Archives du mot-clé littérature chinoise

Mini-Chroniques #7 : Un anniversaire royal à gâcher, une figure de l’Histoire au parcours inspirant, une dystopie chinoise à faire froid dans le dos et une femme trompée….

Pour une fois, il n’y a vraiment AUCUN rapport entre les livres présentés. Si ce n’est qu’ils ne nécessitaient pas une chronique complète. Mais ils ont tous leur petite particularité, même si je ne les ait pas tous pleinement aimés…

Le premier défi de Mathieu Hidalf – Christophe Mauri – Folio Junior

Cela fait extrêmement longtemps que j’ai lu ce premier tome des aventures de Mathieu Hidalf. Il ne m’en reste donc qu’un souvenir diffus bien que très positif, la mini-chronique semble donc tout indiquée.

Pour faire simple, cette histoire m’avait fait penser à du Harry Potter version délurée, décalée et originale. Le jeune Mathieu Hidalf prenant chaque année un malin plaisir à gâcher la fête d’anniversaire du roi. Et cette année, il va devoir faire encore plus fort que les années précédentes car un complot contre le roi s’organise…

C’est une lecture drôle, qui ne se prend pas au sérieux une seule seconde et qui recèle beaucoup d’imagination. On sent que ce n’est que le début d’une grande saga jeunesse (dont le succès s’est d’ailleurs amplifié au fil des tomes). Et en plus, c’est français ! Ce qui ne gâche rien, bien au contraire.

La révolte – Clara Dupont-Monod – Stock

La seconde partie de vie de l’incroyable Aliénor d’Aquitaine vue par son fils, Richard Cœur de Lion nous est ici magnifiquement romancée par Clara Dupont-Monod. L’autrice du roman Le roi disait que j’étais diable revient sur le sujet d’Aliénor, qu’elle n’a apparemment pas fini d’exploiter de façon romancée… Et c’est une réussite !

On plonge dans l’Histoire, la vraie, comme jamais. Et bien entendu, il y a quelques inexactitudes historiques, Clara Dupont-Monod le sait bien. Mais comme elle le dit si bien, elle n’est pas historienne mais romancière. Alors, si elle souhaite par exemple faire tenir une fourchette (ce qui historiquement n’est pas possible) à Aliénor, rien ne l’en empêche.

Pour ceux et celles qui aiment les purs romans historiques, c’est l’ouvrage parfait. On est transporté par le destin de cette femme qui s’est mariée au Roi de France, en a divorcé (impensable pour l’époque !) et puis s’est remariée avec le Roi d’Angleterre ! Ici, c’est tout particulièrement la seconde partie de sa vie que nous allons découvrir. Sa tentative de retournement du pouvoir en Angleterre, ainsi que sa captivité…

Un paradis – Sheng Keyi – Editions Philippe Picquier

Présenté comme La servante écarlate version chinoise, Un paradis avait tout pour me plaire. Une dystopie chinoise, ce n’est pas tous les jours qu’on en découvre une ! Mais très vite, j’ai été assez perplexe et déçue.

Je n’ai pas aimé l’écriture, même si elle se justifie tout naturellement car l’ouvrage est narré par une jeune femme un simple d’esprit qui ne comprend pas tout ce qu’on lui impose. Elle a été mise dans une sorte de clinique clandestine à bébés. Inséminée, on attend ensuite qu’elle accouche pour vendre le nourrisson, et on recommence jusqu’à ce que son corps s’épuise. Et comme elle est simple d’esprit, elle n’est même pas rémunérée, considérée uniquement comme un ventre fécondable, contrairement aux autres femmes qui elles sont venues par nécessité, elles sont payées par chaque bébé viable qu’elle « fournissent ».

Notre jeune narratrice se fait régulièrement abuser, agresser, tout étant écrit de son point de vue, rien n’est crument dit, mais on comprend qu’il se passe quelque chose de terrible. C’est une enfant dans un corps d’adulte qui nous raconte son calvaire…

Le roman est clairement dérangeant et c’est voulu, mais je n’ai pas réussi à adhérer à cette dystopie, bien trop terrible (et peut être trop réaliste ?). On appréciera les jolies aquarelles en couleur réalisées par l’autrice pour la version française de son roman. Elles sont superbes.

