Tout simplement une merveille d’imagination comme rarement on en lit !
Série en deux tomes parue aux éditions Lumen, Le faiseur de rêves est une saga d’une rare originalité.
Laini Taylor est américaine, et elle nous avait déjà fait voyager avec délices à Prague dans sa trilogie La marque des anges. Cette série m’a marquée durablement et m’a même donné l’envie d’aller à Prague (ce que j’ai fait), et je l’ai lue il y a de très nombreuses années, dommage que Gallimard n’ai jamais sorti le troisième tome… Mais rien ne vous empêche de la découvrir avec les deux premiers tomes en français et le troisième en anglais.
Cela faisait donc de nombreuses années que rien n’était sorti en France de
cette autrice… et son retour fut une – nouvelle – claque littéraire pour moi.
Un univers unique et un personnage que l’on suivrait au bout du monde…
Lazlo Lestrange est un jeune homme insignifiant. Passionné, mais totalement
insignifiant. Il a réussit à s’enfuir de la vie étriquée que lui offraient les
moines en le recueillant bébé, et travaille désormais dans l’une des plus
grandes bibliothèques du royaume. Rouleaux poussiéreux, codex antiques et
rouleaux suffisent au bonheur de Lazlo.
Mais si il travaille dans cette bibliothèque, ce n’est pas seulement par
amour des livres, mais pour retrouver les traces d’un souvenir indélébile dans
son cerveau. Celui d’une ville disparue, aux légendes flamboyantes et aux
mythes incroyables. Mais Lazlo semble être le seul à avoir un souvenir vivace
de l’existence de cette cité de légende et il cherche depuis des années des
preuves, si maigres soient-elles dans les ouvrages de la bibliothèque… Et
puis un jour, tout va s’accélérer pour Lazlo et sa quête de toute une vie…
En parallèle, nous suivons également Saraï, une jeune femme mystérieuse à
la peau bleue qui semble fort tourmentée par quantité de problèmes parasites. Quel
lien a-t-elle avec notre histoire ?
Une citation de l’ouvrage souvent reprise par ses fans.
Un roman merveilleux où l’on plonge à corps perdu
Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu un tel roman, une telle
richesse dans un univers créé de toutes pièces. Laini Taylor a réussi à créer
quelque chose d’extrêmement cohérent et captivant, et cela dès les premières
pages.
Tout est motif à s’émerveiller dans ce livre : les personnages (Lazlo et
Saraï certes, mais pas seulement), l’atmosphère qui nous plonge dans une sorte
de 1001
nuits version fantasy et alchimie mélangés, la mythologie foisonnante
qui nous est offerte, la magie unique que l’on découvre au fil des chapitres. Dans
cet univers, l’alchimie prend une part importante de l’intrigue. Comme dans
notre monde par le passé, la transmutation du plomb en or est devenu une quête chronophage
pour beaucoup d’alchimistes, une sorte de quadrature du cercle version
alchimiste.
Magnifiques illustrations du graphiste français ayant travaillé sur de potentielles couvertures pour Le faiseur de rêves. Elles ont finalement été utilisées pour la promotion des ouvrages, mais pas en tant que couverture. Celles de la version originale ont été finalement conservées. Son site : http://latetedanslalune.net/aidez-un-graphiste/
« L’alchimie reposait sur la croyance en l’azoth, l’essence secrète
inhérente à toute matière. Les alchimistes pensaient que sa distillation leur
permettrait de maîtriser les structures sous-jacentes au monde physique. De
transformer le plomb en or, de distiller un solvant universel, voire même un
élixir d’immortalité« .
Et dans l’intrigue magistrale qui se tisse peu à peu, un nouvel élément
alchimique encore plus important que l’or va occuper tous les esprits : le
mésarthium. « Impénétrable, inattaquable. On ne pouvait le couper ni le percer.
Personne n’avait jamais réussit ne serait-ce qu’à l’érafler ».
