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Chronique : La-gueule-du-loup

Un huis-clos glaçant dans une maison isolée qui devient de plus en plus inquiétante au fil des jours…

Il vient de paraître tout début septembre 2021, La-Gueule-du-loup est le dernier roman en date d’Eric Pessan. L’auteur français écrit aussi bien pour la jeunesse que pour les adolescents. Il s’est notamment fait remarquer avec son roman Dans la forêt de Hokkaido (collection M+ de L’école des Loisirs). Il écrit également des pièces de théâtre.
Entre le thriller et le récit (peut-être ?) fantastique, La-Geule-du-loup est un roman qui monte peu à peu en tension…

Dans l’ambiance de la première vague en France…

Jo vient d’arriver avec sa mère et son petit frère Nono dans la maison de ses grands-parents disparus il y a longtemps. Il faut avouer que le confinement sera plus doux dans une maison entourée d’arbres que dans un appartement. Du moins, c’est ce qu’il semble sur le papier mais l’ambiance va très vite se détériorer au lieu-dit de La-Gueule-du-loup.

Ça commence avec des grincements étranges en pleine nuit (comme les vieilles maisons en ont le secret), puis par des choses de plus en plus bizarres pour ne pas dire glaçantes. Ainsi Jo va-t-elle tenter de faire toute la lumière sur ces différents phénomènes avant que sa famille n’explose en plein vol. Que cache donc La-Gueule-du-loup ?

Un thriller d’ambiance en huis-clos qui fonctionne

Le grand point fort de ce court roman ado (un peu moins de deux-cent pages) c’est son ambiance de plus en plus oppressante. Eric Pessan sait faire peser sur les lecteurs tout le poids du silence, des non-dits.

Est-ce que ce qu’on est en train de lire est un thriller ? Un roman fantastique ? Une histoire de fantômes ? Autre chose encore ? Je ne vous en dit pas plus… Mais c’est bien amené même si j’ai deviné assez vite quel était le sujet de fond du roman. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai trouvé cela flagrant, mais cela ne gâche en rien l’histoire.

Ce qui compte avant tout dans ce roman, outre sa conclusion qui pourra surprendre les lecteurs, c’est avant tout son atmosphère. Une fois posé un pied sur le seuil de la maison, c’est une chape de plomb qui tombe sur Jo et sur nous lecteurs. Outre les nombreux mystères qui s’additionnent au fil des semaines, tout s’obscurcit peu à peu pour Jo et sa mère. Son petit frère Nono semble quelque peu préservé grâce à la bienveillance de sa grande sœur qui fait tout pour sauver les apparences, mais ce n’est pas toujours facile…
Certains des dialogues entre Nono et sa grande sœur sont très touchants, emplis d’une vérité qui fait mal mais qui est nécessaire : sur la dureté du monde, le contexte sanitaire incertain, la peur de l’autre… etc.

L’idée de lier la crise du coronavirus à cette histoire de famille en huis-clos ajoute à la dimension oppressante de l’histoire. Il y a un peu plus d’un an, nous ne savions pas ce qu’il adviendrait de notre société, et le personnage de Jo retranscrit à merveille cette sensation.
L’installation d’une nouvelle routine, l’impossibilité de suivre les cours, découvrir que les réseaux sociaux ne sont pas indispensables et même assez vides de sens (ce fut le cas pour Jo mais pas pour tout le monde).

En somme, même si ce n’est pas un coup de cœur, La-Gueule-du-loup est pour moi un roman/thriller pour ado intéressant. Le sujet traité l’est avec originalité. Je serais juste curieuse de savoir si ceux qui vont le lire détecterons aussi vite le thème de fond du roman… Quoi qu’il en soit, c’est un ouvrage nécessaire bien que difficile à conseiller. A découvrir dès l’âge de 14 ans minimum.

PS : On appréciera la petite référence (du moins c’est comme cela que je la perçoit) à Shining avec le magnifique papier-peint bien kitsch de la couverture. J’y vois des similitudes dans l’histoire – une habitation où les gens deviennent fous, le papier-peint… J’ai trouvé ça malin et subtil.