Martine est sur Gleeden – Martine S. – Editions de La Martinière

Peu mémorable, mais certes sympathique sur le moment. On y suit les « aventures » d’une femme d’une cinquantaine d’année dont le couple bat de l’aile. Son mari la trompe, elle décide de se venger en allant voir ailleurs elle aussi… mais ce n’est pas comme ça que les choses vont se passer.

Avec des noms de chapitres tels que « Martine va au sex-shop », « Martine à la piscine » ou encore « Martine Reporter », on ne peux s’empêcher de penser à la célèbre série pour enfants version salace… Mais ici, rien de cru, c’est plus une réflexion sur le couple quand on passé le cap de la cinquantaine. Je me suis sentie très éloignée de Martine pour de nombreuses raisons, mais avant tout parce que l’histoire est assez plate malgré une écriture drôle et vive. Lecteurs curieux, passez votre chemin…

Chronique : Le jeu du chat et de la souris

Un roman chinois qui nous conte l’histoire d’un jeune homme qui ne se découvre aucun but dans la vie… Tellement désœuvré et seul qu’il décide de tuer.

Premier roman de l’auteur chinois A Yi à paraître en France, Le jeu du chat et de la souris nous propose de découvrir la psychologie d’un tueur avant son passage à l’acte, puis dans sa fuite. L’ouvrage est initialement paru aux éditions Stock, dans la collection La cosmopolite (elle est dédiée à la littérature étrangère), puis il est a été édité en poche chez Points.

Avant d’être auteur, A Yi a été policier, puis il a décidé de tout quitter pour se lancer dans le journalisme et l’écriture.

Un roman social noir dérangeant

Nous voici dans la tête d’un jeune homme dont nous ignorerons le nom jusqu’à la fin. Pourquoi ? Peut-être parce que rien ne le dissocie de ses milliers de semblables. Il est seul, se sent inutile, n’a aucun but dans la vie… C’est ainsi que germe en lui l’idée de tuer quelqu’un. Pour vibrer et se sentir vivant ? Il y a certainement de cela… Mais comment peut-on en arriver à un tel point de solitude pour penser à tuer afin d’être remarqué ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit d’après moi… ce jeune homme ne vit pas et désir avoir enfin une existence aux yeux des autres. Et si pour cela il doit tuer, il le fera.

C’est ainsi qu’il prépare méthodiquement son plan macabre afin de piéger une camarade de classe qu’il apprécie…

Une ambiance inimitable !

Difficile de donner un avis sur ce roman qui se laisse difficilement cerner. A la fois critique des mégalopoles impersonnelles et écrasantes, et satyre de notre société qui perd tout sens, Le jeu du chat et de la souris est un inclassable.

J’ai aimé découvrir ce roman, mais pas totalement. La partie où notre étrange personnage prépare son crime est très intéressante (plus selon moi que la seconde, où il fuit les autorités). On découvre les mécanismes qui l’on mené dans cette situation sans pour autant les comprendre. Mais on se rend compte qu’à aucun moment il n’est déséquilibré… et c’est peut-être cela le plus inquiétant… Plus que comme un polar, il faut prendre cet ouvrage comme un roman noir car le cadre et la narration sont plus importants que le crime en lui-même. 

People are seen on a street in smog during polluted day in Shenyang, Liaoning province, China, December 18, 2016. (Photo by Reuters/Stringer) – Cette photo illustre parfaitement l’ambiance de l’ouvrage pour moi. Entre saleté, densité urbaine et paradoxalement, solitude.

L’ouvrage est donc rythmé, assez captivant, mais j’aurais aimé en apprendre plus sur cette Chine glauque et cachée qui nous est à peine esquissée… En apprendre plus sur cette société aux mœurs si différentes des nôtres et aux problèmes de sociétés auxquels elle fait face.

Même si c’est un roman difficile à proposer, il est intéressant. Peut-être pas assez creusé à mon goût, mais cette première incursion dans la Chine contemporaine était fascinante. A découvrir si vous êtes curieux la société chinoise et de sa culture.

PS : J’ai trouvé intéressante la note de fin de l’auteur qui s’adresse directement à nous, lecteur. C’est un peu étrange, mais je crois avoir perçu un tout petit peu de ce qu’il a voulu dire à propos de son œuvre…

AUTEUR :
EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :