Chronique : Les petits pains de la pleine lune

Les petits pains de la pleine luneIntemporel, magnifique et captivant, un roman qui montre toute la force et la poésie des écrivains asiatiques.

Traduit du coréen par Lim Yeong-hee et Françoise Nagel, ce roman atypique est paru aux éditions Philippe Picquier en janvier 2011, dans leur collection jeunesse.

Mais ne vous méprenez pas, quand on dit « jeunesse » ici, il faut tout de même penser à des lecteurs de quatorze ans et plus, de part les thématiques traitées et la façon dont elles sont abordées.

L’auteure, Gu Byeong-mo, est née à Séoul en 1976. Elle a fait des études de littérature coréenne et a été éditrice avant d’écrire. Etre auteure est pour elle un rêve devenu réalité quand elle a remporté la seconde place du Changbi Prize for young-adult Fiction avec Les petits pains de la pleine lune (The Wizard Bakery en langue originale). Il s’agit de son premier roman traduit en France. Le second est sorti en mai 2013 sous le titre Fils de l’eau (éditions Picquier), et s’adresse cette fois-ci à un lectorat adulte.

Comment croiser l’histoire d’une étrange boulangerie et celle d’un jeune garçon malheureux dans sa propre famille ?

Tout commence quand un jeune garçon débarque essoufflé dans la boulangerie de son quartier : « Cachez-moi s’il vous plaît » sont ses premier mots. Mais que s’est-il donc passé pour qu’il puisse trouver refuge… dans une boulangerie ?

L’histoire de notre jeune narrateur (dont on ne saura d’ailleurs jamais le nom) est aussi triste qu’étrange. Abandonné par sa mère quand il était enfant en plein milieu d’une immense gare, cette dernière s’est ensuite suicidée. Par la force des choses, bien après ce drame familial, et sans aucun événement déterminant, il est devenu bègue.

Entre temps, son père s’est remarié avec une femme : Madame Bae. Cette dernière avait déjà une fille : Mouhui. Les relations qu’entretiennent cette petite famille recomposée sont dénuées de sentiments : son père semble s’être marié pour avoir du linge propre et plié tous les jours, des repas prêts le soir quand il rentre (très tard) du travail.

Mme Bae elle, prend de plus en plus de place dans la maisonnée au fil du temps, comme si elle avait peur que son beau-fils réclame la moindre chose au désavantage de sa propre fille, Mouhui. Notre héros se retrouve à rester dans sa chambre pour ne pas être tourmenté.

Les contes de fées comme références intemporelles

L’auteure a voulu faire une référence permanente aux contes de fées avec son roman, en particulier avec le conte Hansel et Gretel (comme elle le dit elle-même) et la boulangerie magique. Mais une terrible belle-mère, cela n’est pas sans rappeler d’autres contes de fées, chose que Gu Byeong-mo tient à le souligner à travers son récit :

« Tu es encore très jeune, tu aimerais croire aux contes de fées, mais tu sais que ce ne sont que des histoires. La belle-mère de Cendrillon n’existe absolument pas, ni celle de Blanche Neige. »

En effet, les époques changent, mais l’homme et sa nature eux, restent immuables : jalousie, haine, méchanceté sont des sentiments universels et intemporels. C’est pour cela qu’existe Wizard Bakery, l’étrange boulangerie de quartier de notre narrateur.

Les petits pains de la pleine lune (korean version)Du merveilleux culinaire au menu

Même si cela n’a pas de réel terme, j’aime à classer les romans traitant d’imaginaire et de nourriture dans une catégorie particulière : la fantasy culinaire (pensez à Charlie et la chocolaterie, Madame Pamplemousse et ses fabuleux délices, La pâtisserie Bliss, etc). Les petit pains de la pleine lune en fait partie, et chose unique, il s’adresse aux adolescents, au contraire des autres ouvrages destinés à des lecteurs entre huit et dix ans.

Les descriptions des produits proposés par Wizard Bakery sont absolument fascinants (et terrifiants aussi) : entre la poésie et la magie, on se laisse entraîner dans un monde d’odeurs et de plaisirs mêlés.

En effet, les produits proposés ne sont pas destinés à tout le monde, mais à un public averti. Parmi les produits existants : Macarons de la mémoire aux amandes, Moka éternel au café ou encore Flan porte-bonheur… autant de produits censés aider certaines personne en bien… ou en mal. Une chose est sûre, on adorerait être à la place du héros et découvrir les recettes étranges du sorcier-pâtissier tenant la boulangerie !

Peut-on changer son avenir si on le connaît à l’avance ? Et surtout, le voudrions-nous ? La réponse est loin d’être simple… Gu Byeong-mo nous propose ici un roman réfléchi et profond sur l’innocence et l’enfance disparue à travers un imaginaire unique.

Les petits pains de la pleine lune pocheLoin de se cantonner au genre fantastique, Les petits pains de la pleine lune séduira également par la réflexion qu’il offre sur le nature de l’être humain, ses aspirations, mais également ses vices… Un roman âpre, sans compromis et rarement doux qui met des mots simples et vrais sur les réalités de la vie, qu’elles soient agréables… ou non.

Mémorable, à mettre entre les mains de tous les lecteurs dès quatorze ans environ, pour tous les lecteurs qui voudraient s’émerveiller tout en restant ancré dans notre monde contemporain. La sortie en format poche est pour novembre, (cf couverture ci-dessous), alors n’hésitez pas à croiser la route de cette étrange boulangerie, à la croisée des chemins et des imaginaires.

4 réflexions au sujet de « Chronique : Les petits pains de la pleine lune »

  1. Kiba-chan

    Hum… il est carrément tentant celui-ci, je l’avais déjà vu sur les tables mais je n’avais pas regarder de quoi il parlait (de peur de ne pas pouvoir résister ^^’)

  2. Laura Auteur de l’article

    Aaaah, oui, il faut absolument que tu lises Les petits pains de la pleine lune ! C’est un roman extrêmement marquant et intemporel… et il est pour moi encore meilleur que Fils de l’eau ! Hâte de lire ton avis.

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