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Chronique : Le syndrome du spaghetti

Une belle et tendre histoire d’amour, certes, mais également bien plus que cela ! Un roman ado qui a le mérite d’être assez original pour surprendre

Marie Vareille est une autrice française à l’œuvre prolifique, elle écrit aussi bien pour les ados que pour les adultes.
Chacun de ses livres est un succès de librairie, on peut citer Je peux très bien me passer de toi (Charleston en 2015) ou encore sa trilogie Ellia la passeuse d’âmes parue chez PKJ (Prix Pierre Bottero en 2017).
Le syndrome du spaghetti est une romance contemporaine qui s’inspire en partie du vécu de l’autrice sur certains aspects.

Une vie et un avenir entièrement au dédiés basket

Léa à 16 ans et déjà un plan de carrière sportive tout tracé. Son père est coach de l’équipe de basket de la ville, et elle compte intégrer l’INSEP (Institut National du Sport de l’Expertise et de la Performance) afin de pouvoir toucher du doigt son rêve jouer dans l’équipe féminine de la NBA, l’une des plus sélectives au monde.

Alors, certes les objectifs sont écrits, Léa a le mental et les capacités pour les atteindre mais, c’était sans compter sur un drame qui va toucher sa famille…

En parallèle, nous allons suivre le jeune Anthony, 17 ans, qui vit dans une cité un peu plus loin de chez Léa. Ils ne se connaissent pas, mais leur passion commune pour le basket va les réunir de la plus belle des façons.

Une histoire qui fonctionne à merveille… et pour cause, il y a du vécu !

Je dois confesser que j’avais quelques à priori quant à ce roman. Je craignais qu’il soit trop « facile », trop prévisible et quelque peu fleur bleue. J’ai été vite détrompée en quelques pages à peine, j’étais dedans.
L’histoire de Léa et du drame qui va toucher sa famille est violent, va tout remettre en question et soulever des points vitaux dans sa vie.

Elle va devoir revoir totalement son plan de carrière à cause d’un syndrome dont elle n’a jamais entendu parler : le syndrome de Marfan.
Et c’est là que la partie très personnelle de ce roman rejaillit : Marie Vareille connaît très bien le syndrome de Marfan, elle en est elle-même atteinte.

Et c’est ainsi que Léa et toute sa famille vont devoir vivre avec ce syndrome dont ils ne connaissaient même pas le nom il y a quelques semaines. Les examens médicaux, les recommandations, les interdictions sportives… c’est un parcours du combattant qui s’annonce.
L’histoire prend un tournant aussi magnifique que terrible avec cette nouvelle information. Je ne vous dévoile pas plus d’éléments d’intrigue, mais sachez que le personnage de Léa est magnifique, poignant, combatif, désespéré… Et on l’aime pour ça. De même qu’Antony l’est à sa façon, bien que très différente.

Ces deux personnages sont fulgurants de beauté, beaux dans leur douleur et les épreuves qu’ils vont traverser côte à côte.
Impossible de lâcher ce roman présenté pour ado, mais qui pourra plaire à toute personne qui aime les belles histoires et les personnages qui ont du corps, de la présence.

Il faut dire que ce roman m’a également beaucoup touchée pour une raison simple : je connais relativement bien le syndrome de Marfan. J’avais été diagnostiquée potentiellement porteuse de ce syndrome, à la suite d’examens très nombreux, il s’est avéré que je ne l’avais pas malgré un faisceau de symptômes. Bien heureusement. Mais je me souviens des spécialistes, de leurs explications, des risques liés à ce syndrome. C’est donc en connaissance de cause que je peux dire que tout ce qui est dans ce roman est crédible et totalement réaliste. Le bon comme le mauvais. Voilà pour la petite parenthèse personnelle.  

Léa et Anthony crèvent la page (à défaut de l’écran), et ont les suivrait au bout du monde… Vous l’aurez saisi, c’est un énorme coup de cœur. A découvrir dès l’âge de 14 ans puis sans aucune limite d’âge ! 