Mini-Chroniques #6 : Un manoir bien mystérieux, un fort à garder indéfiniment, une maison d’hôtes japonaise originale et un hôtel comme scène de crime(s)

Vous l’aurez compris dans ce sixième numéro des mini-chroniques, il y a une thématique : celle de l’abri, de la maison, du lieu où l’on est sensé être au mieux. Ce lieu, cet abri, peut également être un enjeu de taille, un fort à garder depuis des décennies, comme dans le classique Le désert des tartares. Ou il peut prendre la forme d’un hôtel de luxe perdu dans la forêt américaine où tout est chaleureux, calme… à l’image de celui décrit dans Meurtres à Willow Pond ! C’est un message subliminal de ma part pour vous dire de rester bien au chaud chez vous en ces temps troubles… rien ne vaut la tranquillité du chez-soi.

Le monde caché d’Axton House -Edgar Cantero – 10/18

Paru initialement chez l’excellente maison d’édition Super 8, ce roman est un bel inclassable. Comme souvent quand on a affaire à Super 8 d’ailleurs ! Il est ensuite paru aux éditions 10/18 pour le format poche.

L’histoire est simple et commence comme beaucoup de récits d’horreurs gothique : un jeune homme vient d’hériter d’un domaine aux allures feutrées, mystérieuses. Lui qui ignorait avoir un parent éloigné, il découvre en même temps sa mort, et son héritage ! Il va donc s’y rendre afin de voir sa toute nouvelle possession… Et il semble qu’il y ai énormément de rumeurs  sur Axton House…

Si vous cherchez un livre atypique, je pense que ce roman rentre sans conteste dans cette catégorie. Mélange de narration classique, d’enregistrements audio retranscrits, de lettres et de carnets disséminés dans tout le domaine, on ne risque pas l’ennui ! Je l’avoue, parfois c’était un peu trop bizarre, étrange et décalé. On ne comprend pas tout, mais justement, si c’était le cas ce ne serait plus aussi mystérieux et plaisant. Je pense donc qu’il faut accepter les nombreuses bizarreries de ce roman, les faire siennes, et apprécier l’atmosphère unique d’Axton House… Et, ne vous perdez pas dans le magnifique labyrinthe du domaine.

Le désert des tartares – Dino Buzzati – Pocket

Pour ceux qui ne connaissent pas le grand Dino Buzzati, je vous invite à le découvrir par le biais de ses excellentes nouvelles – souvent à chute – notamment Le K (chez Pocket également), qui est l’un de mes ouvrages préférés.

Avec Le désert des Tartares, nous sommes dans un roman en huis-clos angoissant parce que terriblement lent, dans l’attente. Tout se déroule dans un fort militaire perdu au milieu des pierres et des terres desséchées où l’on suit le lieutenant Drogo. L’homme a été muté au fort Bastiani, un lieu étrange où il ne se passe jamais rien. Les soldats y sont en garnison depuis des décennies au cas ou les Tartares attaqueraient la frontière, mais il est difficile d’avoir une mission aussi simple et difficile à la fois. S’astreindre à une discipline militaire de fer face à un ennemi qui n’a jamais franchi la frontière, que l’on a même jamais vu… s’avachir et se laisser aller serait tellement facile.

Je ne saurais dire exactement ce qu’il s’est passé pour moi avec ce livre, mais on y ressent toute l’attente et le questionnement du lieutenant Drogo, dont la vie va s’écouler lentement dans le fort. L’écoulement du temps nous semble comme ralenti, il est même parfois pesant de lire tant c’est lent… Dino Buzzati a vraiment bien réussi son coup.

J’ai beaucoup aimé les nombreuses symboliques que charrie ce roman à propos de l’attente, de l’existence, etc.

Le jardin arc-en-ciel – Ito Ogawa – Editions Picquier

Après le succès du Restaurant de l’amour retrouvé, Ito Ogawa a écrit deux romans, Le ruban et Le jardin arc-en-ciel. Il nous conte l’histoire de deux femmes qui s’aiment dans le Japon d’aujourd’hui, et comment elle vont construire leur rêve d’absolu ensemble, face à l’adversité. La vie ne va pas être tendre avec elles et ceux qui les entoure, mais jamais elles ne baisseront les bras.

Je dois avouer qu’après avoir lu Le restaurant de l’amour retrouvé, je ne savais pas si Ito Ogawa allait réussit à faire un aussi beau roman. Pour moi, ce n’est pas le cas. Il est sympathique, très mélancolique, mais il ne reste pas ancré dans les esprits. On y repense pas, même après des années de lecture… C’est un roman à découvrir si l’on est fan absolu d’Ito Ogawa, sinon je le trouve très dispensable.

