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Chronique : L’éveil – Stade 1

Un roman d’anticipation où génétique et animaux ne font pas bon ménage pour l’espèce humaine… En effet, et si les animaux devenaient aussi intelligents que nous ? Que deviendrions-nous ? 

Jean-Baptiste de Panafieu est un auteur français pour la jeunesse. Personnellement, je viens de le découvrir avec son roman L’éveil – Stade 1 chez Gulf Stream Editeur, mais il a déjà écrit d’autres ouvrages. Il a notamment publié des livres de vulgarisation scientifique pour la jeunesse et les adultes, autour de l’histoire de la vie et de l’évolution : L’histoire de la vie en bd (Casterman) ou encore Drôles de parents (Gulf Stream éditeur) pour ne citer qu’eux.

Il a également écrit le magnifique ouvrage intitulé Métamorphoses Deyrolle – Histoires surnaturelles chez Plume de carotte paru en fin d’année 2016.

Une souris qui s’échappe d’un laboratoire…et qui change la face de la planète entière

Tout commence avec une expérience jalousement cachée. Une scientifique expérimente une solution qui pourrait bien un jour rendre les animaux plus intelligents, mais son but premier est de trouver comment guérir des malades d’Alzheimer.

Comme on ne peut pas expérimenter sur l’homme, les animaux, en particulier les souris, sont parfaites pour ce genre d’expériences… Mais pour le moment, les tests d’intelligences ne semblent pas concluants… Jusqu’à ce que… une souris trouve comment s’échapper, et s’enfuie du laboratoire. Trouvée, puis blessée par un chat, elle va transmettre le virus malgré elle… Puis le chat va le transmettre, puis les rats qui l’ont touché, puis les oiseaux, puis les chiens… Jusqu’où le virus va-t-il s’étendre ? Et quel niveau d’intelligence vont donc atteindre les animaux touchés par l’Éveil ?

Un roman aux allures de thriller d’anticipation pour les jeunes lecteurs

Ce roman est absolument génial de bout en bout. Captivant, bourré d’action et de créativité, Jean-Baptiste de Panafieu nous entraîne dans une réflexion aussi inquiétante que fascinante. Que l’on soit un jeune lecteur ou un adulte, L’Eveil – Stade 1 est un roman qui se dévore grâce à sa créativité sans failles.

Les lecteurs de 13 ans environ découvriront ainsi les enjeux du monde pharmaceutique, et ce que l’on nomme les lobbys. D’un point de vue scientifique, c’est la génétique et tous les questionnements qui sont autour qui sont posés de façon simple et compréhensible.

Il y a également une dimension philosophique indéniable : a partir de quand un animal peut-il avoir des droits ? Est-ce son niveau d’intelligence qui le détermine ? Et que faire des millions d’animaux qui commencent à s’éveiller dans les fermes et qui sont destinés à être mangés ? Et autres réflexions…

Et que faire des animaux domestiques ? Comme vont le constater les héros de notre histoire, la question est extrêmement complexe et spécifique à chaque espèce touchée, car chacun à son mot à dire… Dans ce premier tome nous découvrons l’éveil des loups, des chats, des perroquets (très pratique, vous verrez !), des corneilles (beaucoup plus flippant) et des rats…

Le tout est mené tambour battant et conté de main de maître sans digressions pour les jeunes lecteurs. C’est en cela que l’auteur a réussi quelque chose de remarquable, traiter un sujet aux ramifications complexes pour la jeunesse en l’écrivant de façon extrêmement fluide et compréhensive.

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Alors, si vous ne savez pas quoi faire lire à vos jeunes ados, L’Eveil – Stade 1 semble tout indiqué car tout y est. Des sciences, de la vulgarisation scientifique maline, de la réflexion… et une intrigue diabolique parfaitement menée !

