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Chronique Jeunesse : Les enfants des lumières

Quand l’Histoire prend vie grâce à une courte série immersive dans le monde de l’imprimerie… captivant !

Voici une série historique de deux ouvrages écrits à quatre mains qui saura passionner les fans d’Histoire. La saga Les enfants des lumières est en réalité une réédition car La plume de l’ange était déjà paru chez Nathan en 2011, de même que L’encrier du diable (Nathan, 2011). Les ouvrages étaient en poche initialement, puis ont été réédités en grand format en 2016 par l’éditeur, avec des couvertures que je trouve beaucoup moins avenantes… Depuis, malheureusement, les ouvrages ont été épuisés et Nathan n’a pour le moment pas prévu de les rééditer. C’est fort dommage car il s’agit d’une série de qualité dont je vais vous vanter les mérites !

Dans le microcosme d’une librairie familiale

Nous sommes en France, au 18ème siècle, dans le monde feutré de l’imprimerie et de l’édition. Cela n’en a pas l’air, mais à l’époque il était très risqué d’être imprimeur et libraire… Ce qu’on publiait pouvait nous mener tout droit à Vincennes (prison de l’époque). C’est d’ailleurs ce qui va arriver au père de l’héroïne de la série : Judith Amelot.
Pourquoi je parle à la fois d’imprimeur et de libraire ? Tout simplement parce qu’à l’époque les deux métier intrinsèquement liés. Celui qui éditait, corrigeait et imprimait était également celui qui vendait. De nos jours, ces aspects du monde du livre sont totalement séparés, mais il est passionnant de découvrir le fonctionnement de l’époque.

C’est ainsi que nous découvrons le quotidien passionnant de Judith, fille d’imprimeur. Elle va devoir déjouer les nombreux complots qui entourent la publication d’un titre pour sauver sa famille et la vie de son père.

Immersif, réussit et passionnant

Cette saga en deux tomes est absolument passionnante, on y découvre tout un pan des us et coutumes de l’époque le tout amené avec efficacité. Que l’on soit passionné d’histoire ou non, il y a de tout dans ces romans : de l’action, du suspsense, une enquête rondement menée et des personnages charismatiques car bien campés.
En somme, c’est une réussite.

Dans le second tome, le format du roman est différent. Là où La plume de l’ange est un roman des plus classiques, L’encrier du diable est quant à lui uniquement composé d’échanges épistolaires. Il fait suite directement à La plume de l’ange. Plus court que le premier, on y retrouve cependant les mêmes qualités. Et comme vous serez déjà familliers des personnages qui s’échangent ces nombreuses lettres, vous entrerez aisément dans l’intrigue.

L’aspect des romans qui ma le plus séduite (en dehors de l’écriture fluide et bien travaillée), ce sont tous ces faits de l’Histoire que l’on ignore. Tout est bon pour découvrir de nouvelles choses. Ainsi, saviez-vous que l’ouvrage de Rousseau l’Émile a été menacé de ne jamais paraître car s’attaquant trop frontalement à la religion ?
Que lors d’un procès, les rumeurs et les soupçons étaient considérés comme des quarts et des huitièmes de preuves ? Ainsi additionnés lors dudit procès, ils pouvaient devenir des preuves à part entière si l’on réunissait assez de ouï-dire et de soupçons…
Et bien entendu, cela n’est qu’une toute petite partie de ce que vous pourrez découvrir, sans parler de tout l’aspect techniques d’impression qui est très développé (et passionnant !).

Vous l’aurez donc compris, la saga des Enfants des lumières est une petite pépite parfaite pour découvrir l’Histoire. Il n’est pas nécessaire de lire les deux ouvrages pour apprécier l’intrigue, le tout premier peut tout à fait se suffire à lui-même. Pour moi, La plume de l’ange est d’ailleurs le meilleur. Quel dommage que les éditions Nathan aient épuisés les deux ouvrages ! Une réédition en poche serait absolument parfaite et je suis certaine que les ouvrages trouveraient leur public…
Il est dommage d’avoir fait du poche en 2011 puis du grand format à 15€ en 2016 pour ensuite épuiser le texte définitivement de nos jours. Je ne suis cependant pas dans les arcanes du monde de l’édition et ne connais rien aux enjeux… je sais juste qu’en tant libraire, j’aurais eu beaucoup de plaisir à faire passer ces textes de qualité.

