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Chronique : Patte de velours, œil de lynx

Patte de velours, oeil de lynxConnaissez-vous vraiment vos voisins ? Savez-vous vraiment qui ils sont ? Rien n’est moins sûr…

Peut-être connaissez-vous l’auteur suédoise Maria Ernestam. En littérature, on lui doit quelques bons titres tels que Les oreilles de Buster, Le peigne de Cléopâtre ou encore Toujours avec toi. Patte de velours, œil de lynx est son quatrième ouvrage à paraître en France.

Un chat austère pour nouveau voisin

Le couple que forment Sara et Björn est heureux : ils viennent de quitter la ville pour d’installer à la campagne. A eux la paix, la tranquillité et un cadre de vie meilleur, et une belle maison… Mais c’est sans compter sur leurs seuls et uniques voisins, très gentils et avenants au début, mais de plus en plus invasifs et étranges au fil du temps… De même, leur chat Alexander est invasif, violent et terrifie leur propre chat… véritable reflet de ce qu’eux même vivent. Jusqu’où ces « charmants » voisins vont-ils aller dans l’intrusion et le jeu des faux-semblants ?

Un roman très court à l’histoire peu mémorable

Cette guerre des voisins et la dimension qu’elle prend très rapidement est assez intéressante, et plutôt bien mise en scène. Cependant, Patte de velours et œil de lynx, effleure beaucoup trop et n’en dit pas assez. L’auteur joue beaucoup sur les on-dit, les rumeurs, les tensions sous-jacentes, les petits signes étranges… en cela, l’œuvre est bien faite. Mais là s’arrête la qualité de cette histoire.

Maria Ernestam, à force de travailler à l’excès les comportements ambigus de ses personnages en a oublié l’intrigue générale et là où elle nous mène. Son style est malgré tout accrocheur, et elle sait jongler efficacement entre les différentes ambiances qu’elle installe. Sans en dévoiler plus sur le fond de l’histoire, sachez simplement que j’ai trouvé la fin de son court roman (ou longue nouvelle…) très abrupte. ….

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Cette lecture laisse un grand sentiment d’inachevé, et c’est fort dommage, car l’ambiance était bien là, elle. La dernière phrase du livre laisse planer une sorte de pseudo-doute qui ne se justifie en rien… a moins que l’auteur n’ai pas laissé assez d’indices ?

Maria Ernestam s’est fait connaître par son roman Les oreilles de Buster, c’est donc par là que je vais continuer à découvrir son œuvre. Je suis intimement persuadée que cette auteur est à découvrir, mais pas avec le roman Pattes de velours et œil de lynx, qui est une lecture fort décevante (et assez chère pour un semi-poche)…

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TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Les anges de l’abîme

Les anges de l'abîmesÂmes sensibles, s’abstenir.

Paru en octobre 2014, Les anges de l’abîme est le second ouvrage du Suédois Magnus Nordin à paraître en France. Son premier roman, La princesse et l’assassin, avait reçu en 2003 le prix du meilleur thriller pour la jeunesse en Suède. Les deux ouvrages de l’auteur sont parus aux éditions du Rouergue, dans la collection Doado Noir.

Une professeure qui utilise des élèves comme appâts pour prédateurs sexuels…

L’idée vous fait sourciller ? Et si c’était la seule solution possible pour confondre certains des monstres qui sévissent dans nos villes ? nos écoles ? C’est en tout cas le parti pris de Molly Zetterholm qui a décidé de tout faire pour coincer les pires prédateurs sexuels. Aidée en cela par Alice, Hannes et Samira qui sont d’actuels ou anciens élèves triés sur le volet, Les Anges de l’abîme sont nés.

Leur première mission est un véritable succès, ils ont coincé un maître de chorale connu à l’échelle nationale pour la qualité de ses spectacles. Ce dernier en profitait pour privilégier l’une ou l’autre de ses chanteuses en lui promettant un avenir radieux…

Mais cette première mission commando à beau être une réussite, les Anges de l’abîme devraient prendre garde à ne pas se brûler les ailes en s’en prenant à plus fort qu’eux…

Du danger des réseaux sociaux et de ses perversités

La place des réseaux sociaux est prépondérante tout au long de l’intrigue : ce sont eux qui permettent aux prédateurs sexuels de s’approcher d’une adolescente parfois trop naïve. Fausse identité, adresse bidon, nom inventé… tous les moyens sont bons pour amener sa proie jusqu’à un point précis.

Les traquer demande beaucoup de patience et d’acharnement, car les Anges ne font pas justice eux-mêmes : ils cherchent des preuves évidentes qui permettent de confondre définitivement le coupable pour ensuite le livrer à la police… Un travail ingrat et dangereux car la police ne voit pas d’un bon œil cette association de bienfaiteurs.

Loin de vouloir se positionner en donneur de leçon, Magnus Nordin veut toutefois ouvrir les yeux aux lecteurs sur une réalité horrible mais bien présente : celle des violeurs et pédophiles qui écument le web à la recherche de leur prochaine victime.