Tout est un prétexte à continuer de lire. Si ce n’est pas la partie avec
Lazlo, ce sera celle avec la mystérieuse Saraï qui semble enfermée et libre à
la fois, comment une telle chose est-elle possible ? Si ce n’est pas Saraï, ce
sera la quête impossible de Lazlo qui vous tiendra en haleine… ou sa relation
extrêmement houleuse avec l’un des alchimistes les plus prisés du royaume.
Je ne puis développer plus sur les qualités intrinsèques du roman, mais
sachez que les derniers chapitres sont terriblement réussis. Laini Taylor
réussi à regrouper toutes les énigmes qui s’amoncelaient peu à peu depuis le
début pour nous offrir une fresque finale magistrale. Et ce n’est que le
premier tome… Et il est quasiment impossible de ne pas se précipiter sur le
second tant le final est terrible.
Conclusion : Le faiseur de rêves est l’une de mes meilleures
lectures de cette année 2019. Et le second tome est tout aussi génial bien que
très différent, je vous parle donc très bientôt de La Muse des cauchemars
!
Cela confirme le talent inouï de Laini Taylor pour créer des univers
magistraux.
L’année 2017 est très intéressante en ce qui concerne la littérature pour ados car les ouvrages sont peu nombreux, mais extrêmement différents ! Outre une série en deux tomes que j’ai lu sur le tard, tout le reste est paru cette année. Mais surtout, chaque livre proposé dans cette liste idéale de Noël a un thème unique, très différent.
Ainsi, vous traverserez le Paris du 19ème siècle dans un monde totalement sf, vous partirez sur les routes poussiéreuses des États-Unis durant la Grande Dépression et nous reviendrons en France au travers deux histoires merveilleuses et poignantes. Sans oublier un petit passage dans un monde similaire (et tout aussi génial) à celui de Harry Potter! Et un voyage en bateau qui nous mènera jusqu’aux sources de la saga Les Royaumes du Nord…
Soul Breakers – Christophe Lambert – Bayard
Attention, ce roman est aussi énorme qu’ambitieux ! Il vous retrace avec précision et efficacité les États-Unis des années 30, en pleine Grande Dépression… sur plus de 600 pages ! L’histoire est celle de Teddy, un jeune homme qui va tout faire pour sauver sa petite sœur dont l’âme a été volée par des forains itinérants. Pour retrouver l’âme d’Amy, il va traverser le pays tout entier et des épreuves difficiles. Soul Breakers, c’est plus qu’un livre d’aventures, c’est un véritable roman-fleuve aux personnages forts, charismatiques et inoubliables. Découvrez le travail aux mines, celui difficile et harassant des abattoirs de Chicago, Teddy va devoir redoubler d’ingéniosité et de ténacité pour sauver Amy des griffes de ses ennemis… d’autant qu’ils possèdent des pouvoirs qui leurs permettent d’influencer son destin…
Excellent et inclassable, c’est à lire dès l’âge de 14/15 environ. Si vous cherchez un roman original et prenant sur un fond historique fouillé, ce sera parfait. Histoire unique, c’est un one-shot.
Si il y a un roman inclassable et génial qui a fait vibrer mon petit cœur de libraire, c’est bien Carry On. Imaginez un univers à la Harry Potter (volontairement similaire, comme une fanfiction), une imagination délurée, un système magique génial… Et des personnages inoubliables ! En quelques pages seulement, vous serez plongé dans un univers unique et à la fois très similaire à ce que vous avez pu lire… C’est extraordinaire, captivant, vous rirez, vous pleurerez, vous serez ému, bouleversé, happé.
C’est tout simplement un immense coup de cœur à découvrir dès l’âge de 15 ans. Vous trouverez dans Carry On tout ce qui fait les grands romans (ou les grandes sagas). Dernière chose, une fois n’est pas coutume, Carry On est un one-shot, c’est donc un tome unique et vous n’avez pas de série à rallonge comme souvent dans ce genre littéraire, ça fait plaisir, non ? Quoi que… on aimerait bien lire d’autres ouvrages dans le même univers tellement c’est génial !