Pour ceux et celles qui mettent la main dessus, bravo à vous et bonne lecture ! A découvrir dès l’âge de 12/13 ans environ.

Chronique : La fille de la supérette

Coup de cœur pour ce roman nippon charmant et atypique.

Premier roman de Sayaka Murata à paraître en France, La fille de la supérette est un roman court, mais charmant qui vient tout juste de paraitre aux éditions Folio. Il était auparavant sorti aux éditions Denoël sous le titre Konbini (nom des petits supermarchés ouverts 24h/24 et 7j/7 au Japon).

Une jeune femme en décalage profond avec la société

Keiko est employée dans le même konbini depuis 18 ans, et elle ne se voit changer de travail pour rien au monde. Mais sa famille et ses proches ne sont pas du tout du même avis… Là où tous ceux et celles de son âge ont trouvé mari ou femme et ont même des enfants, Keiko stagne dans l’univers rassurant et lumineux du konbini. La pression de son entourage peut-elle la faire changer pour qu’elle s’accomplisse enfin aux yeux des autres ?

Aussi beau que très mélancolique

J’ai beaucoup aimé ce roman atypique et pas nécessairement évident à proposer. Tout d’abord parce qu’il parle du Japon et des strates et codes complexes de cette société, mais pas seulement. En effet, Keiko est totalement inadaptée socialement, c’est peut-être pour cela d’ailleurs – paradoxalement – qu’elle est l’une des meilleures employée du magasin. Elle n’a jamais d’avis propre, mais agit constamment par mimétisme. Elle copie le ton de son patron ou de sa collègue, s’insurge quand ils le font, s’agace quand ils le sont… Mais jamais elle n’initie un comportement. De même, elle a apprit par cœur le manuel de l’employé du konbini et se considère comme un simple rouage plus que comme un individu à part entière… Elle a tellement peur que son « imposture » soit découverte qu’elle va jusqu’à regarder dans les casiers la marque des vêtements de ses collègues afin d’en acheter des similaires. Tout cela, encore une fois pour mieux rentrer dans le fameux moule.

« Mon organisme ainsi alimenté par les denrées de la supérette, il me semble faire partie des meubles, au même titre que les étagères de produits ou la machine à café ».

Couverture de la première version de La fille de la supérette paru sous le titre Konbini chez Denoël.

Keiko n’a jamais eu de petit ami, et cela pose problème à sa famille, qui craint de la voir finir vieille fille, sans descendance… Comme si c’était le pire scénario possible pour eux. Et c’est bien le cas, mais pour Keiko, cette situation est parfaite, elle ne demande rien à personne et veut continuer à être heureuse dans son petit konbini et son minuscule studio. Et c’est là que l’on découvre peu à peu jusqu’où Keiko est prête à aller pour qu’on la laisse tranquille…
C’est à la fois courageux et triste (vous découvrirez par vous-même), mais il faut se rendre compte de la pression qu’elle subit : tous les jours ou presque elle a des remarques sur son travail à temps partiel, son absence de mari ou d’enfants dans sa vie. Cela doit être pesant, surtout quand on s’aperçoit que cela rend sa famille très malheureuse… sa sœur va jusqu’à pleurer quand elle se rend compte que Keiko semble sans espoir à ce sujet.

Plus qu’un roman, La fille de la supérette est pour moi une critique de la société (et pas uniquement nippone) qui nous impose ses carcans. Quand une femme a passé la trentaine et qu’elle n’est pas en couple, c’est forcément qu’il y a un problème. Non. Cela peut être un souhait même si il n’est pas majoritaire dans notre société. Quelle que soit l’époque, cela a d’ailleurs toujours été mal vu…
Pour moi, c’est un roman sur la résilience, la différence et le fait de l’assumer, ou non.

