Interview de Carina Rozenfeld – Partie 3

Phaenix 01Nous allons maintenant parler de Phænix, où le changement de genre est flagrant. Comment s’est déroulée ton entrée remarquée dans la collection R ?

Des rencontres. Au départ, quand j’ai eu l’idée, je travaillais encore avec Constance Joly-Girard chez Intervista sur la Quête des Livres Mondes. Je pense que l’on devait être sur le tome deux. Et j’ai eu l’idée encore pas très ciselée, mais le concept du Phaenix était là. Ca remonte donc tout de même à 2010 environ. On déjeunait ensemble, et je lui raconte l’histoire, en lui disant que quand on aura fini la Quête des Livres Mondes, il y a autre chose que je voudrais faire avec elle. Je lui fais un petit pitch de quelques phrases et elle frissonne, et me montre qu’elle a la chair de poule et me dit « C’est une idée géniale, je suis partante, après la Quête, on fait ça ! ».

On connait l’histoire, Intervista s’est arrêté, la Quête des Livres-Monde n’a pas pu être terminée chez Intervista, Constance a également quitté la boîte, comme tout le monde. Mais elle n’a pas oublié l’idée. Elle voulait que l’on le fasse ensemble, et c’était quelque chose que je voulais faire avec elle parce que je savais que ce serait une romance, ça avait un côté fleur bleue que j’assume parfaitement, et Constance a également ce côté romantique, comme moi. Je me suis dit que c’était une histoire de filles, que ça trouverait un public majoritairement féminin (même si les garçons peuvent bien entendu le lire aussi), et je voulais faire avec une éditrice femme pour être vraiment dans le côté girly à mort. Et elle, elle y croyait vraiment, elle pensait que c’était une super idée, et elle m’a dit « ne t’inquiète pas, ce bouquin, on va le faire ». Elle m’a demandé de monter un dossier, que j’ai rédigé avec présentation d’histoire, des personnages, le concept, etc. Elle est partie avec ce dossier sous les bras, et elle est allée rencontrer des éditeurs pour leur parler du projet en leur disant, « voilà : si ça vous intéresse, je vous le propose clé en main », c’est à dire que moi je l’écrivais, Constance le retravaillait en tant qu’éditrice et on remettait le manuscrit fini à l’éditeur.

Elle a rencontré Glenn (Tavennec) à l’époque où il était encore chez Pocket Jeunesse, il a vraiment adoré l’idée lui aussi. Ca lui parlait vraiment. Et puis finalement il a quitté Pocket, et quelques mois après il signait avec Robert Laffont pour créer la collection R. Je l’ai donc vu un an avant le lancement de la collection R et il m’a dit « ça me va, on le fait », et donc on a signé le contrat et j’ai commencé à l’écrire.
Effectivement, ça s’est passé comme nous l’avions dit, Constance m’a accompagnée sur le projet, elle l’a travaillé avec moi et nous l’avons remis à Glenn. Il a déjà assez de boulot, il s’occupe de tout dans la collection ! Il relit le manuscrit, il peut bien entendu trouver des choses à redire éventuellement, mais quand le texte lui est parvenu, le gros du boulot était fait. Du coup, c’était vraiment idéal : je l’ai tout de même fait avec Constance, avec qui j’avais vraiment envie de le faire, j’ai pu travailler avec Glenn, que j’apprécie énormément et c’est quand même une opportunité assez énorme d’être publiée chez Robert Laffont.

Il y a des moments comme ça, que l’on peut qualifier de grâce, où tout se met en place, presque à notre insu pourrait-on dire, car c’est Constance qui a pris la chose en main, puis quand c’est arrivé je n’aurais pas pu rêver mieux. Wouah !
Ce sont des gens qui ont cru en mon projet, puisque Constance a démarché, Glenn a dit oui avant même que j’en aie écrit un mot. Donc après, ce fut un peu de stress pour moi afin d’être à la hauteur des attentes de tout le monde ! Ce fut donc une superbe aventure au final.