Oui, je sais, Cité 19 n’est pas sorti cette année, mais ce n’est qu’en 2017 que j’ai découvert cette saga en deux tomes. L’histoire se déroule au XIX ème siècle, à Paris, mais mélange également science-fiction ! Série écrite par le français Stéphane Michaka, on y découvre une héroïne, Faustine, passionnée d’Histoire. Orpheline de mère, la jeune femme s’est plongée dans l’Histoire pour se rapprocher de sa mère disparue. Son père est quant à lui concierge au Musée d’Orsay… Autant dire qu’elle baigne littéralement dans l’Histoire. Mais ça, c’était avant de basculer réellement dans le Paris du XIX ème siècle ! Comment ? Je ne vous le dirais pas, mais c’est diablement bien mené et réalisé.
Cité 19fait partie de ces romans dont on ne connaît pas l’issue avant l’ultime page. Sans concessions, parfois noir, ultra-réaliste et surprenant, les deux tomes qui constituent la série se dévorent. C’est une belle histoire qui mélange de nombreuses notions : psychologie, histoire, sciences poussées… A découvrir sans tarder donc !
Envole-moi– Annelise Heurtier – Casterman
Si vous voulez une MAGNIFIQUE histoire d’amour pas comme les autres, vous avez trouvé LE roman qu’il vous faut. Quand Swann fait la connaissance de Joanna, c’est le coup de foudre immédiat. A tel point qu’il ne s’est pas rendu compte que la jeune femme était en fauteuil roulant. Comment aimer l’autre quand il a un handicap ? Comment le regard des autres va-t-il se poser sur l’être aimé ? Le fauteuil est-il un obstacle au couple ?
Découvrez des questionnements d’adolescent au travers d’une histoire pas comme les autres… Vous lirez le handicap autrement, et surtout en souriant. Car ce qui est bien avec Swann, notre narrateur, c’est qu’il parle de tous les sujets sans filtre ! Ce qui donne nombre de scènes cocasses et génialement drôles.
Envole-moi(dont le titre a été emprunté à la chanson de Goldman avec sa bénédiction) est un merveilleux roman d’une justesse incroyable. A la fois drôle, tantôt triste, toujours génial, Annelise Heurtier est un génie tant elle écrit avec talent la psychologie des ados. Et surtout, elle a su créer des dialogues percutants et mémorables ! Dès 14 ans.
Je suis ton soleil– Marie Pavlenko – Flammarion Jeunesse
L’une de mes plus belles claques de l’année en littérature ado dite réaliste ! Marie Pavlenko est une auteur que j’appréciais beaucoup… mais maintenant je l’adore. Son roman est si plein de beauté et traite de tant de sujets différents avec vérité qu’il est impossible de ne pas en parler !
Premiers amours, relations compliquées avec les parents, grossesse chez les ados, homosexualité, tentative de suicide, adultère… On parle de TOUS les sujets dans ce roman, mais sans jamais entre dans l’horrible ou le pathos. Non. Marie Pavlenko réussit un exploit incroyable : son livre est drôle, du début à la fin.
Dans Je suis ton soleil, on fait la connaissance de Débo, une adolescente comme les autres qui traverse sa phase de questionnements et de rébellion. Et on peut dire que les obstacles sont nombreux pour elle en ce moment…. Elle vient de découvrir que son père trompe sa mère avec une autre femme ! Et pour elle qui est en pleine année du Bac, c’est très difficile à gérer. Et ce n’est que le début…
Je puis vous promettre une chose si vous lisez ce livre, vous passerez (et les adolescents aussi) un moment merveilleux. Entre rire et larmes, ce roman est une pépite de papier ! Dès 15 ans.
La fourmi rouge – Emilie Chazerand – Sarbacane, collection Exprim’
Ma dernière petite claque drôlatique de l’année, c’est La fourmi rouge. Dans le genre fou/hilarant/inattendu c’est GÉNIAL. Je viens de le termine début décembre, d’où l’ajout de dernière minute pour cet ouvrage. Si vous cherchez un super cadeau pour une ado qui souhaite rire et se distraire c’est parfait dans le genre feel good book.
