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Chronique : Belladonna – Tome 1

Chronique d’un roman fantastique qui avait tout pour me plaire mais qui fut une déception…

Adalyn Grace est une autrice américaine qui a connu le succès avec deux séries : la duologie All the stars and teeth et la trilogie Belladonna. Tous ses romans sont publiés chez De Saxus, l’éditeur au jolis livres reliés.
Mais même si l’écrin de Belladonna est magnifique, qu’en est-il du texte ?

Un pouvoir unique, tel une malédiction

Signa, orpheline seulement après quelques mois de vie, a maintenant 19 ans. Elle a été ballottée dans nombre familles d’accueil… et cela à cause d’une chose toute simple : elle tue (malgré elle) ceux qui ont sa garde. Et sa dernière mère adoptive acariâtre et atroce ne fera pas exception, elle qui l’a surtout gardée pour sa fortune à gérer plus que par amour sincère… Mais chose inattendue, alors qu’elle subit un déclassement systématique depuis qu’elle est adoptée, la nouvelle famille lointaine qui la prend sous son aile est richissime. Peut-être Sygna va-t-elle enfin trouver un endroit où elle sera aimée pour elle-même ?
Cette fois-ci, Signa va devoir faire très attention à ne tuer personne, y compris sa cousine à la santé très fragile qui est déjà aux portes de la mort… mais comment maîtriser un pouvoir dont on ignore le fonctionnement depuis presque deux décennies ?

Gothique et sombre à souhait

L’atout principal de Belladonna, avant tout autre chose, c’est son atmosphère. A la fois feutrée et très obscure, c’est un régal de lecture. On se croirait juste à côté de Signa, en trait de savourer une ambiance délétère et sublime.

Cependant, malgré une idée originale quant à la conception des pouvoirs obscurs et empoisonnés de Signa, l’intrigue se tient assez mal. Trop longue, trainant en longueur, dotée de personnages tous plus énigmatiques les uns que les autres (mais pas passionnant malgré leurs nombreux secrets), l’histoire flétrit au fil des chapitres.

Le premier tiers du roman se lit fort bien, mais après, c’est assez emmêlé, le rythme déjà assez lent devient encore plus étiré… Passée la seconde moitié, la lecture devient encore plus laborieuse alors que l’on voit déjà se profiler beaucoup d’éléments décisifs de l’intrigue.
De plus, les personnages ont beau être peu nombreux (une dizaine), ils sont très faciles à confondre. J’ai eu beaucoup de mal à chaque fois à déterminer qui était qui et quels étaient les enjeux de chacun… Pour ce qui concerne Signa, notre héroïne, elle m’a laissée totalement indifférente. Je n’ai eu que très peu d’affect pour sa personne, de même que pour sa quête de rédemption face au mal qu’elle sème.

Autre point négatif, je n’aime pas quand les auteurs.ices mettent un cliffangher pour relancer leur roman aux deux dernières pages du livre. Et c’est bel et bien ce qui se passe dans Belladonna. Là où l’histoire s’essoufle durant le dernier tiers, l’autrice nous relance dans le vif de l’intrigue avec un nouveau personnage. Oui, on sait que ça va devenir intéressant, mais je trouve ce genre de schéma narratif assez malhonnête. Car clairement, le roman aurais pu être plus court. Peut-être même qu’il n’était pas nécessaire d’en faire une trilogie ?

Ce premier tome était donc une déception, et j’en suis la première déçue… Belladonna reprend les codes du roman gothico-fantastique sans parvenir à tenir son intrigue par la même occasion. Dommage que le déséquilibre soit si net…

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Chronique essai : Lettre à Dennis Rodman, bouffon de la dictature nord-coréenne

Paru en 2015 aux éditions Les échappés (issues de Charlie Hebdo), ce court opuscule nous fait découvrir la face cachée des « paillettes » que la Corée du Nord essaye désespérément de nous lancer aux yeux. Bien entendu tout le monde est au courant qu’il s’agit d’une dictature, que les Nord-coréens ne mangent pas à leur faim et que leur vie est constamment menacée…