Si vous souhaitez en lire un autre d’elle, je vous conseille l’excellent La papeterie Tsubaki. Pour moi, c’est Le restaurant de l’amour retrouvé version papetier, mais sans en être une pâle copie.

Meurtres à Willow Pond – Ned Crabb – Gallmeister, collection Totem

Si vous êtes à la recherche d’un bon petit roman policier où l’ambiance prime plus que l’intrigue, cet ouvrage sera parfait pour vous ! Parfait à lire au coin du feu pour se dire qu’on est mieux au chaud que dans cet hôtel de luxe aux allures de chalet perdu dans le Maine, où a lieu l’intrigue… L’histoire est simple et très efficace : un lieu magnifique, un hôtel de charme qui fait rêver, des gens biens sous tout rapport… et un testament en passe d’être modifié ! Autant dire que l’ambiance va vite être électrique…

En qualité de polar, Meurtres à Willow Pond est un ouvrage honnête, qui sans nous surprendre,  nous fait passer un très bon moment de lecture. Encore une fois, c’est plus le cadre et l’ambiance qui priment ici que l’intrigue pure. Une fois qu’on sait cela, on ne peux que se régaler… et s’installer confortablement pour une lecture cocooning…

Chronique : Les Chiens

Un roman haletant et terrifiant de réalisme

Récit à connotation hautement autobiographique, Les Chiens nous conte l’histoire d’un jeune homme et de sa mère qui fuient un père/mari violent faisant tout pour les retrouver… Angoissant et captivant, bienvenue dans l’univers d’Allan Stratton. Outre le réalisme profond de l’histoire, vous trouverez également une partie fantastique pour corser le tout… Ce roman est d’ailleurs si ancré dans le passé traumatisé de l’auteur qu’il l’a dédié à Alex, son beau-père, qu’il nomme « le meilleur papa du monde ». Allan Stratton a précédemment écrit un autre roman : Le Secret de Chanda.

Un quotidien crispant et constamment sur le fil…

Pour Cameron et sa mère, il n’y a aucun endroit sûr où que ce soit dans le pays. Ils fuient de ville en ville, jamais assez longtemps pour s’attacher… Se fixer, c’est se mettre en danger, et ça, Cameron et sa mère l’ont bien compris. Mais il se pourrait que cette course-poursuite prenne fin grâce à la bourgade du Creux du Loup… L’endroit est si paumé qu’il est impossible d’être suivi jusqu’ici, même quand on est un psychopathe violent et insatiable comme le père de Cameron… Serait-ce le début d’un renouveau pour la petite famille qu’ils composent à eux deux ?

Mais il semblerait que le Creux du loup recèle d’autres dangers pour Cameron et sa mère… la maison dans laquelle ils vivent donne des sortes d’hallucinations visuelles et auditives à Cameron… Et cerise sur le gâteau, son intégration au collège de la ville ne se passe pas très bien… Que se passe-t-il dans l’étrange et branlante maison ? Cameron a-t-il des hallucinations ou autres chose ? Et qu’est-ce que le voisin, Mr Sinclair cache-t-il ?

Efficace et crispant comme il faut

Peut-être cela tient-il au fait que l’auteur a vécu une partie de ce qu’il écrit, quoi qu’il en soit, son écriture et son histoire sont captivants. Les phrases sont très courtes, incisives, directes. Les descriptions très factuelles, voir cinématographique. On est immédiatement dans l’ambiance, et on voit très bien ce que veut die Cameron quand il décrit la maison dans laquelle ils vivent comme étant tout droit sorti d’un film d’horreur.

Outre l’ambiance mortifère voir carrément flippante de son nouveau lieu de vie, Cameron cogite toujours à cent à l’heure à propos d’une foule de choses : son intégration dans la nouvelle ville, son père qui use de toutes les astuces pour les retrouver (Facebook, bouche à oreille, anciens amis et écoles…).

L’emprise psychologique qu’a le lieu sur Cameron se raffermis au fil des chapitres à un point tel que l’on se met à douter de tout et de tout le monde. Le voisin étrange, le camarade de classe harceleur et un peu violent, le nouveau copain de sa mère… tout participe à sa sensation d’enfermement. Et nous devenons peu à peu aussi paranos que notre jeune narrateur.

……

Si vous êtes à la recherche d’un bon thriller fantastique/psychologique adapté dès l’âge de 15 ans, ne passez pas à côté des Chiens. Âmes sensibles, s’abstenir, certaines scènes sont terrifiantes de réalisme, et c’est peut-être ça, le plus inquiétant. Non pas les éléments fantastiques, mais le réalisme poussif du récit par certains aspects.