L’histoire est celle de Vania Strudel, atteinte d’un ptosis (comme Colombo, son œil ne s’ouvre pas totalement, bref c’est la grosse classe). Son meilleur ami se nomme Pierre-Rachid (pour réaliser les souhaits d’intégration de ses parents), et sa nouvelle amie est atteinte du fish-odor syndrom (en gros, elle pue la mort, et c’est encore pire si elle n’évite pas certains aliments…). Bref, voici la vie de Vania Strudel, fille atypique mais géniale, même si elle l’ignore encore… Elle n’est pas une fourmi noire parmi tant d’autres, mais une véritable fourmi rouge ! C’est un mystérieux mail anonyme qui le lui a dit….
GROS COUP DE COEUR – Dès 13/14 ANS.
La Belle Sauvage – La Trilogie de la Poussière – Livre un – Philip Pullman – Gallimard Jeunesse
Quinze ans après la fin de la saga mythique Les Royaumes du Nord, Philip Pullman revient. Pour moi, c’est un rêve qui devient réalité. Jamais je n’aurais pensé qu’il écrirait un nouvel ouvrage ancré dans l’univers qui a vu naître l’une des plus grandes héroïnes de la littérature jeunesse/ado/adulte (car oui, ça se savoure à tout âge !). Et pourtant, voici une préquelle à la saga qui a marqué un nombre incalculable d’enfances ! Voici donc La Belle Sauvage, le premier tome d’une saga se déroulant 10 ans avant Les Royaumes du Nord: La Trilogie de la Poussière.
Mais Philip Pullman a-t-il assez de choses à raconter ? Assez de matière pour nous proposer une intrigue aussi construite que sa précédente saga ? La réponse est OUI ! La Belle Sauvage, ce sont de nouveaux héros à découvrir, de nouveaux dangers à traverser, un univers entier à (re)voir… On fait même la connaissance de Lyra et Pantalaimon lorsqu’ils sont bébés ! La Poussière, le Champ de Rusakov, l’aléthiomètre… on a encore beaucoup de choses à apprendre des univers de Philip Pullman.
L’ouvrage fait presque 530 pages et se dévore en quelques jours. Une dizaine de pages suffisent à vous plonger avec une facilité déconcertante dans le monde de Lyra et des dæmons. A peine franchies les portes de l’auberge de la Truite, on se prend d’affection pour Malcolm, le futur héros de cette histoire, et d’Asta son dæmon.
La Belle Sauvage nous ouvre des portes que l’on aurait pas oser imaginer et encore moins franchir, même dans nos rêves les plus fous. Découvrez à quel point l’Église règne en maître sur ce monde parallèle si semblable au notre. Entre fantastique, aventure, espionnage et sciences… Philip Pullman réussit le tour de force de nous proposer un roman aussi bien sinon meilleur que La Croisée des mondes. C’est un merveilleux sans faute, et je veux déjà la suite ! L’attente va être absolument terrible… Dès 13 ans.
Le second tome de La Belle Sauvage sort le 3 octobre au Royaume-Unis and co. Il n’y a pas encore de date pour la France… courage ! En tout cas, la couverture est encore plus belle que pour le premier tome si cela est possible !
Un magnifique premier roman rempli d’imagination, captivant, dynamique, génial. Une révélation qui changera la face de la littérature imaginaire francophone… mais pas seulement, espérons-le !
Christelle Dabos, qui est-ce donc ? Une auteur qui nous vient de nulle part ? Oui… et non ! En effet, la jeune auteur a gagné le très prestigieux Concours du Premier Roman organisé par Gallimard Jeunesse. Ce prix est plus qu’un tremplin ou une opportunité, c’est une passerelle merveilleuse pour faire connaître au plus grand nombre son œuvre, et cela avec un éditeur exigeant, qui prend grand soin que chaque livre qu’il édite.
La Passe-miroir, c’est une histoire dense, merveilleuse avec une intrigue d’une profondeur rare… chronique d’un coup de cœur mémorable à partager.
