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Chronique : Le Collectionneur

Un tueur en série à la marotte bien particulière : il collectionne les ossements malformés…

Vous avez envie d’un bon gros polar qui vous tiens en haleine ? Avec un criminel retord/flippant ? Le Collectionneur pourrait bien être votre prochaine lecture en ce cas…

L’ouvrage est paru en octobre 2018, aux éditions Slatkine & Cie, il est écrit par l’autrice anglaise Fiona Cummins, dont c’est le premier roman en France. Et tout ce qu’on peut lui souhaiter, c’est qu’il y en ai d’autres à venir…

Les squelettes d’enfants malformés… une passion pour le collectionneur

Quand on a un enfant atteint d’une dysplasie osseuse progressive (aussi appelée maladie de l’homme de pierre), tout ce qui inquiète, c’est le temps qu’il lui reste à vivre. La maladie progresse, par poussées. Le moindre coup, ou choc peut entraîner une excroissance osseuse en quelques heures à peine… La durée de vie de ces malades est d’une trentaine d’années tout au plus.

Dans ces conditions, difficile pour Lilith et Erdman d’être sereins quant à leur fils, Jakey. Tout lui est interdit : courir, faire du vélo, aller à la récréation. Le moindre petit choc étant prohibé de sa vie, il ne peux rien faire. Et forcément, à presque 7 ans, il n’a qu’une envie, avoir une vie normale et profiter comme tous les enfants de son âge.

Mais, un danger plus terrible encore que la maladie rôde. Un tueur qui amasse les os déformées par la maladie depuis des décennies : le collectionneur. Et il attend son heure pour enfin ajouter les os du jeune Jakey et en faire la clé de voute de sa macabre collection… Et il se pourrait bien que la famille de Jakey ne soit pas la seule à devoir s’inquiéter… et c’est ainsi qu’à lieu la disparition de la jeune Clara Foyle.

Couverture de la version anglaise du premier tome du Collectionneur.

Un polar immersif et glauque comme on aime

Si vous êtes fan de polar assez sombre, celui-ci pourrait combler vos attentes. Narration hachée, chapitres courts qui font que l’on dévore le livre plutôt qu’on ne le lit, Le Collectionneur a toutes les qualités du bon polar. Le portrait de ces familles usées par la maladie de leur enfant est extrêmement bien dépeint. Et encore plus, quand Le collectionneur jette son dévolu sur eux et leurs enfants !

Le côté vraiment intéressant de ce roman, c’est que l’on voit que le malheur peut toucher tout type de familles. De la plus désœuvrée à la plus aisée. En effet, la famille de Jakey a du mal à joindre les deux bouts, en particulier à cause des coups de sang d’Erdman, et de son caractère de cochon. Du côté de la famille de la petite Clara, les Foyle sont des gens respectés et respectables dont le mari est médecin. Ils vivent très confortablement, mais cela ne suffit pas face au chagrin, quel que soit le montant de son compte en banque…

Fiona Cummins réussit ainsi à nous dépeindre deux familles totalement différentes, toutes deux très faillibles mais extrêmement humaines. Difficile de les détester (même la mère de Clara Foyle a un côté touchant, même si il faut chercher longtemps) malgré certains travers déplaisants.

En parallèle, nous voyons très peu le fameux Collectionneur… c’est peut-être justement pour qu’on en ai le plus peur possible… Mais très peu de chapitres lui sont consacrés, et ils font à chaque fois froid dans le dos. Cette fascination malsaine pour les « objets osseux rares » est terrible, mais on en vient à être fascinés nous aussi… En cela, c’est très bien travaillé.

Pour ce qui est de l’enquête qui avance au fil des pages, on est tout de suite en immersion ! L’enquêtrice qui gère le dossier est aussi charismatique que cabossée par la vie. Elle ne vit que pour son travail, quitte à délaisser tout le reste… C’est un personnage que j’aimerais beaucoup revoir car elle a un passé intéressant qui lui donne de l’épaisseur.

Ainsi, sans vous dévoiler la conclusion de ce roman, sachez que Le Collectionneur est un très bon polar. Pour ceux qui aiment être pris par une intrigue, c’est parfait. Et les quelques 500 pages qui le constituent se lisent très (trop) rapidement ! Alors, à quand un autre roman de Fiona Cummins ?

Les dégâts causés par une fibrodysplasie ossifiante progressive.

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Chronique : L’hiver dernier je me suis séparé de toi

Un polar bien retors et sombre, comme les japonais ont le secret…

Peut-être le nom de Fuminori Nakamura vous évoquera-t-il quelque chose ? L’auteur avait attiré mon intérêt il ya quelques années pour son roman Pickpocket. Ce sont maintenant trois ouvrages de cet auteur qui sont disponibles en France avec Revolver et son tout dernier paru en février 2017 : L’hiver dernier, je me suis séparé de toi. Ils sont tous disponibles aux éditions Philippe Picquier.

Un photographe aux goûts artistiques étranges… et mortellement dangereux

Un journaliste est chargé d’écrire un livre sur l’un des meurtriers les plus étranges du moment au Japon. Ses crimes sont si étranges et hors-norme, si malsains et inexpliqués que son profil fascine. C’est ainsi qu’il se retrouve mandaté pour écrire son histoire, ses motivations, ses pensées les plus obscures…

Mais cette plongée intime dans l’âme d’un meurtrier en quête de l’Art absolu est-elle sans danger ? Bien sûr que non… Jusqu’où peut-on fouiller dans le passé sans être soi-même influé par autant de mal ?