Chronique jeunesse : Le tourneur de page – Tome 1 – Passage en Outre-Monde

Le tourneur de pages 01Une dystopie pour la jeunesse réussie

Écrit par l’auteur Muriel Zürcher, Le Tourneur de Page est le premier tome d’une trilogie parue aux éditions Eveil et découvertes. Le second tome de la série vient de paraître en octobre dernier. Elle a notamment écrit Youpi ! Oups ! Beurk (éditions Nathan), Papa Yaga (Oskar), ou encore Papa est un super héros (Rageot).

Le tourneur de page, adapté dès l’âge de 12-13 ans, est une dystopie nous contant l’histoire d’Alkan, un jeune garçon qui pour avoir bravé les interdits de sa société, va devoir franchir le point de non-retour… et changer par la même occasion le destin de nombreux membres de son entourage…

Tout commence avec de la créativité…

Dans la Bullhavre, pour vivre heureux vivons soumis. Soumis aux règles aussi nombreuses qu’étranges du Manuel auxquelles tous les habitants sans exceptions doivent se conformer. Mais c’est grâce à toutes ces règles que les habitants ont la chance d’habiter dans le seul endroit au monde ayant survécu à la catastrophe ayant anéanti le monde extérieur. En effet, pour permettre à la nature extérieure de se régénérer, il est strictement interdit aux habitants de sortir de la Bulhavre. Alors, pour que cela perdure, personne n’a l’idée même de se poser des questions. Hormis peut-être l’esprit vif et curieux d’un enfant comme Alkan par exemple.

Il est interdit de fabriquer et de créer des objets, mais le jeune homme va tout de même le faire en bravant de nombreux interdits du système… ce faisant, il va faire la rencontre la plus inattendue qui soit : celle d’une personne très âgée. Et cette rencontre va changer son avenir et celui de la Bulhavre pour toujours…

Ainsi Alkan découvre un autre monde, de nouvelles amitiés et de nouveaux enjeux, au-delà de la Bullhavre.

Des narrateurs et des points de vue très différents

Les différents chapitres du roman nous permettent non seulement de voir Alkan évoluer au sein de son petit monde, mais également de découvrir l’envers du décor de la cité.

Ainsi faisons-nous la connaissance de personnages forts (et parfois sombres) tels qu’Iriulnik, Rustor, ou encore Toache qui gèrent la partie occulte de la Bulhavre à différents niveaux. Et une chose est certaine, ils sont tous aisément identifiables et charismatiques.

Un univers riche et captivant apportant une vraie réflexion au jeune lecteur

Le tourneur de Page a la capacité d’attirer très vite l’attention de son lecteur grâce à son univers à la fois unique et simple à comprendre. Destiné à un lectorat d’environ 12-13 ans minimum, on ne peut s’empêcher de penser parfois à l’univers de la série de Jeanne DuPrau : La cité de l’ombre (4 tomes, Folio Junior).

Au fil des chapitres, ont se laisse emporter dans une machination à une échelle plus grande que ce que l’on supposait au début de l’ouvrage. Car bien plus qu’une simple aventure, Muriel Zürcher apporte également une réflexion à de nombreux niveaux à son lecteur (tout comme Jeanne DuPrau).

Jusqu’où pouvons-nous influer sur la vie des gens pour leur apporter le bonheur ? Être triste est-il un mal dont il faut absolument se débarrasser, au même titre qu’une maladie ? Le libre-arbitre est-il important s’il menace le bonheur de tous ?

En soi, romancer sur une société futuriste qui fait tout pour que ses habitants atteignent le bonheur tout en cachant de nombreux travers n’est absolument pas nouveau. Cela est d’autant plus d’actualité avec les très nombreuses parutions du même type qui sortent depuis le blockbuster Hunger Games. Cependant, le Tourneur de page peut se vanter de ne pas tomber dans les nombreux écueils possibles pour un roman de ce type. Il ne révolutionne pas le genre, mais traite de façon très juste une thématique intéressante avec des personnages crédibles et aisément attachants.

Et chose étonnante, ce roman est à la fois très « jeunesse » dans le sens où les personnages sont assez jeunes et réagissent comme tels mais également très mature dans les messages qu’il souhaite faire passer.