Une héroïne presque insignifiante, discrète, animée uniquement par la passion de la lecture
Ophélie est un petit bout de femme en devenir. Petite, discrète, presque effacée, elle ne vit que pour le musée dont elle s’occupe et la lecture des objets qui y sont conservés. Pourquoi mettre le mot lecture en italique ? Car il ne s’agit pas de la lecture au sens où on l’entend habituellement. Ici, la lecture permet de remonter à l’histoire d’un objet en le touchant, on y ressent les émotions de ceux qui l’ont possédé avant, et cela jusqu’à sa création pour les plus doué. Et justement, Ophélie a beau être passe-partout, son don lui, est unique et extrêmement développé. D’autant qu’elle en possède un autre encore plus incroyable et rare : celui de voyager entre les miroirs.
Mais qu’importent les talents d’Ophélie, sa vie va être changée à jamais par… un mariage arrangé avec un homme du Pôle. A force d’avoir refusé des propositions de mariage au sein de sa patrie, Anima, la voici forcée à l’exil pour épouser un inconnu. Elle va devoir quitter tous ceux qu’elle aime, et cela à tout jamais… Mais plus que le déchirement de partir loin et d’abandonner son quotidien et sa famille, Ophélie va devoir faire face à monde cruel, dur et froid qui lui est totalement inconnu. Mystères, intrigue, pouvoirs inconnus, haine… C’est une palette de nouveautés incroyable qui va se heurter à l’innocente et douce Ophélie, et l’intrigue ne fait que commencer !
Une histoire merveilleuse, dense et emplie d’une fantaisie hors-normes
L’univers de La Passe-Miroir est si abondant, si riche que le but de cette chronique ne sera pas de vous le résumer ou de vous le présenter. Premièrement, cela pourrait vous gâcher une partie de l’intrigue, et deuxièmement, c’est un exercice difficile que de résumer un tel ouvrage.
Ce que l’on peu d’ores et déjà dire, c’est que tout comme il y a eu un avant et un après Harry Potter, ou La croisée des mondes, je suis persuadée que cette saga marquera durablement de très nombreux lecteurs de tous âges.
Gallimard y croit d’ailleurs tellement lui aussi que la parution poche du premier tome s’est faite en Pôle Fiction (la collection jeunesse/ado poche de Gallimard) et en Folio, pour les adultes. Oui, il s’agit d’un ouvrage estampillé jeunesse, mais il plaira sans réserves aux adultes aimant un tant soi peu l’imaginaire.
Les idées sont si bien trouvées et les personnages si profonds, attachants et inquiétants qu’il est impossible de ne pas être captivé rapidement par cette histoire hors normes. Vous découvrirez ici un monde de vernis et de paillettes, mais aussi de crasse et de cruauté… Tout n’est qu’apparences et coups fourbes à la Citacielle, et il est impossible de prédire à qui se fier. Thorn ? Le fiancé et promis d’Ophélie ? Le volubile Archibal ? La belle-sœur Bérénilde ?
Imaginez une sorte de cour comme celle d’un roi, avec ses courtisan(e)s, ses serviteurs, ses secrets d’alcôves, ses tromperies… vous aurez ainsi une légère idée de ce qui vous attend, et encore… !
….
Il y a de nombreux termes dans ce nouvel univers : Animistes, Dragons (qui n’a pas la signification habituelle), Esprit de famille, Doyennes, Citacielle… Leur force réside avant tout dans l’idée qu’ils portent. Christelle Dabos a réussit à trouver des mots inventifs et surtout très parlants pour porter son univers.
Pour conclure, cette nouvelle grande saga fantastique est à classer immédiatement dans les incontournable de l’imaginaire, de la jeunesse et de la littérature en général. C’est juste, passionnant, inventif, merveilleux… on s’y plonge corps et âme pour n’en ressortir qu’une fois les presque 550 pages terminées ! La suite est à surveiller d’extrêmement près avec Les disparus du Clairdelune paru il y a peu.