Un roman intimiste, sombre et étrange

Comme une grande majorité de romans policiers nippons, vous aurez droit ici à une intrigue à nulle autre pareille. Si vous recherchez quelque chose de classique ou de familier, ce n’est pas avec ce genre de roman que vous le trouverez. Non, L’hiver dernier, je me suis séparé de toi est un roman noir japonais qui va assez loin dans le genre tortueux.

Il s’agit d’une histoire de vengeance, d’esprit tourné et retourné en tout sens, d’amour aux (res)sentiments complexes et d’art où la perfection doit être atteinte, rien de moins. Le meurtrier de cette histoire est un photographe, et pour parvenir au cliché qui marquera les esprits à jamais, ce dernier est prêt à aller très loin… Trop loin.

Mais ce n’est pas le seul élément de l’intrigue qui comporte un réel intérêt. En effet, l’homme qui mène l’enquête pour écrire la biographie du meurtrier est également très intéressant. Peu à peu, on sent que son point de vue, ses pensées évoluent vers… autre chose. Quoi donc ? Impossible de vous le dire, mais les surprises sont de taille et s’enchaînent très vite en fin d’ouvrage !

D’ailleurs, si vous n’êtes pas familier des noms et prénoms d’origine japonaise, n’hésitez pas à noter qui est qui, car la fin du roman se densifie de telle façon qu’il vaut mieux reconnaitre chacun des personnages.

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Quoi qu’il en soit, l’intrigue est passionnante, les révélations fascinantes et menées avec art. Même pour les plus férus de littérature policière, impossible de deviner le fin mot de l’histoire ! Mais tout se tient parfaitement du début à la fin… c’est un régal.

L’écriture de Fumonori Nakamura participe à ce sentiment d’accomplissement. Les chapitres sont très courts, le ton est factuel, efficace, presque clinique. Tout concoure à nous offrir un roman policier original et inclassable comme seuls les japonais en ont le secret.

Alors, si vous aimez les histoires sombres qui peuvent aller loin dans la créativité et la férocité, ce roman est fait pour vous. Attention, c’est aussi retors et malsain que délectable !

Chronique : Shadowland – Tome 1

shadowland-1Un thriller sur le fil du rasoir… absolument addictif et surprenant !

Il est paru en avril 2015 aux éditions Bayard, voici le premier tome de Shadowland, par Kate Brian. Dès les premières pages, son thriller sur le fil rempli son office : nous terrifier et nous faire nous sentir en danger, où que l’on soit…

De nationalité américaine, Kate Brian n’en est pas à sa première publication, on lui doit notamment la série Campus ou encore la saga Privilège, très ancrées dans le réel. Avec Shadowland, elle s’essaye à un autre type d’écriture et quitte les potins, apparences et cruautés du monde universitaire de ses deux précédentes séries.

Une adolescente victime d’un dangereux prédateur…

Tout commence avec Rory, une ado ordinaire. Ni sublime ni laide, elle est juste normale, avec son charme particulier. Sauf que… sa façon d’être, son odeur, ont attiré un pervers sexuel. Et il fait partie de son entourage proche puisqu’il s’agit de Steven Nell, son professeur de maths. Mais bien entendu, Steven Nell n’est pas à présenter en tant que professeur, mais plutôt comme l’un des pires criminels en série des États-Unis… son palmarès est aussi terrible qu’impressionnant.

Alors, comment échapper à un tel danger, lui qui est loin d’en être à sa première victime ? Rory est en danger de mort, mais c’est également le cas de toute sa famille… Steven Nell ne laissant jamais de survivants, même si il n’a pas toujours porté ce nom… Attention, lecture sous tension garantie !

Une belle découverte dans la sphère du thriller young-adult

Un bon et pur thriller mâtiné d’un peu fantastique, il n’y en a pas tant que cela de publiés en littérature ado, et Shadowland fait une belle exception à cette règle !

Alors, certes, la narration peut sembler parfois bancale et/ou abrupte, mais cela est justifié en fin de roman, heureusement. On ne gardera pas en mémoire le style de l’auteur, mais bien son intrigue parfaitement agencée et maline. Ainsi, c’est surtout l’ambiance qui prime dans ce type d’ouvrage, bien plus que la narration.

On retiendra donc comme côté extrêmement positif une narration accrocheuse, un style âpre et immédiat. Les chapitres s’enchainent, les mystères également, notamment autour de la bourgade où la famille de Rory trouve refuge, qui semble couver beaucoup de contradictions… pour mieux vous perdre et vous installer dans l’ambiance !

Dans la partie des carences du roman, on retiendra surtout des personnages hyper stéréotypés et caricaturaux…mais le tout réussit à fonctionner grâce à un final impressionnant.

Seul gros bémol qui n’arrive pas à passer d’un point de vue justification et scénario : l’une des actions du FBI vis-à-vis de la protection de la famille de Rory… L’auteur n’a pas assez réfléchi à l’après.

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Shadowland est donc un bon thriller qui a su nous surprendre malgré quelques côtés trop artificiels. C’est assez intriguant pour nous donner une très grande envie de lire la suite à paraître au début du mois de novembre prochain : Pour toujours. A découvrir pour se faire peur : dès 14 ans.

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