PS : Autre sujet très intéressant et méconnu creusé dans ce roman : les joueurs de baskets de la NBA dont la carrière a été fauchée en plein vol suite à un diagnostic de Marfan. Les risques pour leur santé sont trop grands et la NBA refuse de recruter des joueurs qui ont ce syndrome…
Il faut dire que Marfan regroupe quelques caractéristiques qui prédisposent au basket : hyperlaxité ligamentaire, grande taille… pour les points positifs. Mais les gros problèmes sont une paroi du cœur très fine qui peut conduire à une rupture et donc à la mort. Dans ces conditions, on comprends que la fédération de américaine de Basket refuse de prendre le risque… Mais certains joueurs on pris leur responsabilités et refusent d’abandonner leur carrière et leur passion. Ainsi, ceux que la NBA a refoulés ont été recrutés par des fédérations d’autres pays : Danemark, Chine… etc.

C’est le cas du joueur de basket français Jonathan Jeanne dont vous pouvez lire l’histoire ici : Jonathan Jeanne, l’ex-espoir du basket qui défie la maladie sur les parquets. Et il est loin d’être un cas isolé (image ci-dessous).

Chronique : Stupeur

Un roman historique policier sur fond de médico-légal totalement immersif et fascinant !

Paru il y a tout récemment aux éditions Lucca (qui gagneraient à être connues), Stupeur nous conte l’histoire de Mary Mallon, une femme qui a réellement existé dans le New York du XIXème siècle. Une histoire fascinante qui nous entraîne dans une enquête incroyable et véridique des services d’hygiène new-yorkais.

Il s’agit du premier roman de Julie Chibbaro à paraître en France. L’ouvrage est traduit par Hermine Hémon, elle a déjà traduit plusieurs romans aux éditions Lucca. Elle a également traduit le texte Binti de l’autrice Nnedi Okorafor aux éditions ActuSF. 

Une histoire incroyable… d’autant plus qu’elle est véridique 

Bienvenue à New York, où nous suivons Prudence, une jeune femme passionnée par les sciences, notamment la médecine. Même si cet intérêt pour n’est pas du goût de tout le monde quand il est question d’une jeune demoiselle…  Qu’importe, Prudence veut apprendre, découvrir, se rendre utile. C’est ainsi qu’une opportunité s’ouvre à elle au service d’hygiène de New-York. Elle ne le sait pas encore, mais elle va participer à une découverte incroyable dans le domaine de la médecine… à une époque où la notion de porteur sain n’existait pas encore et n’était qu’une simple théorie.

Passionnant, et rempli de faits incroyable 

L’histoire de notre jeune narratrice est certes passionnante, mais celle Mary Mallon l’est plus encore. Qui est-elle ? Il s’agit d’une cuisinière d’origine irlandaise qui a travaillé dans nombre de familles bourgoises new-yorkaises et qui laissait dans son sillage de nombreux malades… totalement malgré elle.

Pourquoi ? Comment ? Mary Mallon est un cas d’école qui s’ignore encore… Les services d’hygiène de New-York ne le savent pas encore, mais c’est après elle qu’ils en ont. 

Au fil des pages, ils remontent sa piste en suivant les foyers de contamination à la fièvre thyphoïde. C’est ainsi que peu à peu, Prudence se prend au « jeu » de la course contre la montre et la maladie. 

Peu à peu cependant, elle s’interroge sur la notion de libre arbitre, de liberté et d’intérêt pour le bien commun. Comment trouver une solution au problème insoluble que semble être Mary Mallon ?

Entre le roman historique, le policier et le journal intime et naturaliste, Stupeur est une lecture passionnante pour qui aime se plonger dans l’histoire, la vraie. Aux Etats-Unis, Mary Mallon est devenue une véritable légende urbaine, elle est même surnomée là-bad Mary Thyphoïde…C’est dire à quel point sont existence a marqué.