Entre l’étrange et le merveilleux du quotidien d’une famille américaine où l’un de ses membres possède une étrange capacité culinaire…
De nationalité américaine, Aimee Bender écrit aussi bien des nouvelles que des romans. En France, quatre de ses ouvrages sont parus. La singulière tristesse du gâteau au citron est son ouvrage le plus connu en France. Son œuvre est disponible chez Points en poche et aux éditions de l’Olivier pour les grands formats.
Une héroïne ordinaire aux papilles extraordinaires
Rose, 9 ans, petite fille normale de don état, va connaître une révolution dans son petit monde : le jour où sa mère lui prépare un gâteau au citron, elle ressent quelque chose d’étrange… Il s’agit de ce que ressentait sa mère lors de la préparation du gâteau.
Rose a maintenant la capacité de ressentir les émotions de ceux qui préparent les plats qu’elle mange. C’est ainsi qu’elle découvre que sa mère trompe son père… et il semblerait que cela fasse un petit moment…
Depuis lors, impossible de manger quelque chose de cuisiné de la main de l’homme. Chips industrielles, plats préparés par des machines et autres cochonneries disponibles dans les distributeurs, c’est la seule façon pour Rose de survivre à son terrible don. Mais quel avenir peut-donc être réservé à quelqu’un d’aussi particulier que Rose ? Et qui la croirait si Rose parlait de son étrange don ?
Un roman singulier et quelque peu inclassable
Ancré dans le quotidien d’une famille américaine tout ce qu’il y a de plus normale, ce récit et aussi attachant qu’étrange. En effet, l’histoire de Rose et de sa famille, l’évolution de ses capacités culinaires et leur quotidien sont intéressant, avec de nombreux hauts et bas…
On découvre le développement des « pouvoirs » de Rose au fil des ans, sa façon d’éviter tout repas préparé par quelqu’un…
Mais La singulière tristesse du gâteau au citron nous laisse également beaucoup de questionnements en suspend concernant la famille de notre héroïne. On aurait voulu en savoir beaucoup plus sur les autres membres, notamment en ce qui concerne son frère… C’est en cela que l’ouvrage est inclassable et nous laisse un peu sur notre faim (sans mauvais jeu de mot).
…..
Ainsi, ce roman est quelque peu à double tranchant : l’idée d’Aimee Bender est tout simplement géniale, et plutôt bien traitée mais reste un peu bancale malgré tout. J’aime l’idée de comment grandit Rose à travers sa plume, et la façon dont elle la rend adulte. Par contre, on ne comprend pas franchement le but final de cette histoire qui se termine de façon un peu abrupte et n’en dit pas assez.
C’est donc un roman en demi-teinte qui nous est ici proposé à la fois original et intéressant, mais avec plein de petites choses qui font qu’il ne restera pas mémorable, dommage.
Un récit à la narration poétique et surprenante… étourdiffant !
Premier roman de la jeune auteur américaine Natalie Lloyd, Les mots bleus de Félicie est paru aux éditions du Seuil en juin dernier. L’ouvrage est paru sous le titre A Snicker of Magic aux Etats-Unis. Très poétique, le récit mêle magie et amour des glaces sucrées… le tout avec pour fond une famille qui baroude de villes en villes.
Quand les mots du quotidien prennent vie
Félicie est une jeune fille à la famille spéciale : sa mère ne se sentant nulle part chez elle, cette dernière brinquebale la jeune fille et sa sœur de villes en villes sans jamais réellement se poser. Cette vie qui semble être une sorte de road-trip sans fin n’est cependant pas du goût de Félicie qui ne rêve que d’une chose : avoir un vrai chez-soi.
Alors quand la petite famille débarque à Midnight Gulch – la ville où est née la mère de Félicie – la jeune fille sent que cet endroit pourrait bien être celui ou tout le monde s’épanouirait… Mais sa mère a encore la bougeotte et il va être difficile de la convaincre de se poser définitivement, alors comment faire ?
Ah, et dernière chose et pas des moindres : Félicie voit les mots qui nous entourent et les collectionne. Elle garde dans son carnet les plus beaux mots qui l’entoure : devenant, été, curieuse, bulle…. Les mots sont vivants, et ils ont du pouvoir, en particulier grâce à Félicie. Et de la magie, il va y en avoir à Midnight Gulch !