Phaenix 02Ce ne sera pas plus qu’une Duologie ?

A priori non. Si je devais écrire quelque chose avec les mêmes personnages, ce serait nécessairement différent. Car pour moi, leur histoire telle qu’elle est, est terminée à la fin du deuxième tome. Il n’y a plus rien à ajouter sur cette histoire là en tant que telle.

Je ne ferme jamais les portes, quand je termine une série, si j’ai vraiment un jour une idée qui m’accroche pour reprendre les personnages et leur faire vivre une nouvelle aventure, je ne suis pas contre. Mais je ne le ferai que si l’idée me motive vraiment parce que je ne veux pas tirer sur la ficelle juste pour tirer dessus. Si c’est pour faire une troisième, un quatrième tome qui sont moins bien ou pas intéressants, qui gâchent ce que j’ai essayé de mettre dans l’histoire telle qu’elle est, ça n’a aucun intérêt. Ça ne me dérange donc pas de dire au revoir à des personnages et à un univers si je considère que je n’ai plus rien à dire dessus.
Si un jour je me réveille en me disant : « Anaïa et Eidan, pourquoi ne pas en faire autre chose ? » et raconter une autre partie de leur histoire qui serait très différente et qui amènerait sur d’autres chemins, pourquoi pas. Mais ça ne m’est pas encore venu. Donc pour l’instant, deux tomes seulement.

C’est une histoire que j’ai bien aimé écrire, même si c’est très différent, très lent, il y a peu d’action, ça n’est pas du tout un livre d’aventures, contrairement à Doregon ou à la Quête des Livres-Monde. Mais c’était intéressant d’entrer dans ce côté presque journal intime, du quotidien de quelqu’un, presque jours après jours. Et c’était volontairement lent, ce que l’on peut reprocher au texte, je peux comprendre que tout le monde n’aime pas cette lenteur.
Apporter le fantastique par toutes petites touches très discrètes, surtout dans le premier tome en tout cas, car après il faut tout de même que ça se lance ! Mélanger la réalité avec une introduction progressive à l’imaginaire, tout en y mêlant la musique. C’était vraiment intéressant pour moi, c’était autre chose. Et pour les lecteurs, c’est également quelque chose qui a bien marché auprès d’eux, les gens on joué le jeu en écoutant les morceaux auxquels je fait référence au travers des deux romans. Ils ont découvert de nouveaux artistes, mais également la musique classique, ça a été l’occasion pour eux de découvrir que ça n’est pas aussi rébarbatif que l’on pourrait le penser.  
J’ai une formation classique à la base, donc, partager cela me semblait naturel.

Arriver à mêler les émotions avec la musique, avec l’histoire, et que ça fonctionne aussi bien chez les lecteurs, c’était quand même un pari. Ils ne sont pas obligés d’avoir les mêmes goûts que moi en musique, c’est complètement subjectif. Et je suis vraiment heureuse de voir que ça a marché comme je l’imaginais ! Je ne savais pas trop si j’allais réussir à écrire de la romance, en tout cas visiblement, pour certains ça a marché, et c’est très bien. C’était une expérience nouvelle et inédite pour moi et je me suis fait plaisir, les retours ont étés bons, les lecteurs ont aimé, c’est génial !  J’ai fait ma romance, je peux donc passer à autre chose maintenant !

GENRE : Interviews
EDITEUR : ,
TRANCHE d´ÂGE :

2 réflexions au sujet de « Interview de Carina Rozenfeld – Partie 3 »

  1. glowmoonlight

    Coucou Tom, et bien non, ça ne s’arrête pas là ! Il faut que je retranscrive encore plus de vingt minutes de dialogues avec Carina, et je n’ai pas encore eu le temps de le faire. Promis, ça arrive courant novembre, et il devrait y avoir encore deux parties… que du bonheur !

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