8/10

Chronique : Monster High – Tome 1

Monster High 01

Quand les monstres sont à la pointe de la mode…

Lisi Harrison est une écrivain américain qui écrit des romans très girly. Deux de ses séries ont étés traduites en France il y a quelques années : La Clique et La Bande.
Tout d’abord une licence de jouets créé par Mattel, Monster High a ensuite été décliné sur de nombreux supports : série TV, T-shirt, jeux… et livre.
La série est publiée aux éditions Castelmore, le label jeunesse-ado des éditions Bragelonne.

De nouveaux habitants dans la petite ville de Salem

Salem : un nom évocateur quand on connaît sa signification. Mais la famille de Mélodie ne déménage pas dans la mythique ville du Massachussetts où se déroula le procès des sorcières de Salem. Mélodie et sa famille vont vivre à Salem… dans l’Oregon.
Ravie de cette seconde chance dans la vie, Mélodie pense déjà aux nouveaux amis qu’elle va se faire avec pourquoi pas un petit ami également ? Par contre, sa sœur Candace déchante : elle vient de perde tout ce qui faisait son bonheur…ses meilleures amies, le shopping…
Parallèlement à ces nouveaux venus, vient de naître Frankie, une adolescente presque ordinaire hormis le fait qu’elle est faite de morceaux d’être humain cousus entre eux. Ses parents l’on fabriquée eux-mêmes et ils en sont très fiers.
Le point commun entre Frankie et Mélodie ? Elles vont devoir s’intégrer à Merston High tout en cachant habilement leurs « faiblesses » dans la jungle du lycée…

Sympathique mais pas flamboyant

Monster High tire sa force de personnages descendants de monstres mondialement connus. Ainsi Frankie est la descendante du monstre du professeur Frankenstein, quand aux autres… vous verrez.
Les clins d’œil à la littérature fantastique classique sont vraiment plaisants mais ne suffisent toutefois pas créer une vraie intrigue. Le thème de l’intégration est évidemment majeur, de même que l’acceptation de la différence par les autres.

Cette nouvelle série fantasti-chic plaira certainement à des lectrices adolescentes qui pourront s’identifier sans problèmes à l’un des nombreux personnages. Facile à lire, immersif, ce roman a le mérite de pouvoir donner envie de lire à un public qui n’est pas nécessairement très porté sur la lecture, et ça c’est un point positif.

Le plus dommage réside dans le manque de crédibilité des personnages. Melodie a un père chirurgien esthétique qui l’a d’ailleurs retouchée, sa mère quand à elle est juste styliste pour les stars. Elle a donc tout ce qui lui est nécessaire pour être parfaite, malgré son mal-être et ses complexes… Frankie elle aussi est à la pointe de la mode, elle a toutes les dernières nouveautés textiles et accessoires pour être in, ses parents lui cédant tout car trop heureux d’avoir enfin un « enfant ».

Alors, être à la mode et porter le dernier Gucci ou Prada, pourquoi pas, mais il aurait fallu que l’histoire soit un peu plus construite. On a parfois l’impression (au début en particulier) d’avoir de la publicité entre les lignes. Très consumériste dans l’état d’esprit, cette utilisation de produits de grandes marques ne suffit pas aux héroïnes pour s’épanouir. Une petite leçon de vie qui même si elle sera vite oubliée, est sur le fond positive.

En somme Monster High est sympathique mais ne laissera pas de souvenir impérissable à ses lecteurs… dommage, l’idée étant originale.

AUTEUR :
EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Hier tu comprendras

hier tu comprendrasUn jeu de piste à l’envers, une histoire des plus inattendues.

Premier roman de Rebecca Stead publié en France, Hier tu comprendras (titre original : When you reach me) a connu un grand succès outre-Atlantique avec plus de 240 000 ventes aux Etats-Unis et a remporté la Newbery Medal 2010 (prix de littérature jeunesse décerné par l’association des bibliothèques américaines). Voilà pour le palmarès de ce livre original et captivant.