Avec ce titre, la collection Macadam confirme qu’elle est toujours dans la course et continue à surprendre par des publications efficaces et originales.

Chronique Jeunesse : Histoires bizarres de Balthazar – Tome 1 – Le terrible loup-garou

Histoires bizarres de balthazar 01Un roman pour la jeunesse à l’ambiance sombre et mystérieuse entre fantastique et piraterie

Premier roman d’une série jeunesse, les histoires bizarres de Balthazar sont publiées aux éditions Bayard Jeunesse. Son auteur, Chris Mould est d’origine anglaise.

Une maison lointaine en héritage…

Notre histoire commence un jour où le jeune Balthazar Clairon trouve au pas de sa porte une grosse clé en argent : c’est celle de la maison de son grand-oncle, décédé qu’il n’a jamais connu.
C’est ainsi qu’il se retrouve le propriétaire d’une immense maison sur la petite île de La Roche-Crampon sur laquelle il va devoir se rendre pour diverses raisons administratives. Balthazar laisse donc sa famille pour quelques semaines, lui qui n’a jamais quitté sa petite ville natale se trouve livré à lui-même.

Des habitants peu chaleureux et d’étranges instructions

A peine arrivé, Balthazar ressent déjà l’étrangeté de la petite ville La Roche-Crampon, les habitants sont étranges, peu loquaces et avant que le soleil se couche, tout le monde se précipite dans sa maison. Il semblerait qu’une fois la nuit tombée une créature carnassière rôde dans les rues… un loup-garou.
Dans le même temps, notre jeune homme découvre au fur et à mesure les objets laissés par son grand-oncle, dont certains semblent attiser les convoitises…

Beaucoup de mystères et d’aventures donc dans ce premier tome. Les histoires bizarres de Balthazar sont sympathiques et plairont sans aucun doute à tout jeune garçon dès l’âge de 9 ans. L’écriture de ce petit roman table sur le genre humoristique et décalé en mêlant intrigues donnant quelque chose d’original et de plaisant.

Les petites illustrations intérieures qui parsèment le roman sont jolies et agréables. Donnant aux personnages des visages anguleux et austères qui collent très bien à l’esprit du livre.
Cependant, on regrettera le manque de soin apporté à la couverture, d’un rouge vif avec des ombres peu esthétiques, il aurait été plus sympathique à mon avis d’utiliser une des illustrations intérieures.

En conclusion, le premier tome de cette nouvelle série annonce des lectures sympathiques pour les jeunes garçons, où ils croiseront pirates, monstres, mystères et aventures. A suivre avec la sortie du second tome dans quelques mois.

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Chronique Jeunesse : Araminta Spookie – Tome 1 – Ma Maison Hantée

Araminta SpookieAraminta Spookie, c’est tout simplement curieux et rafraîchissant, c’est ce qui me vient à l’esprit en pensant à cette charmante série pour la jeunesse. Écrite par Angie Sage, l’auteure de la série Magyk, cette nouvelle petite série est adaptée dès l’âge de 8 ans.

Curieux, oui, car cette fameuse maison hantée est absolument géniale (vous la trouverez d’ailleurs dans toutes les autres aventures d’Araminta) avec ses passages secrets, ses étages inconnus… Rafraîchissant, car malgré le thème éculé de la maison hantée Araminta nous le fait redécouvrir à travers des illustrations loufoques et des dialogues pleins d’humour.

On enquête, on furète partout avec Araminta dans l’espoir de rencontrer un fantôme ; eh oui une maison hantée sans fantôme ça la fiche un peu mal tout de même.

Cette quête aux fantômes est d’autant plus pressante que la tante d’Araminta veut vendre la maison ! Mais elle va tout tenter pour l’en dissuader par sa recherche fantomatique. 

Enfin, dernier point ajoutant à l’originalité de ce petit roman jeunesse : son graphisme. Parsemé de quelques fines illustrations délicates, l’ambiance rendue est absolument parfaite. Le livre, cartonné fera de plus très joli dans une petite bibliothèque.

C’est pourquoi je pense que ce roman conviendra parfaitement à tous les enfants dès l’âge de 8 ans. D’autant plus que la fin de ce premier tome est plutôt surprenante pour une histoire de maison hantée à vendre… mais je ne vous en dit pas plus !

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