Mais il y a encore quantité de choses que l’on ignore sur ce pays si secret et Elise Fontenaille va se charger de nous en apprendre un peu plus… Quoi qu’il en soit, ça n’a pas l’air d’effrayer l’ex icône du basket Dennis Rodman…

Âmes sensibles, s’abstenir

Comment peut-on passer de l’ex-basketteur star Dennis Rodman à la Corée du Nord et cela sans transition ? C’est facile… il suffit de savoir que ce dernier a été invité en tant qu’ami par Kim Jong-un pour avoir le commencement d’un lien. Et c’est ainsi que l’amitié entre le basketteur et le dictateur Nord-Coréen grandit, la population s’affame et continue à mourir… Rien à signaler, tout va bien.


C’est indécent, vous trouvez ? Ce n’est que la partie émergée de l’iceberg comme vous allez pouvoir vous en rendre compte au travers de la centaine de pages de l’ouvrage…

La dictature, c’est mal, oui mais encore ?

Bien entendu tout le monde sait que ce qui se passe en Corée du Nord est atroce, mais Elise Fontenaille a creusé pour nous le sujet afin que l’on soit encore plus conscient de ce qu’il se passe. Une chose est sûre, ce que vous apprendrez dans cet ouvrage risque bien de vous rester en mémoire.


La Corée du Nord a notamment parmi les meilleurs réseaux de hackers. Cela peut paraître incroyable quand on connaît le niveau technologique du pays, mais détrompez-vous. Le pays a su se doter des meilleurs technologies et des meilleurs hackers au monde pour parvenir à ses fins. Grâce à Kim Jung-un, le pays se modernise extrêmement vite (même si cela est réservé à une élite pendant que la population lambda travaille dans les champs et meurt dans les camps).
Kim Jung-un a ainsi réussit à paralyser la sortie d’un film qui lui déplaisait fortement : The Interview, où jouent Rogen et James Franco. Le film à l’humour potache lui a fortement déplu car le mettant en scène sous un jour très désavantageux. Mais il a fait l’erreur d’attirer justement la curiosité du public dessus par ses nombreux actes de hacking envers Sony. Le dictateur a fait pirater les mails des plus hauts responsables de l’entreprise ce qui a créé une énorme crise chez Sony…

Vous découvrirez aussi comment les témoignages des rares rescapés de Corée du Nord sont eux-même manipulés à cause d’une course à celui qui vendra le plus et passera le mieux dans les médias. Comment certains ont modifié leur vécu (déjà horrible) pour l’accentuer… Pas de jugement ici, l’autrice expliquant comment cette course au pire témoignage en est venue à exister, c’est sidérant et bien triste mais totalement compréhensif.

Mais ce qui m’a le plus choqué, c’est une partie de l’Histoire de la Corée qui date de la fin du XIXème siècle. Si vous ne connaissez pas la Reine Min (ce qui fut mon cas, je l’ai découverte ici) son histoire devrait vous intéresser. Elle est une figure incroyable qui a marqué son pays de part son destin tragique. Ce qu’elle a fait pour la Corée est incroyable, notamment en termes d’éducation et de culture des jeunes filles du pays… Avant que le Japon fomente une mission d’assassinat contre elle de la plus horrible des façons…

Tout cela et plus encore, voilà ce qui vous attend dans ce petit livre. Il faut le prendre comme une porte d’entrée dans la démarche de découvrir l’histoire d’un pays brisé et fracturé par les guerres et les dissensions depuis plus d’un demi-siècle. C’est passionnant bien que terrible, mais je suis partisane de voir les choses en face plutôt que de faire comme si elles n’existaient pas. Si vous avez le même point de vue que moi sur la question, cet ouvrage devrait intéresser et vous questionner. Passionnant.

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique Jeunesse : L’ickabog

Véritable événement international, L’Ickabog est paru en fanfare à la fin d’année 2020. Il signe le grand retour de J.K. Rowling à la littérature de jeunesse, chose qu’elle n’avait pas faite depuis Harry Potter.
Mais J.K. Rowling n’avait pas lâché sa plume pour autant. Elle a publié des polars et plusieurs romans après les aventures du plus célèbres des sorciers : Une place à prendre, ou encore la série de l’inspecteur Cormoran Strike sous le pseudonyme de Robert Galbraith.