A la fois tendre, touchant et très mélancolique (comme les japonais savent faire), ce roman atypique vous touchera en plein cœur. Je l’avoue, j’aurais moi aussi voulu rester plus longtemps dans l’ambiance chaleureuse et bruyante du petit konbini de Keiko… C’était un peu trop court, mais tout a été dit dedans, il ne servait à rien de rallonger l’histoire.
Je vous conseille donc avec plaisir cet ouvrage atypique et attachant, comme l’est le personnage décalé de Sayaka Murata (qui elle aussi a travaillé longtemps dans un konbini !).

Dédicace : Les photos de la signature de Sarah Dessen à la librairie Fontaine Villiers

C’était hier, le samedi 17 mars 2018, Sarah Dessen nous a fait l’honneur et le plaisir de signer son dernier ouvrage, Once and for all, qui vient tout juste de paraître aux éditions Lumen. Voici les photos de cette rencontre intimiste où les fans ont pu discuter et rire avec l’auteure !

Chronique : Hikikomori

Un roman américain beau et triste à la fois, sur un phénomène typiquement japonais : Hikikomori. Ce terme désigne des individus ayant décidé de s’isoler du monde pendant des mois, voir des années.

Jeff Backhauss est un auteur d’origine américaine. Avant d’écrire, il a été directeur artistique et pilote professionnel. Il a également vécu et travaillé en Corée. Hikikomori est sont tout premier roman. Il est paru en poche chez Milady en septembre 2016.

Un homme isolé volontairement depuis trois ans…

Suite à un drame, Thomas Tessler s’est isolé quelques heures dans une pièce, puis les heures se sont transformées en jours, en mois, puis en années… Sa femme ne l’a plus vu depuis 3 ans, une simple porte les sépare, et pourtant, impossible d’en franchir le seuil. Thomas est un hikikomori, un individu qui s’est volontairement coupé du monde. Ce phénomène est typiquement japonais et concerne un million de personne là-bas.

Mais Thomas est américain, et personne ici ne semble savoir comment le faire sortir de sa terrible léthargie… alors, peut-être qu’une personne japonaise saurait, elle ? C’est ce que se dit Silke, sa femme, qui voit en Megumi le dernier recours pour sauver Thomas et leur couple… D’autant que la jeune japonaise a un passé qui pourrait l’aider à « guérir » Thomas, car elle a déjà l’expérience des hikikomori…

Un roman touchant, beau et extrêmement original

De par son thème et la façon dont il est traité, Hikikomori est un roman social difficile à classer, mais délectable à découvrir ! Pour les curieux qui souhaitent approfondir leurs connaissances de la culture nippone, pour ceux également qui aiment les belles histoires au goût doux-amer, c’est un roman parfait.

Je ne saurais dire exactement pourquoi, mais Hikikomori est un roman qui a réussit à me toucher. L’histoire de cet homme qui s’est isolé à l’extrême pour s’éloigner de la douleur,  quitte à mettre en péril son couple a su me parler. Le fait également que chaque page est un écho au Japon et à ses codes a également aidé à m’attacher encore plus à cette histoire.

Le relationnel qui se créée entre Thomas et Megumi dans les silences, entre cette porte close, tout est magnifiquement retranscrit. Ce rapport si étrange et difficile à expliquer qui pourrait paraître malsain en toute autre situation passe ici à cause de cette situation exceptionnelle. Ce paradoxe entre culture nippone et culture américaine également est fascinant, l’auteur a su traiter cela avec art, le tout restant intimiste et captivant.

Ainsi, le thème principal de ce roman a beau être la perte de l’être cher, le deuil, on a un sentiment qui devient de plus en plus lumineux et positif au fil des pages. On arrive tout comme Thomas à s’extraire de ce sentiment d’enfermement… Mais la route est longue, et nous n’assistons qu’aux prémisses d’un changement qui sera assez long au final.