Je ne peux pas vous en dire plus sur l’histoire de cette pauvre immigrée irlandaise qui n’a pas eu de chance dans la vie… Mais sachez qu’elle est aussi terrible qu’incroyable. Cette lecture est d’autant plus intriguante quand on la met en exergue avec l’époque que l’on connaît. Les mots porteur sain, asymptomatique, foyer ou encore isolement font partie du vocabulaire de base de ce roman. 

C’est à lire pour découvrir un pan méconnu de l’histoire new-yorkaise, mais aussi pour apprécier un personnage féminin fort qui cherche sa place dans un monde d’hommes.

De plus, vous découvrirez de magnifiques illustrations naturalistes ajoutées pour l’édition française. Sans oublier une traduction fluide et irréprochable, bref, Stupeur a tout pour plaire.

Pour aller plus loin : Si Stupeur est écrit du point de vue des services d’hygiène new-yorkais, découvrez également La Cuisinière de Mary Beth Keane aux éditions 10/18. Même histoire, mais écrite du point de vue de Mary Mallon. Et c’est tout aussi captivant !

Chronique : Falalalalaaalalalala

Ou comment tomber en amour pour l’Alsace, les bredele et les chants de noël en un seul roman !

Mise en situation falalalalesque avec un bon thé aux pignons de pin, et SURTOUT, des bredele !

Emilie Chazerand est l’autrice fantabuleuse de La fourmi rouge, qui était un giga-coup de cœur (une douce pensée pour le poudrier en or…). La barre était donc assez haute, car il est toujours difficile de faire bien voir mieux quand on fait autant plaisir à un nouveau lectorat. Mais c’était mal  la connaître puisque Falalalalaaalalalala est une pépite tragi-comique.

Les bredele, à traduire littéralement en « petits gâteaux de noël », sont un délice !

Pas facile de vivre normalement quand la norme est atteinte d’achondroplasie

Richard vit dans un paradis, enfin aux yeux des autres, c’est le nirvana. Il vit avec toute sa famille (que des filles) dans Tannenland, le lieu de vie de la famille Tannenbaum depuis trois générations… Sauf que les Tannenbaum sont tous des nains (enfin, des naines) excepté le fameux Richard ! Et c’est parfois dur à assumer d’être de le seul grand, et aussi le seul garçon de la famille…  

Et même si Tannenland est le paradis du bredele et de toutes sortes de sablés de noël, ça ne suffit pas toujours à se sentir bien pour Richard… D’autant que beaucoup de mauvaises nouvelles vont arriver sur la – petite – communauté.

Voilà comment j’imagine Tannenland quand je lis Falalalalaaalalalala : un lieu à la fois magique et onirique… très paisible. Bref, tout le contraire de ce qu’on va découvrir !

Entre rires et larmes, plongez de plain-pied dans la magie de noël et ses drames familiaux !

Du début à la fin, c’est un régal de lire Falalalalaaalalalala. On se marre presque à chaque page, on s’émerveille, on s’attendrit… On est touché par l’histoire de cette famille cabossée par les secrets qui vont exploser les uns après les autres.

Et puis, il faut avouer que Tannenland a l’air d’être un vrai petit coin de paradis avec ses décors de noël, sa ferme d’animaux nains, sa petite boutique de pâtisseries alsaciennes… C’est le tableau idéal pour s’imprégner à merveille de l’ambiance de noël ! Mais ce décor de rêve ne va pas suffire à résorber les non-dits passés et va au contraire les exacerber. Vous tomberez certainement sous le charme du Grand et maladroit Richard, où rien dans cette maison n’est à sa taille (et pour cause, elle a été construite expressément pour des nains !).

A Tannenland, TOUT est petit, y compris les animaux de la ferme du domaine !