La version française de L’ickabog a été traduite par l’autrice Clémentine Beauvais. Elle a écrit quantité de romans pour la jeunesse et les ados : Les petites reines, Comme des images, Songe à la douceur, Brexit Romance… (pour ne citer qu’eux). Un chapitre paraissait chaque jour sur internet, et cela gratuitement pendant le premier confinement. De quoi se distraire avec bonheur durant ces temps qui furent difficiles.

Autre petite chose très sympathique, les jeunes lecteurs.ices ont pu envoyer leurs plus beaux dessins après lecture de l’Ickabog. Vous en retrouverez une sélection en couleur en fin d’ouvrage (et une illustration en fin d’article). De quoi motiver les artistes en herbe…

Mais alors, que vaut donc l’Ickabog, le nouveau roman jeunesse de Rowling ? Une chose est certaine, il était très attendu !

Un monstre légendaire que personne n’a jamais réussi à apercevoir…

Tout commence quand un roi égoïste qui pense de moins en moins au bien être de son peuple et des gens qui le servent persiste dans ses travers. Et surtout, les choses empirent quand ses conseillers proches décident peu à peu de prendre le pouvoir et les richesses du royaume… Comment ? En créant de toute pièces un monstre qui va faire régner la terreur dans le royaume de Cornucopia.

Mais l’Ickabog est-il vraiment une invention des conseiller du Roi Fred ? Ou existe-t-il réellement ?

Un roman qui reprend les codes du conte traditionnel

On peut apprécier l’Ickabog pour la façon dont il est narré, à la façon d’une légende ou d’un conte de fées. Même s’il s’agit d’un texte contemporain, c’est bien une ode aux anciens textes que Rowling nous offre ici.
Malgré ce point très plaisant, je n’ai pas beaucoup aimé l’Ickabog, que j’ai trouvé bien trop manichéen et surtout très moralisateur (façon gros sabots).

L’histoire en elle-même ne m’a spécialement transportée même si je savais que ce n’étais pas du Harry Potter que j’avais entre les mains, je m’attendais à plus. Quelque chose de plus original peut-être ? Ou tout simplement de moins simpliste ?

J’ai trouvé que l’Ickabog n’était pas représentatif de la finesse à laquelle nous a habituée Rowling. La façon dont c’est écrit me donne l’impression qu’elle n’a pas prit son lectorat assez au sérieux… c’est dommage.

Il y a pour moi quelques longueurs inutiles dans le roman, notamment vers la fin. Je ne vous en dit pas plus sur l’intrigue, mais le cheminement final de cette histoire traîne quelque peu en longueur pour n’apporter que peu de choses…

Bien entendu, il ne s’agit là que de mon ressenti et je sais que beaucoup de lecteurs et lectrices de tous âges ont beaucoup aimé L’Ickabog. Pour moi, cela n’a pas fonctionné du tout. J’ai trouvé cette histoire trop « facile », avec des méchants trop méchants, et un roi benêt bien trop agaçant…


Je reste toutefois très curieuse de découvrir le prochain roman jeunesse de J.K. Rowling qui sortira en fin d’année 2021, toujours chez Gallimard Jeunesse of course : The Christmas Pig.

Chronique : Mindjack – Tome 1 – Esprits libres

Une saga de romans young-adult qui mêle habillement fantastique et futurisme !

Susan Kaye Quinn est une autrice américaine très prolifique. En France, elle est publiée aux éditions MxM Bookmark. Sa série Mindjack est une trilogie, dont les deux premiers tomes sont d’ores et déjà parus chez MxM. La petite particularité de cet éditeur est qu’il s’agit d’ouvrages en impression à la demande. En général, vous devrez les commander en librairie, ils sont ensuite expressément imprimés pour vous chez le fournisseur et arrivent chez votre libraire préféré ! C’est encore une chaine particulière rarement utilisée, mais l’idée se développe chez plusieurs éditeurs (notamment pour des livres épuisés).