Pas de répit pour qui que se soit

Malmené, vous le serez certes moins que les acteurs de ce thriller sur le fil, mais rien ne vous sera épargné. Des scènes crues d’efficacité et d’horreur, des dialogues à faire froid dans le dos, des pensées inavouables que l’on lit en voyeur… L’auteur sait ménager ses effets et nous plonger dans la répulsion la plus totale.

On se pose en tant que spectateur impuissant où les personnages eux-mêmes sont pieds et poings liés (dans tous les sens du terme). C’est aussi captivant que révulsant pour nous lecteur, et sa fonctionne excessivement bien pour peu que vous ne soyez pas trop sensible. En effets, certaines scènes ne cachent rien de leur horreur.

Pour la construction des personnages, l’auteur a réussi à nous les rendre attachants et sympathiques pour les Anges, monstrueux pour d’autres. Le passé de chacun influe sur l’histoire présente avec plus ou moins d’ardeur. Aucun des Anges n’a une vie toute noire ou toute rose, chacun vient avec un bagage assez lourd, et bien développé tout au long de l’histoire pour mieux la servir.

Seul bémol sur ce thriller qui se dévore à la vitesse de l’éclair : sa conclusion qui vient un peu trop rapidement comparé au rythme général du roman. Mais c’est presque parfait.

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En conclusion, Les Anges de l’abîme est un bon thriller comme les Nordiques en ont le secret. C’est simple, efficace et ça prend aux tripes tant on se sent concerné par ces horreurs cybercriminelles qui pourraient arriver à n’importe qui d’un peu naïf… A lire dès 15 ans.

Chronique : Les cousins Karlsson – Tome 1 – Espions et fantômes

Les cousins Karlsson 01Si le club des cinq était suédois, ils se seraient appelés les cousins Karlsson !

Écrite par Katarina Mazetti, la série de romans Les cousins Karlsson est arrivée en France en mai 2013. Depuis, ce sont déjà quatre tomes au total qui sont parus, tous aux éditions Thierry Magnier et Gaïa.

Katarina Mazetti est une auteur suédoise très connue dans le domaine du roman adulte. Elle a notamment écrit les ouvrages Le mec de la tombe d’à côté, Les larmes de Tarzan ou encore Mon doudou divin, tous parus chez Actes Sud. Avec les cousins Karlsson, elle signe une incursion réussie et remarquée dans la littérature jeunesse.

Des vacances sans télé, sans ordinateur et… sur une île !

Présenté comme ça, il semblerait que ça ressemble aux pires vacances possibles pour des enfants… et c’est d’ailleurs ce que se disent Julia, Daniella, George et Alex… mais ça c’était avant.

Les cousins Karlsson ne se sont pas vus depuis des années : entre une mère artiste de la scène toujours en tournée, des parents cuisiniers en France et d’autres en Suède la famille est pour le moins éparpillée. Mais cette année, c’est justement l’occasion de réunir cousins et cousines pour des vacances inoubliables. Les parents de chacun sont occupés et se doivent de laisser leurs enfants chez leur sœur : Tante Frida, artiste renommée, qui vit sur… une île. Sans eau courante ni télé ou autre technologie, Tante Frida est aussi étrange que son mode de vie et ses œuvres !

Impossible de s’ennuyer avec une famille aussi imaginative que les Karlsson, alors quand il est question de feux de camps qui s’allument en pleine nuit et des boîtes de conserve qui disparaissent… ils sont sur le coup.

Frais, drôle et mystérieux, juste comme il faut

L’ambiance de ce roman est particulière : à la fois policier pour la jeunesse et récit d’aventure, on immédiatement prit par l’histoire simple et efficace de ce premier tome.

Chaque membre de la famille a des particularités qui le rend immédiatement reconnaissable et surtout attachant ! Personnellement, j’ai un petit faible pour Daniella (surnommée Bourdon parce qu’elle adore manger et qu’elle fait beaucoup de bruit) et son cousin Alex, un futur grand chef cuisinier, comme ses parents.

Mais les autres ne sont pas en reste, Tante Frida est également géniale dans son genre : totalement hermétique à la technologie et à fond dans ses amas de bois et de fils de fer que les galeries s’arrachent… elle est aussi débridée que charmante.

Comme dit précédemment, de nombreux mystères imprègnent l’île de Tante Frida depuis quelque temps. Outre les boîtes de conserves qui diminuent plus vite qu’elles ne sont consommées, l’île semble le lieu de cachette idéal d’individus malveillants… ou autre chose ? Entre les ombres qui tapissent la forêt le soir et l’imagination débridée des cousins, difficile de dissocier le rêve de la réalité. Quoi qu’il en soit, on est nous aussi à fond dans cette histoire !

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Ce roman d’aventure est parfait pour faire découvrir le genre à de jeunes lecteurs d’environ 8-9 ans. Il est idéal à lire avant Le Club des Cinq, car moins dense mais tout aussi passionnant. L’histoire est à la fois drôle et fascinante de bout en bout, et l’écriture de Katarina Mazetti est d’une légèreté surprenante.

A lire sans modération pour se laisser surprendre par une nouvelle série de qualité qui n’a pas fini de faire parler d’elle… N’hésitez pas une seconde, c’est un vrai coup de cœur ! Déjà trois autres tomes sont parus, et nous en reparlerons très bientôt, c’est certain.