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Mais quelle beauté, pour ce roman ! Lisez Hikikomori si vous rechercher une histoire autre, différente. Délicat, beau, fragile et mémorable, voici les adjectifs à retenir pour cet ouvrage si particulier. Et un nom également est à retenir, celui de Jeff Backhaus, dont c’est pour le moment le seul ouvrage paru en France, mais qu’il faudra surveiller de près…

Chronique : En beauté

Un roman étrange et diffus pour découvrir l’univers de l’auteur coréen Kim Hoon

Bienvenue dans le monde de l’esthétisme et de la beauté au travers du prisme… d’un salon funéraire. Voici le court roman (ou la longue nouvelle) de Kim Hoon parue chez Picquier en novembre 2015.

Kim Hoon est un auteur coréen qui a trois livres parus actuellement en France en comptant En beauté. Les deux autres sont parus chez Gallimard : Le chant du sabre et Le chant des cordes.

Le choc de deux univers

Le directeur commercial d’une grande entreprise de cosmétiques vient de perdre sa femme, alors que ce dernier s’occupe des obsèques, son travail passe le rattrape… Il soit gérer la campagne de communication estivale de son entreprise… Pour ceux qui connaissent un peu la Corée, En beauté ressemble à un portrait à l’acide de la Corée et de sa dureté pour ceux qui y travaillent…

Une lecture qui laisse un peu sur sa faim mais donne à réfléchir…

Pour lire et/ou apprécier En beauté, je pense qu’il faut déjà beaucoup aimer la littérature coréenne et ses thèmes parfois étranges. Un lecteur que ne se serait jamais essayé à la littérature coréenne risquerait d’être quelque peu déstabilisé par ce court roman.

La lecture est pénible dans le sens où rien ne nous est épargné. Nous découvrons avec horreur et dégoût les lentes étapes de la maladie que la femme de ce publicitaire a vécue. On lit aussi avec beaucoup de fascination et de respect tout l’amour que cet homme éprouvait pour sa femme. Il s’occupait d’elle jusque dans ses besoins les plus primaires : manger, aller aux toilettes, la changer… Il aimait sa femme avec une force indéfectible, un courage illimité…

Mais outre sa vie personnelle, cet homme se doit « d’assurer » également sur le plan professionnel. En Corée, le monde du travail est plus que difficile, il est cruel. Les Coréens sont parmi les peuples travaillant le plus à dans le monde, et ce roman le démontre en illustrant cet homme menant de front l’organisation des obsèques de sa femme et son travail. Même dans une situation aussi exceptionnelle que la mort d’un proche, le travail passe avant tout…

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Pour apprécier pleinement ce roman et comprendre ce qu’il illustre et dénonce, il faut avoir une vision assez globale de la réalité de la vie coréenne, de ses enjeux, de ses difficultés. Je ne les perçois qu’à peine, mais le peu que je sais de ce mode de vie grâce à la lecture de nombreux romans semble compliqué.

Quand on lit, on tente de s’évader, et la littérature coréenne réussit cela à merveille pour moi. Mais avec En beauté, c’est la réalité qui se rappelle à nous. Nos envies d’exotisme et de littérature sont parfois rattrapées par ce genre de roman. Nous qui rêvons d’un ailleurs, l’herbe n’est pas toujours plus verte dans ces pays d’Asie qui nous fascinent tant et que parfois nous envions…

Chronique : Voici venir les rêveurs

voici-venir-les-reveursLe rêve américain : but ultime d’une famille camerounaise qui a tout quitté pour le vivre pleinement

Imbolo Mbue, c’est un nom qui ne vous dit peut-être rien pour le moment, et c’est normal, Voici venir les rêveurs est son tout premier roman. Mais il a beau être son premier ouvrage, il a été un véritable phénomène éditorial, aussi bien aux États-Unis que dans le monde entier… tous les éditeurs s’en sont littéralement arraché les droits de traduction à la fameuse Foire du livre de Francfort en 2014. En France, ce sont les éditions Belfond qui ont décroché le droit de traduire et de publier son roman.