Dans un futur où plus personne ne peut garder ses secrets

Dans un avenir glaçant, l’humanité a évolué. Quand on atteint la puberté, on développe des capacités mentales devenues la norme : on entend les pensées de tout le monde et tout le monde entend les nôtre. Sauf les ratés, nommés les Zéros. Eux n’ont pas « évolué », ils ne trouveront jamais de travail gratifiant (ils sont réservés à tous les autres) et resterons à tout jamais des inadaptés. C’est le cas de l’héroïne de Mindjack : Kira. Elle a beau souhaiter de tout son cœur développer les fameuses capacités mentales qui lui permettraient de s’intégrer, rien ne vient. Et pour Kira, c’est de pire en pire : stress, tension, mise à l’écart… elle craint le pire pour son avenir, qui semble fichu avant même d’avoir commencé…

Jusqu’à ce qu’elle découvre que ses capacités mentales commencent finalement à se développer – enfin ! – mais qu’elles ne sont pas exactement comme celles des autres… C’est le début d’une terrible course poursuite pour la jeune fille qui va devoir quitter sa maison et sa famille pour survivre… Elle n’est pas une Zéro, mais une Mindjack. Elle peut « hacker » l’esprit des gens et les manipuler…

Une dystopie plaisante qui sait malmener ses personnages

Si vous avez envie d’une histoire où l’héroïne traverse de nombreuses épreuves, vous êtes au bon endroit. Bien qu’assez classique dans son déroulement, Esprits Libres est un bon roman YA car il contient de nombreuses bonnes idées.

Pour ceux et celles qui ont aimé la saga Divergente, cela peut être une lecture plaisante. On y trouve un mélange de science-fiction, d’anticipation sociale et de thriller qui fonctionne très bien.

Et puis… vous aurez quelques surprises quant au déroulement de l’histoire, la jeune Kira va devoir se battre contre tout le système érigé depuis des décennies autour de la télépathie. Et une personne seule paraît bien faible face à une mécanique aussi écrasante… Mais les pouvoirs hors du commun de Kira pourront être le grain de sable qui changera les choses. Peut-être.

En somme, le premier tome de la saga Mindjack nous permet de passer un bon moment de lecture. Tous les ingrédients sont là pour que ça fonctionne !

Chronique : Killing November – Tome 1

Un premier tome addictif qui nous donne le meilleur de la littérature ado !

Paru en janvier 2020 chez Pocket Jeunesse, Killing November est le premier tome d’une série young-adult. Il s’agit du premier ouvrage d’Adriana Mather a paraître en France. Le second opus de la saga est déjà programmé en langue originale pour le mois de mai 2020 sous le titre Hunting November, mais il faudra patienter un moment avant de le voir arriver chez nous.

Une entrée en matière immédiate

November se réveille, elle est dans un établissement scolaire privé qui semble sortir tout droit du moyen-âge. A peine accueillie par la chef d’établissement, la jeune fille a plein de questions : quel est cet endroit ? Pourquoi ne se souvient-elle pas de son voyage vers l’école ? Pourquoi n’a-t-elle pas le droit de parler de sa vie personnelle sous peine de renvoi ? Et où se trouve cette école ?

Ce n’est que le début des questionnement pour l’adolescente, qui risque de ne pas se remettre des cours inculqués par cette école, et encore moins de la façon dont les autres élèves vont « l’intégrer ».