Richard n’est pas le seul à pouvoir vous attendrir… il y a aussi Lulu, aussi touchante que très maladroite/drôle dans ses paroles, elle a le don de tout exagérer x1000 ! Et si ces deux-là ne vous ont pas convaincus, il y a encore la grand-mère acariâtre, le prêtre branché et plein d’autres personnages tout aussi hauts en couleurs…

Falalalalaaalalalala est ainsi un superbe roman à destination des ados (dès 14 ans) et des plus grands ! Et pas besoin d’attendre Noël pour le dévorer… juste un bon chocolat chaud, un plaid et des petits gâteaux et c’est parti !

Et voici les Sebright argentées, de magnifiques poules naines, deux œufs de poule ordinaires équivalent à trois de leurs œufs !

Chronique : La messagère de l’au-delà

messagere au-dela

Pour les friands de romans historiques biens ficelés, un nouveau roman de Mary Hooper vient de paraître aux éditions Les Grandes Personnes (anciennement les éditions de Panama), il nous raconte l’histoire vraie et atroce d’Anne Green, une jeune servante…

Tout commence dans un cercueil, celui d’Anne Green, qui vient d’être pendue haut et court devant des centaines de personnes, restée suspendue au gibet pendant plus de vingt minutes. Dans ce cercueil, son corps, mais aussi son esprit : Anne Green n’est pas morte, c’est une miraculée. Sauf que personne ne le sait et que son corps a été donné à la science : il va être bientôt disséqué à l’université d’Oxford…

Anne Green a été pendue pour fornication, car l’acte sexuel sans le mariage était puni de mort à l’époque, cela d’autant plus quand on est une petite servante sans aucun pouvoir… l’autre condamnation à l’encontre d’Anne est dévoilée plus tard dans le livre, je vous laisserais donc la découvrir par vous-même.

L’auteur, Mary Hooper a vraiment réussi à retranscrire cette époque et cette ambiance si particulière : le travail dur des servantes dans les manoirs des familles riches, le harcèlement de la gent masculine vis-à-vis d’elles, car considérée comme des « filles faciles ». Les injustices sociales  à cette époque sont plus que flagrantes, de plus, l’auteure a développé une  documentation pointue, en particulier sur le plan juridique.

C’est donc un livre qu’il faut absolument lire, et même dévorer. Pour l’âge de lecture, je le conseillerais à partir de 15 ans, à cause du cru de certaines scènes et langages, traduisant la réalité de cette période de l’histoire qui a marqué la médecine anglaise, mais aussi la société.

Si vous aimez, La messagère de l’au-delà, Mary Hooper a écrit d’autres romans historiques dont aux éditions Gallimard : Espionne de sa majesté et sa suite : La maison du magicien, dès 11 ans.

Chronique : Les enfants de la Terre – Tome 1 – Le Clan de l’Ours des Cavernes

Les enfants de la terre 1 Clan ours cavernesVoici le premier tome de la saga des Enfants de la Terre de Jean M. Auel, et croyez moi quand je vous dit qu’il est SUBLIME.

L’histoire est tout de suite captivante, on se laisse prendre à suivre la petite Ayla venant d’échapper de près à la mort par un tremblement de terre qui a décimé toute sa famille, ainsi que son clan.

Certains passages sont vraiment magnifiques par leur force, et par les sentiments qu’ils peuvent vous faire ressentir (surtout à la fin, où je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer), il y a de tout dans ce livre. La beauté du moment, l’horreur et la torture, le doute… tous les éléments sont là, et sublimés par J.M. Auel… merveilleux.

De plus, on y apprend les vertus médicinales de beaucoup de plantes, c’est toujours intéressant en terme de culture… Auel a dû se documenter pendant un certain temps pour réunir autant d’informations…

Car sachez-le, même si c’est un roman, elle a essayé de se baser sur des faits scientifiques réels et sérieux, même les spécialistes du milieu tels que les anthropologues et les paléontologues s’accodrent à dire qu’elle est crédible et qu’il n’y a pas d’élément saugrenus dans ce qu’elle a écrit. Tout cela aurait très bien pu se passer…

Bonne lecture à vous, ressortez grandi de cette lecture, et que l’esprit du Grand Ursus, l’Ours des Caverne vous accompagne.