L’incroyable histoire de Miranda commence le 29  avril 1980, le jour où sa mère est invitée au jeu télévisé la Pyramide des 20 000 dollars animée par Dick Clark. Cette invitation est la dernière « preuve » dont elle avait besoin pour croire à l’incroyable… car quelqu’un qu’elle ne connaît pas le lui avait prédit il y a des mois par le biais de petits papiers disséminés dans ses affaires. Pourquoi ? Dans quel but ? Que de questions qui demeureront sans réponses jusqu’à la dernière page… Un jeu de clés, des papiers, des petits pains… autant d’indices sensés sauver la vie du meilleur ami de Miranda, mais comment et quand ?

Hier tu comprendras est un OVNI, une sorte d’inclassable bizarre et génial. Plus on avance dans l’histoire et plus on a cette envie de savoir qui nous tenaille. Les indices et pistes semées sont de plus en plus déconcertants. Originalité, le thème et fil rouge de l’oeuvre : le temps qui passe pour chacun, sa perception, la relativité, avec une citation d’Einstein qui illustre parfaitement cette histoire : « Le bon sens est l’ensemble des préjugés acquis par un individu avant l’âge de dix-huit ans ».

Mais loin d’être une histoire scientifique, ce roman est une enquête traitée à l’envers, une histoire commencée par la fin. Il est ici question d’amitié garçon-fille et des problèmes qu’elle peut engendrer. Un livre original qu’il faut lire pour s’évader loin, très loin et réfléchir à nos perceptions du temps.

Chronique : Méto – Tome 1 – La Maison

meto 01Le monde de Méto, c’est un vrai OVNI, ça ne ressemble a rien de ce que j’ai pu lire avant, c’est étrange, dangereux… et fascinant. Le monde de Méto est très restreint : c’est La Maison, où sont enfermés 64 enfants surveillés 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Que font-ils ici ? Pourquoi sont-ils ici ? Tout autant de questions sans réponses que de plus en plus d’enfants de la maison vont se poser, dont notre jeune ami Méto.

Ce premier tome de la trilogie se déroule dans la Maison, du monde extérieur nous ne savons absolument rien, le lecteur est lui aussi prisonnier de la Maison. Tout ce que l’on sait, c’est que les enfants doivent suivre des cours, faire du sport, et ne pas poser de questions, et surtout Ne Pas Grandir. Ceux qui grandissent sont bannis à tout jamais de la Maison, mais personne ne sait ce qu’ils deviennent alors…

Je ne saurais que vous conseiller ce roman jeunesse pour ses nombreux attraits : un concept plus qu’original, unique. Des intrigues de tout côtés, et des règles imposées par la Maison qui sont très étranges (comme par exemple celle qui oblige les élèves a ne manger une bouchée que toutes les 50 secondes, et le pire c’est qu’il doit y avoir une raison, même si on ne sait pas encore laquelle), ou encore pourquoi n’y a-t-il aucun être féminin dans la Maison…? Tout ces mystères s’additionnent pour donner un tableau vraiment étrange mais envoûtant. Plus l’intrigue avance, plus les indices  sont nombreux, mais moins on comprend car il ne semble pas y avoir de logique pour le moment. Je pense surtout que les deux tomes qui vont suivre vont être très explosifs au niveau des révélations, comme le promet la fin de ce premier tome d’Yves Grevet !

Vous trouvez la couverture étrange ? Peu attrayante ? Eh bien tant mieux ! Elle retranscrit parfaitement l’ambiance d’étrangeté, d’étouffement de ce huis-clos, de plus, l’armure que porte notre personnage de couverture se trouve expliquée plus tard dans le livre : elle est due à un sport très violent pratiqué par les élèves de la Maison : l’inche.

Je n’ai plus qu’à vous conseiller de lire ce livre, et ce dès l’âge de 13 ans, ça sera parfait, les adultes vont aussi adorer, le seul défaut du livre, c’est qu’il se lit très vite, et que la série n’est pas encore finie, le troisième et dernier tome devrait paraître l’année prochaine… en tout cas, ça peut faire un chouette cadeau de noël, surtout que Syros vient de sortir un petit coffret collector avec les deux volumes.