Attention, roman sous haute tension…

Dès les premières pages, on est déjà dans le vif. Et ça ne s’arrête jamais vraiment. Il y a très peu de temps morts dans Killing November : toujours beaucoup d’action, des révélations (même si certaines restent attendues), des personnages nombreux et tous particuliers dans leur genre…

Tout prend vie facilement, et Killing November se lit avec aisance. Ainsi, les presque 450 pages de ce roman passent à une vitesse insoupçonnée…

Le plus intéressant dans cet ouvrage est certainement le mystère entier que représente l’Académie Absconditi ainsi que la totalité de ceux qui y séjournent. Tous semble penser que November sait ce qu’il y a à savoir, donc elle ne peut poser aucune question sous peine de paraître faible… Et comme tout l’établissement semble baser les relations entre les élèves sur celui ou celle qui dupera mieux l’autre, elle ne peut se fier à personne. La connaissance, c’est le pouvoir et l’Académie en a fait son fer de lance, de même qu’elle invite ses élèves à en jouer…

Alors dans ce cas, à qui faire confiance ? A qui confier ses secrètes interrogations ? Et pourquoi ses aptitudes à la survie ou au lancer de couteau sont-elles si appréciées ? Pourquoi avoir des cours de poisons ? Et en quoi l’extrême connaissance en étymologie de November pourrait l’aider ?

Non, nous ne sommes pas dans une énième version de Harry Potter… ou alors, à la croisée entre l’ambiance scolaire et mystérieuse de la saga à succès et une autre série de roman : Night School. Si vous ne connaissez pas cette série de roman ados, sachez qu’elle se base sur les mêmes ressorts (avec moins d’éclat que Killing November selon moi) : beaucoup de secrets, des sociétés obscures, des retournements de situation…

Ainsi ce premier tome est à la croisée entre le roman policier et le roman ado classique avec son lot de romance (assez réussie !) et de rebondissements. Malgré quelques « révélations » qui ne tromperons personnes, l’ambiance est très  travaillée et fonctionne à merveille.

Une chose est sûre, on a très envie de connaître la suite des dangereuses (voir mortelles) aventures de November… Alors à quand la suite en France ? On en peut déjà plus !

Chronique : La liste de nos interdits

Un polar aux allures de descente aux enfers… Vous pensiez avoir compris, mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg !

Paru initialement aux éditions Fleuve puis en Pocket, voici le premier roman de Koethi Zan à paraître en France : La liste de nos interdits. Il était paru il y a plusieurs années sous un autre titre, Au bout de la peur.

Par ailleurs, le second roman de Koethi Zan est paru en septembre 2017 chez Fleuve Editions : A jamais tu obéiras.

Un début de roman déstabilisant

Suite à un grave accident, Sarah et Jennifer ont rédigé une liste. Une suite de règles à respecter absolument si elles veulent survivre dans le monde actuel… De leur terrible drame, nous ne saurons rien, mais de cette liste d’interdiction, nous découvrirons tout peu à peu… Mais malgré toutes ces précautions, les deux jeunes femmes vont être les victimes d’un enlèvement puis d’une séquestration qui va durer… de très longues années.

Un thriller psychologique fort bien mené…

Les premiers chapitres sont très déstabilisants, mais une fois que l’on comprend le tableau dans son ensemble (entre le présent et de nombreux flash-back), on se laisse pendre au « jeu ». Jonglant entre différentes époques/enjeux, on creuse peu à peu dans la tête du psychopathe autour de qui tourne cette sordide histoire… Tout s’imbrique et trouve un sens… même dans l’horreur.

Vous trouverez ici une enquête nouant sémiologie, psychologie, manipulation, et torture parfois (mais sans trop de descriptions, heureusement). On remonte peu à peu la filière du criminel avec art… Koethi Zan est douée pour nous amener doucement là où elle a toujours voulu nous piéger, et ça fonctionne !

Mes passages préférés, ce sont ceux où l’investigation de Sarah l’entraîne dans une documentation extrêmement poussée sur toutes sortes de milieux cachés… c’est aussi malsain que fascinant.

Il y a bien entendu quelques poncifs dans ce thriller, mais ils ne sont pas assez dérangeants pour rendre le roman déplaisant. La narratrice, Sarah, fait partie des ultras-privilégiés, elle ne se rend pas toujours compte de la « chance » qu’elle a de pouvoir faire ce qu’elle souhaite quand elle le souhaite… De même, au niveau de la conclusion, il y a une petite « surprise » qui n’en est pas franchement une de mon point de vue, mais rien de décevant non plus.

