte du guide il y a notamment : L’affaire de la belle évaporée  de J.J. Murphy (éditions Baker Street), Le cinquième jour de Maud Tabachnik (Le livre de Poche)… et une foule d’autres.

Chaque fiche signalétique vous cite un extrait du roman citant le lieu, vous y trouverez également la liste des transports qui le desservent.

Seul petit bémol pour cette catégorie, elle est un peu courte, on aurait pu y découvrir tellement d’autres œuvres. Je pense notamment à Georges Chesbro et à ses polars comme Une affaire de sorciers, ou à Voici venir les rêveurs de Imbolo Mbue ou encore La cuisinière de Mary Beth Keane pour ne citer qu’eux. Evidemment, ils ne pouvaient pas tout mettre dans le guide, mais une partie plus étoffée sur les romans m’aurait beaucoup plu…

Par contre, en ce qui concerne les séries et les films, vous serez servis !

……

Ainsi, ce guide de New York est une petite pépite à découvrir. Que vous alliez à New York ou non, il vous accompagnera dans votre quête pour découvrir encore et toujours plus cette merveilleuse ville !

Je ne rêve que d’une chose maintenant : à quand un guide du même style pour Tokyo ? ou Paris ? Je lance l’idée…

Pour aller plus loin : N’hésitez pas aller vous balader sur le site de Fantrippers. Tapez le nom d’une série ou d’un film et découvrez tous les spots de tournage ! Le site est très bien fait, la recherche est simple et efficace… Que demander de plus ?

Chronique : Geek Girl – Tome 3

Let’s go to… New York !

Suite des aventures d’Harriet Maners avec Geek Girl 3, mais cette fois-ci, ce n’est pas par choix. Toute sa famille part à New York pour le nouveau travail de son père… et le monde de la mode va vite la rejoindre !

La série Geek Girl est écrite par Holly Smale, qui s’est servie de sa propre expérience dans le mannequinat pour créer ses romans. Le troisième tome de la saga est paru en avril 2015 chez Nathan.

Un déménagement aussi lointain qu’imprévu

Harriet et toute sa famille (y compris Tabatha, sa petite sœur toute neuve) s’envolent pour New York, aux Etats-Unis pour soutenir son père dans son nouveau choix de carrière. Au-revoir l’Angleterre et bonjour les paillettes et les lumières de la ville qui ne dort jamais ! Sauf que… petite omission de la part de son père et de sa belle-mère : ils ne s’installent pas vraiment à New York, mais dans l’état de New York… Harriet pensait voir plus souvent Nick, mais il n’en est rien puisqu’elle est à plus d’une heure de train de la ville scintillante…

Et les ennuis ne font que commencer pour Harriet qui a tout perdu : sa pire pote, son harceleur personnel et le peu de connaissances qu’elle avait réussit à conserver malgré son statut de geek…

Un roman sur le changement et les bouleversements qui sillonnent notre vie

Il faut l’avouer, ce troisième opus est le signe de très nombreux changements pour Harriet. Elle va devoir affronter beaucoup d’obstacles et devoir grandir un peu… Mais va-t-elle réussir ? A vous de voir ! Une chose est certaine, Harriet n’a pas le choix, elle va devoir changer et prendre sur elle, et cela malgré les très nombreuses déceptions qui vont lui tomber dessus. C’est le temps des changements, et cela sur de nombreux plans.

Et comme chaque tome est le symbole d’un voyage en particulier, nous allons découvrir la ville de New York à travers les yeux de l’anglaise la plus pointilleuse et geek du moment. Mais ce tome nous laisse entrevoir une Harriet beaucoup plus seule et abandonnée qu’il n’y paraissait dans les premiers tomes, même si on y retrouve Willbur et Nick. Peut-être est-ce la seule façon de voir notre jeune héroïne grandir un peu même si cela n’est pas sans mal.

Elle va devoir cerner qui lui veut du bien et qui n’a aucun intérêt à ce qu’elle réussisse, elle devra trouver qui sont ses vrais amis au milieu du monde si difficile de la mode… et faire ses propres choix. Elle devra également porter de chaussures en forme de homard. Oui.

Comme toujours, on passe un agréable moment avec Harriet Manners, mannequin malgré elle. On retrouve avec plaisir son amour pour les to do list et les faits scientifiques étranges qui tombent comme un cheveu sur la soupe…

Attention toutefois à ne pas tourner en rond car la série a beau être fort sympathique, on peut vite tomber dans la répétition, c’est en tout cas le risque qui se profile. Geek Girl était à la base une trilogie, mais la saga est finalement reconduite pour au moins 6 tomes, donc affaire à suivre, comment Holly Smale renouvellera sa saga sans tomber dans le cliché ou la répétition ?