L’histoire forte et belle d’immigrés qui vivent à travers le prisme du rêve américain

Jende est un homme travailleur. Pour vivre pleinement le fameux rêve américain et amener sa famille du Cameroun aux États-Unis, il est prêt à tout. A travailler comme un fou. A suer sang et eau. A cumuler plusieurs travails. A mentir à l’immigration… Mais jusqu’où est-il prêt à aller pour créer le meilleur avenir possible à ses enfants et offrir la vie de rêve que sa femme adorée mérite tant ?

Un roman puissant et captivant, aux personnages terriblement attachants

La vie et l’histoire de Jende sont absolument passionnantes. On s’attache à cet homme qui souhaite le meilleur pour lui et sa famille. Qui est prêt à tout pour sauver les apparences et faire rêver ceux qui ont eu la malchance de rester au pays.

La femme de Jende, Neni est également une battante admirable, luttant continuellement pour porter à bout de bras sa famille. Sa personnalité est incroyable, surprenante, charismatique. On aimerait tous avoir la force de Neni tant elle subjugue par ses actes inattendus et osés parfois.

L’histoire de ce couple incroyable et fort nous est ici disséquée sous tous les angles. On en apprend énormément sur le Cameroun et l’image qu’ils ont des États-Unis là-bas. On y découvre également les terribles et cruelles traditions qui perdurent encore… Et Imbolo Mbue sait de quoi elle parle puisqu’elle-même est camerounaise.

La vision qu’elle nous offre des États-Unis est ainsi bien loin du paradis rêvé par tant de personnes (qu’elles soient camerounaises, ou d’ailleurs…). Lucide, terrible, réaliste, le concept du rêve américain y est ici totalement revu et corrigé.

Voici venir les rêveurs, c’est également l’histoire d’un scandale, celui de la chute de Lehman Brothers (en 2008). On assiste à la déchéance d’une puissance que l’on croyait immuable ; et comment ces trafics vont influer sur des petites vies qui semblent si insignifiantes pour certains…

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Ce roman est relativement passé inaperçu dans la presse et les médias, et c’est fort dommage. Belfond croit beaucoup en ce roman, et l’on comprend sans problème pourquoi une fois la lecture achevée. Imbolo Mbue nous offre un grand plaisir de lecture tout en nous permettant de nous attacher à des personnages forts émotionnellement. On est fébrile à l’idée de savoir ce qu’il va arriver à ces petites gens qui travaillent pour les plus grands… Un grand roman, ne passez pas à côté.

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Chronique : Prête à tout

Prête à toutParu aux États-Unis en 1993, puis chez Pocket en 1995, enfin réédité en 2015 par les éditions Philip Rey en 2015 pour enfin revenir en poche en mai 2016… voici le roman Prête à tout signé par l’américaine Joyce Maynard.

A travers ce roman brossant une quantité folle de tranches de vies différentes et de témoignages, Joyce Maynard nous propose une vision du monde des médias qui montre toute sa dangerosité autant que son attrait… Se basant sur des faits ayant réellement existé, l’histoire est absolument passionnante. Par ailleurs, le livre tiré de ce fait divers a lui-même inspiré un film, du même nom réalisé en 1995 par Gus Van Sant.

Si vous ne connaissait pas encore cette auteur d’origine américaine, sachez qu’elle a une production littéraire très régulière. Elle a par ailleurs eu une relation avec J. D. Salinger – de trente-cinq ans son ainé – dont elle a tiré un roman : Et devant moi, le monde.