Étant donné comment Koethi Zan nous balade dans son roman, elle aurait pu aller un peu plus loin en ce qui concerne la dernière partie de son roman. Je suis persuadée que la fin aurait ainsi prendre plus d’ampleur encore.

Quoi qu’il en soit, La liste de nos interdits est un bon thriller psychologique. Surprenant, efficace, dynamique, on passe un excellent moment de lecture sous tension !

……

Je lirais très certainement d’autres livres de cette auteure, pour peu que ses autres romans ne soient pas trop redondants. J’ai vu le résumé de A jamais tu obéiras, et je crains que le contenu soit assez similaire… A vérifier toutefois

AUTEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : A Good Girl

Un thriller psychologique mené efficacement qui vous réservera quelques belles surprises…

Premier roman de l’auteure américaine Amanda K. Morgan à paraître en France, A good girl vient de paraître aux éditions Lumen. Elle s’est taillé une réputation dans le monde du thriller young-adult.

Une gentille fille bien comme il faut…

« Riley Stone est la perfection incarnée (demandez autour de vous)». Ainsi commence A good girl. Et c’est au quart de tour que commence le roman, écrit du point de vue de la fameuse jeune femme à qui tout réussit : Riley Stone.

Entrecoupé de faits à son propos qui nous éclairent sur sa vie, son parcours, ses projets, voici l’histoire inattendue de Riley : parfaite en surface mais qui cache beaucoup au-dessous…

Un thriller qui réussit à surprendre !

Riley Stone est donc une jeune fille parfaite : bonne élève, douce, attentionnée, toujours prête à faire une collecte de fonds pour une cause perdue. Et elle excelle dans toutes les matières… dont une en particulier qui la passionne : le français. Ou plutôt devrait-on dire, Riley Stone est fascinée par son professeur de français… qui est marié, mais qui semble lui faire de nombreux signes très équivoques.

Quand on a lu pas mal de thrillers (qu’ils soient à destination des ados ou non), on voit venir pas mal de choses : l’intrigue, le comportement des potentiels suspects, etc.

Mais dans A good girl, je l’avoue, j’ai tout de même été surprise. La fin est diabolique et surprenante ! A tel point qu’une seconde lecture peut être effectuée pour voir tous les éléments s’imbriquer jusqu’au final…

J’ai beaucoup pensé aux romans de Cat Clarke (Confusion, Cruelles ou encore Revanche) en lisant A Good Girl. Même tension psychologique, même jeu de dupe, mêmes confusions et volonté de parfois perdre son lecteur jusqu’à l’ultime fin.

La tension monte peu à peu, on dévore au très rapidement les quelques 370 pages que constituent le roman. C’est si bien ficelé que peu à peu, on se laisse prendre au jeu de la séduction… tout comme Riley Stone !

….

Impossible de développer plus cette chronique sous peine de spoiler (ou de divulgacher comme on est censé le dire en français). Ce je peux vous en dire, c’est que A good girl est un très bon thriller psychologique. Qu’il peut se lire dès l’âge de 14/15 ans environ, qu’il vaut le détour et qu’il vous réserve une belle surprise.

Chronique : Ceux qui savent

Un roman d’anticipation proche… très proche qui donne matière à réflexion sur le thème fascinant (et effrayant) de la génétique !

Ceux qui savent, c’est le tout premier roman de Julien Messemackers, tout juste paru aux éditions Anne Carrière au début du mois de juin. Son nom ne vous dit peut-être rien, mais c’est lui qui a fortement contribué à la création d’une série télévisée que nous sommes nombreux à apprécier : Dix pour cent.

Avec Ceux qui savent cependant, nous sommes loin du monde de la série, et pour cause : nous plongeons dans un thriller mêlant action, suspense et manipulation… dans tous les sens du terme.