« On dit que certains villageois pouvaient attraper des étoiles dans des bocaux à confiture : que d’autres chantaient jusqu’à déclencher un orage ou faisaient pousser des tournesols en dansant. Certains savaient incorporer la magie dans une tarte, faire qu’on tombe amoureux ou qu’on se souvienne d’une chose agréable, ou bien qu’on oublie une chose désagréable. Certains étaient des magiciens de la musique… »
Voici ce à quoi vous devez vous attendre : une prose poétique ou la magie flotte dans l’air !
La beauté des mots et l’amour des glaces à l’honneur
Inclassable : c’est le premier mot qui vient à l’esprit à la lecture de cet ouvrage. En effet, Les mots bleus de Félicie traite de beaucoup de choses, le tout dans une atmosphère emplie d’une douce magie.
Nous suivons le cheminement de Félicie à travers l’histoire de Midnight Gulch. Tous les secrets de l’endroit ainsi que ses mythes vont se révéler à elle, en particulier la légende des frères Loqueteux. Les deux frères et leur combat auraient causé la disparition de toute la magie au sein de la petite ville. Mais en quoi tout cela pourrait-il bien être lié au désir de Félicie d’avoir un vrai foyer ? La réponse est là, tout près, et elle est pleine de bon sens et de tendresse.
Le pouvoir des mots est la clé de ce récit : Félicie voit les perçoit comme personne : bondissants, dégoulinants, colorés, explosifs… chacun a des mots qui lui collent à la peau de façon différente. En quand on parle de pouvoir, c’est dans tous les sens du terme : magiques, mais aussi suggestifs.
Enfin, on appréciera grandement la partie merveilleuse et culinaire du récit avec les glaces magiques aux parfums poétiques. Fondant caramel à tomber de Virgile, Avocat a beurre de Bobby ou encore Assortiment au potiron de tante Ruth… Tous ces parfums ont étés créés par les habitants de Midnight Gulch et ont un reliquat de magie : certaines glaces permettent même de se souvenirs de certains épisodes de son passé.
…..
Pour conclure, ce titre est original et parfois même déstabilisant. Les mots de Félicie est beau et tendre à la fois. Etrange et merveilleux aussi… à lire comme une curieuse gourmandise littéraire et une expérience à tenter. Dès l’âge de 13 ans environ, pas avant car certains passages sont tout simplement trop abstraits.
Madame Pamplemousse et ses fabuleux délices est le premier roman qui lance la collection Witty, destinée 8-12 ans. Il s’agit du premier ouvrage de Rupert Kingfisher traduit en France. Les illustrations sont quand à elles signée Sue Hellard.
Nous plongeant dans le Paris du début du XXème siècle, cette nouvelle série pour la jeunesse saura enchanter tous ceux qui aspirent à un peu de rêve et de magie. Gastronomie et magie, voilà la recette d’un livre qui aura été pour moi un véritable coup de cœur.
La série Madame Pamplemousse ne fait que commencer en France, le second tome étant d’ailleurs disponible depuis le 9 mai dernier.
Le Cochon Hurleur… ou le pire restaurant de Paris.
Notre histoire commence au Cochon Hurleur, dans un Paris enchanteur se trouve un restaurant réputé pour la qualité médiocre de ses plats : trop lourds, trop gras, ils sont à l’image de leur propriétaire, Mr Lard. C’est ainsi qu’arrive la jeune Madeleine, confiée par ses parents durant les vacances au gros oncle peu accommodant et égoïste. Ce dernier interdit à Madeleine d’aider aux cuisines malgré ses prédispositions exceptionnelles, elle a seulement le droit de laver les montagnes de vaisselles qui s’empilent chaque jour…
Mais c’est grâce à Madeleine que l’oncle Lard va faire une fabuleuse découverte culinaire… et rencontrer le succès tant attendu auprès du tout Paris.
Quand délice rime avec malice.