Un beau couple heureux et bien sous tout rapport

Suzanne Maretto, belle et jeune mariée, heureuse, intelligente, ambitieuse, une belle maison, un mari aimant… elle possède tout ce qu’on rêverait d’avoir. Et pourtant, Suzanne n’est pas heureuse : elle souhaite par-dessus tout être une présentatrice télé. Célèbre, vénérée, c’est son un souhait qu’elle fait tout pour atteindre depuis son plus jeune âge. Toujours pondérée, travailleuse, motivée, soignant à un point extrême son apparence, Suzanne percera dans le monde de la télé, tout le monde en est persuadé. Mais un drame va tout changer. Suzanne rentre chez elle un soir et retrouve son mari mort, son sang noyant la moquette. Sa vie vole en éclats, mais pas nécessairement comme on l’imaginerait…

Un bon livre qui se dévore comme un roman noir

Pour une première incursion dans l’univers de Joyce Maynard, j’ai trouvé cette lecture extrêmement plaisante et accrocheuse. On découvre une Amérique pleine d’apparences, de paillettes, ainsi que toutes ses déviances liées aux médias.

La narration est aussi originale qu’addictive grâce à des chapitres extrêmement courts narrés par un personnage différent à chaque fois. Au total, c’est plus d’une vingtaine de personnages qui peu à peu dressent le portrait du couple parfait que forment Suzanne et Larry. Et peu à peu, ce sont les zones d’ombres, les étrangetés qui ressortent. Puis une forme de doute s’installe concernant la personnalité de Suzanne, ses aspirations, son caractère, ses pulsions…

La montée en puissance latente, les nombreuses découvertes que l’on fait au fil des pages sont très bien tournées. Nous ne sommes jamais dans la révélation incroyable, bien au contraire. L’écriture est tournée de façon à ce que les questionnements et les doutes s’installent peu à peu dans l’esprit du lecteur. C’est encore mieux qu’une révélation soudaine. On réfléchit, on doute, on y repense…

Pour écrire ce roman, Joyce Maynard s’est directement inspirée de l’affaire Gregory Smart. Quand elle a commencé à écrire Prête à tout, elle n’avait pas tous les tenants et aboutissants de l’affaire. Elle dit d’ailleurs dans la postface qu’elle a tout fait pour ne pas se renseigner plus afin de ne pas être influencée. Lors de l’écriture de l’ouvrage, le jugement n’était pas prononcé, et elle s’est laissé uniquement porter par ses personnages pour écrire. Et quand on voit le résultat final dans la réalité et les différentes motivations de chacun, on constate de Joyce Maynard n’était malheureusement pas loin de la triste réalité…

……

Au final, Prête à tout est un excellent livre, entre littérature et récit à suspense. Il s’agit d’un bon roman à l’américaine qui se dévore d’une traite ou presque ! Parfait par exemple comme lecture d’été.

Chronique : Mon petit mari

Mon petit mariÉtrange histoire que celle de Mon petit mari, qui nous expose à un amour peu commun : celui d’un homme d’un mètre soixante (Léon) avec une femme de plus d’un mètre quatre-vingt (Solange)… les têtes se tournent sur leur passage, mais ils n’en ont cure. Les amis de la femme s’affligent de la voir avec un si petit homme alors qu’elle pourrait avoir les plus beaux et les plus grands hommes à ses pieds… mais elle s’en fiche !

Jusqu’au jour où… Léon se met à rétrécir ! L’écart entre eux se creuse… et leurs enfants ont de plus en plus de mal au fur et à mesure qu’ils grandissent à reconnaitre l’autorité de leur petit père.

C’est ainsi que l’on plonge dans un mélange bizarre entre vie de couple et fantastique pour le meilleur et surtout pour le pire : le début du livre est vraiment intéressant mais tout part en vrille dès lors que Léon rétréci. L’auteur s’est laissé emporté dans des délires parfois louches pour ne pas dire carrément malsains (en particulier les passages montrant le peu d’autorité que possède Léon sur ses enfant, ou encore les moyens qui font qu’il a d’autres enfants après avoir rétréci). Et plus on avance dans le livre plus les personnages sont cruels envers le personnage principal, trop cruels pour être réaliste.

La majorité du roman est une mauvaise blague qui donne un intense sentiment de déception au lecteur croyant avoir fait une bonne affaire… dommage, le début était si bien parti… peut-être qu’à force de vouloir être original Pascal Bruckner s’est-il égaré.

3/10

TRANCHE d´ÂGE :