Une histoire de famille difficile… et un espoir

Alexandre est le père d’Hélène, sa fille chérie, la prunelle de ses yeux. Mais l’adolescente a une maladie orpheline depuis sa plus tendre enfance, son espérance de vie en sera très écourtée selon les médecins… Mais là où des dizaines de médecins experts n’ont rien à proposer Hélène et à son père, le mystérieux généticien Frederick Stern se propose comme sa dernière chance…

Cette opération de la dernière chance proposée par Stern est-il le signe du changement pour Hélène et Alexandre ? Oui, mais pas nécessairement en bien…

Un thriller qui nous mène de Charybde en Scylla

Au début du roman, on sent bien que quelque chose cloche avec ce fameux généticien qu’est Stern. Mais on ne se doute pas des secrets imbriqués les uns dans les autres ni des surprises qui nous attendent. Quand on pense pouvoir souffler quelques minutes avec les héros adolescents de cette histoire, l’auteur lui ne nous laisse aucun répit dans ce roman aux allures de course-poursuite.

Ainsi, rien ne nous est épargné, et même à la fin, là où vous pensez en avoir fini, une nouvelle révélation vous tombe littéralement dessus… et cela jusqu’à l’ultime page, l’ultime phrase ! La conclusion de ce roman est d’ailleurs aussi géniale que dérangeante… libre à vous de réfléchir à ses très nombreuses (et inquiétantes conséquences). Mais ça donne de quoi cogiter !

En ce qui concerne l’intrigue pure, Ceux qui savent est un excellent roman dans son genre. Nous sommes dans de l’anticipation proche, si proche de notre présent que l’on est en droit de se demander si ça n’a pas déjà lieu dans le plus grand secret… Et la partie thriller est elle aussi indéniable et fonctionne parfaitement puisqu’à aucun moment on ne peut lâcher le roman ou presque (à part quelques petites longueurs dans le passif de certains personnages).

De plus, on appréciera le mélange entre l’univers de la génétique et du hacking. La partie qui m’a le plus fascinée, c’est bien entendu celle concernant la génétique. Julien Messemackers a fait beaucoup de recherches pour camper au mieux le personnage inquiétant et retors de Frederick Stern, et ça fonctionne. A tel point que l’on aurait adoré en savoir plus ! Mais que ceux qui aimeront Ceux qui savent se rassurent : la fin du roman est telle que l’on pourrait bien imaginer une suite… retentissante.

…..

Ainsi, Ceux qui savent est un très bon premier roman qui pourrai plaire aussi bien aux ados dès l’âge de 15/16 ans qu’aux adultes (la cible principale). Riche en adrénaline, sans temps mort, rarement drôle mais toujours sur le fil. Son héroïne, Hélène, y est aussi attachante que vulnérable mais aussi terriblement combative. Difficile d’en dire plus… mais il y a tellement de révélations qu’il serait dommage de les éventer. Alors, si vous aimez les histoires dont vous ne saurez anticiper le déroulement et l’issue, c’est le roman parfait !

Chronique : Like Me – Chaque clic compte

Mensonges et trahisons sous le signe des réseaux sociaux… jusqu’où peut-on aller ?

Thomas Feibel est un auteur et journaliste allemand. Like Me est son premier roman paru en France, aux éditions Bayard en mai 2015.

Imaginez le plus grand réseau social qui organise un grand concours. C’est à celui qui collectera le plus de « likes » et de réactions. Mais jusqu’où le jeu peut-il aller ?

Bienvenue sur ON

Ainsi se nomme le réseau social le plus développé du pays. Alors quand un concours de popularité à l’échelle nationale est lancé, c’est un combat sans merci qui est lancé. Mais certains prennent les enjeux plus à cœur que d’autres, et certains participants sont absolument prêt à tout pour gagner… y compris à influer et à altérer la vie réelle des personnes de leur entourage. C’est ainsi que Jana va peu à peu plonger dans les méandres d’un jeu qui la dépasse… Mais quelles sont les limites de la décence sur ON ?

Un roman bien ficelé qui se lit vite

Like Me fait partie de ces romans qui se lisent très vite, et pour cause : des chapitres courts, peu de personnages, une histoire simple et parlante. Tout concoure pour donner un sentiment d’effervescence, de rapidité, comme sur les réseaux sociaux où tout peu évoluer, être partagé, diffusé très vite. Le réseau ON ressemble d’ailleurs énormément à notre Facebook.