Sans le faire exprès, Madeleine va acheter le meilleur pâté du monde dans une boutique qui ne paye pas de mine, située dans la rue de l’escargot : il s’agit du magasin de Madame Pamplemousse. Sombre, poussiéreuse, remplie d’étagères supportant des choses plus étranges les unes que les autres, elle regorge de merveilles culinaires : lard de ptérodactyle, queues de scorpions à l’aïoli fumé, ou encore piranha rôti au coulis de framboise, vous aurez l’embarras du choix.
Suite à cette découverte, l’oncle vénal de Madeleine va lui-même voir Madame Pamplemousse qui lui vendra un met encore plus exquis que le premier. C’est alors qu’une terrible idée germe dans l’esprit d’Oncle Lard : et s’il faisait de Madeleine son espionne en la faisant travailler chez Madame Pamplemousse pour obtenir enfin la recette du succès tant attendu ?
Du merveilleux culinaire
Le monde enchanteur de Madame Pamplemousse a tout pour séduire. Entre l’écriture légère et virevoltante de Rupert Kingfisher et les illustrations fouillées et vivantes de Sue Hellard, on ne peut qu’être gâté. Destiné aux jeunes lecteurs, en particulier les jeunes filles, dès l’âge de 8-9 ans, ce premier tome est un véritable succès à venir. L’histoire est simple mais très prenante, les personnages sont bien pensés et surtout mémorables.
Enfin, l’idée d’exploiter le monde de la cuisine pour cet âge est excellente. Cette ode au métier de la restauration et à la passion culinaire fera peut-être naître de nouvelle vocations, qui sait ?
La collection Witty connaît un très bon démarrage qui est, comme annoncé par l’éditeur, dans la lignée de Roald Dahl.
Avec un esprit qui allie à la fois imaginaire, malice et aspect humain. On ne peut d’ailleurs s’empêcher de penser à la potion magique de George Bouillon.
Affaire à suivre avec la chronique du second tome que l’on peut espérer au moins aussi enchanteur : Madame Pamplemousse et le café à remonter le temps.
Un excellent livre qui nous montre que ce qui est remarquable n’est pas forcément (du moins ceux qui essayent de se faire remarquer ne sont pas toujours les personnes qui sont le plus exceptionnelles). C’est ce qu’essaie de nous montrer Roald Dahl dans l’histoire de Charlie et d’autres enfants de son âge : Violette, Mike, Augustus et Veruca avec chacun son petit travers, enfin, « petit » est ici un euphémisme.
J’aime beaucoup la visite de la chocolaterie Wonka qui nous montre les bonbons que l’on aimerais bien avoir dans une réalité proche (annonce aux producteurs de bonbons).
Comme par exemple des chew-gum qui constituent un repas complet, ou des chew-gum qui ne perdent jamais leur goût, et le meilleur selon moi, le stylo plume qui ce suce, une idée très astucieuse de Willy Wonka qui permet ainsi aux elèves de manger un bonbon pendant leur cours… Chaque section de l’usine est en fait un test, mais aucun des enfants ne le sait et ne s’en rend compte, ce sera au dépend de certains.
Une leçon de Dahl qui veux peux être nous donner une leçon d’éducation parentale ? Si c’est cela, les éditeurs se sont trompés de cible, ils auraient dû l’adresser aux parents !
Note sur l’adaptation de Tim Burton :
Ce livre, vous devez sûrement le savoir, a été adapté au cinéma il y a peu. L’acteur qui joue Willy Wonka est Johny Depp et il incarne très bien le style du personnage, une sorte de savant fou avec toujours de nouvelles idées, le genre de personnes qui n’aura pas assez d’une vie pour mettre en pratique sa créativité.
La musique est signée Danny Elfman, ce qui veux dire que la réalisation est de… Tim Burton, bien entendu. Le plus de ce film est qu’il est assez fidèle au livre, (même si au début le décor m’a donné un avis mitigé) et que Tim Burton a ajouté au personnage de Willy Wonka une histoire, très belle qui de plus se tient sans problème et aurait venir de Dahl. Génial !