Chronique manga : Suicide Island – Tome 1

Suicide Island 01Et si le Japon décidait d’expatrier tous ses suicidaires récidivistes sur une île déserte ?

Nouveau seinen publié aux éditions Kazé en novembre dernier, Suicide Island nous offre le portrait dérangeant et cruel d’une société pas si surréaliste qu’il n’y paraît. Il s’agit du premier manga paru en France créé par le trio Kouji Mori, Kenji Iked a et Ryôta Iguchi.

« Si je ne peux pas mourir, je n’ai pas d’autre choix que de vivre »

C’est ce que se dit le jeune Sei, un jeune homme d’une vingtaine d’année qui a déjà tenté de se suicider plusieurs fois après avoir été transféré sur «l’île du suicide ». Beaucoup de gens pensent que c’est une légende urbaine… mais pour les suicidés ratés de la société nippone, le mythe va devenir réalité.

C’est ainsi qu’une vingtaine de personnes sont débarquées sur la fameuse ile. Ils sont libres de faire ce qu’ils souhaitent : ils peuvent se jeter du haut d’une falaise ou essayer de survivre dans ce nouvel environnement qu’importe, puisqu’ils ont étés supprimés des registres d’Etat Civil.

Alors que vont-ils faire de cette opportunité ? Mettre enfin fin à leur jours ? Essayer de survivre ? De créer une nouvelle société ? Ou de revenir à leurs instincts les plus primaires ?

Vivre est-il un signe de faiblesse ?

La plupart des suicidaires récidivistes déposés sur l’île avec Sei ont en tout cas fait le pari fou d’essayer de survivre dans cet environnement qui, même s’il n’est pas hostile, n’est pas non plus convenable pour vivre. Chaque minute qui passe est une petite lutte contre la mort, la faim et la soif guettant les plus faibles d’entre eux…

Outre ces problèmes de premier ordre, les « survivants » vont devoir édicter leurs propres règles s’ils veulent pouvoir vivre en communauté… et c’est là que les travers les plus lugubres de l’homme font surface. Pervers refoulés, témoin passif d’horreurs, victime démunie… âmes sensibles s’abstenir. L’ambiance dépeinte est ici angoissante, malsaine, mettant à mal le lecteur.

La psychologie des personnages a ici une place prépondérante, et pour cause, leur vie dépend de leur capacité à s’accepter mutuellement. Et même s’ils ont en commun les affres de la souffrance, certains sont prêts à se libérer prenant le rôle à la fois craint et convoité du tortionnaire…

Suicide Island 01 insideCe premier tome introductif est donc très réussit, aussi bien pour son intrigue que pour son atmosphère sous haute pression (où l’on ne peut s’empêcher de ressentir la forte influence de Battle Royale). L’œuvre est aussi un moyen de critiquer la société japonaise, pour tous ceux qui « ne rentrent pas dans le moule » de cette dernière. Le seul reproche que l’on pourrait faire est au niveau du dessin des personnages. Certains ont des traits si semblables qu’il est facile de les confondre, perdant un peu le lecteur dans les dialogues et les enjeux.

A la fin de se premier tome, nombre de questions restent sans réponse et surtout de nouvelles surgissent. Sont-ils réellement ignorés pour toujours par la société ? Sont-ils seuls sur l’île ? Peut-être sont-ils les cobayes d’une expérience gouvernementale ? ou autre chose encore ?

En tout cas, Suicide Island est une curiosité qui séduira tout amateur d’huis-clos et de psychologie humaine poussée dans ses plus sombres retranchements. Cette nouvelle série est à classer entre Battle Royale et Sa majesté des mouches (ou Lost, pour comparer avec une œuvre cinématographique). A lire d’urgence ! Le second tome paraîtra le 22 février, affaire à suivre très bientôt donc !

8/10

AUTEUR :
GENRE : Horreur, Japon, Mangas
EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Une réflexion au sujet de « Chronique manga : Suicide Island – Tome 1 »

  1. Johanne

    À chaque fois que j’entends parler de gens seul sur une île ou ont lieu des évènements dérangeant je pense au super roman « Dix petits nègres » d’Agatha Christie qui avait vraiment un don pour le suspense.

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