Après cette lecture cependant, en garde-t-on un souvenir impérissable ? Peut-être pas non, mais le plaisir de lire est indéniable. Et la leçon derrière l’histoire mérite que l’on s’y intéresse… Les réseaux sociaux et leur influence sont indéniablement très importants, parfois trop d’ailleurs dans la vie de certains. Like me tire sa force de cette problématique tout en nous tenant avec une intrigue d’une efficacité simple et diabolique.

On peut également retenir d’autres thèmes très intéressants tels que l’amitié et ce jusqu’où on est prêt à aller pour aider ceux qu’on aime… Et aussi jusqu’où on est prêts également pour réussir en écrasant ses amis…

Like me est un roman young-adult qui peut se découvrir dès l’âge de 14/15 ans. Agréable, mais pas mémorable. On retiendra notamment un défaut majeur dans les personnages qui sont parfois extrêmement stéréotypés dans leur méchanceté. Sans nuances, tout en cruauté, le personnage de Jana est particulièrement détestable… et sans surprises.

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En conclusion, le sujet de Like Me a beau être intéressant, le roman ne va pas assez au fond des choses pour être vraiment marquant. On passe un moment sympathique, mais sans plus. Cependant, ce roman a le mérite de traiter d’un sujet épineux car certains ne se rendent pas compte du jeu dangereux auquel ils jouent quand ils postent certaines choses. En cela, Like Me est bien construit et amène à un début de réflexion qui mérite d’être creusé.

Chronique : The Book of Ivy – Tome 2 – The Revolution of Ivy

the-book-of-ivy-2-the-revolution-of-ivySuite et fin d’une dystopie mélangeant exil, dictature, jeux de pouvoirs et survie…

Amy Engel est une auteur d’origine américaine. The Book of Ivy est sa première série de livres pour ados qui comprend deux tomes : The Book of Ivy et The Revolution of Ivy. L’histoire a beau être assez simple, elle fonctionne bien car elle est efficace.

Après les hautes sphères du pouvoir, l’exil

A la fin du premier tome, nous laissions Ivy sur une conclusion très dangereuse. Tout juste exilée de Westfall pour haute trahison, la jeune femme se doit de survivre malgré l’hiver qui approche. Mais cela s’annonce extrêmement difficile et dangereux car elle est du même côté de la barrière que des violeurs et des tueurs… Pourra-t-elle s’en sortir ? Quel nouveau but Ivy peut-elle se fixer dans ce monde de silence et de précarité ?

Un roman qui va droit au but

On appréciera l’efficacité qu’a réussit à mettre Amy Engel dans sa courte saga. Jamais de longueurs dans la narration, des dialogues précis, simples, efficaces. On comprend le succès de la saga tant elle se lit vite.

Les sentiments de la jeune femme sont à la fois simples à comprendre, et surtout, on les ressent au même titre qu’elle. On a peur pour sa vie et pour son intégrité physique, on craint le froid et la faim avec elle… On se prend également d’attachement pour le fameux couple Ivy/Bishop qui réussira à être développé de façon très intéressante malgré les obstacles au fil des pages !

La trame est ainsi très classique et on s’attend à pas mal de choses tout au long de ce roman qui se révèle assez prévisible, mais pas décevant. La seconde partie est celle qui réussit le plus à étonner le lecteur par ses enchainements de révélations… Nous faisons la découverte d’une ville de Westfall absolument transfigurée et traumatisée dont le déclencheur n’était autre… qu’Ivy !

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C’est donc une belle réflexion sur la politique, la société et ses diktats sous couvert de proposer un roman young-adult. En effet, la saga d’Ivy a beau proposer une duologie divertissante et efficace, elle pousse également à s’interroger et réfléchir. Ils posent également une question : une personne peut-elle tout changer ? A classer avec Hunger Games, Divergente, Dualed ou encore La Sélection.

On sent qu’Amy Engel n’en est qu’aux prémices de son œuvre, il faut donc la suivre de près !